Finis les mystères et autres élucubrations : Electric Wizard revient en 2014 et c’est tout ce qui compte. La bande de Dorset l’a annoncé sur Facebook (médium si longtemps réduit à peu de choses par le groupe) : il est « temps de mourir », temps pour leur nouvel album, autour duquel l’ombre se dissipe déjà.
Dans les pages du numéro de janvier 2014 du magazine Terrorizer, Jus Oborn raconte qu’ils l’ont composé l’été dernier dans son garage reconverti en salle de répét’ (« c’est donc de l’authentique garage-doom »), pour l’enregistrer entre octobre et novembre derniers, à nouveau au Toe Rag Studios de Liam Watson, toujours à la production, explique-t-il, cette fois au site Psychedelic Baby. Et à l’heure qu’il est, il devrait être fin prêt, mixé – un mixage « voulu plus brut et plus brutal » – et masterisé. Et si aucun titre n’a encore été dévoilé (« On l’a déjà changé quelques fois »), il est probable qu’il se trouve dans cette liste de morceaux déjà offerts à Terrorizer : « Funeral Of Your Mind », « Time To Die » (le plus probable), « I Am Nothing » et « We Love The Dead ». Quant à son contenu il se veut tout bonnement « sauvage, plein de haine et à même de détruire votre esprit ».
Mais avant même de savoir ce qu’il apporte – c’est-à-dire à peu près tout ce qu’un fan de stoner/doom sans concession attend, a priori – c’est quand et comment il va être apporté. Réponse 1 : en mai ! Pour le reste, ceux qui suivent chaque fait et geste (et comme ils sont rares, ça n’est pas trop prenant comme activité) d’Electric Wizard se rappellent des mots tendres envoyés par voie d’interview à Rise Above Records à l’automne 2013 (autrement dit au moment de l’enregistrement du nouvel album) par Oborn, accusant littéralement le label de les « empêcher de sortir des disques ou simplement d’utiliser [leur] nom » (ce dont se défendait totalement Rise Above). Eh bien cela ne s’est visiblement pas arrangé car le groupe a décidé de se débrouiller sans eux, sous leur propre bannière : « Nous allons le sortir sur notre propre [label] Witchfinder Records en mai. Ce sera distribué par une plus grosse compagnie afin que tout le monde puisse l’avoir. Nous ne sommes pas si bons en business et nous ne nous impliquons jamais vraiment dans ce genre de choses. »
Il explique à Psychedelic Baby : « Nous avons dû traiter un tas de trahisons et de mensonges. C’était vraiment stressant parce que des gens tentaient d’user du jeu légal et des conneries de ce genre. » Par conséquent : « Balancer du riff et créer l’album a été un exorcisme car nous étions emplis de haine… Mais c’était bizarre car avoir été quelque part pendant si longtemps, avec des gens qu’on pensait connaître et en qui on pensait pouvoir faire confiance, et que tout ça soit réduit en miettes par des mensonges et tromperies, c’est comme si on nous avait volé ces années de nos vies. » Sur cette idée d’ « exorcisme », il explique aussi à Terrorizer : « Tout le monde s’inquiétait de ma santé mentale, mais c’était un exorcisme – j’avais vraiment besoin d’exorciser toute cette haine dans mon âme. Cela m’aurait tué si je ne l’avais pas fait. » C’est donc bel et bien la fin de l’éternelle relation du groupe avec le label Rise Above Records qui semblait pourtant aller comme un gant à leur esthétique et leur philosophie.
Enfin, qu’importe la voie qu’il empruntera pour arriver jusqu’aux oreilles des fanas de doom enfumé, la curiosité se porte maintenant sur ce que donnera cette première collaboration entre « l’âme sœur » Liz Buckingham, à la guitare, et le « vieux frère » Mark Greening, de retour à la batterie, (plus leur dernier bassiste Clayton Burgess, mais qui n’a pas l’air essentiel dans cette histoire) autour du frontman, et qui laisse croire à un retour à l’époque Dopethrone. Mais selon Oborn, il ne faut pas s’attendre simplement à une réminiscence de l’album de l’an 2000, c’est au-delà : ils seraient parvenus au plus heavy, au plus sale des albums. Encore plus diabolique que Dopethrone. Ce serait même comme s’ils étaient de retour au temps de Let Us Prey, dernier album du line-up fondateur, pour enfin en apporter la suite logique, laisse-t-il entendre auprès de Psychedelic Baby.
Et, en parallèle de ces affirmations, chez Terrorizer, il n’hésite pas à considérer que toute l’époque entre Witchcult Today et Black Masses, dont l’EP Legalize Drugs & Murder était par conséquent l’épilogue, est derrière. Oborn préfère même garder le moins d’expérience de leur dernier opus pour un « retour aux bases, à quelque chose de primitif ». Pour cela, ils ont eu la volonté de revenir à un esprit de groupe qui jamme pour laisser la musique venir d’elle-même : « C’était cool de tout composer à nouveau à partir de jams… A la base, nous avons réuni quelques riffs puis on a jammé dur jusqu’à obtenir ce feeling de doom total. C’était exactement comme autrefois, et je veux dire au temps où nous avons monté le Wizard. »
Un retour aussi à leurs toutes premières influences, « là où tout a commencé… Venom, Hellhammer, [Celtic] Frost, [Saint] Vitus, Pentagram, etc. […] Mais je suppose que nous avons vraiment essayé de nous éloigner de toute ‘influence’… C’est la raison pour laquelle nous sommes à part de tous les autres. Nous nous enfermons à l’écart pour créer ça… dans notre propre monde et nous ne voulons pas vraiment avoir d’influences de l’extérieur. Mais après votre inconscient tout entier déborde. »
Dernière part d’ombre au tableau, avant de pouvoir entendre le résultat de cette haine, de cet isolement, de ces retrouvailles avec le temps passé : les thèmes de cet album. A Terrorizer, Oborn décrit les paroles comme « fucking morbid » et « totalement obsédées par la mort ». Auprès de Psychedelic Baby, c’est le venin qui ressort : « Cet album-ci est parti vers quelque chose de vraiment venimeux, il n’y a pas beaucoup de références fantastiques dans les paroles. Tout converge vers l’apocalypse, une ‘cérémonie des opposés’ interne. Les forces opposées entraînent une esthétique forte et constituent un ‘acte magique’… C’est ce que nous faisons de toute façon mais cette fois nous avons médité sur la mort. La déflagration finale d’un bûcher funéraire vers ‘Thanatos’. » Finalement, on peut encore compter sur Oborn pour laisser une part d’occulte même dans ses révélations. Reste à constater sur pièce en mai.
« Encore plus diabolique que Dopethrone. » Ça se dit, ça ? 😛
Blague à part, une bonne partie de la magie de Dopethrone vient de la basse qui te fait serrer la mâchoire comme une bonne dose d’amphétamines. Ça serait très dommage qu’ils s’en battent de nouveau les couilles de valoriser les basses comme depuis We Live.
Mais bon, tant que Mark Greening (lol « green ») est dans la place ça devrait péter des cailloux. Comme d’habitude, quoi.
En tout cas je sais pas vous mais ça donne envie de se droguer et de tuer des gens !