Electric Wizard parvient à réaliser l’exploit d’être un des grands leaders du genre qu’il représente, le stoner-doom, tout en restant, à l’ère du tout-informatif et du grand bavardage des réseaux sociaux, silencieux comme une tombe sur ses activités. Par conséquent, c’est souvent par des voies (et des voix) indirectes qu’on en apprend souvent le plus sur ces maîtres de l’ombre.
Déjà il y un an un changement dans la moitié des membres du groupe s’était produit sans tambour ni trompette, comme si tout ce qui compte, c’est la stabilité du couple Justin Oborn et Liz Buckingham, et tout le reste peut très bien être passé sous silence. En 2013, c’est la même chose : il a fallu la publication fin février d’une interview dans Metal Hammer d’Adam Richardson, frontman de la désormais défunte formation doom anglaise Ramesses, qui comptait dans son équipe deux anciens cénobites de l’ordre du Magicien Électrique, pour apprendre que le batteur Mark Greening était retourné poser ses fûts dans son ancienne chapelle.
Une information depuis confirmée par Jus Oborn lui-même, mais pas par des moyens officiels, comme un communiqué via le label, ou un message sur leur page Facebook (quasi en friche), alors qu’il s’agît d’un retour d’un des membres fondateurs du groupe, une chose pour laquelle n’importe qui d’autre, habituellement, ferait étalage de sa joie à grand renforts de superlatifs. Non, quand le leader d’Electric Wizard aborde pour la première fois ce sujet, c’est, l’air de rien, dans une interview avec un obscure magazine (It’s Pscyhedelic Baby Magazine) qui serait passée totalement inaperçue sans une relais sur la page FB du groupe :
« Le processus a commencé l’an dernier mais est vraiment devenu plus solide quand on a commencé à jammer à nouveau avec Mark Greening à la batterie. Son précédent groupe s’est séparé et on a parlé de jouer à nouveau ensemble et ça a totalement marché… Depuis son retour dans la bande on a évolué, inconsciemment d’abord, vers quelque chose de plus lourd et plus sombre. »
Mais de quel processus parle-t-il ? Serait-ce à propos de ce nouvel album qu’on nous promet depuis plus d’un an ? Ce serait, effectivement, le bon moment pour parler de son arrivée car les Anglais n’ont jamais mis plus de trois ans entre deux opus et Black Masses date de 2010. Eh bien, même si il semble qu’ils travaillent sur de nouvelles musiques, Oborn parle surtout d’une mue :
« Je pense que nous avons atteint un de ces instants décisifs dans l’histoire d’Electric Wizard… Je suppose que chaque groupe passe par là quand ils ont mis au point un concept, une idée, jusqu’à ce qu’elle ait fait son temps. Puis, il faut y réinsuffler de l’énergie, vous réinventer, ou mourir. Comme le serpent qui change de peau. Nous sommes dans ce processus-là en ce moment. Mais vous savez que le serpent reste toujours, en soi, la même bête, encore et encore. »
Un changement de peau qui passerait probablement par une nouvelle esthétique, en mettant probablement de côté son jeu avec les vieux films d’horreur : « Je crois que depuis la séparation du premier line-up j’ai enfoui l’authentique obscurité sous une imagerie de film d’horreur parce que c’était… trop réel, trop douloureux… Je ne voulais pas regarder en moi. Je me suis abruti avec des drogues, le satanisme, les films d’horreur, etc. »
Néanmoins, ce huitième album paraît encore loin, et il faudra encore se nourrir quelques temps sur le dernier EP 2 titres « Legalize Drugs And Murder », même s’ils tiennent l’ambiance de leur prochaine œuvre et bien que le groupe a retrouvé une nouvelle alchimie : « Nous avons trois ou quatre chansons à l’état de démos mais nous continuons de repousser l’enregistrement. Je pense qu’il y a ce sentiment… de la violence retenue. C’est dingue. Ça me donne l’impression d’être un détraqué. Mark et moi avons cette totale alchimie et Liz est ma jumelle démoniaque, ça marche et c’est cool… Comme la famille Addams croisée avec la bande à Baader. »
Je pleure de joie.