Sur le papier, on peut difficilement faire plus alléchant que ce projet Device avec le frontman de Disturbed, l’un des plus respectés et reconnaissable de sa génération, avec ses promesses de metal indus efficace et accrocheur – le frontman lui-même cite des références de choix comme Nine Inch Nails, Ministry, KMFDM, Front 242 ou Rammstein comme source d’inspiration -, avec sa pléthore d’invités prestigieux – Lzzy Hale, Serj Tankian, Geezer Butler, Tom Morello, M. Shadows et Glenn Hughes -, etc. Voilà un album qui pourrait bien se passer d’accroche publicitaire tellement son emballage attise d’emblée la curiosité voire le désir.
Mais dans les faits, voilà avant tout un album né, presque par hasard, d’une complicité, celle entre David Draiman et l’ex-Filter Geno Lenardo. Deux hommes qui avaient pour seule volonté « d’écrire quelque chose de bon », sans « plan de jeu », sans « stratégie ». Au final, en insistant là-dessus, Draiman donne certainement les axes pour appréhender en toute simplicité, et donc mieux, cet album. Car combien d’œuvres ont été ruinées par des attentes trop élevées ?
En tout cas, Draiman, lui, est fier de présenter son nouveau projet, le premier en seize ans loin de ses compères de Disturbed. Et mine de rien, il est peut-être la clef du futur renouveau de Disturbed. Certes, on ne peut manquer de penser à ce dernier en écoutant Device. Après tout, Draiman peut-il chanter quoi que ce soit sans faire immanquablement penser à Disturbed ? Mais le fait de recommencer un projet de zéro lui a sans doute permis de se défaire des certitudes acquises avec son groupe principal et peut-être même de renouer avec un peu plus de spontanéité. C’est en tout cas ce que l’on peut deviner dans le discours qu’il tient pour parler de ce premier album.
David Draiman nous en parle ci-après.
« J’aime redevenir le nouveau gars et faire partie du projet qui attise toutes les curiosités. »
Radio Metal : Quand ce projet Device a-t-il démarré ?
David Draiman (chant) : Le tout début était lorsque Geno (Lenardo) est venu à moi à la toute fin de cycle de l’album Asylum de Disturbed, pas septembre dernier mais celui encore avant. Ça fait donc un moment que nous sommes dessus. Geno travaillait sur un certain nombre de titres pour la bande originale du film Underworld Awakening. Il a fait un titre avec Pete (Loeffler) de Chevelle, un avec Lacey (Sturm) de Flyleaf et il y en avait un pour moi. Ce titre s’est révélé tellement bon que nous avons décidé de nous le garder au chaud. A l’époque, il y aurait eu un conflit avec un autre titre de Disturbed dont les radios faisaient la promotion. Ils voulaient sortir la bande originale du film et utiliser le titre en question « Hunted » pour la représenter. Donc, au lieu de créer un conflit à la radio, avec les deux titres bataillant pour le même élan promotionnel, nous l’avons gardé pour plus tard et, avec le temps, il a fini par s’imposer à nous. Au bout du compte, on a continué le processus de composition, lorsque Geno est venu ici en mars de l’année suivante. C’est vraiment là que nous avons commencé à écrire les débuts de Device.
Cet album possède une orientation industrielle mais certaines parties ne sont pas si éloignées de Disturbed. N’avez-vous pas déjà essayé d’inclure ces influences industrielles dans Disturbed par le passé?
Il y a quelques titres de Disturbed qui ont clairement ce genre d’éléments. Comme, par exemple, dans le premier album, des titres comme « The Games » ou « Meaning Of Life ». Ces titres possèdent des boucles électroniques très présentes. Mais il faut comprendre que ça n’a pas été fait avec une sorte de plan de jeu ou quoi que ce soit de ce style. Ce n’est pas comme s’il y avait eu une session stratégique. Ça s’est fait de manière organique. Il n’y avait rien de scientifique là-dedans comme si nous nous étions dit : « Oh, dois-je essayer d’incorporer certains des styles que j’ai déjà abordés avec Disturbed ou pas ou autre chose ? » Ça n’a pas été pensé comme ça. C’était juste de la composition. Juste une volonté d’écrire quelque chose de bon. Les aspects électroniques qui sont devenus plus présents sur cet album et ce projet reflètent simplement l’amour que Geno et moi avons pour la musique industrielle et le fait que cela nous inspire. Comme par exemple les premiers Nine Inch Nails, ou Ministry, ou KMFDM, ou Front 242, ou même les premiers Rammstein. Le mélange de l’électronique avec des éléments plus foncièrement hard est quelque chose qui m’a toujours attiré. Il se trouve que c’est simplement une chose vers laquelle Geno et moi allions naturellement.
Device représente la première musique que tu as créée en seize ans qui ne soit pas du Disturbed. Comment te sens-tu par rapport à ça ? Es-tu anxieux quant à la réaction du public ?
Très ! (Rires) Je suis très anxieux et très impatient de savoir ce que les gens en pensent. Je suis très nerveux pour être franc. Mais je pense qu’avec chaque nouvelle réaction que je reçois, dans la mesure où de plus en plus de gens sont exposés à cet album et ont l’occasion de l’écouter, je deviens moins nerveux et plus excité.
Est-ce que ça te donne le sentiment d’un nouveau départ ?
Oui, c’est le cas. Pour diverses raisons, j’aime ça. J’aime redevenir le nouveau gars et faire partie du projet qui attise toutes les curiosités. J’aime avoir la possibilité de tout recommencer. (Rires) C’est un sentiment revigorant !
(Nous entendons un chien aboyer à travers le téléphone) Y a t-il un chien derrière toi ?
Oh ouais, c’est mon chien qui aboie dans tous les sens contre tous ceux qui passent ! (NDLR: Il parle au chien) Hey, viens ici ! Israël ! Viens ici ! C’est Israël, un grand garçon ! C’est un mâle Akita de quarante-cinq kilos. (Rires) Une grosse bête poilue !
(Rires) OK. Comment penses-tu que les fans de Disturbed vont réagir vis-à-vis de cet album ?
Je ne peux qu’espérer qu’ils vont aimer. Je pense que de bonnes chansons restent de bonnes chansons et cet album solo a plein de super bonnes chansons. Je pense donc qu’ils adoreront. Je pense que ça reste agressif, sombre et très rythmique. Ça va clairement dans des directions différentes et sonne différemment par rapport à Disturbed. Ce projet possède sa propre identité mais je ne peux pas imaginer quelqu’un qui soit un grand fan de Disturbed ne pas aimer cet album.
« C’est différent de tout ce que j’entends à la radio. Les sonorités sont uniques, fraîches et excitantes. Ça me donne simplement le sentiment que c’est du rock futuriste, mec ! (rires) »
Y a-t-il des erreurs que tu as faites plus jeune, au début de la carrière de Disturbed, que tu voulais essayer d’éviter avec ce premier album de Device, que ce soit au niveau de la composition ou même des concerts à venir ou autre ?
Oui ! (Rires) Oui, il y en a ! Il faut croire qu’on devient plus malin avec l’âge. Donc, il y a clairement des choses que j’ai apprises au cours des seize années passées qui ne facilitent pas le fait de refaire les mêmes erreurs. Ça c’est certain.
A quel point était-ce différent d’écrire ce premier album de Device par rapport au premier album de Disturbed ? Comment comparerais-tu les deux situations ?
J’ai clairement beaucoup plus de connaissances en musique maintenant. Je suis clairement meilleur dans ce que je fais et mieux dans ma peau. Il faut espérer que ça se reflète dans la musique. Mais ce qu’on peut surement constater aussi c’est qu’on est toujours férocement honnête et très passionné dans le fait de faire ça. Je pense que les gens obtiendront quelque chose de comparable à un bon vin : il s’améliore avec l’âge. (Rires) Espérons en tout cas que c’est aussi comme ça que ça se passe pour la musique !
Quelle est ton ambition pour Device ?
De vraiment le développer comme une entité viable en concert pour faire des tournées. De le traiter comme mon enfant. D’être aussi impliqué avec lui que je l’ai été avec Disturbed. Il mérite ça. Il possède des titres uniques et solides. Il peut devenir une entité à part. J’ai l’intention de lui donner toute mon attention.
Il y a de nombreux invités sur cet album. D’où viennent ces collaborations ?
Ce sont des amis à moi. Nous nous connaissons tous. Nous avons tous déjà parlé par le passé de travailler ensemble et Device représentait l’opportunité de le faire. Je suis béni d’avoir un groupe d’amis et de collègues aussi talentueux et j’ai trouvé l’opportunité de mettre en place ce dont nous parlions de faire depuis des années. Je suis incroyablement reconnaissant d’avoir travaillé avec chacun d’entre eux. Ils ont apporté une contribution sonore fabuleuse à l’album. J’en suis éternellement reconnaissant.
Tu as décrit l’album comme étant du rock futuriste. Penses-tu que le mélange de la musique industrielle avec le rock’n’roll soit le futur du rock ?
Je ne sais pas. Je sais simplement que c’est une approche fraîche et différente par rapport à ce qu’a été le rock. C’est tout ce que je peux dire. Je ne serais jamais présomptueux au point de me permettre de croire que je sais où vont les choses ou les modes ou quoi que ce soit. Mais je sais de manière claire que c’est différent. Et c’est différent de tout ce que j’entends à la radio. Les sonorités sont uniques, fraîches et excitantes. Ça me donne simplement le sentiment que c’est du rock futuriste, mec ! (Rires) C’est la seule façon dont je puisse le décrire et qui ait du sens ! Car ça ne sonne pas comme de la musique industrielle classique. C’est plus fédérateur et mélodique que de l’industriel classique. Même s’il possède des éléments inspirés par le genre, c’est fait d’une manière différente. Même les éléments électroniques utilisés sont différents. Plus dans l’air du temps, je dirais, que l’industriel classique. Je pense qu’on en a tiré une inspiration générale mais le résultat est définitivement à part.
« Disturbed se remettra ensemble quand le temps sera venu, lorsque nous sentirons que ce sera le moment de le faire. »
Sur un sujet différent, tu es très actif sur Twitter. Est-ce important pour toi que tes fans sachent tout sur toi, en dehors de la musique, comme tes opinions politiques, tes pensées, etc. ?
Eh bien, j’y passe à peu près une heure le matin et une heure le soir. Parfois c’est lorsque je suis entre deux trucs, lorsque je suis sur mon ordinateur à faire vingt choses à la fois et donc je réponds à quelques questions. Lorsque j’ai ouvert un compte, je l’ai fait pour l’utiliser comme un moyen d’interagir avec ma base de fans et non comme un moyen de signaler aux gens ce que je fais à chaque minute de la journée. Beaucoup d’autres personnes l’utilisent pour ça. Mais c’est un moyen très puissant pour rester connecté avec sa base de fans et nombre d’entre eux veulent savoir qui je suis, en quoi je crois, ce que je soutiens ou le type de personne que je suis derrière le chanteur de Disturbed, derrière celui qu’ils croient être David Draiman, derrière les paroles des chansons. Et Twitter leur donne l’opportunité de connaître tout ça. J’ai été béni pour avoir le genre de stature que j’ai aujourd’hui et je veux simplement me montrer responsable par rapport à ça et l’utiliser pour des bonnes actions, quelles qu’elles soient. Je n’ai jamais été quelqu’un qui se cache derrière les choses en lesquelles il croit. Ce en quoi je crois, j’y crois passionnément et avec vigueur, sans m’excuser. Ça fait partie de la liberté : avoir une opinion et s’exprimer.
Dans la mesure où tu semble beaucoup t’intéresser à la politique en règle générale, que penses-tu de l’intervention militaire française au Mali ?
La continuelle croissance des factions fondamentalistes qui sont contre toutes les religions autre que la leur ou contre tous les modes de vie autres que le leur est quelque chose d’effrayant. Je crois que les Français ont fait ce qu’ils on senti être leur devoir, ce qu’ils étaient forcés de faire. Je suis contre les conflits en général mais lorsque tu as des factions qui créent une société où les chrétiens et tout autre type de foi n’ont pas le droit d’exercer leurs croyances en paix, lorsque d’autres sociétés se font envahir par des gens qui veulent ramener les choses au Moyen-Age… Le conflit ne me rend pas heureux mais c’est quelque chose qui ne devrait pas être permis de continuer sans conséquence. Les gens devraient se respecter les uns les autres. Leur manière de faire n’est pas la seule manière de faire. Ils devraient être capables de respecter les systèmes et les croyances des autres gens. C’est une situation conflictuelle, donc d’un point de vue philosophique je suis partagé.
Et comment est-ce perçu aux États-Unis, dans la presse ?
Pour être honnête, j’ai été tellement pris dans l’album de Trivium (NDLR: il le produit) ces derrières semaines que j’ai été en quelque sorte en dehors de tout ça. Je sais quelques trucs mais c’est limité. J’ai assez peu regardé la télévision par rapport à d’habitude, j’ai moins eu l’occasion de lire, parce que j’ai été énormément immergé avec les mecs de Trivium. Je n’ai pas une description précise à te donner en ce qui concerne la façon dont les médias américains voient ça, si ce n’est ce que j’ai lu sur internet. Ce sont généralement des faits sans point de vue attachés. Je connais ce que j’en connais parce que je comprends la nature du conflit et qui sont ceux contre qui vous êtes. Mais j’ai été quelque peu occupé ! (Rires)
Pour finir, puisque avec Disturbed vous êtes en pause et aviez besoin de vous reposer, est-ce que vous avez déjà des bribes d’idées musicales pour le futur ou bien est-ce trop tôt encore ?
C’est vraiment trop tôt. Je vais mener ce projet Device à bien. Actuellement c’est ce qui prend toute mon attention et mon énergie. Au bout du compte, Disturbed se remettra ensemble quand le temps sera venu, lorsque nous sentirons que ce sera le moment de le faire.
Interview réalisée par téléphone le 5 février 2013.
Intro : Spaceman
Retranscription et traduction : Spaceman
Site internet officiel de Device : deviceband.com
Album Device, sortie le 9 avril 2013 chez Warner Bros Records.
Pour ce que j’ai pu entendre de cet album, cela ma paru peut être trop industriel, électronique. Vilify peu facilement être comparée à une chanson de Disturbed ce qui est normal dans le sens ou le chant est selon moi l’image physique d’un groupe et que sur cette chanson David Draiman est seul chanteur. Pour les autres chansons que j’ai pu entendre, l’agressivité de Disturbed n’est pas présente.
En conclusion je dirais que Device attise ma curiosité avec ses duos plutôt extraordinaire, de plus il est le projet du chanteur Leader de Disturbed qui est clairement l’un de mes groupes favoris, donc je ne pourrais pas faire l’impasse dessus.
A voir !
Il a appelé son chien Israël XD … oui bon fallait que je le souligne c’est drôle après tout ! Vous avez ris vous aussi avouez bande de vilains antisémites qui possèdent surement des disques d’adorateurs de l’holocauste tels quel Lemmmy Kilmister … :o)
J’aime beaucoup cet interview. Je trouve intéressant ses différents points de vue et opinions.
De la même manière qu’avec Matthew Tuck, on peux ne pas apprécier l’album ou le groupe, mais je trouve qu’on ne peut pas objectivement dire du mal de ces gars quand on écoute leurs points de vue et qu’on s’efforce de les comprendre.
Enfin, pour l’instant je n’ai pas entendu l’album de Device, mais j’aime ce qu’ils font. On verra le résultat final.
Pas une once d’originalité dans cet album. = Disturbed bis
Même les featurings qui semblaient tous très alléchants n’ont aucune âme. En somme, grosse déception que cet album de Disturbed euh… Device.
D’après ce que j’ai écouté, ça ressemble pas mal à Disturbed, alors pourquoi faire un side-project si ce n’est pas pour VRAIMENT changer d’air ? Pas trop risquée son affaire… Ça reste quand même sympa à écouter 🙂