Quatorze ans ont passé depuis le dernier concert d’A Perfect Circle à Paris. Avec Eat The Elephant, le groupe est enfin de retour en studio et sur scène. Et après être passé par Clisson pour une prestation hypnotique de nuit lors du Hellfest, le groupe nous fait tout de même le cadeau de venir en salle. Cet Olympia fut d’ailleurs complet en quelques minutes, preuve que la formation américaine a eu raison de ne pas douter de la motivation des fans. Il faut dire que, depuis 2004 et l’album eMOTIVe, ces derniers ont reçu très peu de nouvelles de sa part. Billy Howerdel ayant été occupé avec son projet Ashes Divide, même si, évidemment, Maynard James Keenan (chant) avait de son côté un vrai emploi du temps de ministre entre Puscifer et Tool.
Pour accompagner cette tournée en salle, on retrouve les Anglais de Black Peaks. Un groupe que l’on verra également fin octobre au Gibus de Paris. La joie des membres de se produire sur cette date n’est absolument pas dissimulée. Car il s’agit ici de la dernière date en salle de la tournée, et le groupe semble très heureux que cela se finisse à Paris, comme nous le dira le chanteur. Musicalement, la formation propose une subtile alliance entre rock progressif et mathcore.
Artistes : A Perfect Circle – Black Peaks
Date : 26 juin 2018
Salle : Olympia
Ville : Paris [75]
Black Peaks
Si certains passages sont plus doux et proches de ce que l’on connait du rock grand public, les compos peuvent également plaire aux amateurs de musique extrême avec un chant saturé qui rappelle certains passages de Deafheaven. Le tout est empreint d’une douce mélancolie sans manquer de force, ce qui fait que Black Peaks à tout pour plaire à un public assez vaste. Cette prestation s’enchaîne sans pause et est variée. Plus proche du metal extrême et d’ambiances tournées vers la scène « post », la passion dans la musique de Black Peaks se ressent partout et on prend véritablement plaisir à voir des musiciens vibrés et être aussi concernés par ce qu’ils jouent. Un bon moment.
Setlist :
Can’t Sleep
Crooks
Electric Fires
Say You Will
Hang ‘Em High
Glass Built Castles
Eternal Light
Saviour
A Perfect Circle
Place au mythique, place à A Perfect Circle. Un concert généreux et fort en émotion nous attend. La foule crie de toutes ses forces lorsque les lumières s’éteignent et annoncent le début du concert. Et c’est avec douceur et légèreté que le groupe démarre son set avec « Eat The Elephant ». Et bien entendu pour rajouter la pâte artistique, le tout se déroule principalement dans le noir. Et c’est d’ailleurs une scène pour le moins originale qu’on a en face : trois plateformes en cercle, avec en son centre Maynard plongé dans le noir total, même si on pourra observer sa silhouette se mouvoir au rythme de la musique. Sa voix fait figure d’esprit qui traverse la salle et offre quelque chose d’unique. Sur la plateforme de gauche, le guitariste et claviériste Greg Edwards (de Failure), remplace James Iha, occupé dans son rôle chez les Smashing Pumpkins. Alors que sur la plateforme de droite c’est Jeff Friedl à la batterie (Ashes Divide, Eagles Of Death Metal, Puscifer) pendant que, sur le devant de scène, on retrouve deux musiciens : Matt McJunkins et évidemment, le créateur de ce projet à la guitare et aux claviers : Billy Howerdel.
La setlist est variée et ne fatigue jamais les oreilles des spectateurs. Mer De Noms est à l’honneur avec « The Hollow », « Rose » et « Thomas » où le public chantera avec force « Show me the way to forgive ». On puise également dans eMOTIVe avec la composition originale qu’est le très industriel « Counting Bodies Like Sheep To The Rythm Of The War Drums », mais également la reprise de Depeche Mode « People Are People ». Et évidemment la soirée passera sur Thirteenth Step avec l’inoubliable « Weak And Powerless », l’hypnotique « The Noose », « Vanishing » en enchaînant sur la fin du show « The Outsider » et « The Package ». Même si la setlist sera avant tout composée de morceaux du nouvel album, ce dernier n’a pas à pâlir face aux anciens titres avec des hits comme « TalkTalk » ou « Hourglass ». Le groupe finira même son set sur le très doux « Feathers ».
A Perfect Circle
Vous aurez du mal à trouver des extraits visuels du concert car, comme prévu, le set s’est déroulé avec interdiction de prendre des photos ou de filmer l’événement du public. Et si cela peut déranger qu’on en arrive à de telles extrémités, force est de constater que l’on profite du show comme rarement. Le groupe a réussi son objectif : avoir un public respectueux et admiratif. Aucun écran ne sera signalé dans la salle et ce concert sera en conséquence vécu à cent pour cent. Il est d’ailleurs à parier que le groupe ne souhaite pas que ses concerts finissent comme dans leur clip de « Disillusioned » où chaque humain de la planète a greffé sur lui un casque de réalité augmentée… Au cours du show, quelques personnes auront la drôle d’idée de vouloir créer quelques pogos et on notera cinq slams durant la soirée. Chose qui était largement dispensable au vu de la musique, le plus souvent subtile et délicate, du soir.
Billy Howerdel paraît en tout cas avoir réalisé son objectif : proposer une musique intemporelle. Presque vingt ans après le premier album du groupe, ses morceaux ne semblent pas avoir vieilli et sonnent avec la même intensité. On assiste ce soir à un très beau moment de musique, avec un jeu de lumière et un son atteignant la perfection. La voix de Maynard est incroyable de justesse et arrive à s’adapter à merveille à tous types de morceaux. Visuellement et musicalement, le groupe est intense et fait toujours autant vibrer son public. En décembre, ne manquez pas leur nouveau passage à Paris. Ce sera cette fois au Zénith le 6 décembre.
A Perfect Circle
Setlist :
Eat The Elephant
Disillusioned
The Hollow
Weak And Powerless
So Long, And Thanks For All The Fish
Rose
Thomas
People Are People (reprise de Depeche Mode)
Vanishing
The Noose
3 Libras (All Main Courses Mix)
The Contrarian
TalkTalk
Hourglass
The Doomed
Counting Bodies Like Sheep To The Rythm Of The War Drums
The Outsider
The Package
Feathers
Report et photos : Matthis Van der meulen