« Il y a quelques mois, nous avons organisé une fête d’anniversaire surprise pour les 64 ans de de Ronnie Montrose. Il a improvisé un discours et nous a dit que, après une longue vie pleine de joies et d’épreuves, il n’a jamais considéré notre amour comme acquis.
Il s’est éteint aujourd’hui. Il a combattu le cancer et il a maintenu la vieillesse à l’écart assez longtemps. Et, fidèle à son habitude, il est parti à sa manière, comme il a toujours choisi sa vie. Il nous manque déjà, mais nous sommes fiers de ce que nous avons pu partager avec lui le temps que nous avons pu. » C’est ce qu’on peut lire sur le site officiel du guitariste depuis le samedi 3 mars.
Sans aller jusqu’à dire que Ronnie Montrose était tombé dans l’oubli, il est tout de même un guitariste de hard rock bien trop méconnu. A 24 ans, il a démarré sa carrière de musicien professionnel en travaillant avec des pointures comme Van Morrison et Edgar Winter avant de fonder en 1973 son propre groupe, à son nom, Montrose.
Une formation qui, plus que son fondateur, a propulsé un chanteur, Sammy Hagar, qui lui a déjà rendu hommage sur son site web : « Ronnie Montrose m’a offert ma première opportunité en tant que compositeur, comme frontman, m’a permis d’enregistrer, de partir en tournée et pour cela je lui en serai toujours reconnaissant. Je prévoyais d’organiser une réunion pour ma fête d’anniversaire à Cabo avec Denny [Carmassi, batteur], Bill [Church, bassiste] et Ronnie – un des quelques groupes de cette époque avec les quatre membres d’origine qui en étaient encore capables. C’est vraiment dommage que nous ayons perdu Ronnie et je suis tellement désolé pour ses proches. Qu’il repose en paix. »
Mais Sammy Hagar n’est certainement pas tout ce qui a compté dans Montrose. Et il est intéressant de se dire que Sammy Hagar n’aurait probablement jamais fait partie, plus tard, de Van Halen s’il n’y avait eu le premier disque éponyme de Montrose cinq ans avant le premier opus des frères Eddie et Alex. On invente de titres honorifiques, des tas de proto-ceci, proto-cela pour parler de groupes qui ont été à l’avant-garde d’un genre. Montrose faisait du proto-Van Halen et il n’est pas étonnant de voir parmi les influences d’Eddie Van Halen le nom de Ronnie Montrose. L’un comme l’autre, ils ont réuni une bande de jeunes Californiens qui font de la musique pour le plaisir, pas pour gueuler leur rage d’être jeune, mais leur rageuse envie de profiter de leur jeunesse. Le Montrose de 1973 n’a pas changé la face du hard rock mais a clairement marqué son époque et les musiciens d’aujourd’hui l’acclament encore : Slash (ex-Guns n’ Roses, Velvet Revolver), un autre fils de la Californie en parle comme d’une « influence majeure » ; son ami Myles Kennedy (Alter Bridge) nous dit que la chanson « Rock Candy » (un des singles extraits de cet album) est « la première qu’il ait apprise » ; Alex Skolnick (Testament) qualifie ce disque « d’essentiel » alors que Billy Sheehan (Mr Big) en parle comme « d’un des plus grands disques de l’histoire du rock »; Dee Snider (Twisted Sister), lui, va jusqu’à dire que cet album « a changé [sa] vie ».
Et ils ont sans doute tous raison. La suite de l’œuvre de Ronnie Montrose (avec Montrose ou son autre groupe Gamma) n’a malheureusement pas été aussi marquante mais mieux vaut avoir réalisé un chef-d’œuvre que pas du tout. Oui, la phrase a l’air un tantinet classique, voire éculée… Mais Ronnie Montrose est indéniablement l’auteur d’un héritage qu’on peut se réjouir aujourd’hui de partager, ne serait-ce que par son exemple : on pouvait trouver sur son site des dates de concerts prévues pour toute l’année 2012. Un cancer n’aurait pas pu l’arrêter de continuer à être le musicien qu’il a toujours été. La mort s’en est malheureusement chargée.