Airbourne ne demandait pas grand chose. Simplement de pouvoir monter sur scène pour parler de sexe, d’alcool, de fête en musique, comme leurs idoles et compatriotes AC/DC, Rose Tattoo ou encore The Angels. Mais ce petit quelque chose, ces petits mecs en étaient affamés et se sont battus pour l’avoir, comme l’évoque la chanson « Hungry » du nouvel album du groupe : Black Dog Barking. Chanson autobiographique faisant écho à ces moments de galère et de sueur que tout groupe a connu.
Et au final, la gloire, pour Airbourne et l’équipe qui les entoure, c’est de s’en être sortis.
Le chanteur-guitariste Joel O’Keeffe nous en parle avec l’enthousiasme et la simplicité qui le caractérisent et qui caractérisent la musique d’Airbourne.
Radio Metal : Votre album précédent s’appelait No Guts, No Glory : vous a-t-il apporté la gloire que vous recherchiez ?
Joel O’Keefe (chant, guitare) : No Guts No Glory parlait juste de mettre le pied au plancher et d’y aller à fond la caisse ! Cette gloire, c’est celle de jouer des shows, être heureux et de jouer du rock’n’roll. On s’est vraiment éclaté à le faire et on a porté ce truc le plus loin possible pendant deux ans. Quand un groupe trouve son road-crew, c’est une équipe, et le cran, ainsi que la gloire vont à ces gars-là : voilà ce que nous avons voulu dire avec ce titre.
Le nouvel album s’appelle Black Dog Barking. Qui sont ces chiens noirs et pourquoi aboient-ils ?
Le « black dog » est une métaphore utilisée dans la littérature anglaise. Par exemple, Winston Churchill (NDLR : Premier Ministre du Royaume-Uni pendant la Seconde Guerre Mondiale) a connu ce « black dog » durant les heures les plus obscures de la Seconde Guerre Mondiale : c’est une bête mystique qui pénètre à l’intérieur de ton cerveau quand tu souffres, quand tu es déprimé ou en colère. Si tu ne fais pas attention, le « black dog » va t’arracher la tête ! C’est ce qu’on fait : on est les « black dogs » du rock’n’roll et on vient pour toi !
En septembre dernier, il avait été annoncé que vous aviez fini d’écrire votre album et que vous étiez à la recherche d’un producteur. Avez-vous eu beaucoup de propositions ?
On a pris notre temps en fait : on a bourlingué à travers les États-Unis pour en chercher un. On a rencontré Brian Howes et on s’est très bien entendu avec lui. Il possède un studio et c’est un super producteur. Tu sais, on a rencontré beaucoup de types cool lors de notre voyage, mais Brian comprend vraiment le groupe, ce que nous sommes et ce qu’est le rock’n’roll. Il a saisi l’opportunité de faire ce disque avec nous : Brian et Jay, son ingé-son, étaient donc un choix parfait à ce moment-là. Cela a été la meilleure expérience de notre vie de travailler avec ces mecs-là. On a laissé Brian rentrer dans notre cercle, un peu comme Bob Rock et Metallica pour le Black Album. Rencontrer Brian, c’est comme rencontrer un mec qui adore la musique sur laquelle tu as grandi, grâce à laquelle tu as formé ton groupe et avec laquelle tu prends du bon temps. C’est ce genre de gars. Tu sais, Brian est un des nôtres.
A-t-il eu son mot à dire en ce qui concerne la musique ?
Eh bien, quelles que soient les circonstances, un producteur a son mot à dire car il produit l’album. Brian avait sa propre vision, et nous la nôtre, il y a donc eu de temps en temps des clashes et d’autres fois, on tombait tous d’accord. C’est comme ça que ça marche et cela donne les meilleures prestations qui soient. Lorsque tu travailles avec un producteur, tu ne peux te battre avec lui tout le temps car tu n’arriveras à rien faire. Cela n’a jamais été le cas avec Brian, car lorsque nous avions une bonne idée, par exemple, il la suivait. Il n’y a aucune chose qu’on n’essaierait pas : c’est vraiment un super producteur. Si une personne nous demandait aujourd’hui : « Vous allez enregistrer votre nouvel album demain », nous choisirions encore Brian.
La chanson « Hungry » parle-t-elle de vous, de votre faim de musique et de vie ?
Oui, mec, t’as tout juste ! C’est plus une biographie du groupe avec tout ce que nous avons fait : comment on a formé le groupe, les trajets dans un van et les trois heures jusqu’à Melbourne où parfois on ne nous payait pas. D’autres fois, on allait jusqu’à Sydney, qui est assez loin de chez nous, et le van tombait en rade. Si tu veux vraiment un truc, tu ne t’arrêtes pas : la chanson parle de cette faim qui te pousse. Elle parle de quatre gars d’un groupe et des gens qui veulent s’éclater avec eux, mais aussi les aider : les fans, si tu veux les appeler ainsi. Pour nous, ce sont nos « rockers ». On est peut-être encore plus affamé aujourd’hui qu’à nos débuts : le rock’n’roll est une drogue, tu sais !
Est-ce que la chanson « A Woman Like That » est dédiée à quelqu’un en particulier ?
Non. Si tu jettes un œil sur les paroles, tu verras qu’il y a en fait trois femmes. Une d’entre elles est un flic : les gonzesses sont assez sexy en uniforme, tu sais ! Les deux autres sont une stripteaseuse et une hôtesse de l’air, je crois. Si tu es en avion et que tu n’as pas vu l’hôtesse depuis un moment, tu presses ton bouton afin de l’appeler, elle vient te demander ce que tu veux pendant que tu penses à toutes ces choses qu’elle ne peut pas te donner !
La première chanson de l’album, “Ready To Rock”, est la nouvelle version de celle figurant sur votre premier EP. Pourquoi avoir choisi de la retravailler ?
Cette chanson date de dix ans mec : une des raisons, c’était ce dixième anniversaire. Mais la raison principale, c’est que cette chanson mérite plus qu’un EP. On joue ce titre à chaque concert, sur chaque tournée. On avait besoin de réenregistrer cette chanson correctement, même si nous adorons la version originale. Nous voulions aussi que tout le monde puisse avoir ce titre, car nous voulons la jouer live tout le temps. C’est vraiment un super titre : il botte des culs !
Penses-tu que vous retravaillerez d’autres chansons de votre premier EP, qui est très difficile à trouver par ailleurs ?
Oh, je ne sais vraiment pas. On adore vraiment « Ready To Rock » : la nouvelle version possède des influences provenant de différentes idées que nous avions à l’époque, mais que, faute de temps, nous n’avions pas pu inclure sur cet EP. « Ready To Rock » a sa propre identité, vraiment.
Une nouvelle commercialisation de cet EP est-elle un jour envisageable ?
On sait qu’il est très difficile à trouver. Sur Ebay, tu le trouves parfois à 700, voire 1000 euros ! Je ne me souviens plus du nombre d’EP que nous avons sorti : 200, 1500 ? Je ne sais plus. On avait l’habitude vendre cet EP après nos shows à Melbourne ou Sydney, afin de payer les frais d’essence et nous rendre ensuite au prochain concert. On ne le commercialisera jamais à nouveau, mais cela étant dit, on ne sait jamais. Peut-être dans le futur, mais aujourd’hui, non.
Black Dogs Barking est votre troisième album, et votre réputation scénique n’est plus à démontrer. N’est-ce pas le moment de faire un album live ? Avez-vous des idées à ce sujet ?
Un jour, nous sortirons un live, oui. Sur la dernière tournée, on a enregistré un truc au Wacken qui a fini sur les télés allemandes. Je crois qu’il est temps pour nous de faire un live officiel, oui.
Tu grimpes fréquemment sur les infrastructures scéniques : te rappelles-tu de la première fois ?
Eh bien, oui : c’était à un festival, en Australie, peut-être en 2005. On était très jeunes, presque des ados.
Qu’est-ce qui t’as donné l’idée de le faire ?
Quand tu fais partie d’un groupe, que personne ne te connaît, une des manières d’attirer l’attention du public est de faire un truc qu’ils n’ont peut-être encore jamais vu. Escalader les infrastructures scéniques et commencer à jouer tes solos sur le toit attire généralement l’attention des gens. Ils se disent : « Mais putain, c’est quoi ce truc ??? ». Au départ, c’était juste pour nous faire remarquer et maintenant, cela fait partie du show. Personnellement, être tout en haut et voir tout le monde est le meilleur truc qui soit : je peux voir la foule entière et jusqu’aux snacks, jusqu’au camping, bref tout quoi ! J’adore faire ça chaque fois !
Que ressens-tu à ce moment-là ? N’as-tu pas un peu peur ?
Eh bien, curieusement, non. Quand j’ai commencé à le faire, j’avais le vertige, ce qui me posait des problèmes lorsque je grimpais tout en haut du truc avec ma guitare ! Mais j’ai guéri cette peur en le faisant plusieurs fois. J’adore ça : c’est comme être sur un grand huit sans les rails ! C’est génial !
Vous êtes constamment comparés à AC/DC. La presse et les fans vous appellent les nouveaux AC/DC. Qu’avez-vous en commun avec eux, et de différent ?
C’est juste du rock’n’roll, tu sais ! (rires) AC/DC ont écrit “It’s A Long Way To The Top (If You Wanna Rock’n’Roll)” et c’est ce que nous faisons. AC/DC sont australiens : ils sont toujours mon putain de groupe préféré. Aux côtés d’AC/DC, je mets Rose Tattoo, un groupe australien que j’adore, comme The Angels aussi. Tous ces groupes avaient de bonnes chansons qui parlaient de sexe, d’alcool et de faire la fête : nous avons grandi avec ces titres. C’est ce que nous adorions, et adorons encore toujours aujourd’hui. Ils sont une source d’inspiration : c’est le meilleur rock du monde.
N’êtes-vous pas lassés d’entendre ce type de comparaison ?
Non, bien sûr ! C’est la meilleure qui soit ! C’est mieux que d’entendre : « Tu sonnes comme de la merde ! » (rires) J’adore AC/DC, mec : c’est comme si une personne comparait ta caisse à la Ford Mustang du rock’n’roll ! Ça veut dire qu’on a un bon moteur, un bon châssis, un bon rythme et une bonne vitesse : c’est la meilleure comparaison qui soit ! Pas de doute là-dessus !
Interview réalisée par téléphone le 13 mars 2013
Retranscription et traduction : Jean Martinez – Traduction(s) Net
Site internet officiel d’Airbourne : www.airbournerock.com
Album Black Dog Barking, sortie le 20 mai 2013 chez Roadrunner Records.
Mon dieu, on dirait que l’interview est remplis par des choses totalement contraire à ce que peut être Joel dans sa façon de parler…
AIRBOURNE au festival Garorock le dimanche 30 juin 2013 !
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