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Chronique Focus   

Airbourne – Boneshaker


On ne présente plus Airbourne, l’un des arguments de poids pour affirmer que le rock’n’roll est très loin d’avoir rendu les armes. Digne héritier d’AC/DC, les Australiens ont réussi à dépasser le statut initial de « copie » de la bande à Angus pour se forger une carrière internationale et devenir l’une des têtes d’affiche les plus galvanisantes des festivals. Le tout avec une philosophie très simple : ne jamais compromettre son orientation musicale. Si les œuvres d’Airbourne ne cherchent pas particulièrement à se distinguer les unes des autres, Boneshaker parvient à émerger comme l’album sans doute le plus fidèle à sa vision. Le quatuor, qui a pallié le départ du guitariste David Roads par Harri Harrison en 2017, est une anomalie temporelle : un groupe des années 70 propulsé à notre époque avec la ferme intention de ne pas se plier à cette dernière.

Pour ce faire, Boneshaker a sollicité le travail du producteur célèbre de Nashville, Dave Cobb (Chris Stapleton, Rival Sons, Europe…), au studio A de la Nashville’s Music Row en vue d’obtenir le son le plus organique et vintage possible. Le dessein d’Airbourne était on ne peut plus clair : enregistrer scrupuleusement de la même manière que dans les années 70, jusqu’à interdire tout anachronisme en studio tel que les téléphones portables. Les prises de son ont été réalisées par le groupe jouant live en deux temps : une préparation acoustique et l’enregistrement amplifié. Summum de la démarche d’Airbourne : tout est enregistré sur bande. En soi, Airbourne se moque des contraintes de temps et de la facilité matérielle : Boneshaker est un album vintage qui ne triche pas en s’en donnant seulement l’allure. Ceci explique en partie la courte durée de l’opus, pile trente minutes (la moitié des morceaux plafonne en dessous des trois minutes) : preuve supplémentaire de l’approche instinctive et spontanée des Australiens. Les premiers accords de « Boneshaker » faisant monter la tension, supportés par le kick de grosse caisse et la basse ronflante, suffisent à prendre toute la mesure de l’opus : Airbourne a réussi son pari. Les guitares sont acérées avec ce léger effet de chorus, la voix de Joel O’Keefe profite de cette compression caractéristique de la bande pour renforcer sa saturation naturelle, les cymbales sifflent, l’assise rythmique ne dépasse pas son statut de colonne vertébrale : Boneshaker a tout d’un album live enregistré en studio.

Pour ce qui est du jeu d’Airbourne, le groupe propose évidemment son récital sans sortie de route. On retrouve les influences country/blues survoltées sur « Burnout The Nitro », le goût du rock’n’roll dansant à l’ancienne sur « Backseat Boogie », des riffs et refrains fédérateurs à l’instar de « Blood In The Water » ou de l’arena rock mid-tempo prêt à soulever les foules avec « This Is Our City ». Airbourne respecte les thématiques emblématiques du hard rock, souvent grivoises et traitées avec un certain second degré comme en témoigne l’interprétation joueuse de « Sex To Go » de Joel. En réalité, seul « Weapon Of War » tranche légèrement, par sa thématique plus grave, sa longueur et son tempo globalement plus posé. Pour le reste, ne tournons pas autour du pot : Airbourne nous donnera exactement ce qu’on attend et désire. « Rock’n’Roll For Life » conclut Boneshaker frénétiquement et met l’auditeur K.-O., en affirmant ce que tout le monde sait déjà : Airbourne n’a jamais prétendu à autre chose qu’être un groupe de rock, féru de ses légendes jusqu’à les émuler sans prétentions et qui ne compte pas changer de sitôt. « For life », tout est dans le titre.

Boneshaker ravira non seulement les amateurs d’Airbourne qui voient enfin l’aboutissement d’une démarche à travers tous ses aspects et ceux qui sont simplement nostalgiques d’une époque emmenée par les Gibson SG, le duckwalk et les rythmiques appuyées à la régularité de métronome. Le choix d’enregistrer sur bande à Nashville sied parfaitement aux Australiens : c’est un mariage que personne ne comptait contester et que tout le monde voyait d’un bon œil. Boneshaker devient ainsi la vitrine parfaite pour présenter Airbourne. Du hard rock au culot et sans aucune fioriture.

Chanson « Backseat Boogie » :

Clip vidéo de la chanson « Boneshaker » :

Album Boneshaker, sortie le 25 octobre 2019 via Spinefarm Records. Disponible à l’achat ici



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