La croisière s’amuse le long de ce Sunset On The Golden Age ! Recelant toujours les thèmes chers aux cinq ivrognes écossais d’Alestorm – piraterie, alcool, filles de joie, le stupre en somme –, cette quatrième virée en mer profite toutefois d’une plus grande variété qu’auparavant. A commencer par ses synthétiseurs qui envoient les sons d’accordéon, trompette et autre flûtiaux mais laissant également échapper quelques mélodies neuves et sonorités globalement plus « aquatiques ». Alestorm a d’ailleurs transformé l’essai en intronisant en claviériste titulaire Eliott Vernon, jadis exclusivement musicien live. Le capitaine Christopher Bowes a quant à lui préféré se recentrer sur le chant, non sans grattouiller son Keytar (clavier-guitare) de temps à autre.
Ce dédoublement, ajouté à quelques incursions singulières dans le metalcore sur « Magnetic North », la surf music sur le bien nommé « Surf Squid Warfare » ou la guitare rock ‘n’ roll digne d’un Chuck Berry en cœur de « Quest For Ships » en font un beau « bordel », mais aussi épaississent la musique et permettent de dépasser les facilités habituelles du groupe à recycler d’anciens riffs familiers. Le point d’orgue de l’expérimentation demeure la reprise improbable et irrésistible de « Hangover », hit r’n’b du chanteur anglais Taio Cruz, chanté en duo par Bowes et The Immobilizer, bassiste du groupe de metal pirate australien Lagerstein – une nouvelle « alestormisation » dans le même état d’esprit que celle en 2013 pour « In The Navy » des Village People.
Evidemment, en fin limier l’on pourra discerner au milieu de cette « power polka pirate alcoolisée » un goût de déjà-entendu et de redondance qui, en fin de parcours, ne manquera pas de filer la migraine aux moins habitués. Ce qui n’empêchera pourtant pas, dans le folklore des tavernes de l’Ile de la Tortue, une chope à la main, de déguster des chants qui se veulent rassembleurs. Des titres corsaires, spontanés et légers comme l’abrutissant « Wooden Leg! » et la chanson à boire par excellence « Drink » qui se savourent le cerveau posé de côté côtoient d’autres pièces plus travaillées et complexes telles que « 1741 (The battle Of Carthagena) ». Titre épique qui, passé une courte introduction digne d’un thème de jeu vidéo en 16 bits – le combo n’a pas perdu son sens de l’humour et sa folie, loin s’en faut -, relate avec véhémence le siège de Carthagène des Indes, réputé comme une victoire décisive de la couronne d’Espagne sur les troupes coloniales britanniques dans la conservation des îles Caraïbes et des terres d’Amérique du Sud. « Mead From Hell » fait quand à lui carton plein à tous niveaux, comme le fit en son temps « Set Sail And Conquer ».
C’est enfin le titre éponyme de l’album, encore dans une veine homérique, qui vient parfaire ce quatrième assaut d’Alestorm. L’âge d’or de la piraterie semble s’évanouir sur un coucher de soleil qui transpire le spleen de fin de quête. Les notes finales deviennent de plus en plus abyssales, à croire que ces braves pirates auraient été soudainement frappés de la marque noire, et condamnés à être engloutis par le Kraken lui-même. Ou bien s’agit-il seulement des prémisses d’une sordide nouvelle histoire de piraterie à venir.
Regarder les clips de « Drink » et « Hangover » :
Album Sunset On The Golden Age, sorti le 1er Août 2014 chez Napalm Records
Je like ! Perso, j’aime le Folk Metal sous toutes ses formes (Pirate, Pagan, Viking, Oriental, Extrème-oriental, Sudaméricain), et c’est une de mes meilleures dernières suprises.
Autant j’étais resté sur ma faim avec le dernier Turisas de l’an dernier ou le dernier Arkona de cette année, autant là, comme le dernier Trollfest, je garde et c’est un régal pour les gros gourmands !
Je l’ai acheté en édition limitée et je le conseille à tous les fans d’Alestorm avec des reprises acoustiques de Keelhauled, Sunk’n’norwegian, Over the seas, Nancy the tarven wench … bref cet album m’a convaincu et pourra faire taire les » c’était mieux avant » vivement le concert dans 1 mois.