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Interview   

All My Shadows : l’ombre de Vanden Plas


En trente (voire pratiquement quarante) ans de carrière, Vanden Plas s’est imposé comme une des références de la scène prog metal traditionnel, en particulier avec des albums tels que The God Thing ou Far Off Grace. Ce qui le démarque ? Une propension moindre pour la technique (tout est relatif) au profit d’une mélodicité « FM ». Et pour cause : à ses débuts, avant la sortie de son premier album Colour Temple en 1994, Vanden Plas n’avait pas vocation à devenir un groupe progressif, comme en témoignent ses deux premiers tubes « Fire » et « Days Of Thunder » qui, s’ils étaient sortis quelques années plus tôt, auraient pu cartonner sur MTV en pleine vague hair metal… Ayant baigné dans le hard des années 80, de Dokken à Whitesnake en passant par Ozzy Osbourne, avec pour idoles George Lynch et John Sykes, ce n’est que lors de leur implication dans le théâtre, puis à la découverte de Dream Theater qu’un déclic se fait chez Stephan Lill et que les Allemands ont opéré un virage les ayant amenés à complexifier leur musique.

Retour au présent : sous l’impulsion du label Frontiers, le guitariste-compositeur fonde All My Shadows. Un nouveau groupe intimement lié à Vanden Plas, puisqu’il s’est adjoint les services du chanteur Andy Kuntz, de son frère Andréas Lill à la batterie et de l’ingé son du groupe Markus Teske aux claviers, le line-up étant complété par le bassiste Franky R. Surtout, en proposant un hard plus simple et classique, Lill renoue avec ses racines musicales et donc celles des débuts de Vanden Plas, dans une version modernisée. Parler d’All My Shadows et de son premier album Eerie Monsters revient donc à faire des allers-retours entre passé et présent pour bien comprendre les origines du projet et celles de Vanden Plas, les liens entre les deux, ceux entre les membres, les influences et l’histoire musicale du guitariste, etc. Résultat : un entretien généreux, passionné et bourré d’anecdotes.

« Le côté classique, les sweeping, etc., ça ne m’a jamais intéressé. J’ai essayé et j’ai compris que je ne pouvais pas jouer ça parce que ce n’était pas ma tasse de thé. Si ça ne te touche pas, c’est dur de t’exercer dessus. »

Radio Metal : Quand et comment as-tu commencé à envisager de créer un projet parallèle dans la veine d’All My Shadows ?

Stephan Lill (guitare) : C’était il y a un an et demi, peut-être deux ans, quand Mario [De Riso] de Frontiers a fait une visio avec moi. Il m’a demandé si j’avais envie d’écrire des chansons pour d’autres artistes, car le label met en place des projets avec des chanteurs et groupes pour lesquels il leur faut des chansons. Il se trouve que je compose aussi beaucoup de chansons dans un style heavy metal normal et pas rock progressif que j’utilise parfois pour d’autres projets voire pour le théâtre. J’ai toujours eu en tête d’éventuellement monter un autre groupe, car j’avais un tas d’idées en réserve. Je me suis dit : « J’ai plein de chansons, dont certaines avec lesquelles je pourrais peut-être faire un album à moi avec plusieurs chanteurs. » J’y ai souvent songé. Quand j’ai commencé à écrire ces chansons, je me suis dit qu’il me fallait un chanteur pour les présenter à Frontiers. J’ai demandé à Andy s’il pourrait s’en charger et écrire des paroles. Finalement, quand j’ai entendu le résultat, je me suis dit : « Pourquoi essayer de trouver dix chanteurs différents si Andy est parfait ? » Une chose en entraînant une autre, nous avons présenté les chansons à Frontiers et ils ont trouvé ça cool et différent de ce que fait Vanden Plas aujourd’hui. Ça reste Vanden Plas, parce que je compose les chansons et qu’il chante, mais le feeling est un peu différent. Ils ont dit : « Pourquoi ne formez-vous pas un nouveau groupe ? » C’est ce que nous avons fait. J’ai continué à écrire pour Vanden Plas et d’autres projets, mais tout en faisant d’autres chansons dans le style d’All My Shadows. Quand j’ai eu suffisamment de morceaux, nous avons commencé la production et l’enregistrement. Voilà comment All My Shadows est né.

Vanden Plas a commencé en tant que groupe d’AOR très mélodique et accrocheur, très années 80, avec des chansons comme « Fire » et « Days Of Thunder ». Même sur l’album Colour Temple, on en retrouvait des vestiges, avec « Father », « Judas » ou « My Crying ». Vois-tu All My Shadows comme un retour au tout début de Vanden Plas ou à votre vision initiale de ce groupe ?

Oui, c’est peut-être bien ce qui s’est passé quand nous avons commencé à arranger toutes les chansons. Nous avons ressenti exactement ce que tu viens de dire, qu’elles se rapprochaient du style des début de Vanden Plas. D’une certaine façon, nous avions retrouvé l’esprit du début des années 90. A ce moment-là, nous nous demandions : « Est-ce que ces morceaux ont besoin d’autres parties ? » Mais finalement, nous disions : « Non, la chanson est aboutie. » C’était comme ça dans les années 90, quand une chanson était terminée, elle était terminée. Il n’y avait pas besoin de rajouter autre chose. Nous avons l’impression de revenir trente ans en arrière quand nous étions des gamins ou de jeunes hommes, en salle de répétition, à écrire des chansons. Nous avions le même sentiment. Nous avions retrouvé notre jeunesse. C’était vraiment drôle, parce que quand la première chanson était finie, nous l’avons écoutée et nous avons dit : « Ça sonne comme le Vanden Plas du début, avant que nous nous mettions à faire du prog ! » Nous nous sommes dit que nous devions rester dans ce style plus traditionnel, car si nous enrichissions davantage les morceaux, ça sonnerait trop comme ce que nous faisons dans Vanden Plas aujourd’hui et ça n’aurait pas de sens de faire un autre groupe, car nous avions déjà trop de thèmes musicaux semblables à Vanden Plas dans All My Shadows.

Es-tu donc en train de dire que dans Vanden Plas, vous avez tendance à rajouter plus de parties aux chansons que nécessaire ?

[Rires] Je savais que tu allais demander ça ! Non, quand on écrit une chanson de rock progressif, il n’y a pas de limites. Si elle doit faire douze minutes, elle fera douze minutes, mais si on écrit une chanson progressive qui ne fait que trois minutes, on se demande : « Est-ce vraiment suffisant pour du rock progressif ? » car les gens s’attendent à plus. Ils s’attendent à une longue intro ou une longue partie de solos ; en tout cas, ils ne s’attendent pas à ce qu’il y ait trois couplets-refrains et c’est tout. Nous sommes libres, nous pouvons faire tout ce que nous voulons avec Vanden Plas parce que c’est de la musique progressive et nous ne sommes limités par aucun format. Je ne peux pas dire que je me force à être progressif, parce que quand j’écris un morceau pour le groupe, ça vient naturellement. Et si j’ai une partie qui n’a pas vraiment le même rythme ou la même harmonie que le reste, je peux modifier la chanson pour que ça s’intègre dedans. Donc ce n’est ni une pression ni un besoin, mais si les gens voyaient un groupe de rock progressif sortir un album avec juste dix chansons de quatre minutes, ils diraient sûrement : « C’est de la musique normale. » Mais je savais que tu allais dire ça, j’ai tout suite compris mon erreur !

Comment cette évolution avec Vanden Plas s’est-elle passée les premières années, le fait de passer du single Fire à l’album transitionnel qu’était Colour Temple puis à The God Thing qui a fixé le style progressif de Vanden Plas ?

Cette transition s’est faite naturellement parce que nous avons commencé avec les démos de « Days Of Thunder » et « Fire », et déjà dans « Days Of Thunder », nous avons commencé pour la première fois à utiliser différentes métriques, mais seulement sur une partie, le reste était vraiment du metal normal. Ensuite, nous avons eu notre premier contrat au théâtre où nous avons joué Jesus Christ Superstar. Ça a été un peu une révélation pour nous de voir que ceci était possible avec la musique. Il ne s’agissait pas juste de jouer un riff et c’est tout, on pouvait faire plein d’autres choses, comme ajouter des éléments orchestraux, jouer différentes harmonies dans la même chanson, arrêter le morceau et repartir sur un rythme plus lent ou plus rapide si on est capable de le faire bien – pas juste : arrêt, rapide, arrêt, lent. Nous avons joué avec un orchestre de trente ou quarante musiciens professionnels. A un moment, nous nous sommes posés vers le chef d’orchestre, nous avons les avons écoutés, et nous avons ressenti toute la puissance de l’orchestre. Nous avons trouvé ça vraiment cool, nous voulions obtenir la même chose dans notre musique. Il n’était pas forcément question de faire de la musique orchestrale, mais d’arranger les chansons de cette façon pour enrichir le heavy metal ou le rock.

« Quand j’écoute un CD, c’est toujours un album de Whitesnake ou d’Ozzy. Je n’écoute pas de musique progressive. Je joue et je compose de la musique progressive, donc je n’ai pas envie d’en écouter toute la journée. D’ailleurs, honnêtement, je n’écoute pas beaucoup de musique. »

Ensuite, Dream Theater a sorti Images And Words. C’est là que nous avons réalisé que d’autres groupes faisaient ça ; Dream Theater le faisait mais de façon beaucoup plus complexe que nous au début. Quand ils ont eu du succès avec cet album, nous nous sommes dit : « Pourquoi n’irait-on pas dans cette direction ? On peut essayer. » Avec Colour Temple, nous avions les chansons plus traditionnelles, mais aussi d’autres avec des éléments plus progressifs. Nous avons commencé à grandir un peu dans la scène progressive avec ces chansons. Deux ans se sont écoulés entre Colour Temple et The God Thing. Durant cette période, nous avons réalisé que les gens aimaient bien cette approche. Ils venaient nous voir après les concerts, en disant que c’était cool que nous fassions des chansons rock/heavy metal normales mais en leur apportant des trucs en plus. Ça nous a encouragés à dire : « Pourquoi pas ? Essayons d’aller un peu plus dans cette direction. » The God Thing a été un succès. La scène progressive prenait de plus en plus d’ampleur, nous étions au milieu de celle-ci, nous avons fait une tournée avec Dream Theater… Ça a fait boule de neige. Nous adorions le fait qu’il n’y ait aucune limite dans la composition !

Est-ce que ça veut dire que tu n’écoutais pas du tout de musique progressive avant Vanden Plas ?

Non, je n’avais pas du tout l’habitude de la musique progressive. Je me souviens de la première fois que j’en ai entendu. Il y avait une grande fête un soir d’été, il faisait déjà noir, nous étions assis autour d’un feu. Peut-être que ça venait d’une voiture quelque part, mais quelqu’un avait mis la stéréo à fond, et j’ai entendu pour la première fois « Pull Me Under ». J’ai demandé au gars à côté de moi, qui était aussi guitariste : « C’est quoi ? Ça sonne super ! Je n’avais jamais entendu quelque chose comme ça avant ! » Il a dit : « C’est un nouveau groupe qui s’appelle Dream Theater. C’est vraiment cool. C’est fou et c’est compliqué, mais ça reste mélodique et écoutable. Ça ne ressemble à rien de ce que tu as entendu avant. » Je me suis dit que je devais acheter le disque ! Je l’ai acheté et j’ai totalement flashé dessus à la première écoute. Avant Dream Theater, on connaissait Queensrÿche. Dans le temps, les gens appelaient ça de la musique progressive, mais c’en n’était pas vraiment. Leurs compositions et leurs paroles étaient géniales, mais c’était plus le ressenti qui était progressif. Ce n’était pas progressif au sens qu’on donne au terme aujourd’hui.

As-tu dû améliorer ta technique quand vous avez décidé de prendre une direction plus progressive ?

Le truc, c’est que quand tu es jeune, tu as plus de temps pour t’entraîner. C’est sûr, je me suis énormément exercé pour atteindre ce niveau, comme n’importe quel musicien désireux de s’améliorer. Si tu veux atteindre tes objectifs – comme arriver à jouer des plans rapides, dans différentes métriques, etc. – il faut apprendre. Ensuite, il faut que tu décides si tu as atteint un niveau suffisant pour la musique que tu veux jouer ou s’il faut investir encore plus de temps. C’est une décision que chaque musicien doit prendre. Il a fallu que je m’entraîne beaucoup pour pouvoir exprimer ce que je ressens ou ce que je veux jouer. Ce qui est dingue, c’est que plus on apprend, plus on se rend compte de ce qu’on ne sait pas jouer. C’est le problème. Tu t’entraînes, puis tu vois un autre guitariste et tu te dis : « Oh mon Dieu, comment fait-il ? » Tu découvres sa technique, tu l’essayes, mais tu n’y arrives pas forcément, tu essayes de comprendre et parfois, tu es désenchanté parce que tu vois à quel point d’autres guitaristes sont doués.

Mais pour ma part, je n’ai jamais éprouvé le besoin de jouer exactement comme tel ou tel gars. Ça ne m’a jamais intéressé. Je cherchais plus à retrouver le feeling de tel ou tel guitariste. Par exemple, George Lynch, John Sykes ou Paul Gilbert : J’aimais leur façon de jouer et j’ai essayé de comprendre ce qu’ils faisaient, mais le côté classique, les sweeping, etc., ça ne m’a jamais intéressé. J’ai essayé et j’ai compris que je ne pouvais pas jouer ça parce que ça ne me touchait pas tellement. Si ça ne te touche pas, c’est dur de t’exercer dessus. Pour maîtriser le sweeping, il faut s’entraîner tous les jours, mais ce n’était pas ma tasse de thé. Donc, un jour, j’ai décidé d’arrêter de répéter les arpèges et ce genre de choses, parce que ce n’est pas mon jeu. J’ai décidé d’investir du temps dans ce que j’aime jouer et ce que je peux, peut-être, jouer mieux. Je me suis inspiré de différents musiciens, de leur manière de jouer, comme John Petrucci, mais je n’étais jamais là : « Je veux apprendre le solo de ‘Pull Me Under’. » Je ne suis pas capable de jouer ce solo. Je peux le chanter, mais je ne l’ai jamais appris. J’aimais son feeling et son côté innovant. C’est pareil avec tous les guitaristes. En revanche, j’ai beaucoup regardé Paul Gilbert jouer, parce qu’il a une manière vraiment cool de créer des phrasés. J’adorais ça, donc j’avais des vidéos de lui.

« George Lynch et John Sykes ne sont pas que des bons guitaristes solistes, ils sont aussi géniaux en rythmique. C’est quelque chose que j’ai toujours trouvé intéressant. C’est très important pour moi qu’un guitariste écrive de super riffs et ne se contente pas de jouer vite. »

Tu as fait carrière pendant trente ans dans le metal progressif. Est-ce que ça t’avait manqué, durant toutes ces années, de jouer une forme plus simple de rock, avant même de songer à fonder All My Shadows ?

Pas vraiment, parce qu’il y a quand même des parties rock normales dans Vanden Plas. Mais quand nous avions fini les chansons, comme je l’ai dit, Andy et moi étions assis là comme des gamins, hyper contents, avec la banane, à nous dire : « C’est trop cool de faire de la musique comme au début quand on était étudiants ! » Car à côté de la musique, nous étudions. C’était la seule possibilité de faire de la musique, parce que si nous avions déjà eu un boulot, ça aurait été dur. Nous nous retrouvions en salle de répétition, « hey, j’ai un nouveau riff ! », nous écrivions une nouvelle chanson, etc. Il y avait un feeling très spécial au début des années 90, parce que nous n’utilisions pas un ordinateur ou un programme pour créer des chansons chez nous. Aujourd’hui, oui, je fais ça chez moi, dans mon home studio, je ne le fais pas à la salle de répétition, mais le feeling me rappelait quand nous étions en salle de répétition il y a trente ans. Même si je fais la musique tout seul, quand Andy est venu et que nous avons commencé à travailler sur le chant, ça nous a fait tellement plaisir ! Nous avions un sourire sur le visage toute la journée. Même maintenant, je souris, rien qu’en me rappelant ! Je suis un enfant des années 80 et j’ai grandi dans les années 90, j’ai grandi avec AC/DC, Whitesnake, Ozzy Osbourne et tous ces groupes, et ce type de musique fait toujours partie de moi. Quand je prends une guitare, je commence par gratouiller un riff normal, pas un riff progressif. Quand j’écoute un CD, c’est toujours un album de Whitesnake ou d’Ozzy. Je n’écoute pas de musique progressive. Je joue et je compose de la musique progressive, donc je n’ai pas envie d’en écouter toute la journée. D’ailleurs, honnêtement, je n’écoute pas beaucoup de musique.

J’imagine que jouer du simple hard rock mélodique, c’est plus tranquille que jouer des riffs prog compliqués. Qu’est-ce que ça change pour toi en tant que guitariste ?

C’est un peu différent. Par exemple, quand j’écris des chansons pour All My Shadows, je peux avoir besoin d’une partie pour jouer un solo. Si, en l’occurrence, j’aime bien le refrain et que je pense que ça ferait une bonne partie pour jouer un solo, je la prends, je fais un arrangement un peu différent, et je l’utilise pour le solo. Je ne sais pas si je ferais ça avec Vanden Plas parce qu’alors, les deux seraient à peu près les mêmes parties. C’est ce que je voulais dire : peut-être que les gens s’attendent à d’autres éléments pour la partie solo, et donc c’est ce que je fais avec Vanden Plas. De même, peut-être que c’est un peu plus facile de jouer un solo pour All My Shadows, parce qu’il n’y a qu’une harmonie, seize mesures, et tu joues en Mi mineur ou peu importe quoi, et c’est fini. C’est plus tranquille, effectivement, c’est le bon mot.

Tu as mentionné George Lynch. « Kiss Of Death » de Dokken est l’une des rares reprises que vous avez faites avec Vanden Plas, et il est clair que Dokken faisait partie des influences pour All My Shadows – le riff principal de « A Boy Without A Name » sonne presque comme un hommage. Quel impact ce groupe et ce guitariste ont-ils eu sur toi ?

Comme je l’ai dit, George Lynch était l’un de mes premiers guitar heroes. AC/DC étaient mes premiers héros, parce que j’ai grandi avec eux, mais Angus Young n’a pas été une influence sur mon jeu. J’aimais le groupe et l’attitude d’Angus Young que je trouvais dingue quand j’étais gamin. Ensuite, les autres groupes comme Judas Priest et Iron Maiden, leurs guitaristes étaient bons mais ce n’était pas des héros pour moi. Le premier vrai guitar hero, pour moi, c’était peut-être Ritchie Sambora pour son côté mélodique, mais quand j’ai entendu pour la première fois George Lynch jouer, avec ses accords diminués, son feeling, sa façon de faire des tirés, son vibrato, ses solos, etc., surtout les riffs sur Under Lock And Key, c’était tellement génial ! J’ai tout de suite aimé. Il a énormément influé sur mon jeu. Je ne peux pas le nier, et je ne veux pas le nier, parce que je suis un grand fan de son jeu. Au même moment, j’ai aussi découvert John Sykes. Je crois que ces deux guitaristes sont ceux qui ont eu le plus gros impact sur mon jeu. Par exemple, quand John Sykes joue un accord avec du vibrato, ça sonne incroyable. Je pense c’est le seul guitariste que tu peux reconnaitre rien qu’à un accord ou un slide. On entend tout de suite, au son, que c’est John Sykes.

Ce qui est cool, c’est que ce ne sont pas que des bons guitaristes solistes, ils sont aussi géniaux en rythmique. C’est quelque chose que j’ai toujours trouvé intéressant. C’est très important pour moi qu’un guitariste écrive de super riffs et ne se contente pas de jouer vite. Pour moi, ces groupes, à l’époque, où le guitariste faisait aussi des riffs qui étaient cool étaient les plus intéressants. D’ailleurs, dans le temps, la plupart des groupes avaient deux guitaristes, et ce n’était pas toujours le meilleur des deux qui écrivait les bonnes chansons. Souvent, c’était le guitariste rythmique qui composait les super morceaux et le guitariste lead faisait les solos, ce qui n’est pas plus mal. Ils n’avaient pas besoin d’avoir les guitaristes les plus rapides du monde. Si tu compares les guitaristes de l’époque, y compris quelqu’un comme Zakk Wylde, avec tous ceux qu’on a aujourd’hui et qui font des trucs de fou, comme Guthrie Govan, c’est incroyable la façon dont ils ont développé la technique, dont ils jouent, ce qu’ils jouent et la façon dont ils pensent leur jeu. C’est différent des années 80, mais je pense que c’est une évolution naturelle, parce que s’ils jouaient de la guitare comme dans les années 80, il y aurait quelque chose qui cloche.

« J’ai acheté l’album High Voltage pour deux marks allemands – l’équivalent d’un euro aujourd’hui – sans rien savoir du groupe. Je suis rentré chez moi. J’avais une vieille platine qui appartenait à mon père, je l’ai écouté et dès le premier accord, AC/DC m’a scotché. Je suis devenu un énorme fan d’AC/DC et j’ai tout appris à l’oreille. »

Pour revenir à la composition, quand on regarde bien, même « Father » de Vanden Plas est basé sur un riff à la Dokken. Tout le monde a ses influences. Il faut juste éviter de plagier d’autres groupes. Quand on écrit une chanson, il faut faire attention à ce que ce ne soit pas un riff qui existe déjà, mais pour être sûr, il faudrait écouter cent mille groupes ; je ne connais pas toutes les chansons qui existent dans le monde. Avec la musique, on est limité à un certain nombre de notes. Aujourd’hui, quand on écrit un riff, peu importe le groupe, généralement on peut directement dire : « Je connais un riff similaire. » Même si je joue avec un orchestre et que j’entends le violon jouer des trucs de dingue, je peux me rendre compte qu’on retrouve ça dans la musique moderne, ou quand le violoncelle joue en staccato, ça peut faire penser aux groupes de djent qui jouent des riffs à une note ; tout ça était déjà présent dans des thèmes classiques. On ne peut rien inventer de vraiment nouveau, ou alors c’est très dur.

En parlant de George Lynch, je crois qu’il a un nouveau groupe, The Banishment. C’est un peu plus industriel. Je n’ai entendu qu’une chanson, mais il a fait tellement de hard rock traditionnel que c’est cool qu’il fasse quelque chose de différent. D’ailleurs, si ça t’intéresse et que tu as le temps, j’ai une histoire marrante pour que tu voies à quel point j’étais – et je suis toujours – fan de George Lynch. En 1985 – au siècle dernier ! – nous sommes allés à un concert d’Accept et Ratt devait ouvrir. J’aimais bien Ratt, mais je n’étais pas non plus fou d’eux. Nous sommes allés à l’entrée de la salle, nous avions nos billets, des gosses étaient en train de parler et quelqu’un a dit : « Ratt ne joue pas ! » Tout le monde était triste. Puis quelqu’un a dit : « Dokken est en ouverture ! » et tout le monde a applaudi. J’étais tellement content ! C’est la seule fois où j’ai eu la chance de voir George Lynch, par hasard, et c’était génial ! Tu n’as pas idée. C’était inattendu de voir mon guitar hero à ce concert. Je ne pensais pas avoir la chance un jour de le voir.

Tu as dit avoir grandi avec AC/DC. J’ai d’ailleurs appris que celui qui a éveillé ton intérêt pour la guitare était justement Angus Young, ce qui peut surprendre, car effectivement, ton jeu n’a rien à voir…

Je ne sais plus si je l’avais déjà entendu avant, mais je me souviens, j’étais avec un ami dans une brocante, nous vendions des livres d’occasion et ce genre de choses. Je devais avoir dix ou onze ans, je n’ai aucune idée pourquoi nous avons fait ça. C’était dans une plus grande ville dans le coin où nous vivions. A côté de moi, il y avait un type avec des vinyles. Sur l’un d’entre eux, on voyait un flash et un gars en uniforme avec une guitare peints sur la pochette. Je suis allé voir le vendeur et j’ai demandé : « C’est quoi ? » Il a répondu : « C’est un groupe de rock. » « D’accord, qui est ce gars ? » « C’est le guitariste du groupe de rock. » J’ai acheté l’album – c’était High Voltage – sans rien savoir du groupe. Je l’ai acheté pour deux marks allemands, ce qui, aujourd’hui, devrait être l’équivalent d’un euro. Je suis rentré chez moi. J’avais une vieille platine qui appartenait à mon père, avec une enceinte dessus, et j’ai mis l’album. Je l’ai écouté et dès le premier accord, AC/DC m’a scotché. Je suis devenu un énorme fan d’AC/DC. A partir de ce jour, j’ai économisé mon argent de poche et j’ai acheté tous les vinyles. Il fallait que je fasse trente kilomètres en bus vers la plus grande ville, que je me rende chez le disquaire, et j’étais ce gosse de douze ans qui était là : « Salut, j’ai entendu dire qu’AC/DC avait un nouvel album ! » J’ai tout acheté, Let There Be Rock, If You Want Blood, Dirty Deeds…

J’écoutais toute la journée les riffs et j’essayais de les jouer. Les gens comme moi, qui sont un peu plus vieux, quand on essayait d’apprendre des chansons, c’était : tu écoutais le riff, tu arrêtais le disque, tu commençais à jouer, « oh, ce n’est pas ça », tu revenais à la platine pour remettre le saphir au début… Tu faisais ça cinquante fois et enfin, tu trouvais comment jouer le riff. Il n’y avait pas de guitariste pour te l’apprendre, donc il fallait découvrir par toi-même comment se jouait chaque chanson. J’ai tout appris d’AC/DC à l’oreille, je copiais ce que j’entendais. Je jouais toute la journée du AC/DC, mais juste les parties rythmiques, car je n’étais pas capable de jouer les solos. C’était la première fois que je m’intéressais au rock et que j’apprenais de la musique à l’oreille, mais si je raconte à mes étudiants en guitare comment j’ai appris mes premières chansons avec un vinyle, à continuellement revenir à la même position, en écoutant la même chanson pendant des heures, ils sont là : « Oh mon Dieu ! » Aujourd’hui, il suffit d’aller sur YouTube ou de regarder des tablatures, c’est facile. Les temps ont changé ! Mais le fait d’apprendre des chansons de cette façon m’a beaucoup aidé, et ça m’aide toujours aujourd’hui : même si je ne peux pas jouer les notes à partir d’une partition, si j’entends la chanson, je sais tout de suite en quelle tonalité c’est. Quand je donne des cours, je dis : « C’est en telle tonalité, voici les accords, et voici les possibilités qu’on a avec. » Et les jeunes étudiants me demandent : « Comment sais-tu ça ? » Je leur réponds : « Parce que quand j’avais votre âge, je jouais toute la journée de la guitare en écoutant des vinyles. »

« Entendre la musique est très important, mais les gosses ne le font plus. Ils l’écoutent, mais ils ne l’entendent pas. C’est la grande différence. »

Encore aujourd’hui, entendre la musique est très important, mais les gosses ne le font plus. Ils l’écoutent, mais ils ne l’entendent pas. C’est la grande différence. Ils peuvent jouer par-dessus, mais ils ne la ressentent pas vraiment. Peut-être que c’est un peu mécanique, il n’y a pas tellement d’âme, d’une certaine façon. Peut-être qu’on peut entendre dans tous ces vieux guitaristes qu’ils ont appris comme moi. C’est mon avis. A chaque fois que je raconte cette histoire, je me dis après coup que je n’aurais pas dû, car maintenant vous savez à quel point je suis vieux ! [Rires] Mais les jeunes guitaristes me posent parfois cette question. Alors je réponds : « D’accord, prenons cinq minutes, je vais vous expliquer comment c’était dans le temps. » J’ai l’impression d’être un papy qui raconte de vieilles histoires : « Au siècle dernier, il y avait un truc qu’on appelait le vinyle… » Je me sens tellement vieux, mais si je la raconte de façon amusante, ça va.

As-tu souvent vu AC/DC en live ?

En fait, je ne les ai vus que deux fois, dont une aux Monsters Of Rock en 1984 en Allemagne, à Karlsruhe. C’était un grand événement à l’époque. J’étais mineur, donc il fallait que je demande à mes parents si j’avais le droit d’y aller avec mon grand frère Andreas, car lui était suffisamment âgé pour y aller. Normalement, moi, j’étais trop jeune. Mais j’ai vu l’affiche – Mötley Crüe, Accept, Gary Moore, Dio, Ozzy Osbourne, Van Halen, AC/DC – dans le plus gros magazine de rock d’Allemagne, je me suis tout de suite dit : « Il faut que j’y aille ! » Je de grands souvenirs de cette journée-là. J’ai monté les escaliers, je suis entré dans l’énorme stade, j’ai jeté un œil, et il y avait dans les quarante ou cinquante mille personnes. Je n’avais jamais vu ça. J’étais là : « Oh mon Dieu ! » J’étais avec un ami, il était peut-être dix heures, et à onze heures, Mötley Crüe a commencé. J’ai dit : « Il faut que j’aille devant la scène ! » J’étais peut-être au cinquième rang, Vince Neal, Nikki Sixx, Mick Mars et Tommy Lee étaient juste devant moi. Nous sommes restés là et Accept est arrivé sur scène ; c’était un groupe allemand très cool avec de super chansons. Ils ont commencé avec « Fast As A Shark », tout le monde a pété les plombs. Je suis encore maigrichon aujourd’hui, mais à l’époque, j’étais maigrichon et petit, et j’étais tout devant… Ce n’était peut-être pas la meilleure décision, mais il fallait que je le fasse.

En tant que guitariste, tu as toujours conservé un style très mélodique, même au sein de la complexité prog de Vanden Plas. Penses-tu que ça a fait que tu t’es démarqué dans la scène prog où les groupes se reposaient et se reposent plus que jamais sur des parties extrêmement techniques ?

Clairement. Je pense que nous avons gardé l’esprit des années 80 et 90 dans le rock progressif, et il y avait peut-être quelque chose d’unique là-dedans, parce que nous ne jouons pas que des choses techniques tout le long de la chanson. Si nous le voulons, nous faisons une intro juste au piano pendant deux ou trois minutes, ou au milieu, nous mettons des accords tout ce qu’il y a de plus traditionnels. Pour moi, c’est plus intéressant que de jouer des plans compliqués de la première à la dixième minute. Il y a des groupes qui le font, parce qu’ils en sont capables et c’est leur approche de la musique progressive, c’est leur manière de jouer, et c’est super. Je ne pense pas que nous pourrions le faire aussi bien que ces groupes. Ils le font à leur manière et nous, à la nôtre. Quand les gens ne connaissent pas du tout le rock et demandent quel est le style de Vanden Plas, je dis : « C’est du rock traditionnel et nous avons des passages avec des parties compliquées, techniquement et harmoniquement, mais pas sur toute la chanson. » Nous essayons tout le temps de garder de la mélodie dans la chanson. Je pense que l’élément important, c’est aussi Andy, le chanteur, parce que c’est quelqu’un de très mélodique. Il a besoin à chaque fois de mélodie pour s’exprimer, c’est plus facile pour lui. Si je faisais une sorte de riff en staccato sans aucune harmonie, il aurait probablement du mal. Que ce soit un couplet ou un refrain, peu importe, il a besoin de mélodie et de riffs avec de l’harmonie pour son chant. Je pense que c’est ce qui rend Vanden Plas spécial, d’une certaine façon : peu importe la longueur de la chanson, nous mettons de la mélodie partout, dans le chant mais aussi dans les riffs. Par exemple, si j’écris un riff, souvent je vais essayer d’inclure dedans une sorte d’harmonie ou de mélodie, et pas me contenter d’un accord en jouant des trucs techniques – même s’il m’arrive aussi de le faire. On se souvient probablement mieux de ce genre de riff que quand c’en est un juste basé sur un rythme tarabiscoté.

D’ailleurs, on dirait que le metal progressif a évolué au fil des années pour devenir de plus en plus heavy et technique. N’as-tu pas l’impression d’aller à contrecourant en fondant un groupe comme All My Shadows ?

Je sépare All My Shadows et Vanden Plas. Notre but n’était pas d’aller à contre-courant et nous n’avons jamais dit : « Il faut qu’on soit plus commerciaux pour gagner de l’argent », car même avec la musque commerciale aujourd’hui, vendre des CD est de moins en moins facile, et faire des concerts n’est pas simple non plus après le Covid-19. La raison d’être d’All My Shadows est juste que j’avais plein de chansons et que ça me paraissait bien de les produire et de les montrer à la maison de disques. Quand ils ont dit qu’ils aimaient bien, c’était cool. C’est juste quelque chose que j’aime faire. Avec Vanden Plas, nous faisons ce style de musique depuis trente ans. Souvent, quand les groupes essayent de changer de style, c’est pour suivre une sorte de nouvelle mode, et ils perdent leur esprit initial, ils perdent leur identité et ils perdent leurs fans parce qu’ils ne reconnaissent plus le groupe. Ce que nous avons compris très tôt avec Vanden Plas, c’est que nous ne serons jamais un groupe célèbre qui joue devant dix mille personnes partout, que ce soit aux Etats-Unis, en Australie ou en Allemagne. Nous resterons un groupe plus ou moins connu, mais de façon spéciale, avec des fans spéciaux.

« Je pense que nous avons gardé l’esprit des années 80 et 90 dans le rock progressif, et il y avait peut-être quelque chose d’unique là-dedans, parce que nous ne jouons pas que des choses techniques tout le long de la chanson. »

D’un autre côté, quand nous avons commencé Vanden Plas, des gens nous ont demandé de faire des opéras rock et de les produire dans des théâtres. Nous avons donc toujours eu Vanden Plas d’un côté et la formation pour le théâtre de l’autre. Nous pouvions enregistrer des albums de rock progressif tout en jouant au théâtre des productions bien connues, comme Jesus Christ Superstar ou The Rocky Horror Picture Show. C’est assez unique. Je ne sais pas si d’autres groupes font ça – peut-être qu’il en existe, mais je ne les connais pas. Grâce à notre boulot au théâtre, nous avons réalisé que nous pouvions rester dans Vanden Plas et développer le groupe. Le théâtre, c’est notre gagne-pain, et ça nous a donné la liberté de travailler avec Vanden Plas comme nous voulons, parce qu’honnêtement, aujourd’hui, rien qu’avec ce groupe, nous ne gagnons pas suffisamment d’argent pour payer nos factures mensuelles. Quand on joue ce genre de musique, normalement, ce n’est pas aussi simple de durer trente ans et faire dix albums. Je ne dirais pas que ça a été simple, mais ça a été possible grâce au théâtre. Cette façon de travailler nous a offert plein d’opportunités et d’avantages, si bien que je n’ai jamais été frustré. Bien au contraire.

Quand nous avons compris que nous ne pourrions jamais vivre seulement de Vanden Plas, que ce serait impossible, nous n’étions pas tristes, nous n’avons pas pleuré, genre : « Oh mon Dieu, on ne va pas y arriver. On ne sera jamais des grandes stars. » Non, nous étions satisfaits, nous avons dit : « Oui, mais c’est cool de pouvoir avoir le groupe, grandir, vieillir tout en faisant de la musique. » Quand on peut vivre en faisant ce qu’on aime et gagner de l’argent grâce à sa passion, et qu’on s’en plaint, alors il y a quelque chose qui ne va pas ! Ce serait fou de se plaindre. Aucun regret, aucune lamentation, rien. Si on me demandait si ce serait sympa ou mieux de jouer devant dix mille personnes, bien sûr je répondrais que oui, ce serait génial. Je mentirais si je disais que je n’aimerais pas pouvoir vendre un million de disques, mais je suis content comme c’est. Souvent, quand nous sommes posés après un concert ou que nous revenons chez nous après un spectacle au théâtre, il nous arrive de dire : « C’est tellement cool de pouvoir vivre de la musique – peut-être pas du groupe en soi, mais de la musique. » Ce n’est pas facile aujourd’hui quand on n’est pas Metallica. Nous avons de la chance à cet égard.

Malgré les influences old school dans lesquelles vous avez puisé pour faire Eerie Monsters, l’album ne sonne pas du tout daté. Était-ce votre objectif de créer un album rétro-moderne, si ça a du sens ?

C’est une très bonne expression. Peut-être que nous aurions dû nous-mêmes l’utiliser ! Rétro-moderne ? Exactement ! Quand les chansons étaient finies et que nous devions les produire en studio, une chose qui était très importante pour nous, c’est que nous ne voulions pas sonner vieux jeu. Dès le début, nous avons dit que nous ferions une sorte de groupe façon années 80 mais en utilisant les sons et les méthodes de production actuels. Nous ne voulions pas être là, genre : « Kansas et Styx utilisaient des sons de Moog, etc. dans les années 70, on devrait faire pareil. » Pas du tout. Si ça allait bien avec tous les sons, nous le faisions, mais ça nous plaisait de rafraîchir l’esprit de cette musique. C’était notre but. Exactement comme tu l’as dit. Quand nous écoutions les chansons, nous avions l’impression d’entendre de la musique des années 80 mais avec des passages et des sons modernes. La musique n’est pas poussiéreuse. Ça sonne frais et ça nous accroche tout de suite. Et nous voulions un son puissant. Un son rétro-moderne : il faut que je le note pour m’en souvenir. La prochaine fois, j’utiliserai cette expression, copyright Nicolas [rires]. Mais honnêtement, je suis content que tu ressentes ça, car quand on compose les chansons, on ne sait jamais comment ça sonnera à la fin, et si les gens ressentiront ce qu’on a essayé d’exprimer ou ce qu’on a soi-même ressenti en écrivant. Si quelqu’un comme toi écoute les chansons et a cette impression, c’est cool.

Andy a été ton complice non seulement dans Vanden Plas, mais aussi dans les divers opéras rock que vous avez faits et même à un moment donné au sein de son projet éphémère Abydos, et vous collaborez à nouveau sur All My Shadows. Qu’est-ce qui vous rend si inséparables ?

C’est dur à dire ! Quand j’ai rejoint le groupe, j’avais quinze ans. Andy est un peu plus âgé que moi. Nous ne vivions pas dans la même vile et nous nous voyions seulement deux fois par semaine dans le groupe. Nous ne nous connaissions pas avant. Donc, au début, nous étions différents, jusqu’à notre manière de voir la musique et ce que nous écoutions, parce que j’étais un gamin heavy metalleux avec une veste en jeans et des patchs Iron Maiden au dos, alors que lui, étant un peu plus vieux, écoutait aussi des choses comme Toto et Styx. Mais nous nous sommes rapprochés avec les années. Je n’ai pas souvenir de m’être un jour disputé avec Andy sur un quelconque sujet. Je crois que nous ne nous sommes jamais crié dessus. Nous n’avons pas toujours le même avis – ce n’est pas possible de passer trente ans sans divergence d’opinion – mais nous savons en discuter et faire des compromis ou choisir quelle idée est la meilleure, car nous voulons tous les deux le meilleur pour le groupe. C’est sûr que ça peut être dur. Nous sommes des musiciens et les musiciens sont parfois sensibles et ont leur égo, mais il n’est jamais arrivé que nous ne nous parlions plus pendant un mois à cause d’un différend, en tout cas je n’en ai pas souvenir. De même, quand nous sommes en tournée, je partage toujours la chambre d’hôtel avec Andy, et même là, nous parlons et rions tout le temps, nous nous éclatons ensemble. Nous avons souvent le même avis sur les choses, pas qu’en musique, mais aussi sur le plan personnel. Quand j’étais jeune et que je lisais sur des musiciens, ils disaient parfois : « Mon chanteur et moi sommes comme un vieux couple. » C’est exactement ça : nous sommes comme un vieux couple. Parfois, des semaines passent sans que nous nous parlions en personne, mais ça n’a pas d’importance, nous nous téléphonons ou envoyons des textos et des e-mails.

« Ce que nous avons compris très tôt avec Vanden Plas, c’est que nous ne serons jamais un groupe célèbre qui joue devant dix mille personnes partout. Nous resterons un groupe plus ou moins connu, mais de façon spéciale, avec des fans spéciaux. »

Il y a quelques mois, lors d’une interview que nous avons faite ensemble, Andy a dit que je lui facilitais la tâche pour chanter sur mes chansons. Il a dit que lorsque je jouais un nouveau morceau, c’était tout suite simple pour lui de chanter dessus. Ce genre de collaboration est assez unique. Quelle chance a-t-on de trouver un chanteur qui est à la fois bon et parfaitement en phase avec sa fibre artistique ? Par exemple, si je lui envoie le MP3 d’une nouvelle chanson, une heure plus tard, mon téléphone portable sonne : « J’ai déjà le couplet et le refrain. Ecoute, je vais te les chanter ! » Il a une explosion d’idées et la plupart du temps, je dis : « Ouais, c’est cool ! » Ça peut aussi marcher dans l’autre sens : il peut m’arriver d’avoir des idées de chant que je présente à Andy – ce n’était pas le cas au début du groupe, mais ça arrive de plus en plus. Il n’est pas obligé de la reprendre tel quelle, mais il dit : « Ah, super. Je vois où tu veux aller. Je vais prendre ton idée et la développer à ma manière », car je ne suis pas capable de chanter comme un chanteur, tout comme je ne suis pas capable de jouer comme un pianiste, mais je peux proposer des idées de base. C’est pareil avec les parties de batterie : je ne sais pas faire des roulements de malade comme mon frère, mais je peux lui proposer ma vision via mes démos. Donc Andy prend mon idée, l’écoute, et en fait son truc personnel. Parfois ça prend du temps, mais souvent, je suis impressionné par la vitesse à laquelle il développe les lignes vocales ou la facilité qu’il a pour prendre mes idées et les transformer avec sa manière personnelle de chanter. Durant les dix dernières années, avec l’âge, nous n’avons eu de cesse de nous rapprocher. Même avec All My Shadows, nous avions la même vision pour le groupe et le son. Je pense que sans ça, ce groupe n’aurait pas pu exister – avec mon frère à la batterie, Franky R. à la basse et Markus [Teske] au clavier – car c’est notre façon de travailler ensemble qui l’a rendu possible.

On dirait aussi que dès que tu as besoin d’un batteur, tu te tournes vers ton frère Andreas. Comment décrirais-tu votre relation ?

Quand nous étions enfants, mon frère et moi, parfois nous étions très proches mais nous nous disputions aussi énormément. Ce n’était pas toujours facile. Andreas a commencé plus tôt la batterie et il était dans Vanden Plas avant moi. Le premier nom du groupe était Exodus, d’ailleurs, mais il a fallu que nous changions. A un moment donné, Exodus n’a plus eu le droit de répéter dans la salle où il répétait. Nous avions une grande pièce à la maison où la batterie d’Andreas était déjà installée, et nos parents ont eu la gentillesse de dire : « Tu peux répéter avec ton groupe chez nous. » Je crois qu’ils ne se rendaient pas compte de ce que ça impliquait… C’était tellement bruyant ! Quand mon frère jouait au sous-sol, les vitres et tout tremblaient dans la cuisine pendant trois heures ! On aurait pu croire que mes parents allaient dire stop au bout de deux semaines, mais non. Nous sommes restés là pendant peut-être dix ans. Je ne sais pas comment ils ne sont pas devenus fous ! Il y avait une autre guitariste dans le groupe. Comme j’adorais la musique, j’allais à pratiquement chacune de leurs répétitions, quand j’avais le temps. Je m’asseyais pendant des heures sur le canapé pour les regarder et les écouter. Je trouvais ça tellement cool de voir un groupe. Je connaissais toutes les chansons, la façon dont ils les faisaient évoluer, comment le guitariste trouvait des riffs, etc. Et ensuite, dans ma chambre, j’essayais à mon tour.

Un jour, j’étais dans la salle de répétition et le guitariste n’est pas venu. C’était une semaine avant l’un des premiers concerts. Peut-être qu’il avait peur de jouer devant des gens, mais c’était un concert important. Comme j’étais là, assis sur le canapé, ils m’ont demandé : « Stephan, tu connais les chansons ? » J’ai répondu : « Oui. » « Alors tu feras le concert. » J’ai dit : « J’ai seulement quinze ans ! Je n’ai même pas le droit de sortir ! » C’était tellement drôle. Tout le groupe est monté dans le salon pour parler à mes parents : « On veut faire le concert mais nous n’avons pas notre guitariste. Est-ce que Stephan peut le faire avec nous ? » Mes parents étaient là : « Mais il a quinze ans ! » « Oui, mais on a besoin de lui, autrement on ne peut pas jouer. » « D’accord, mais vous devez faire attention à lui, il est jeune. » J’ai donc eu une semaine pour répéter, puis j’ai fait le concert, et j’étais dans le groupe. C’était seulement possible parce qu’Andreas jouait de la batterie et qu’ils ont dû déménager la salle de répétition chez nous où je pouvais répéter avec eux.

Mais pour revenir sur ma relation avec mon frère – c’était la question, finalement ! [Petits rires] Il n’est pas juste mon frère, c’est aussi un ami. C’est comme avec Andy. Bien sûr, dans Vanden Plas, je suis parfois plus proche de mon frère, parce que nous nous voyons en dehors du groupe. J’ai aussi une école de musique où Andreas donne lui-même des cours de batterie. Nous nous voyons souvent pour parler de différentes choses. Je pense que c’est normal quand on s’entend bien avec son frère de souvent discuter. Donc nous sommes très proches.

« Le théâtre, c’est notre gagne-pain, et ça nous a donné la liberté de travailler avec Vanden Plas comme nous voulons, parce qu’honnêtement, aujourd’hui, rien qu’avec ce groupe, nous ne gagnons pas suffisamment d’argent pour payer nos factures mensuelles. »

Tu as déclaré qu’avec Andy, vous vous connaissez « sur le bout des doigts » et je suis sûr que c’est pareil avec Andreas. Autant ça peut être très pratique, autant n’y a-t-il pas des moments où trop connaître des personnes et donc être dans un environnement trop confortable peut être une entrave à la créativité ou dans d’autres domaines ?

Non. Quand on est dans un groupe et qu’on a des rôles différents, il faut juste faire attention de ne pas ramener des sujets personnels dans une discussion sur la musique. C’est important de bien connaître l’autre personne, ses points forts et ses points faibles – ils connaissent les miens, tout comme je connais les leurs –, et de ne pas partir dans des discussions personnelles. Si tu es avec ton frère dans le groupe, tu dois séparer votre vie personnelle et votre vie dans la musique. Si je me dispute dans le groupe, forcément, c’est un peu différent avec Andreas qu’avec le reste du groupe, parce que nous nous connaissons beaucoup mieux humainement, c’est logique, mais nous n’avons jamais eu de gros problèmes. Si tu as un boulot normal dans une entreprise, tu peux aussi avoir des discussions et des divergences d’opinions. Toi et ton collège, vous vous séparez pendant deux heures, vous vous retrouvez, vous résolvez le différend, vous vous serrez la main et vous passez à autre chose. Le fait de jouer pendant trente ans avec les mêmes personnes peut être une très bonne chose, mais ça peut aussi créer des problèmes, c’est parfaitement normal, je pense.

Ceci dit, j’ai déjà joué avec d’autres musiciens. J’ai fait le Consortium Project il y a des années avec Ian Parry. Il y avait aussi Patrick Rondat, que je trouve être une belle personne et un super guitariste, je suis content de l’avoir rencontré et j’ai joué avec lui dans un groupe. Donc, je l’ai fait de temps en temps. Mais le truc, c’est qu’on a un temps limité. J’ai mon école de musique, j’ai Vanden Plas, j’ai le théâtre… Il n’y a que vingt-quatre heures dans une journée et parfois, on doit passer un jour entier à faire des trucs qui n’ont rien à voir avec la musique. Et maintenant, j’ai All My Shadows et, comme je l’ai dit avant, ça fonctionne seulement parce que je le fais avec des gens que je connais. Si j’avais essayé de faire ça avec des gens que je ne connaissais pas, ça n’aurait pas été possible, car il aurait fallu commencer à expliquer tout ce que je voulais faire. Andy, Andreas et les deux autres musiciens savent exactement ce que je veux faire. Si j’avais dû repartir de zéro, m’expliquer, etc. sachant que peut-être les autres musiciens n’auraient pas immédiatement compris, donc il aurait fallu que je réexplique plusieurs fois, ça aurait été compliqué. A l’inverse, il aurait aussi fallu que je les comprenne. Alors qu’avec All My Shadows, ce n’était pas nécessaire, car nous nous connaissons. Ça peut être un avantage ou un inconvénient, on ne peut pas savoir. Peut-être qu’un nouveau chanteur et un nouveau batteur auraient apporté du sang neuf, mais peut-être aussi qu’au bout d’un mois, j’aurais dit : « Oh mon Dieu, Andy, j’ai fait une énorme erreur parce que je ne t’ai pas demandé. » Si on veut vraiment savoir, il faudrait faire deux groupes, un tel qu’il est aujourd’hui et un différent, et faire exactement la même chose avec les deux, et au bout d’un an, comparer, mais ce n’est pas possible. Il faut donc décider de la direction à prendre, et peut-être que j’ai choisi la sécurité, mais voilà quelle a été ma décision.

D’un autre côté, ayant Andy et Andreas dans le groupe, mais aussi Markus Teske au clavier qui a été l’ingénieur de Vanden Plas pendant vingt ans, n’avais-tu pas peur qu’All My Shadows se rapproche trop de Vanden Plas, moins les structures et riffs prog ?

Je n’avais pas peur, mais c’est sûr que c’était une inquiétude au début quand nous avons monté le line-up avec Andreas et Markus, car effectivement, Markus a été ingénieur sur tous nos albums depuis Beyond Daylight, il y a vingt ans. C’est sûr qu’il faut y faire attention, mais quand on fonde un groupe, il faut toujours prendre ce genre de décision. Demandes-tu à un autre batteur ou bien à Andreas ? L’autre batteur est-il meilleur ? Tu ne crois pas, donc tu prends Andreas. Si tu prends un autre batteur, est-il disponible ? Si c’est un très bon batteur, non, il joue probablement déjà dans quatre ou cinq autres groupes. Andreas est disponible, parce que s’il n’a pas le temps, ça veut dire que moi non plus je n’ai pas le temps, car nous faisons tout ensemble. Si j’ai le temps, je sais qu’Andreas a aussi le temps. Tu peux demander à un autre claviériste ou tu peux demander à Markus que je connais bien. Nous avons une très bonne relation, y compris musicalement. Il sait exactement ce que je veux en termes de sons. Il est très réactif.

Ensuite, nous avons Franky à la basse. Il avait aidé Vanden Plas en 1989. Nous avons fait notre premier concert avec lui. Il était dans un groupe allemand réputé à l’époque. Encore une fois, notre ancien bassiste avait quitté le groupe une semaine avant un gros concert. Nous avions quelqu’un qui nous aidait à l’époque et il a dit : « Je vais appeler ce gars. On le paiera tant. » Nous l’avons appelé, il a eu une cassette avec les chansons, il est venu avec sa basse, il a allumé son ampli et il a dit : « C’est bon, on peut commencer. » Il a joué et c’était parfait. Au fil des années, nous n’avons jamais perdu le contact. Il est arrivé une fois que Torsen [Reichert] ne puisse pas jouer, nous l’avons rappelé, il a appris les chansons, et il a fait trois ou quatre concerts avec nous. Quand il a fallu décider pour le poste de bassiste dans All My Shadows, j’ai directement dit à Andy qu’il fallait demander à Franky. C’est un bassiste extraordinaire. Il a joué pour le Michael Schenker Group il y a des années. C’est un gars très cool, très amical. S’il avait refusé, bien sûr, il aurait fallu chercher quelqu’un d’autre, mais je l’ai appelé et j’ai dit : « Franky, j’aimerais monter un nouveau groupe. C’est Andy qui chante. » Il a immédiatement dit : « Je te suis ! » Il n’a pas fallu plus d’une minute. Donc c’était cool !

« Andy chante à propos de monstres qui peuvent être réels ou dans notre tête, des monstres dont on est le seul à avoir peur, parce qu’on est le seul à savoir qu’ils existent, peut-être parce que c’est notre imagination. »

Andy a trouvé le nom All My Shadows : comment, d’après toi, est-ce que ça reflète le style et l’identité de ce nouveau groupe ?

Il n’était pas prévu que ce soit un groupe de hair metal marrant façon années 80, donc nous ne voulions pas d’un nom genre « rock quelque chose ». Les textes d’Andy sont toujours assez profonds et ce groupe ne fait pas exception. Ce ne sont pas des paroles hard rock typiques pour faire la fête et s’amuser. La musique a peut-être un côté un peu années 80, mais pas les paroles qui sont plus sombres. Nous voulions exprimer que ce groupe a les deux aspects, un côté hard rock mais aussi un sens plus profond. Nous avons une chanson qui s’appelle « All My Eerie Monsters » et quand il a trouvé le nom All My Shadows, nous avons directement dit : « Oui, c’est ça ! » Ça sonne bien et ça collait bien aux chansons, aux paroles et aux concepts que nous aimions bien associer au groupe. J’ai adoré dès le début, j’ai tout de suite été fan. Je suis content qu’il l’ait trouvé, car trouver un bon nom de groupe est important.

L’album lui-même s’appelle Eerie Monsters d’après la dernière chanson de l’album. Peut-être que c’est plus une question pour Andy, mais quels sont ces « monstres inquiétants » et comment ce titre résume l’album dans son ensemble ?

Andy chante à propos de monstres qui peuvent être réels ou dans notre tête, des monstres dont on est le seul à avoir peur, parce qu’on est le seul à savoir qu’ils existent, peut-être parce que c’est notre imagination. Certaines personnes ont des peurs que d’autres gens ne comprennent pas, et on ne peut pas expliquer pourquoi elles ont ces peurs. Par exemple, certaines personnes ne peuvent pas prendre l’avion parce qu’elles en ont une peur bleue, elles sont là devant l’avion en sueur et tremblantes, tandis que d’autres gens volent régulièrement entre New York et Francfort, par exemple, c’est naturel pour eux. Andy s’est basé sur ce genre de monstre pour écrire ses paroles. Chaque chanson d’Eerie Monsters parle d’une forme de monstre, réel ou imaginaire. Comme je l’ai dit, c’est un peu sa manière d’aborder les textes. C’est un peu plus profond. Il a besoin de ça. De même, je ne connais pas d’autres chanteurs capables de réfléchir à un seul et unique mot pendant des jours. Parfois, il est sur un couplet et il n’est pas content d’un mot. Je lui dis : « Andy, ce n’est qu’un mot ! » Puis, à onze heures du soir, mon téléphone portable sonne : « Stephan, je voulais juste te dire que j’avais trouvé le bon mot ! » [Rires] C’est vrai ! Je n’invente pas ces histoires. C’est très courant que je reçoive ce genre d’appel. Je dis : « Oh, c’est cool. Je suis content. Maintenant, on va pouvoir avancer sur la chanson ! » C’est drôle. Quand tu appelles à onze heures du soir ou minuit quelqu’un avec qui tu n’as pas cette connexion pour dire que tu as trouvé le bon mot, il te dira : « Bordel, il est minuit ! » Mais oui, il peut être obsédé par un malheureux mot. Je lui ai dit : « Si je faisais ça, je deviendrais fou ! » Mais c’est sa façon d’être et c’est ce qui le rend si spécial.

Quel avenir vois-tu pour All My Shadows ? Avez-vous l’intention d’emmener ça sur scène ?

Le Covid-19 n’a rien facilité. D’abord, nous aimerions finir le prochain album de Vanden Plas. Nous avons les chansons et il faut maintenant les enregistrer, ce qui se fera dans les prochains mois. Si nous avons l’occasion de jouer avec All My Shadows, bien sûr, nous le ferons, parce que je pense que ce sera marrant. Ce sera peut-être un peu plus facile de jouer ces chansons sur scène que celles de Vanden Plas, il y aura peut-être une attitude plus rock n’ roll. De même, il y a deux autres musiciens sur scène, donc il y aura peut-être une atmosphère différente. Ce serait très cool de faire ça, mais je ne sais pas si nous aurons beaucoup d’opportunités, car de nombreux groupes n’ont pas joué pendant trois ans, et maintenant ça commence à revenir. D’un côté, il y a moins de salles car beaucoup ont fermé à cause du Covid-19. D’un autre côté, peut-être que j’ai tort, mais je pense que les groupes un peu plus connus iront dans de plus petites salles parce qu’ils ont besoin d’endroits où jouer. Donc, ça devient de plus en plus compliqué pour les plus petits groupes de trouver des salles où ils peuvent jouer car elles sont tout le temps prises. Mais nous n’avons pas encore commencé à étudier la question parce que nous avons maintenant une production au théâtre à Innsbruck, en Autriche, et l’album de Vanden Plas à enregistrer. Ça ne servirait à rien de penser à faire des concerts maintenant. Mais ce n’est pas un projet parallèle où nous disons que nous faisons un album et c’est tout. Pas du tout. Nous avons déjà écrit des chansons pour le prochain album. On verra aussi comment les gens vont prendre All My Shadows, s’ils vont lui donner sa chance. Peut-être que personne n’achètera l’album ou peut-être qu’il aura un petit succès. Je n’en ai aucune idée. Peut-être que des gérants de salles nous appelleront et que nous aurons la possibilité de faire quatre ou cinq concerts. On verra ce qui va se passer.

« Je ne connais pas d’autres chanteurs qu’Andy capables de réfléchir à un seul et unique mot pendant des jours. Je lui dis : ‘Andy, ce n’est qu’un mot !’ Puis, à onze heures du soir, mon téléphone portable sonne : ‘Stephan, je voulais juste te dire que j’avais trouvé le bon mot !’ [Rires] »

Vous avez récemment annoncé le départ de Günter Werno de Vanden Plas. Il me semble que c’est le premier véritable changement de line-up qu’a connu ce groupe. Que s’est-il passé ?

Ce n’est pas nous qui l’avons annoncé au départ. C’est venu d’une news pour Anima One, son projet orchestral, où c’était mentionné « ex-Vanden Plas ». C’était la première fois que les gens l’ont lu et je ne le savais pas, c’est quelqu’un qui me l’a dit. Donc, nous nous sommes dit que nous devions publier une explication. Nous savions qu’il avait quitté le groupe ; ce n’était pas une surprise pour nous, car c’est arrivé il y a un petit moment. C’est juste que nous devions trouver la bonne date pour l’officialiser, mais peu importe, nous l’aurions quoi qu’il arrive annoncé en février ou mars. C’est juste que Günter n’avait plus envie de faire partie de Vanden Plas, mais nous jouons toujours ensemble pour le théâtre avec les opéras rock. Honnêtement, il faudrait lui demander, mais peut-être qu’il a tout simplement perdu sa passion pour ce genre de musique. Peut-être qu’il voulait se concentrer davantage sur des choses comme Anima One, qui est très cool et marche bien. C’est totalement son truc, le fait d’arranger des morceaux classiques, et peut-être que sa passion est allée vers ce genre de rock orchestral, un peu comme Jon Lord avec Deep Purple il y a des années – c’est un grand fan de ça. Au bout de trente ans, il n’y a rien de mal, car nous avons travaillé très longtemps ensemble. Quel groupe a connu le même line-up pendant trente ans ? Il y en a qui changent tous les deux ans. Peut-être qu’après trente ans, tu te dis : « Ça fait longtemps. Maintenant il est temps pour moi de partir. » Personnellement, je ne sais pas si j’y ai déjà songé ; peut-être que dans les moments difficiles, tu te dis que cette vie n’a aucun sens. C’est sûr qu’il y a des moments difficiles avec le groupe, mais jamais au point de me faire dire que je devrais le quitter. Mais peut-être que c’était son cas. C’est sûr que c’était un sentiment très étrange, je dois l’admettre, mais ça arrive beaucoup plus souvent chez d’autres groupes. C’est la première fois pour nous. Le truc, c’est que s’il est plus heureux comme ça, à se concentrer sur ses autres projets, il n’y a absolument aucun problème.

Evidemment, Günter a une manière particulière de jouer et ses sons étaient une part importante de Vanden Plas. Le prochain claviériste lui sera comparé et des gens diront que c’était mieux avant, d’autres que c’est cool et d’autres que c’est du sang neuf et que c’est peut-être une bonne chose. C’est sûr qu’un nouveau musicien apportera de nouvelles sonorités, mais nous voulons vraiment conserver l’esprit que Günter a établi avec son jeu ces trente dernières années, c’est très important. Ça n’aurait pas de sens de dire que maintenant, nous avons complètement changé notre façon d’utiliser le clavier dans Vanden Plas. Pourquoi ? Nous étions contents comme c’était et les gens aimaient. Mais nous devons aussi donner au nouveau musicien l’occasion de s’exprimer, ça aussi c’est important. Peut-être que ce sera très facile, que le nouveau gars fera du super boulot et que tout le monde sera content – Günter avec ses trucs orchestraux, le groupe, le nouveau claviériste et les fans – parce que ça sonnera toujours comme Vanden Plas. Je suis sûr qu’il y aura de légers changements… Ce serait surprenant si, avec un nouveau claviériste, ça sonnait exactement comme durant les trente dernières années.

Markus pourrait peut-être le remplacer ?

Non, parce que je lui ai déjà demandé de faire partie d’All My Shadows – c’était avant – et ça n’aurait aucun sens de lui demander de rejoindre aussi Vanden Plas, car alors, nous aurions quatre musiciens en commun et seul le poste de bassiste diffèrerait. Honnêtement, ce serait trop pour les gens, ils demanderaient : « Pourquoi font-ils deux groupes ? » Donc ça n’arrivera pas. Je peux dire que nous avons un nouveau claviériste, mais ce ne sera pas Markus. Ce n’est pas un secret.

Vous êtes donc déjà bien avancés sur le nouvel album de Vanden Plas. Avez-vous un planning en tête ?

Oui. Les chansons sont écrites, donc nous devons les finaliser, faire des arrangements ici et là, surtout avec le nouveau claviériste. C’est la partie la plus importante que nous n’avons pas encore faite. Ensuite, nous devrons l’enregistrer. Il faut que ce soit terminé à la fin de l’année, à l’automne. Si c’est le cas, l’album devrait sortir six mois plus tard, donc probablement en mars 2024. Ça a l’air d’être dans longtemps, mais pas du tout. Quand on livre les chansons, normalement il faut cinq ou six mois pour que le disque soit sur le marché ; si tu le livres en septembre ou en octobre, l’album sortira en février ou mars. On travaille toujours en avance : on écrit les chansons, on les livre, et en attendant, on commence déjà à écrire de nouveaux morceaux pour l’album suivant.

Interview réalisée par téléphone le 27 janvier 2023 par Nicolas Gricourt.
Retranscription & traduction : Nicolas Gricourt.
Photos : Jannik Wagner & Miri Fenske (11).

Site officiel d’All My Shadows : allmyshadows.de

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