Alors que la sortie d’un album devrait être une célébration, Victim Of The New Disease, le nouvel album d’All That Remains, devient une œuvre de deuil. En effet, il y a à peine un mois, le guitariste et cofondateur du groupe Oli Herbert a été retrouvé mort dans un étang à côté de chez lui, dans des circonstances encore mystérieuses. Si l’enquête est toujours en cours, All That Remains a déjà fait son choix pour l’avenir : le groupe continuera. D’abord avec une tournée, en compagnie du guitariste intérimaire Jason Richardson, pour honorer la mémoire d’Oli Herbert et faire que son ultime album ait la visibilité qu’il mérite.
Et outre le fait de recueillir son sentiment sur la disparition de son collègue, c’est aussi et surtout pour parler de Victim Of The New Disease que nous avons joint le chanteur Phil Labonte au téléphone. Un album voulu pour être plus heavy et agressif, prenant le contrepied de son prédécesseur Madness, mais sans jamais perdre de vue le sens de l’accroche et des mélodies pop qui leur a pourtant valu tant de critiques. Critiques auxquelles le chanteur répond volontiers, lui qui est si souvent la cible d’attaques sur internet…
« Oli était un gars en bonne santé, il ne prenait pas de drogue, ce n’était pas un gros fêtard, et finir comme ça dans un étang, c’est dingue. Donc nous essayons de faire de notre mieux pour garder le moral et tout remettre sur pied. »
Radio Metal : Ton guitariste et ami Oli Herbert a été retrouvé mort il y a un mois. Tout d’abord : comment vas-tu aujourd’hui, compte tenu des circonstances ?
Phil Labonte (chant) : Je suppose que nous allons du mieux que nous pouvons. C’est difficile, évidemment. C’était très inattendu. Oli était un gars en bonne santé, il ne prenait pas de drogue, ce n’était pas un gros fêtard, et finir comme ça dans un étang, c’est dingue. Donc nous essayons de faire de notre mieux pour garder le moral et tout remettre sur pied.
Vous venez tout juste de sortir Victim Of The New Disease. Comment vois-tu cet album maintenant ? Est-ce que ça a changé ta perception de cette musique, vu que c’est le dernier témoignage du talent et de l’héritage d’Oli ?
Je ne sais pas si ça change ma perception mais il est certain que ça me donne le sentiment que c’est très important de faire tout ce que je peux pour emmener cette musique devant autant de gens que possible, et faire qu’ils entendent la dernière œuvre qu’il a faite avec nous. Il a été vingt ans dans le groupe, c’est long, et nous avons créé quelque chose d’énorme ensemble, il a eu une carrière brillante. Il a écrit de la musique vraiment brillante. Donc je pense que le moins que je puisse faire est de sortir de chez moi et faire tout ce que je peux pour m’assurer que les gens l’entendent.
Vous avez d’ailleurs recruté le guitariste Jason Richardson pour poursuivre avec le cycle de tournée…
Ouais, je pense qu’il était important de monter sur scène et jouer. Jason est un guitariste phénoménal et Oli était un grand fan de son travail. Donc Oli l’aurait approuvé. Nous nous sommes dit que ce serait la bonne personne pour venir et prendre la place d’Oli sur cette tournée. Donc on verra ce qu’il se passera pour ce qui est d’avancer et trouver un remplaçant à temps plein, mais il est clair que Jason va assurer en tant que remplaçant à temps partiel.
Tu as déclaré que « ce sera cathartique ». Vois-tu ça comme un moyen de faire ton deuil avec les fans et partager le chagrin ? En as-tu besoin ?
Je ne sais pas ! Je ne sais pas si j’ai une réponse à ça.
Oli était un des principaux compositeurs dans All That Remains. Maintenant qu’il n’est plus là, comment envisages-tu le futur du groupe après le cycle d’album actuel ? As-tu des inquiétudes sur ce qui arrivera après et à l’idée de faire un album sans Oli ?
Nous continuerons. Nous continuerons à être All That Remains, pas d’inquiétude là-dessus. Je suis sûr qu’il y aura un feeling différent dans pas mal de choses, sans la contribution d’Oli et sa patte, mais nous allons continuer. Il est possible que certains membres contribuent davantage. Je veux dire que nous avons toujours été un groupe. Oli était le principal compositeur de riffs et tout mais sans le reste des gars, nous ne serions pas All That Remains. Il se peut que Mike Martin et moi apportions plus de riffs, mais nous chercherons aussi quelqu’un qui pourra également contribuer. Donc nous nous intéresserons au style de cette personne, à quel type de chose elle joue, etc. avant de prendre une décision. Je ne crois pas que faire des chansons sera un problème.
Est-ce que tu vois ça comme une nouvelle ère pour All That Remains ?
Je suppose. Oli était dans le groupe depuis vingt ans. Donc ça me paraît logique de le voir ainsi. Mais ce n’est pas quelque chose que je… Je me sens un peu mal à l’aise à mettre un nom là-dessus et dire « oh, c’est le début de quelque chose de nouveau, et bla bla bla ». Je veux dire, c’est ce que c’est mais je ne… Il n’y a aucune célébration là-dedans. Il n’y a rien de bon là-dedans. Autant c’est vrai que ce sera autre chose, autant je n’ai pas envie de lui donner de nom parce que ça donne l’impression d’une sorte de célébration, or il n’y a rien à célébrer.
Parlons maintenant du nouvel album Victim Of The New Disease. Madness est sorti il y a seulement un an et demi. Qu’est-ce qui vous a poussés à revenir avec un nouvel album aussi vite ?
Nous avons fini de composer Madness en 2016, et ensuite il y a eu des soucis avec Razor & Tie au niveau du planning de sortie et autre, donc l’album a été repoussé jusqu’en 2017. Donc pour nous, le planning de composition était à peu près le même ; nous avons fini de composer en 2016, nous avons tourné en 2017, et puis en 2018 nous sommes retournés en studio et avons commencé à composer. Donc le planning du label a un peu perturbé le déroulé naturel du processus créatif. On dirait que c’était court mais pour nous, c’était un temps normal entre deux albums.
« Trop de groupes, notamment des jeunes qui commencent dans la musique, pensent : ‘Si je peux juste jouer vite et balancer un tas de notes, ça sera cool.’ Juste parce que c’est complexe, technique, rapide ou je ne sais quelle métrique tu utiliserais pour juger la qualité de la musique, ça ne signifie pas que c’est captivant, que ça reste en tête et que les gens vont s’y intéresser. »
Victim Of The New Disease a été réalisé à la vieille école, dans la salle de répétition que vous occupez depuis 2010. Tu as déclaré que vous ne vouliez pas « aller à Los Angeles et travailler sur un album là-bas comme [vous] l’av[iez] fait avec Madness. » N’étiez-vous pas satisfaits de votre expérience avec Madness ?
Nous n’avons fait que deux albums loin de l’Ouest du Massachusetts, donc nous nous sentons incontestablement plus à l’aise à enregistrer chez nous et faire des albums en Nouvelle-Angleterre. L’idée principale était de vraiment être là où nous nous sentons le plus à l’aise. Ça n’avait rien à voir avec le fait de ne pas aimer Madness ou la manière dont nous avons composé Madness. Quand j’étais là-bas en Californie, je logeais au studio, et non pas dans un hôtel ou quelque chose comme ça, donc c’était bien plus confortable pour moi de faire l’album ici.
Pour la première fois, vous avez enregistré des démos complètes avec la musique et les paroles. Quelle différence est-ce que ça a fait ?
Je pense que ça m’a ensuite permis d’enregistrer l’album un peu plus rapidement, car je savais ce que je voulais faire et où je voulais le faire. J’ai eu plein de temps pour répéter les chansons avant d’aller les enregistrer. Souvent, nous y allons tête baissée, nous composons quelque chose et puis nous devons venir le lendemain et le chanter. Et je me retrouve à y repenser et me dire : « Oh, j’aurais dû prendre une respiration ici plutôt que là, ou j’aurais dû faire ça comme ça. » C’était une des bonnes choses qu’a apportées le fait d’enregistrer des démos avant d’enregistrer ce que j’allais réellement chanter sur l’album.
Madness avait été composé sous une perspective vocale, ce qui en a fait plus un album vocal que de guitare. Cette fois, avec Victim Of The New Disease, vous avez fait l’opposé : vous vous êtes concentrés sur la lourdeur des riffs. Etait-ce une façon de rassurer les fans qui étaient un peu déçus de Madness ou même de prouver à tous ceux qui vous ont accusés de vous être vendus que vous aviez toujours le côté heavy et l’agressivité en vous ?
Certaines personnes l’interpréteront ainsi, j’imagine. Les gens penseront ce qu’ils voudront penser, mais pour notre part, nous avons juste dit que nous voulions faire un autre album heavy, ou faire un album principalement heavy, parce que selon nous, nous avons toujours eu des trucs heavy sur tous les albums, y compris Madness. Donc nous avons peut-être ajusté ce sur quoi nous mettions l’accent, mais pour nous, nous n’avons jamais arrêté d’être heavy, ou d’avoir des trucs heavy. Historiquement, nous avons fait nos albums en priorisant la guitare. Moi-même, Oli et Mike sommes les principaux compositeurs dans All That Remains, et nous jouons de la guitare, donc nous avons toujours été un groupe centré sur la guitare. Même si la méthode différente employée sur Madness a permis d’obtenir certaines de mes toutes meilleures prestations vocales, c’est en gros ce que nous avons fait avec celui-ci : au lieu d’écrire d’abord les paroles, nous avons d’abord écrit les guitares et les riffs, et ensuite les paroles ont été écrites en fonction de ça, laissant les guitares établir le rythme. Mais les gens peuvent interpréter l’orientation musicale de cet album comme ils le veulent !
Bien que l’album contienne un tas de chansons heavy et agressives, l’album ne l’est pas entièrement, puisqu’il propose toujours des passages très mélodiques, y compris deux ballades très calmes. L’idée était-elle de faire un album certes heavy mais pas unidimensionnel, afin de conserver la notion de dynamique, de contraste, et surtout des mélodies pop accrocheuses ?
Ouais. Je pense que c’est ce que nous recherchons avec tous nos albums. Nous avons des ballades sur nos albums clairement depuis For We Are Many en 2010, et certaines personnes pourraient sans doute dire que « Forever In You Hands » est une sorte de ballade, même s’il y a de la distorsion sur les guitares et autre, et ça c’était dans Overcome en 2008. Nous avons toujours eu ce genre de variété, des saveurs différentes et divers styles dans notre musique. Et ouais, ce que tu as cité sont des éléments que les gens peuvent s’attendre à trouver dans tous les albums d’All That Remains, je pense, parce qu’en partie, ce que nous faisons ce sont des choses qui ont la capacité d’accrocher les oreilles des gens et de rester en tête.
Je sais justement que tu apprécies la pop. Tu as même déclaré que « les bonnes chansons ont tendance à être des chansons de pop ». Dirais-tu qu’All That Remains est un groupe de pop, d’une certaine façon, même avec un album aussi heavy que Victim Of The New Disease ?
Je pense qu’il y a plein d’éléments pop dans nos refrains et ce genre de chose, c’est certain. Ça apparaît à divers endroits partout sur les albums. En l’occurrence, dans la chanson « Wasteland », l’inspiration pour le couplet, je l’ai eue de la façon dont Eminem fait ses phrasés et crée ses rimes et tout. Je me suis référé à ça comme influence. Donc oui, on peut dire au moins que nous sommes influencés par la pop.
« Nous sommes apparus avec les groupes de metalcore, […] et nombre d’entre eux ne font plus rien, et la chose que nous sommes parvenus à faire et que eux n’ont pas faite, c’est de nous isoler comme étant un autre genre de groupe et pas simplement un groupe sortant d’une mode. Heureusement que nous avons réussi à faire ça, parce que c’est grâce à ça que nous avons une carrière aujourd’hui. »
A propos de votre approche des chansons, tu as déclaré que vous essayez de « découper le gras en trop ». Et aussi : « C’est facile pour les groupes de metal, nous y compris, de ne rien se refuser et écrire des parties juste pour écrire des parties. » D’un autre côté, de nombreuses chansons qui sont devenues des classiques sont des chansons épiques avec plein de parties…
Je veux dire que si tu fais des parties qui sont imposantes, atmosphériques ou techniques, et que tu les fais bien, alors c’est cool, ça a de l’intérêt. Mais je pense que trop de groupes, notamment des jeunes qui commencent dans la musique, pensent : « Si je peux juste jouer vite et balancer un tas de notes, ça sera cool. » Juste parce que c’est complexe, technique, rapide ou je ne sais quelle métrique tu utiliserais pour juger la qualité de la musique, ça ne signifie pas que c’est captivant, que ça reste en tête et que les gens vont s’y intéresser. Je ne crois pas que ces parties soient bonnes si elles sont juste balancées pour être là. Ces parties sont bonnes quand elles sont bonnes. Le truc, c’est que ce qui fait que quelque chose est bon n’est pas quantifiable. Car si ça l’était, alors on pourrait se contenter de le répéter, mais la raison pour laquelle on a des artistes qui n’ont fait qu’un tube et des groupes qui arrivent, font quelques albums puis disparaissent de la circulation, ou peu importe, c’est parce que c’est dur de mettre le doigt sur ce qui est vraiment bon. C’est facile de déterminer un critère pour dire que quelque chose est bon mais comprendre, se dire « je vais composer quelque chose de vraiment très bon et qui accrochera les gens, dont ils se souviendront, qui les intéressera, qui sera plus qu’une partie cool dans une chanson sur un album », c’est intangible ou tu ne peux pas… Tout du moins, je n’ai jamais réussi à décrire ou expliquer ce que c’était, mais tu le sais quand tu l’entends.
A l’époque de Madness, tu as répondu aux accusations comme quoi vous vous seriez vendus, en disant – un peu comme tu l’as dit plus tôt – que vous avez toujours eu un tas de musique heavy dans chaque album, et aussi qu’on vous as balancé pas mal de saloperies quand vous avez fait votre première chanson radiophonique ou première vraie ballade, alors que c’est ce qui a rencontré le plus de succès et vous a permis de faire carrière. Mais n’est-ce pas justement ce que les gens vous reprochent, le fait que vous avez maintenant ces chansons radiophoniques sur chaque album, comme si c’était nécessaire pour conserver un plus large public ?
Que les gens considèrent ce que nous avons fait comme une bonne ou mauvaise chose, évidemment ce n’est qu’une question de jugement, mais je pense que le fait que nous ne soyons pas restés les mêmes tout le temps, que nous ayons essayé de jouer différents types de musique, fait différentes choses et pris des risques est la raison pour laquelle nous sommes parvenus à faire carrière. Il y a plein de groupes qui ont débarqué au même moment qu’All That Remains, ou un petit peu avant, qui ne jouent plus aujourd’hui. Je pense que la raison, en grande partie, c’est qu’il n’y a pas tant de place… En fait, je ne suis pas à cent pour cent sûr si c’est parce qu’il n’y a pas tant de place, mais je pense que si nous ne nous sommes pas écroulés et n’avons pas disparu quand la mode du metalcore a pris fin, c’est parce que nous avons fait des choses pour essayer de nous mettre à part et faire que les gens ne nous voient pas juste comme un groupe de metalcore. C’est donc pour ça, selon moi, que nous avons eu une carrière. Et si les gens pensent ou pas que ça revient à être des vendus ou je ne sais quoi, ils pensent ce qu’ils veulent, mais tout ce que nous avons fait était de nous émanciper d’une mode à laquelle on nous associait. Nous sommes apparus avec les groupes de metalcore, avec les Shadows Fall, les Killswitch Engage, les God Forbid, les Bleeding Through, tous ces groupes, nous avons commencé à peu près en même temps, et nombre d’entre eux ne font plus rien, et la chose que nous sommes parvenus à faire et que eux n’ont pas faite, c’est de nous isoler comme étant un autre genre de groupe et pas simplement un groupe sortant d’une mode. Heureusement que nous avons réussi à faire ça, parce que c’est grâce à ça que nous avons une carrière aujourd’hui. Mais les gens ont le droit d’avoir l’opinion qu’ils veulent au sujet de ces décisions que nous avons prises.
C’est quoi être un vendu pour toi ?
Pour moi, ce serait jouer quelque chose qu’on n’a pas envie de jouer ou en quoi on ne croit pas, rien que pour pouvoir faire un paquet d’argent. Faire des choses qu’on ne veut pas faire spécifiquement pour l’argent, voilà ce que c’est selon moi. Si on n’a pas envie de jouer ce type de chanson ou ce type de musique mais si on se dit « bon, ça paiera les factures », c’est ça, je pense, être un vendu. Mais je ne me préoccupe pas de savoir si les gens se vendent, car les factures sont bien réelles et ils doivent les payer [petits rires], et nous n’avons jamais eu le sentiment de nous vendre parce que nous avons fait ce que nous voulions faire, nous avons toujours joué ce que nous voulions jouer, et ce que nous voulons jouer a changé au fil des années, ou nous avons laissé d’autres choses que nous aimions influencer notre musique au fil des années. Nous sommes le seul groupe en activité capable de faire une reprise de « The Thunder Rolls » où il n’y a que tu chant et puis d’avoir une chanson comme « Safe House » sur le même album. Je ne vois pas quel autre groupe fait ce genre de chose. Donc, pour nous, il s’agit juste de pouvoir faire ce que nous voulons faire.
« Je ne suis qu’un mec normal sur internet. Je n’ai pas de plan marketing pour mon compte Tweeter ou autre. Donc si quelqu’un me parle, je lui parle. […] Je trouve que ce qui est étrange, c’est lorsque les gens essayent d’éviter d’être des gens normaux, ils essayent de faire attention à ce qu’ils disent et tout. Ça me paraît un peu curieux. Je comprends pourquoi ils le font mais j’ai le sentiment que c’est ne pas être tout à fait sincère. »
On peut aussi lire que des gens t’accusent d’utiliser de l’autotune pour ta justesse, et il se trouve que tu utilises ceci comme un effet sur ta voix dans « I Meant What I Said ». Est-ce que ce pourrait être une provocation envers ces critiques ?
J’entends les critiques, mais je ne les écoute pas [rires]. Il n’y a rien de mal à taquiner les gens, mais vraiment, le truc est que nous voulions avoir un effet sur la voix sur cette partie dans « I Meant What I Said ». J’avais le sentiment que nous avions déjà fait un paquet de fois l’effet de chanter comme si c’était à travers un téléphone. Nous voulions que ce soit faible et calme sur ce passage, donc nous nous sommes dit que ce serait un effet sympa à faire ici. Ça n’a pas intentionnellement été fait pour taquiner les gens, mais si c’est comme ça qu’ils le prennent, c’est assez marrant.
Vous avez invité Danny Worsnop à chanter sur la ballade « Just Tell Me Something ». Te sens-tu proche de la musique d’Asking Alexandria aujourd’hui, vu qu’ils mélangent aussi des riffs heavy et agressifs à de grosses accroches mélodiques ?
Ouais, c’est un peu ce que j’aime : j’aime les trucs heavy, j’aime les breakdowns, j’aime les guitares metal, mais j’aime aussi les accroches et lignes mélodiques à chanter en chœur. Je connais Danny depuis longtemps : nous avons tourné avec Asking Alexandria en 2009 ou 2010, quelque chose comme ça. Nous l’avons simplement appelé et dit : « Hey mec, peux-tu venir et faire un refrain et un couplet sur une chanson ? Ça sonnerait génial ! » Je trouve que la voix de Danny sonne super et j’ai pensé que cette chanson collerait parfaitement à son style, honnêtement. Je lui ai demandé : « Hey, quel genre de chanson aimerais-tu faire ? On en a une assez calme. » Il était là : « Ouais, j’adore ce genre de truc. Je suis partant. » Donc il l’a fait, nous a renvoyé le résultat, nous avons dit « on adore ! » et l’avons mis sur l’album. C’était vraiment très simple.
L’album semble très négatif, avec des chansons comme « Fuck Love », « Everything’s Wrong », « Alone In The Darkness », « Misery In Me » ou « Broken ». Qu’est-ce qui t’a mis dans un état d’esprit aussi négatif en écrivant ces paroles ? Est-ce que ça reflète ta vie à ce moment-là ?
Ouais, généralement, les textes reflètent où j’en suis dans ma vie ou ce que je traverse. Comme « Fuck Love », cette chanson se passe d’explication [rires]. Selon moi, tout le monde peut comprendre ce que ça fait de vraiment s’investir dans quelque chose et finalement de ne pas obtenir le résultat escompté, donc tu te dis : « J’emmerde ça ! » C’est le message, en résumé. J’ai tendance à croire que mes meilleurs textes sont ceux avec lesquels je relate une idée ou une expérience que j’ai eue. Personnellement, j’ai l’impression que ce n’est pas mon meilleur travail quand j’invente des choses à partir de rien. Donc oui, ça reflète un peu ma vie, et ça ne me pose pas souci d’être plutôt honnête dans les chansons, mais je n’aime pas être trop spécifique et trop détaillé en expliquant ce que signifient les chansons, parce que ce qui est vraiment important, c’est ce que l’auditeur en retire. Si quelqu’un écoute une chanson, il ne l’écoute pas parce que… Ou j’ai le sentiment que lorsque quelqu’un est touché ou ému par une chanson, ou que celle-ci le passionne, ce n’est pas parce qu’il connaît la vie de l’auteur et sait ce qu’il a traversé, mais parce qu’il a le sentiment que l’auteur a vécu ce que lui-même a vécu. Donc si on commence à expliquer, on finit par dire : « Eh bien ça parle de ça. » Et celui qui écoute dit : « Oh, je pensais que la chanson parlait d’autre chose, donc maintenant ça ne me paraît plus aussi spécial. » J’évite de faire ça parce que je n’ai pas envie d’enlever quelque chose à l’auditeur.
Au fil des années, on a pu remarquer que tu as tendance à te mettre des gens à dos, parfois même d’autres musiciens de la scène, le dernier en date étant Paolo Gregoletto de Trivium…
C’est faux. Je ne me suis pas mis Paolo à dos, c’est Paolo qui s’est mis moi à dos. Et honnêtement, je ne pense pas avoir un grand passif pour me mettre des gens à dos, je pense que ce sont les autres qui m’attaquent. Après, je vais riposter sur internet, mais je ne suis pas hostile avec les gens. Les gens viennent me chercher et ensuite je réponds. Ça fait une différence. Je conteste l’idée que je me mettrais les gens à dos, ce n’est pas le cas. Paolo est venu à moi, Otep est venue à moi, mais je ne vais pas chercher à attaquer d’autres musiciens. Donc je ne suis pas d’accord avec la formulation de la question.
Tu as raison. Mais comment expliquer que tu attires autant de ressentiment ?
Je ne sais pas ! Je ne suis pas à cent pour cent certain. Je sais que les gens qui discutent ouvertement de leurs opinions et autres idées sont des cibles idéales pour les critiques de ces opinions. Donc c’est parfaitement équitable. Si les gens n’aiment pas ce que je dis, ça ne me pose pas de problème si quelqu’un dit « c’est faux » ou peu importe, mais je pense que… Je ne sais pas. Je ne suis pas très sûr de savoir pourquoi on se défoule autant sur moi. J’imagine que c’est parce que j’exprime vraiment mes opinions et parfois les gens ne les aiment pas.
Tu as même été jusqu’à faire une vidéo pour répondre à Paolo…
Parce qu’il me l’a demandé ! Paolo a réclamé une vidéo ! [Rires] Paolo a dit : « Fais-moi une vidéo YouTube. » Donc je l’ai faite !
Mais pourquoi y prêtes-tu attention et prends-tu même la peine de répondre ?
Je veux dire que la situation avec Paolo était… J’étais simplement surpris. J’étais là : « Vraiment ? T’as envie de rentrer dans ce jeu ? » Et il y a eu quelques échanges où j’étais là : « Mec, c’est vraiment ce que tu veux ? » Et puis j’ai trouvé la vidéo marrante. J’imagine que c’est pour ça que je l’ai faite, parce qu’elle m’a fait rire. Tu sais, je ne suis qu’un mec normal sur internet. Je n’ai pas de plan marketing pour mon compte Tweeter ou autre. Donc si quelqu’un me parle, je lui parle. Généralement, ça n’a pas vraiment d’importance quel est le sujet, parce que si quelqu’un me pose une question sur un sujet, fait un commentaire ou je ne sais quoi, je réponds. Donc je pense que c’est juste dans la continuation normale des gens qui se chambrent sur internet. Je trouve que ce qui est étrange, c’est lorsque les gens essayent d’éviter d’être des gens normaux, ils essayent de faire attention à ce qu’ils disent et tout. Ça me paraît un peu curieux. Je comprends pourquoi ils le font mais j’ai le sentiment que c’est ne pas être tout à fait sincère. J’ai grandi avec et sur internet, dans les chats, à me disputer sur les forums et ce genre de choses, donc pour ma part, c’est quelque chose que je faisais déjà dans les années 90. Je participais à des discussions et disputes, ou autre, dans les forums à la fin des années 90. Donc je suppose que j’ai toujours participé à ça.
Interview réalisée par téléphone le 15 novembre 2018 par Nicolas Gricourt.
Transcription et traduction : Nicolas Gricourt.
Site officiel d’All That Remains : www.allthatremainsonline.com
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