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Chronique Focus   

Almanac – Tsar


Almanac - Tsar« La franchise est la meilleure des diplomaties, sans doute parce qu’elle ne fait pas de tort aux autres » (Ivan Tourgueniev, écrivain et dramaturge russe).

En tout cas, de franchise, Victor Smolski n’en a pas manqué quand il décida l’an passé de quitter les rangs du groupe allemand Rage, qu’il avait marqué de son empreinte sur pas moins de sept albums studio. Reprochant une inertie créative à son ancien compagnon Peter « Peavy » Wagner, il est parti début 2015 former ce nouveau groupe Almanac, qui vient reprendre au pied levé la recette explorée par Lingua Mortis Orchestra, mêlant heavy metal et musique orchestrale à l’occasion de son album LMO publié en 2013 et fruit d’une collaboration, justement, avec Rage. S’agissant des thèmes abordés, il y a la volonté de former un album conceptuel retraçant des événements marquants de l’histoire russe, comme le règne du Tsar Ivan IV notoirement connu sous le nom d’Ivan le Terrible, l’âge d’or des tsars en général ou la Révolution de 1917. L’aspect historique qui habite les paroles des chansons semble revêtir toute son importance, au moins égale à celle de la musique, et n’est pas sans rappeler les albums de Sabaton ou Civil War.

Victor Smolski a peaufiné dans les moindres détails la voûte de ce nouveau projet. La matière symphonique s’avère savamment dosée pour ne pas noyer le principal, à savoir une base instrumentale et une musique ancrées dans le heavy-power. Afin de développer la dimension épique inhérente à la thématique historique, le maestro a rallié à sa cause les musiciens de l’orchestre philarmonique de Barcelone et un trio de chanteurs que sont Jeannette Marchewka, déjà partie prenante de l’album de Lingua Mortis Orchestra, Andy B. Frank, frontman de Brainstorm, et enfin le chanteur de Pink Cream 69 David Readman. Trois timbres singuliers et prestigieux qui enrichissent l’opus – les deux hommes, et leurs impressionnantes capacités, se taillant tout de même la part du lion. La patte de Victor Smolski est évidemment reconnaissable et, inévitablement, peut évoquer Rage sur certains pans, comme ces accroches et riffs caractéristiques de guitare sur « Tsar » et « Hands Are Tied », deux modèles du genre. Pour autant, en maître d’œuvre insaisissable et inventeur qu’il est, il ne succombe pas à une facilité de reproduction brute et nonchalante de ses différents travaux avec Rage ou Lingua Mortis Orchestra, mais cherche toujours à expérimenter et étoffer son jeu au détour d’un solo (celui halluciné de « No More Shadows », pour n’en citer qu’un), d’un pont (la partie instrumentale progressive de « Self-Blinded Eyes ») ou d’un simple effet, démontrant un peu plus être l’un des guitaristes les plus créatifs et généreux du circuit heavy metal.

Dans l’ombre, le travail de cette joyeuse troupe passe au moulin des consoles de Sebastian « Seeb » Levermann (par ailleurs tête pensante du groupe Orden Ogan) qui, à la fois, confère à Almanac un punch typiquement allemand, notamment sur la batterie musclée de Michael Kolar, et transcrit un certain raffinement, comme sur la mise en avant de quelques lignes de basse fretless signées Armin Alic. Un soin particulier a, par ailleurs, été apporté au travail du riff, de la mise en avant des passages symphoniques et cette puissance qui se dégage naturellement des différents refrains fédérateurs, entêtants, contagieux. La production est donc largement à la hauteur d’une œuvre qui, certes, n’a pas pour mission de révolutionner le heavy ou power metal – en témoigne le convenu single « Self-Blinded Eyes » – mais devrait combler les amateurs du genre, à l’instar d’un « No More Shadows », titre épique teinté d’Orient, au refrain à headbanger comme un damné, l’envoûtant « Hands Are Tied » qui semble narrer un récit de lutte intérieure sur fond d’oppression et de génocide, ou encore « Flames Of Hate » qui conclut l’album sur une note progressive et aventureuse et s’attachant aux Bogatyr, mercenaires fictifs des contes et bylines russes, tournés en héros, et qui luttent contre leur destin.

Il ne fait plus aucun doute, à l’écoute de ce premier opus d’Almanac, que Rage a perdu un énorme atout en laissant partir Victor Smolski, autant comme guitariste que compositeur. Et si le démantèlement d’une alchimie qui fut capable d’étincelles – mais qui avait déjà commencé avec le départ du batteur Mike Terrana il y a dix ans – a pu décevoir, Almanac a de quoi rassurer et même attiser une forme de curiosité quant à l’avenir du groupe qui n’a, certainement, pas encore dévoilé tout son potentiel.

Voir le clip de la chanson « Self-Blinded Eyes » :

Album Tsar sortie le 18 mars 2016 chez Nuclear Blast.



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