19H, l’Elysée Montmartre se remplit doucement pour la première date d’Alter Bridge en tête d’affiche française depuis 2013 et la tournée Fortress. Les Anglais d’As Lions ouvrent les hostilités devant un public encore assez clairsemé mais ils semblent malgré tout avoir quelques fans au vu des cris et applaudissements qu’ils récoltent. C’est que vocalement le chanteur a de qui tenir puisque c’est face au rejeton de Monsieur Bruce « Iron Maiden » Dickinson himself que nous nous trouvons. Leur metal n’a rien d’exceptionnel – on a affaire ici à un metal moderne très mélodique déjà vu et déjà entendu qui manque de profondeur – mais est interprété correctement.
En outre, la formation semble sincèrement heureuse d’être à Paris pour leur toute première fois. Bref, rien de neuf sous le soleil avec ce groupe qui fait le job.
Artistes : Alter Bridge – As Lions
Date : 10 octobre 2017
Salle : Elysée Montmartre
Ville : Paris [75]
Attendu comme le Messie, c’est au tour d’Alter Bridge d’entrer en scène. Et « attendu », le terme n’est pas trop fort, puisque l’an dernier, quasiment à la même époque d’ailleurs, on apprenait l’annulation de leur concert initialement prévu au Zenith de Paris. Ce qui fait remonter leur dernière date en tête d’affiche en France à octobre 2013. Et même s’ils étaient présents au Hellfest ainsi qu’au Download Festival France en juin dernier, un set de près de deux heures cela ne se refuse pas ! Alors que chez nos voisins Anglais ils remplissent aisément l’O2 Arena d’une capacité de 20 000 personnes, c’est cependant devant un Elysée Montmartre à peine plein aux trois quarts que les Américains entament leur set avec un « Farther Than The Sun » extrait de Fortress. Un choix assez étrange puisque ce morceau n’est ni le plus rapide ni le plus puissant de leur répertoire mais il lance néanmoins honorablement les hostilités. Le son est plutôt bon malgré quelques soucis de micro pour Myles Kennedy, petits soucis qui reviendront sur les trois premiers morceaux du set.
Ils enchaînent avec « Before Tomorrow Comes » pour ensuite nous coller la première beigne de la soirée avec un « Addicted To Pain » rapide et musclé qui déchaîne les fans des premiers rangs et fait comprendre aux éventuels septiques qu’Alter Bridge est un fantastique groupe de scène. Leurs talents et la grande qualité de leurs morceaux prenant une autre dimension « live ». Alors que Mark Tremonti martyrise sa guitare, Myles Kennedy envoie la sauce vocalement, comme il sait si bien le faire. C’est carré, propre mais pas figé pour autant. Et même si Myles n’est pas réputé pour ses longs discours, il donne au public tout ce qu’il a avec le sourire, des poses pour les photographes et des regards qui en disent long sur son plaisir d’être là. Après « Ghosts Of Days Gone By », c’est pleins feux sur Myles Kennedy et sa guitare aux accents flamenco pour l’intro de « Cry Of Achille » franchement épique.
Le groupe maîtrise son affaire, ils sont tous les quatre techniquement irréprochables et heureux de jouer ensemble, de donner au public tout ce qu’ils ont à donner. Plein de partage entre eux et avec les spectateurs, ils bougent de droite à gauche, s’avancent vers le devant de la scène et sourient sans cesse. « Broken Wings », hit extrait de leur premier album One Day Remains, permet au public de s’époumoner, harangué par un Myles au taquet, tendant son micro vers la fosse et levant poings ou pouces pour encourager les troupes. Il remercie en français dans le texte et le groupe continue avec « Crows On A Wire », premier extrait de leur dernier album The Last Hero sorti l’an dernier. Le public réagit parfaitement à ce morceau rapide et au refrain plus qu’accrocheur.
« Water Risings » met en avant les capacités vocales de Mark Tremonti. Sa voix puissante et rocailleuse sied à merveilles à ce morceau mid-tempo, lourd et empreint de noirceur. Une chanson qui sucitera une salve d’applaudissements méritée. Classique, habituel mais attendu, vient ensuite le moment acoustique du set qui met Myles au premier plan. Seul avec sa guitare il délivre une performance sensuelle de la ballade « Watch Over You » et encore une fois, rejoint par un public acquis à sa cause, Myles est tout simplement brillant sur ce morceau. Puis, accompagné par Mark Tremonti, il entame une autre ballade que le public n’attendait pas forcément mais qui fait son effet : « In Loving Memory ». Un classique du groupe qui rassemble tout en émotions quand on sait que les paroles écrites par Mark parlent du vide laissé par la mort d’un être cher (pour Mark, sa mère). Le public chante à tue-tête, applaudit à tout rompre la qualité de ce duo et l’impressionnante osmose qui lie les deux musiciens. Les affaires reprennent avec la présentation de Scott Philips qui martèle ses fûts comme un beau diable en introduction du hit « Metalingus », rejoint par Brian Marshall à la basse.
Tout en puissance, ce morceau permet à Myles de rejouer l’épisode du Download 2017, à savoir faire accroupir le public sur un pont assez lent et le faire sauter et crier à la reprise. Toute l’Elysée Montmartre joue le jeu et dans un déluge de hurlements et de bras levés, le refrain est repris comme un seul homme par des fans galvanisés par l’expérience. Vient ensuite LE moment, celui que beaucoup de fans du groupe attendent, « Blackbird ». Il n’y a pas de mot pour décrire l’ampleur que prend ce morceau sur scène. Dès les premières notes, le public semble comme hypnotisé et les cris se taisent, on a le sentiment que tout le monde écoute religieusement. Les solis monstrueux, la voix puissante, claire et emplie d’émotions de Myles prennent aux tripes ! Autour de nous les gens parlent de poils dressés et de larmes aux yeux. Bien sûr le public chante dès le refrain, bien sûr Myles sourit, bien sûr Mark applaudit le public et bien sûr on se sent ailleurs l’espace d’un morceau.
« Open Your Eyes » et ses « ohohohoho » donne une autre occasion à Myles d’interagir avec le public. Présent et n’attendant que cela, celui-ci ne se fait pas prier et encore une fois le frontman semble content. Il passe son temps à remercier les gens face à lui, il est même parfois assez drôle car on a l’impression qu’il ne s’attendait pas à un tel accueil. « Show Me A Leader », premier single tiré du dernier album ferme la marche avant le rappel et comme chaque fois c’est un déluge d’applaudissements et de cris. Rappel avec un « Isolation » à réveiller la Belle au bois dormant même sans baiser et pour conclure, un « Rise Today » qui, encore une fois, permet à Myles de faire participer le public. Après les classiques jetés de médiators et de setlists dans le public, c’est sous un joyeux vacarme de fans hurlant et remerciant le groupe que celui-ci quitte la scène.
Alter Bridge est indéniablement un groupe à découvrir sur scène tant la qualité de leur jeu et la puissance de leurs morceaux sont taillés pour le live. Irréprochables sur le plan technique, ils restent néanmoins un groupe dégageant beaucoup de sympathie sur scène et heureux de jouer ensemble ET pour le public. Ce soir-là, les retrouvailles avec leurs fans français ont été tout simplement magistrales.
Setlist :
Farther Than The Sun
Before Tomorrow Comes
Addicted To Pain
Ghost Of Days Gone By
Cry Of Achilles
Broken Wings
Crows On A Wire
Ties That Bind
Waters Rising
Watch Over You
In Loving Memory
Metalingus
Blackbird
Open Your Eyes
Show Me A Leader
Rappels :
Isolation
Rise Today
Report : Nathalie Holic.
Photos : Loïc « Lost » Stephan (Zénith Paris, 2013).