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Interview   

Alter Bridge : les dessous de la forteresse


Alter Bridge semble bien parti pour suivre son grand frère Creed (avec qui il partage trois de ses membres) dans sa rencontre du succès. La bande de Myles Kennedy et Mark Tremonti a clairement le vent en poupe et sait en profiter pour faire mûrir son propos musical qui n’a de cesse de se bonifier au fil du temps. Fortress, sorti le 30 septembre dernier, en est l’exemple même : album plus heavy et encore plus sombre que son prédécesseur, il montre un Alter Bridge au plus haut, à ce jour, dans son art. Myles Kennedy, classieux frontman de la formation, revient avec nous, dans l’entretien qui suit, sur sa genèse, notamment sur la méticulosité qu’il aura fallu au groupe avant de rendre sa copie.

Outre le fait d’être un chanteur particulièrement en vogue en ce moment, Kennedy est aussi guitariste. Une casquette à laquelle il se dit attaché et qu’il souhaite développer, tendant ainsi vers un équilibre avec son acolyte guitariste Tremonti dont le chant prend de plus en plus d’aises. Pour finir nous en avons profité pour demander au chanteur des nouvelles de Slash : un nouvel album serait en préparation et les premiers riffs auraient déjà été lâchés.

« Le terme « forteresse » fait penser à la sécurité, à une chose derrière laquelle on peut se cacher, à quelque chose de solide et d’invincible. […] Au final, avec le temps, la plupart de ces choses s’effondrent. »

Radio Metal : Au vu du succès rencontré par AB III, quel était l’état d’esprit du groupe au moment d’entamer l’écriture de l’album ?

Myles Kennedy (chant, guitare) : Il faut simplement essayer de ne pas trop intellectualiser, de laisser les choses venir. Les choses se sont relativement bien passées sur le dernier album, ça a donc été assez facile de nous laisser aller. Nous voulions seulement conserver la pureté des idées. Au-delà de ça, nous avons aussi essayé d’aller plus loin musicalement et de faire évoluer le groupe. C’est très important pour nous, capital même.

Avez-vous ressenti de la pression à ce propos ?

C’est l’une des choses que nous avons essayé d’éviter, la sur-intellectualisation. Ça fait partie du jeu : ce qu’on crée finira par être remis aux fans et par être décortiqué. Si on passe notre temps à réfléchir à cet aspect des choses, la créativité s’en ressent. Nous avons simplement essayé de vivre dans notre petite bulle créative et avons échangé des idées entre nous et avec Elvis [Baskette], notre producteur. Nous couper du reste du monde a donné de bons résultats.

Vous avez apparemment consacré beaucoup de temps à la pré-production de cet opus. Aviez-vous besoin de cela pour avoir un meilleur recul sur les chansons ?

Nous voulions vraiment nous assurer de ne pas nous précipiter pour cette étape. En dehors de l’écriture, c’est la partie la plus importante de tout le processus : s’enfermer avec le producteur et s’assurer que tout est à sa place avant de l’immortaliser sur un support. Nous avons dû passer environ trois semaines à tout mettre à plat, puis nous avons commencé l’enregistrement.

Le nouvel album s’intitule Fortress – un titre assez ambivalent. Il symbolise la puissance, mais également le désir de se cacher derrière des murs épais. Est-ce la raison pour laquelle vous avez choisi ce titre ?

C’est une bonne question, en fait. Nous avons choisi ce titre parce que le terme « forteresse » fait penser à la sécurité, à une chose derrière laquelle on peut se cacher, à quelque chose de solide et d’invincible. Les paroles parlent de ce que ça fait de faire partie de quelque chose de ce genre (ça peut concerner beaucoup de choses : les relations humaines, le mariage, les institutions, le gouvernement, l’état, des choses qui donnent un sentiment de sécurité) et de ce qui se passe lorsque ces forteresses finissent par s’écrouler. Au final, avec le temps, la plupart de ces choses s’effondrent. La vie est fragile, comme les institutions. C’est l’une des raisons pour lesquelles on voit cette cabane en ruines sur la couverture de l’album. Dans l’esprit, c’était autrefois une forteresse, mais voilà ce qui arrive quand le temps fait son œuvre. Nous trouvions le concept intéressant.

AB III était déjà sombre, davantage que son prédécesseur, et ce nouvel album l’est également. Peut-on espérer une atmosphère musicale plus légère chez Alter Bridge à l’avenir ?

C’est une bonne question ! Je ne suis pas sûr. Au fil des années, la musique que nous créons semble trouver une résonance auprès des fans. Au niveau du son, la musique raconte une histoire et pointe l’auteur des paroles dans une certaine direction. Tant que nous continuerons dans une voie plus heavy et plus novatrice d’un point de vue musical, les paroles seront certainement dans la même veine. Mais ça ne veut pas dire que nous n’avons pas de moments plus légers sur nos albums. Sur ce disque, c’est l’avant-dernière chanson, « All Ends Well ». Ce titre est là pour les gens qui aiment cet aspect du groupe. Nous essayons de faire plaisir à tout le monde et de n’exclure personne.

« Au niveau des paroles, AB III était un album très autobiographique, mais celui-ci parle davantage de ce qui se passe autour de moi. »

Plusieurs titres de l’album semblent évoquer l’Apocalypse. Est-ce un sujet auquel tu penses beaucoup, quelque chose que tu arrives à imaginer ?

Nous avons une chanson appelée « Bleed It Dry », qui parle moins de l’Apocalypse que du fait que l’avidité et l’absence de conscience de ce que nous faisons à l’environnement finira par priver la planète de ses ressources, de tout ce dont on a besoin pour assurer la vie sur cette planète. Je ne sais pas si c’est vraiment apocalyptique, mais ça montre ce qui pourrait se passer si on ne prend pas conscience de ça.

D’autres chansons parlent de trahison. Est-ce quelque chose que tu as toi-même vécu et dont tu voulais parler sur l’album ?

Je pense que c’est quelque chose que tout le monde a vécu au moins une fois. Pour moi, arrivé à ce point dans ma vie, l’important était de regarder le monde autour de moi, de me tourner vers les gens qui gravitent dans ma vie, ma famille, mes amis, et de comprendre ce qu’ils traversent, par opposition à mes propres problèmes. Au niveau des paroles, AB III était un album très autobiographique, mais celui-ci parle davantage de ce qui se passe autour de moi. En tant qu’auteur, savoir que les gens que j’aime se trouvaient dans des situations où le mot « trahison » est approprié m’a donné envie d’écrire à ce sujet. Mais je l’ai vécu moi-même, comme tout le monde. J’espère que si ça trouve une résonance chez moi, ça en trouvera une chez beaucoup d’autres gens.

Mark Tremonti assurait quelques lignes de chant sur le dernier album, mais avec ce disque, c’est la première fois qu’il est le principal chanteur sur un titre, à savoir « Waters Rising ». Est-ce une chanson particulière pour lui ?

Oui, je trouve que Mark sonne très bien sur cette chanson. Sa voix colle parfaitement à ce type de musique, et j’espère qu’il pourra remettre ça à l’avenir. Il a prouvé qu’il était un très bon chanteur sur son album solo. Nous allons continuer à exploiter ça. Et c’est aussi une bonne chose pour moi, parce que ça me permettra de faire une pause vocale sur scène, ce qui ne sera pas du luxe !

On peut donc s’attendre à entendre davantage Mark au chant à l’avenir ?

Oui, je crois. Avec le temps, je me suis mis à jouer de la guitare dans Alter Bridge, donc ce serait logique de faire appel à un autre chanteur. Ça fait partie de ces choses qui nous permettront d’évoluer et de conserver l’intérêt des fans.

L’album est une fois de plus produit par Michael « Elvis » Baskette. Pensez-vous que ce soit le producteur idéal pour Alter Bridge et que vous ferez à nouveau appel à lui pour les prochains albums ?

Oui, c’est vraiment un producteur formidable. Je pense que l’alchimie entre nous est idéale. Nous le considérons un peu comme le cinquième membre officieux du groupe. Il a un excellent sens de la structure des chansons et des arrangements, et il arrive à obtenir des sons énormes qui nous aident énormément. Si ce n’est pas cassé, pas la peine de réparer, c’est notre philosophie, donc nous continuerons à travailler avec lui.

(A propos de Mark Tremonti) « Avec le temps, je me suis mis à jouer de la guitare dans Alter Bridge, donc ce serait logique de faire appel à un autre chanteur. »

Tu as mentionné dans une interview qu’il était possible qu’Alter Bridge sorte un EP acoustique. Les choses sont-elles déjà planifiées ou sont-elles encore au stade d’idée ?

Ce n’est encore qu’une idée, mais j’espère que ça se fera. Personnellement, j’adore l’aspect acoustique, ça m’amuse beaucoup. Mais pour l’instant, nous allons nous consacrer aux activités prévues dans le futur immédiat, à savoir la promotion et la tournée pour Fortress. Nous verrons ce qui se passe après ça.

Bien que tu sois plus reconnu en tant que chanteur qu’en tant que guitariste, la guitare reste le premier instrument que tu as appris, si je ne me trompe pas, et c’est également ton favori. N’es-tu pas tenté de participer à un groupe où tu jouerais seulement de la guitare ?

C’était mon rôle il y a quelques années, quand j’ai commencé à enregistrer un projet solo : je voulais faire toutes les guitares pour étancher ma soif de jouer de cet instrument. Mais ce qu’il y a de cool avec Alter Bridge, c’est que je peux jouer beaucoup de guitare, sur toutes les chansons, sur les albums et sur scène, et je fais pas mal de soli. En tant que guitariste, c’est une bonne chose, ça me permet de garder la main et de ne pas totalement oublier comment on joue. Un jour, j’espère sortir un album solo pour montrer cet aspect de moi.

Tu travailles avec Moscot pour créer des lunettes de soleil. Une part des bénéfices sera reversée à la fondation Moscot Mobileyes. Peux-tu nous expliquer comment cette collaboration a vu le jour ?

J’ai rencontré ces gens il y a quelques années. Je suis allé les voir à leur magasin et nous nous sommes vraiment bien entendus. Ce sont des gens formidables. Ils m’ont contacté il y a quelques mois avec l’idée de créer une monture. Nous avons ensuite évoqué la possibilité d’associer les ventes à la fondation Moscot Mobileyes, qui vient en aide aux enfants qui n’ont pas les moyens d’acheter des lunettes. Ils font en sorte que ces gamins puissent voir, ce qui est très important. Nous avons également parlé d’organiser un concert acoustique. J’ai joué à leur boutique de New York le 12 septembre, et je vais donner une leçon de guitare proposée aux enchères pour lever des fonds pour la fondation Mobileyes. Je suis vraiment très honoré qu’ils m’aient demandé de participer.

Te considères-tu comme une icône de mode ?

(Rires) Non, je n’ai pas vraiment le sens de la mode. J’ai du travail de ce côté-là ! (Rires)

« Je n’ai pas vraiment le sens de la mode. J’ai du travail de ce côté-là ! (Rires) »

As-tu des nouvelles de Slash et du successeur d’Apocalyptic Love ?

Oui, nous avons commencé à rassembler des idées il y a quelques semaines. Le train est en marche. Il faut que j’apporte ma contribution et que je lui soumette le tout, mais le prochain album de Slash est en bonne voie.

Vous avez donc déjà des chansons ou des riffs ?

Oui, il a pas mal de riffs. Quant à moi, j’ai commencé à écrire des idées de paroles.

Que peux-tu nous dire sur l’ambiance musicale de ces chansons ?

C’est encore trop tôt pour le dire. Nous en sommes encore à la genèse du projet. Pour l’instant, ce ne sont que des idées et des bouts de chanson sur lesquels nous avons jammé pendant la tournée avec Slash. Mais c’est trop tôt pour savoir ce que nous allons en faire. C’est excitant et je suis curieux de voir où cet album nous emmènera musicalement.

Interview réalisée par téléphone le 20 août 2013 par Metal’O Phil
Retranscription et traduction : Saff’
Introduction : Alastor

Site internet officiel d’Alter Bridge : www.alterbridge.com

Album Fortress, sorti le 30 septembre 2013 chez Roadrunner Records.



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  • excellent album , si il pouvait venir l’été prochain ce serait cool pour le hellfest par exemple… ou une petite tournée.

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    Chris

    Ils etaient au zenith de paris la semaine dernière;-)

    7

    Et c’était une tuerie ce concert…

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