On ne vous apprendra sans doute rien en vous faisant remarquer que nous vivons depuis mi-mars dernier une période un peu particulière. Au-delà des changements que la mise en quarantaine d’une bonne partie de la population mondiale a entraînés dans la vie de tous les jours, ce sont aussi les hobbys et les passions qui en ont pris un coup : salles de concert désespérément vides, festivals annulés, sorties d’albums décalées pour cause d’inactivité des lignes d’impression de CD et de vinyles… Si la situation est difficile pour les amateurs de musique, pour qui six mois sans concert s’apparentent à un séjour forcé en cure de désintox, elle l’est forcément encore plus pour ceux qui comptent sur les ventes de disques et surtout sur les tournées pour payer le loyer et mettre au moins des nouilles sur la table.
Heureusement, la technologie – qui, quoi qu’on en dise, a aussi des vertus – aura permis, pour de nombreux groupes, de sauver les meubles et de maintenir un contact avec les fans et la presse, que ce soit grâce à la démocratisation des concerts en ligne ou la promotion par visioconférence. C’est le cas d’Amaranthe, groupe moderne par excellence, qui a pu présenter à peine sorti de studio, (presque) comme si de rien n’était, son dernier bébé à la presse internationale par écrans interposés. Business quasiment as usual pour les Suédois, donc, avec cette session d’écoute virtuelle de leur sixième album, Manifest, suivie d’une conférence de presse qui ne l’est pas moins et dont nous vous faisons un bilan ci-après.
Force est de constater que, compte tenu des circonstances, les choses se sont finalement plutôt bien goupillées pour Amaranthe, la pandémie ayant attendu la fin de leur tournée des arènes en compagnie de Sabaton et d’Apocalyptica pour s’abattre officiellement sur l’Europe. Les complications se sont présentées à l’heure d’entrer en studio, quelques semaines plus tard, pour l’enregistrement de Manifest, sixième album du combo. Les Suédois ont ainsi dû boucler leurs valises et rejoindre leur studio danois en catastrophe, à quelques heures de la fermeture des frontières, sans la moindre idée du temps que cet exil volontaire pourrait durer. C’est donc en groupe, littéralement, qu’Amaranthe a vécu le confinement (à l’exception du bassiste Johan Andreassen, coincé, lui, en Finlande).
Toutes les chansons n’ayant pas été bouclées à la date de l’exode danois, une partie de l’album a été écrite et composée en studio. La crise sanitaire et la panique générale ont donc forcément imprimé leur marque sur l’album : si les paroles y font parfois référence, c’est surtout la musique elle-même qui en a pris un coup, la situation mondiale ayant motivé un virage heavy quand beaucoup pariaient sur une orientation plus pop.
Malgré cette heavy-isation indéniable, Manifest reste plus enjoué et optimiste que quatre-vingt-dix pour cent de la production metal actuelle, avec son lot de refrains à chanter en chœur – en atteste le single « Viral » –, et à peu près aussi inclassable que ses prédécesseurs. À l’habituel mélange de metalcore, d’eurodance, de vocaux extrêmes et de chant féminin résolument pop et positif vient même cette fois s’ajouter… une « rap battle » – pour reprendre le terme employé par le groupe – sur « Boom » dans lequel Nils Molin et Henrik Englund Wilhelmsson font des prouesses – le premier avec ses suraigus, le second avec son débit. Un morceau musclé qui devrait enflammer les pits ! Notons également la présence de « Crystalline », une ballade au piano et violoncelle, en guise de respiration. L’album s’offre également plusieurs invités au CV prestigieux, que ce soit Jeff Loomis d’Arch Enemy, Perttu Kivilaakso d’Apocalyptica, la frontwoman de Battle Beast Noora Louhimo ou Angela Gossow qu’on ne devrait plus avoir à présenter. Cette dernière s’occupant à présent du management d’Amaranthe, la collaboration paraissait évidente – et vendeuse, puisque le single « Do Or Die » a été dévoilé dès le mois de février, soit un mois avant le départ précipité du groupe pour le studio.
À noter que le changement de management évoqué plus haut s’accompagne également d’un changement de label, le combo ayant quitté Spinefarm pour Nuclear Blast. Un nouveau départ qui a poussé les Suédois à s’interroger et à se recentrer sur les éléments de leur ADN. Ce qui n’empêche pas Manifest de proposer son lot de nouveautés, à l’instar d’une Elize Ryd s’essayant (très) ponctuellement aux vocalises arabisantes et au growl. Une évolution dans la continuité pour l’un des groupes les plus inclassables de la scène metal actuelle, qui pourra se vanter d’être (globalement) passé entre les gouttes de l’une des plus grosses crises que l’industrie musicale ait jamais connues.
À propos de la genèse de Manisfest :
Olof Mörck (guitare) : Je dirais que la durée de composition et d’enregistrement a été la même [que pour Helix] : deux mois d’écriture intense, puis deux mois et demi d’enregistrement. Bien sûr, la phase de conception débute un peu avant. Avant même de commencer à écrire la musique, vous avez généralement une tonne d’idées sur la direction que devrait prendre l’album. Ce qu’on entend sur l’album est très proche de ce que je m’imaginais au niveau du son. Je me disais : « OK, voilà comment ça doit sonner. » C’est très sympa de voir les choses se mettre en place. [D’un autre côté,] je pense que, à la minute où sort un album, Helix dans le cas présent, vous entrez immédiatement dans une phase où vous vous demandez quelle direction la suite pourrait prendre. Ce qui est drôle, c’est que les premières idées qui me sont venues, environ un an après Helix, n’ont rien à voir avec le résultat final ! [Rires] C’est cool de partir à l’aventure : vous avez une idée très vague en tête, et plus vous avancez dans le processus, plus vous l’affinez et la rapprochez de ce que doit être le son d’Amaranthe. Je pense que c’est un bon équilibre entre expérimentation et tradition.
Elize Ryd (chant) : Nous avons tout changé, notre management comme notre maison de disques. Pour nous, c’était comme un nouveau départ – le deuxième acte. Cela nous a poussés à nous demander : « Puisque nous avons la chance de prendre un nouveau départ, qu’est-ce qu’Amaranthe ? De tout ce que nous avons fait par le passé, qu’apprécions-nous le plus ? Quelles parties voulons-nous garder ? » Nous ne voulions pas trop expérimenter et bousculer les choses, parce que nous avons réalisé que, avec l’âge et l’expérience, c’est une évolution naturelle sur chaque album. Nous avons pris les choses comme elles venaient.
À propos du contexte de crise sanitaire :
Olof : La situation était complètement unique. Nous avions prévu de rejoindre le studio un dimanche, et à 10 ou 11 heures du soir le vendredi, Morten [Løwe Sørensen, batterie] nous a appris que le gouvernement danois avait décidé de fermer les frontières le lendemain. Nous avons donc dû mettre notre vie dans nos valises pour deux mois et demi – avec tout un studio d’enregistrement et tout l’équipement qui va avec. Ce n’est pas quelque chose qu’on fait sur un coup de tête, ça exige beaucoup d’organisation. En gros, c’était un peu la panique, mais la décision ne nous a pas pris plus d’une demi-seconde ! Évidemment, nous savions que nous nous embarquions dans une situation du genre : « Quelles sont nos options ? Si nous allons enregistrer cet album au Danemark, quand pourrons-nous rentrer à la maison ? » À ce moment-là, tout était tellement incertain que nous ne savions pas si les choses allaient empirer. En cas de mutation du virus, nous aurions pu rester coincés au Danemark pendant Dieu sait combien de temps – cinq ans, pourquoi pas. Au début, je paniquais complètement, en mode : « On pourrait être bloqués là-bas pendant quatre mois ! » Et Elize était là : « Mais je ne veux pas être coincée là-bas pendant quatre mois ! »
Elize : Au départ, je me disais : « Ça ne va pas être possible. » Et puis j’ai pensé à tous les gens que je connais au Danemark, comme cette sous-marinière qui est stationnée à la frontière. Du coup, j’ai pensé : « On pourra l’appeler pour qu’elle passe nous prendre en sous-marin et nous aide à quitter le Danemark ! » Ou, dans le pire des cas, nous pouvions simplement traverser le pont à pied avec une capuche sur la tête ! Mais nous n’avons même pas eu besoin de commettre de crime, tout s’est très bien passé ! Et puis, bien sûr, il a fallu revoir tout le planning avec Nils [Molin, chant clair] et Henrik [Englund Wilhelmsson, chant guttural], qui sont arrivés plus tard, et avec Johan [Andreassen, basse] qui a dû enregistrer la basse en Finlande. Mais au moins, nous avons réussi à obtenir des papiers pas chers pour Nils et Henkka !
Johan Andreassen (basse) : J’aurais dû franchir deux frontières : le Danemark comme la Finlande étaient fermés, et nous ne savions pas quelles politiques ils appliquaient. Tenter de gagner le Danemark pour l’enregistrement était un trop gros pari, alors nous nous sommes contentés de réserver un studio à Helsinki, avec Joonas Parkkonen, qui est un bon copain. Il a simplement dit : « Pas de problème, il se trouve que je suis libre pile à ce moment-là ! » Nous avons réservé le studio, j’y suis allé, j’ai frappé ma basse comme si elle me devait de l’argent, et voilà !
Nils Molin (chant) : [Pour Henrik et moi, les frontières] n’étaient pas exactement fermées à ce moment-là. Nous avons réussi à obtenir un permis de travail, nous nous sommes présentés à la douane avec nos documents, et ils nous ont laissés entrer. Nous n’avons pas non plus eu de problème pour repartir. Les autres étaient sur place depuis environ un mois, si ce n’est plus. Nous n’étions pas sûrs de pouvoir passer la frontière ; c’était impossible à prévoir avant d’être sur place. Nous avions quelques plans B, mais heureusement, nous n’avons pas eu à nous rabattre dessus.
Elize : Vous pouvez nous parler des plans B ? Je n’étais pas au courant !
Nils : Je ne parlais pas d’entrer dans le pays en mode ninja ! Nous n’aurions jamais fait une chose pareille !
Olof : Nous avons eu de la chance avec cette histoire de Covid, car tout a commencé alors que nous étions en tournée avec Sabaton, en janvier et février. Ce n’était pas aussi grave quand la tournée a démarré. Mais si la crise sanitaire avait commencé un tout petit mois avant, tous nos plans seraient tombés à l’eau – la tournée comme l’enregistrement. Il aurait fallu chercher un studio que nous ne connaissions pas en Suède, à Göteborg. Ç’aurait été risqué, et le plus probable est que nous aurions sans doute repoussé l’album. Et en studio, nous sommes à cent pour cent en quarantaine ! Ceux qui regardent cette conférence de presse et travaillent pour une maison de disques savent comment ça se passe avec un groupe en studio. La distanciation sociale, ça nous connaît ! Dans le train, il n’y avait absolument personne, et en studio, il n’y avait que deux à quatre personnes maximum. Donc c’était parfait avec notre calendrier. Maintenant, évidemment, les festivals d’été sont annulés, mais c’est une autre histoire. Mais l’album est terminé, et pour nous, c’est le plus important.
Elize : Pour moi, la plus grosse différence est qu’Olof était à la maison tous les soirs ! Je ne sors généralement pas dans les bars, parce que j’ai toujours peur d’attraper un rhume. Je dois être en forme pour enregistrer le chant. Olof a ses habitudes dans un certain bar, mais cette fois-ci, il était toujours à la maison, ce qui était très marrant pour moi ! On pouvait passer du temps ensemble.
Olof : Avec le recul, certains titres, comme « Viral », sont presque prophétiques. Ce titre spécifique avait été trouvé avant le coronavirus, mais nous ne nous sommes même pas posé de question et avons légèrement modifié les paroles pour coller à la situation. Pas parce que nous voulions commenter l’actualité, mais parce que l’ambiance générale vous imprègne forcément. En regardant les paroles, nous avons réalisé que nous devions les modifier très légèrement pour qu’elles s’adaptent à la situation.
À propos du titre de l’album :
Olof : Comme tout bon titre d’album, il y a plusieurs sens. En suédois, en allemand et dans plusieurs autres langues, il peut s’agir de « un manifeste ». D’une certaine manière, c’est très vrai, parce qu’il s’agit clairement d’une déclaration quant à la direction que le groupe a prise en 2020, après dix ans à enregistrer des albums. Pour nous, c’est l’album d’Amaranthe par excellence. Mais ça peut aussi vouloir dire « manifester quelque chose », ou quelque chose qui est manifeste. C’est à la fois un verbe, un substantif et pas mal d’autres choses. Je trouve qu’il est toujours important que les auditeurs se fassent leur propre opinion d’un titre. Mais avec ce logo, cette énorme pyramide et la colonne de lumière au milieu d’une ville dystopique, je pense que notre objectif est plutôt clair – en tout cas, un peu plus que pour Helix.
À propos des invités :
Elize : C’est la géniale Noora [Louhimo, de Battle Beast, sur « Strong »]. Nous l’aimons beaucoup. Nous étions censés commencer une tournée américaine ensemble le 28 août, mais nous ne savons pas encore si ça pourra se faire, alors restez à l’écoute. Nous avons également Elias Holmlid, qui était apparu sur « Amaranthine » il y a longtemps. Il fait son retour sur la ballade « Crystalline », en compagnie de Perttu [Kivilaakso] d’Apocalyptica au violoncelle. C’est un vrai violoncelle, même si on pourrait penser que c’est le travail d’Olaf et d’une série de samples. Non, je plaisante ! C’est impossible de confondre des samples et un vrai violoncelle ! Nous sommes ravis qu’ils aient participé à l’album. J’étais tellement contente que je me suis mise à pleurer la première fois que j’ai entendu la partie de Perttu. Je ne pensais pas que je réagirais comme ça, et pourtant… J’étais tellement touchée. Je connais le groupe depuis des années. Mon frère me le jouait quand j’étais très jeune. Aujourd’hui, il joue sur notre album et c’est assez dingue. Et puis nous avons Heidi [Shepherd] de Butcher Babies, qui parle sur le titre « Boom ». Très sympa de sa part.
Olof : Et bien sûr, Jeff Loomis d’Arch Enemy joue le phénoménal solo de guitare sur « Do Or Die ». Vous n’avez pas encore entendu cette chanson, mais ça va venir !
À propos de « Do Or Die » avec Angela Gossow :
Olof : C’était formidable de travailler avec Angela, bien sûr. L’idée vient d’elle : « Les gars, j’ai envie de parler du climat. Vous avez déjà évoqué des sujets difficiles, mais vous n’avez pas encore parlé de celui-là en profondeur. Vous n’avez fait qu’effleurer la surface sur les albums précédents. » Elle avait aussi une idée de base pour le clip. Il se trouve que nous étions en train de travailler sur une chanson qui s’est révélée parfaite pour ce sujet. C’était très cool de faire les growls en démo, puis d’entendre Angela Gossow, que j’écoutais quand j’avais dix-sept ans, reproduire mes idées ! C’était absolument génial. Et nous avons passé de bons moments à enregistrer le clip en Espagne, même si décembre est une période compliquée pour filmer sur une plage, avec des vents à 60 kilomètres à l’heure et une tempête qui se prépare. C’était très excitant. Le résultat est super. Quant à la version masculine et la version féminine, nous nous sommes simplement dit : « OK, voilà ce que ça donne avec Elize et Angela. Mais qu’est-ce que ça donnerait avec Henkka et Nils? » Ils ont enregistré la chanson et le résultat est super.
À propos du choix du chanteur pour les différentes parties :
Elize : Très honnêtement, à moins que ce ne soit une évidence, nous ne décidons pas. Nous laissons la porte ouverte jusqu’au dernier moment. Pour cet album, je trouve que c’était la meilleure solution. J’ai dû partir une semaine plus tôt que prévu parce que je devais aller à l’enterrement de ma grand-mère. Olof et Nils étaient toujours en studio, et je leur ai dit : « Choisissez. Tu veux commencer une chanson ? Ou arriver au deuxième couplet ? Quoi que tu veuilles faire, fais-le. » J’aurais été satisfaite dans tous les cas. Si eux sont contents, je suis contente. C’est comme ça que nous travaillons. Nous sommes sympas les uns envers les autres. Nous ne nous battons pas – pas encore !
Nils : On se contente d’un peu de catch avant de se décider ! Nous approchons ça en nous demandant à qui telle ou telle partie correspond le mieux. Nous enregistrons également plusieurs parties, avant de décider qui fera quoi. Une fois que toutes les parties vocales sont dans la boîte, c’est naturel de décider qui chantera quelle partie.
Elize : C’est aussi une question de dynamique. Dans la tonalité de la plupart des chansons, la voix de Nils est la plus puissante. C’est naturel que je commence, parce que ce sera plus doux, et puis il entre en scène. Tout est dans la dynamique. Ça ajoute une intensité dramatique à la chanson. Si une chanson doit se calmer un peu, ce sera à moi de chanter. On essaie de ressentir l’ambiance de la chanson avant de décider.
Olof : Les choses ont été pensées un peu différemment, cette fois. Elize a l’habitude d’écrire des parties de chant ridiculement aiguës. Nils a beau avoir un registre extrêmement aigu pour un homme, ça peut parfois aller au-delà. Il peut certes le faire, mais il va falloir qu’il assure tous les soirs sur scène. Et ce n’est peut-être pas ce qu’il y a de plus agréable pour les oreilles ! Mais cette fois, les choses ont été beaucoup mieux pensées de ce point de vue. Les refrains sont toujours incroyablement aigus pour le commun des chanteurs masculins, mais nous les avons pensés pour que Nils puisse les chanter parfaitement. Nous étions un peu plus ouverts lorsque les chansons étaient en cours d’enregistrement, ce qui est une très bonne façon de travailler.
Elize : Je trouve aussi. Sinon, nous n’aurions qu’à dire, au moment d’écrire la chanson : « OK, là, c’est ma voix uniquement », et ensuite, il n’y aurait plus de place pour la voix masculine. Ou alors Nils devrait chanter une octave plus bas, et ce n’est pas une façon très juste de fonctionner. Mais comme nous l’avons dit, nous en avions conscience, cette fois, car nous avons déjà enregistré un album ensemble. C’était plus sympa comme ça.
À propos des nouveautés :
Elize : J’ai tenté du chant arabisant. J’adore ça. Nous sommes de grands fans du groupe Myrath. Je crois qu’ils m’ont un peu inspirée à ce niveau – voire qu’ils nous ont tous inspirés. Ça, c’est une nouveauté.
Morten Løwe Sørensen (batterie) : J’ai frappé des cymbales différentes sur cet album, et la batterie était accordée différemment. Je levais ma baguette gauche un centimètre plus haut, donc c’est un album complètement différent !
Olof : Je crois que nous avons tous tenté des choses différentes. Il y avait un petit côté bande originale de film. Sur le deuxième titre, « Make It Better », par exemple, la tonalité et l’arrangement sont des choses que nous n’avons pas vraiment abordées avant. Ce n’est peut-être pas flagrant, mais ce n’est pas quelque chose que je nous aurais vus faire il y a cinq ans, par exemple. De façon plus générale, nous avons testé plein de petites idées différentes. Comme sur « Boom » : et si nous étions accordés plus bas ? Cette chanson est en sol. Si vous êtes musicien, vous savez que c’est tellement bas que même moi je ne peux pas chanter dans cette tonalité ! En général, nous avons cherché à réinventer les concepts avec lesquels nous travaillons depuis longtemps. Nous expérimentons toujours avec de nouveaux claviers ou de nouvelles façons d’aborder la composition.
Morten : C’est comme si tout était plus libre, sur cet album. Il y avait moins de barrières pour tout le monde.
Nils : J’ai essayé le yodel, mais on n’a pas conservé ce passage ! Non, j’ai simplement essayé de chanter les chansons comme elles devaient l’être.
Olof : Ouais, ça change ! [Rires]
Elize : Je n’ai encore jamais entendu Nils chanter : « I ain’t taking your shit no mooooore! » [finit sur un cri suraigu] Ça aussi, c’est nouveau !
Nils : Oui, il y a des choses que je n’avais encore jamais tentées. Nous nous sommes vraiment bien amusés avec certains titres, comme « Boom ». Certains passages au milieu n’étaient pas vraiment écrits et nous avons simplement décidé d’improviser et de voir ce qu’il en sortait. C’est devenu ce passage que tu viens de mentionner : « I ain’t taking your shit no more ». C’est toujours marrant de repousser les limites et d’essayer de nouvelles choses.
Elize : J’ai oublié de préciser que je fais aussi des growls sur cette chanson.
Johan : Pour moi, tout le processus d’enregistrement était nouveau, parce que j’ai dû travailler avec quelqu’un de différent. Jusqu’ici, j’avais toujours enregistré avec Olof, ou avec [le producteur] Jacob Hansen, au Danemark. L’expérience était inédite pour moi. Joonas Parkkonen a une autre façon qu’Olof ou Jacob Hansen d’aborder la basse et où elle doit se trouver. C’était la principale différence pour moi. Sinon, c’était comme d’habitude. Et j’ai essayé de réussir mes lignes de basse dès la première prise, et pas à la vingt et unième.
Propos recueillis le 24 mai 2020.