Les Vikings sont des durs à cuire. Ce n’est pas une pandémie, ayant coupé court à leur dernière expédition, qui va saper leurs désirs de conquêtes. Après avoir regagné le port et amarré le drakkar, les guerriers d’Amon Amarth ont, certes, pris un repos bien mérité mais se sont aussi très vite remis au travail pour affûter leurs armes et préparer leur prochaine bataille. Ainsi débarque The Great Heathen Army, un douzième album globalement plus sombre, qui se veut revenir aux racines death metal des Suédois, mais qui n’en oublie pas les hymnes et même le fait de rigoler un peu. Ils ont d’ailleurs invité certains Saxons à la fête qui, pas rancuniers, ont accepté de partager le buffet et se sont prêtés avec plaisir au jeu de la reconstitution historique.
C’est de tout ceci que nous parlons avec le chanteur Johan Hegg et le guitariste soliste Olavi Mikkonen, mais pas uniquement, puisque Hegg évoque également avec nous sa décision, avec son épouse Maria, d’héberger des Ukrainiens dans le besoin, démontrant l’altruisme et le sens de l’aide du peuple nordique. Ayant passé cette année la barre des trente ans d’existence d’Amon Amarth, c’était aussi l’occasion de revenir sur les débuts d’un groupe qui n’a depuis cessé de gagner du terrain dans le monde et dans le cœur des metallleux.
« Johan Söderberg a composé ‘Oden Owns You All’ en écho à la situation. Il a vraiment détesté le Covid-19. Il y a pas mal de haine de sa part là-dedans. D’ailleurs, cette chanson s’appelait ‘The Covid Hate’ ou quelque chose comme ça [petits rires]. »
Radio Metal : Berserker est sorti en mai 2019, ce qui signifie que vous l’avez promu moins d’une année avant que la pandémie ne vous arrête dans votre élan en pleine tournée. Quel était votre état d’esprit quand c’est arrivé ? Frustré et contrarié, ou bien l’avez-vous pris avec sérénité ?
Johan Hegg (chant) : En fait, il y a plusieurs aspects dans cette question, donc différentes réponses, d’une certaine façon. Evidemment, nous n’étions pas contents d’être obligés de couper court à la tournée, nous ne voulions pas faire ça, mais une fois qu’il était clair que nous allions devoir annuler tout le cycle de tournée et que nous n’allions pas retourner sur les routes de sitôt, ça faisait du bien de prendre un peu de vacances. Personnellement, c’est quelque chose que je voulais depuis un moment, car ça a été incessant : composer, tourner, composer, tourner. Donc oui, ça faisait du bien, en ce sens. Je crois que c’est la première fois que nous avons pu avoir deux étés complets à la maison et être des gens normaux [rires]. De même, quand tu voyages autant que nous, il y a un paquet de trucs à la maison qui ne se font pas et dont il faut s’occuper. Maintenant, nous avons eu le temps de le faire.
D’un autre côté, vous vous êtes rapidement remis dans un cycle d’écriture…
Au bout d’environ un an, je crois. Après, tout dépend à qui tu demandes. Johan [Söderberg] et Olavi écrivent constamment de la musique. Ils travaillent toujours sur des idées. Pour ma part, je n’écris peut-être pas de paroles, mais je note des idées que je trouve. A partir du moment où nous avons dit que nous devions songer à enregistrer un nouvel album au lieu de repartir sur la route avec de vieilles musiques, la machine a commencé à se mettre en route et c’était peut-être au bout d’un an de pandémie.
Olavi Mikkonen (guitare) : Dans le meilleur des cas, j’aurais aimé finir le cycle de Berserker normalement et enchaîner à partir de là. Comme au départ nos plans étaient juste de voir ce qui se passait dans le monde et de reprendre les choses où nous les avions laissées, nous avons eu l’idée de faire une chanson, « Put Your Back Into The Oar », qui est un hommage à nos fans. Nous pensions que nous allions peut-être sortir ça pour les festivals d’été. J’ai donc quasi immédiatement commencé à plancher sur cette chanson quand nous sommes revenus à cause de la pandémie. De même, il n’y avait pas grand-chose à faire. Je veux dire qu’ils avaient fermé les salles de sport en Suède. Alors qu’est-ce qu’il restait à faire ? Se poser à la maison et regarder la télé. Donc oui, j’ai commencé à pas mal composer.
The Great Heathen Army est un album d’Amon Amarth assez sombre si on tient compte de chansons telles que l’éponyme ou « The Serpents Trail ». Pensez-vous que ça reflète l’époque qu’on vient de vivre ? Dans quelle mesure avez-vous été inspirés, consciemment ou inconsciemment, par le contexte ?
Johan : C’est dur à dire comment on est inspiré inconsciemment [rires]. Je suppose qu’on est affecté par ce qui se passe dans le monde en général, donc d’une certaine façon, la pandémie nous a inspirés. Je pense plus dans le cas de « Put Your Back Into The Oar » que peut-être dans les chansons de l’album. Quand nous avons commencé à travailler sur cet album, il y avait un consensus pour dire que nous voulions qu’il soit plus heavy et sombre, mais même quand on dit ça, ça reste juste des lignes directrices, car nous n’avons jamais été le genre de groupe à forcer sa créativité. Les idées que nous aimons le plus sont celles qui se retrouvent sur l’album. Donc si nous avons des choses très sombres que nous aimons beaucoup, sur lesquelles nous voulons continuer de travailler, ça finira sur l’album. Si nous avons des choses un peu plus mélodiques qui ne sont pas aussi sombres et que nous les préférons, elles iront sur l’album. Ça marche plutôt comme ça, mais évidemment, on peut se donner des lignes directrices pour dire dans quelle direction nous voulons aller avec la musique que nous avons, et on part de ça. Mais oui, c’était un choix conscient que ce soit un peu plus sombre, sans que ce soit directement inspiré par toute la situation avec le Covid-19. Mais un en sens, tu as raison, ce qui se passe dans le monde t’affecte. Donc en un mot, oui [rires].
Olavi : A titre personnel, le Covid-19 n’a rien changé, car généralement, quand je suis chez moi, je ne sors pas tellement, je ne fais pas beaucoup de choses. J’aime être à la maison car je suis tout le temps parti avec Amon Amarth. Je suis un peu un solitaire, je l’ai toujours été, donc pour moi, ça n’a fait strictement aucune différence. Mais je sais que Johan Söderberg a composé « Oden Owns You All » en écho à la situation. Il a vraiment détesté le Covid-19 car il voulait voyager et faire plein de choses, donc il y avait de la frustration. Il y a pas mal de haine de sa part là-dedans. D’ailleurs, cette chanson s’appelait « The Covid Hate » ou quelque chose comme ça [petits rires].
« Métaphoriquement, la Grande Armée païenne, c’est nous les metalleux, toute la communauté metal. Nous sommes cette armée. Nous sommes des gens qui s’amusent et se fichent de la religion et de ce genre de conneries. »
La dernière fois, Ted Lundström nous a dit que généralement, vous essayez « de ne pas faire trop d’albums avec le même producteur, car autrement on est trop à l’aise », ce qui expliquait pourquoi vous aviez fait appel à Jay Ruston pour Berserker. Cependant, vous êtes retournés auprès d’Andy Sneap pour The Great Heathen Army. Pensez-vous qu’Andy a une meilleure compréhension de ce qu’est Amon Amarth ?
Je ne sais pas s’il a une meilleure compréhension. Je trouve que Jay Ruston était également un producteur extraordinaire. Peut-être que nous sentions que ce serait mieux pour nous d’enregistrer avec Andy ; il nous manquait un peu [rires]. Je ne sais pas. Je trouve que Berserker est super pour ce qu’il est : nous voulions changer un peu et essayer d’avoir une influence un peu plus heavy metal traditionnelle dans la production et la composition. Nous l’avons fait et maintenant nous pensions revenir plus à nos racines death metal. Enfin, la différence n’est pas énorme, mais quand nous avons commencé à parler du nouvel album, nous avons effectivement dit que nous allions essayer de le rendre plus heavy et sombre, et nous pensions qu’Andy serait un meilleur choix pour ça. De même, je pense que tout simplement, nous aimons tous beaucoup Andy. Je trouve que c’est un mec extraordinaire avec qui enregistrer. Il est lui-même musicien, c’est un super guitariste. Ça aide énormément d’enregistrer avec quelqu’un qui sait comment on joue de la guitare, pour ainsi dire. Il n’est d’ailleurs pas que guitariste, il est aussi très doué à la batterie et au chant. Je ne veux rien dire de mal à propos de Jay Ruston, c’est lui-même un excellent producteur, mais comme il n’est pas vraiment musicien, il ne peut rien apporter à ton jeu de guitare, pour ainsi dire, alors qu’Andy peut apporter des choses auxquelles tu n’as pas pensé. Je ne parle pas de mélodies ou de riffs, mais de sons ou d’effets, des petits ajustements.
Tu as dit que vous êtes un peu revenus à vos racines death metal : avez-vous une sorte de nostalgie pour ça ?
Je ne qualifierais pas ça de nostalgie, mais si tu regardes dans mon téléphone et vois quelle musique j’écoute… Je veux dire que j’écoute Six Feet Hunter, leur album Haunted, ou j’écoute Legion de Deicide, j’écoute tous les albums de Bolt Thrower. C’est ce que j’écoute au quotidien. Je dis bien au quotidien parce que j’écoute au moins une heure et demie de musique par jour. J’écoute aussi beaucoup de nouveaux groupes, comme Gatecreeper ou peu importe quoi, mais je reviens généralement à ces vieux groupes. Ce n’est pas de la nostalgie, c’est juste ce que j’aime, et bien sûr, ça se reflète dans mon écriture. J’écoute aussi beaucoup de black metal. Evidemment, je ne fais qu’écouter de la musique à la salle de sport, et c’est bien d’avoir quelque chose d’agressif pour se motiver [rires]. Peut-être que c’est la raison pour laquelle j’écoute des groupes agressifs. Je pense que nous aimons tous le death metal de la vieille école.
La chanson d’ouverture « Get In The Ring » a été écrite pour votre ami, le catcheur professionnel Erick Redbeard. A quel point abordez-vous différemment une chanson à « thème » comme celle-ci ?
C’est un peu différent parce qu’il faut attendre d’avoir le bon riff. Il nous a contactés il y a pas mal de temps pour ça. Ensuite, nous avons simplement attendu d’avoir les bonnes idées et les bons riffs, car il faut que ça colle à la raison d’être de la chanson. Il faut que ce soit très masculin et que ça excite les gens, que ça les gonfle à bloc, parce que c’est ça l’idée quand il entre sur le ring. Il a fallu donc attendre de trouver la bonne idée. C’était presque comme quand nous avons écrit l’album Jomsviking, car il y avait une histoire sur laquelle nous devions faire la musique. Nous n’avions pas les paroles, mais nous avions toute l’histoire de l’album. Il fallait écrire la musique pour une histoire. C’est un peu la même chose : c’est un peu comme de la musique à la demande. Ce n’est pas quelque chose que nous avons composé en cinq minutes. Il a fallu longtemps pour finir cette chanson. De mon point de vue, c’est la chanson parfaite pour qu’Erick entre sur le ring.
Êtes-vous des fans de catch ?
Je ne peux pas dire que je suis fan parce que le catch n’est pas une discipline très importante en Suède, donc je n’ai pas l’occasion d’y assister en live. Je peux au moins en regarder à la télé. Mais quand j’étais gamin et que je grandissais dans les années 80, oui, le catch était l’un des meilleurs trucs que je connaissais. Donc oui, je trouve ça super cool.
« Heidrun » est l’une des surprises de l’album et est clairement amené à devenir un tube ou un hymne, notamment grâce à son refrain qui est certainement l’un des plus accrocheurs jamais produits par Amon Amarth grâce à la mélodie infusée dans le growl avec la guitare lead…
Johan : Ça fait partie de ces chansons où nous avons eu une idée et pensé que ce serait amusant, et nous avons rigolé quand nous avons écrit la musique et les paroles. Surtout quand nous sommes arrivés à la partie où ça fait [chante le pont] : « Who’s the goat ? Who’s the goat ? Heidrun ! » C’est quelque chose sur lequel nous avons travaillé durant une session d’écriture dans un chalet dans la montagne suédoise, et ensuite, pendant le déjeuner, nous étions tous là à en rire, nous trouvions ça génial. Nous l’avons un peu développé et c’est devenu une plus grande partie que ce que nous avions prévu au départ. Ça a été pensé pour être une chanson amusante. Elle parle aussi un peu de la vie sur la route, d’une certaine façon, en plus de la vie et de la mythologie des Vikings. Quand ils mouraient, ils allaient au Valhalla et buvaient l’hydromel de la chèvre Heidrun.
« Le public est presque autant une partie du spectacle que le groupe, selon moi. S’il n’y a pas cette interaction, est-ce vraiment un concert ? Ou n’est-ce qu’une répétition devant des gens ? »
Olavi : Je ne vois pas forcément nos chansons comme des hymnes. Enfin, une chanson est une chanson, et là c’est une bonne chanson. Je pense que toutes nos chansons qui finissent sur un album sont bonnes. Il y a beaucoup de travail derrière, évidemment. Je passe par une centaine de versions différentes jusqu’à trouver la bonne. Cette chanson était un peu une surprise. J’avais juste une idée de progression d’accords que je n’avais pas utilisée depuis, je crois, cinq albums et j’ai fini par trouver un riff qui, je me disais, allait être le riff principal. A partir de ce riff, j’ai trouvé tous les autres, mais le riff principal n’a finalement jamais trouvé sa place dans la chanson. Bref, j’ai composé la chanson en, je ne sais pas, deux ou trois jours. Je n’avais jamais écrit quelque chose aussi rapidement de ma vie. Ensuite, je l’ai mise de côté et je ne l’ai pas écoutée pendant un mois ou deux. Puis je l’ai réécoutée et j’ai trouvé qu’elle était plutôt bonne. C’était une approche différente de ma part. Je n’avais jamais fait comme ça. Je sais que le premier refrain que j’avais a été abandonné. Donc il m’a fallu longtemps pour vraiment trouver le refrain dont tu parles. C’est une harmonie à deux voix. Il y a des twin guitars, une guitare rythmique, et il y a deux mélodies en harmonie. Puis tu as le chant qui suit ça. Donc oui, il se passe pas mal de trucs, mais c’est clair que c’est très accrocheur et simple.
On retrouve quelques passages parlés dans l’album (« Heidrun » et « The Serpents Trail »). Johan, te considères-tu autant comme un conteur d’histoire qu’un chanteur ?
Johan : Pas vraiment. Nous avons fait ça parce que nous voulions quelque chose pour ces parties spécifiques, mais sachant que notre style de chant n’est pas vraiment ce qu’il fallait. C’était plus lié à la tournure de la chanson, ça convenait mieux d’avoir cette voix à cheval entre le parler et le chant, en gros. Nous essayons toujours de déterminer quelle sorte de voix il faut pour aller avec certains riffs. Nous essayons toujours de tirer le meilleur parti de chaque riff et de nous assurer que tout va parfaitement ensemble, car on veut que le tout donne le sentiment d’une entité. Parfois, on déteste quand on entend un riff super heavy et qu’ensuite, une voix bizarre qui ne semble pas coller arrive. Même si c’est la bonne tonalité et tout, ça ne semble pas aller avec. Je pense que c’est important d’essayer de faire en sorte que toute la chanson forme une unité. Enfin, évidemment, il pourrait y avoir des cas où ce contraste peut être valable, mais en général, on veut quelque chose qui fonctionne avec le riff en question.
Sur le plan des paroles, tu as déclaré qu’il y « avait aussi des idées vraiment cool et différentes que [tu] voulais explorer, et elles venaient en grande partie de [ta] femme, Maria ». Est-elle souvent impliquée dans l’ombre avec Amon Amarth ?
Elle aide beaucoup. Enfin, je ne dirais pas Amon Amarth en tant que tel, mais oui. Souvent, quand je suis coincé sur quelque chose, je lui parle et je lui demande ce qu’elle en pense, car je travaille sur plein d’idées à la maison. Par exemple, pour « Get In The Ring », je savais quel était l’objectif, je savais ce que je voulais faire, mais je n’avais pas de point d’entrée, je n’avais nulle part où aller avec pour démarrer. Donc pendant que nous étions en voiture dans le nord de la Suède pour aller faire de la randonnée, nous avions neuf heures à tuer, alors nous en avons parlé. Elle a dit : « Alors, qu’est-ce que tu veux faire avec ça ? » J’ai dit que je voulais un truc pour du catch, où ils se cognent et s’insultent. Du coup, elle a dit : « Eh bien, faisons ça. Faisons comme si nous étions des catcheurs. » Nous étions donc assis là dans la voiture à se dire des vacheries. Ça a beaucoup aidé parce que ça m’a mis dans un autre état d’esprit pour cette chanson. Après ça, j’ai pu commencer à assembler les premiers éléments et ensuite tout s’est mis en place.
De même, j’avais certaines chansons pour lesquelles je n’avais pas vraiment d’idées de paroles. Elle écoutait un podcast dont j’ai oublié le nom, dans lequel, en gros, ils parlent du fait que, quand tu es face un obstacle, tu dois trouver un chemin pour t’en sortir ou t’en frayer un. Si tu ne peux pas trouver la porte de sortie, tu dois la fabriquer, car tu ne peux pas rester immobile, tu ne peux pas t’arrêter là. Tu dois surmonter l’obstacle pour grandir. C’est devenu la chanson « Find A Way Or Make One ». C’est vraiment cool de pouvoir lui parler de ces choses. Je l’apprécie beaucoup pour ça, car elle est toujours très honnête avec les idées que j’ai et elle trouve des angles différents pour les aborder. Parfois, c’est dur quand t’es coincé dans le même esprit d’écriture, mais tu peux adopter un autre point de vue qui transformera la chanson ou les paroles en quelque chose de complètement différent et nouveau. Elle m’aide avec ça. C’est toujours bien d’avoir une personne qui n’est peut-être pas aussi impliquée dans le groupe pour échanger des idées, car elle pense différemment et a une autre approche. C’est clairement quelqu’un dont je respecte et apprécie les idées.
Est-ce votre intérêt pour l’histoire viking qui vous a rapprochés ?
En fait, je dirais que peut-être je l’ai inspirée à s’intéresser davantage à l’histoire et à la mythologie vikings. Elle prend un chemin légèrement différent du mien maintenant. Elle part plus dans le côté ésotérique. Je trouve ça plutôt cool, car quand nous parlons de ces choses, ça ouvre à des idées que je peux utiliser. C’est intéressant, ça m’inspire beaucoup pour trouver des thématiques vraiment sympas. Par exemple, tu as mentionné « The Serpent’s Trail » tout à l’heure. Je ne pense pas que j’aurais écrit cette chanson sans Maria, car elle a trouvé un gars assez intéressant qui s’appelle Andreas Kornevall, qui est un romancier suédois. Il explique la pratique Helvegen. Nous avons écouté un webinaire à ce sujet. Ensuite, nous avons aussi eu des sessions de rencontres privées avec lui, où nous avons discuté de ces choses, tellement nous avons trouvé ça passionnant. Ça m’a beaucoup fait réfléchir à ces ésotérismes dans le cadre de la pratique Helvegen, car c’est une pratique intérieure. Ce n’est pas forcément quelque chose où tu t’adresses aux dieux et où il faut physiquement se rendre quelque part. C’est un voyage intérieur. Donc si tu affrontes un obstacle, celui-ci peut être mental, émotionnel ou physique.
« Je suis très fier et content de voir que nous, dans le monde occidental, qui avons la démocratie, nous montrons à tous la puissance de celle-ci, car même si nos politiciens se disputent, se chamaillent et pleurnichent pour des conneries, face à une vraie crise immédiate, tout le monde a instantanément dit : ‘On est unis avec l’Ukraine.’ C’est un message puissant que le monde occidental est en train d’envoyer. »
Il y a certaines étapes à passer pour aller à la racine du problème, c’est en gros le sentier du serpent. Cette partie peut-être très sombre suivant sur quoi tu travailles. C’est un chemin obscur dans lequel il est facile de se retrouver bloqué, et quand c’est le cas, on ne peut pas avancer et on ne résout pas son problème. On peut être distrait si c’est un problème mental ou émotionnel. On peut être coincé dans des choses comme l’alcoolisme ou la toxicomanie, par exemple. Mais si on arrive à dépasser ces choses qui ont tendance à nous bloquer et qu’on affronte ses peurs, alors on commence à se relever, et là c’est le sentier de l’aigle. A la fin, on a combiné l’aigle et le serpent, et on est devenu le dragon qui a conquis l’obstacle ou le problème auquel on faisait face. Je trouve que c’est un regard très intéressant sur une véritable pratique viking ou nordique. Même si on sait peu de choses historiquement sur la pratique Helvegen et qu’une bonne partie est sujette à interprétation, ça reste très intéressant.
Comme tu l’as dit, « Find A Way Or Make One » est elle-même une chanson très positive sur le fait de surmonter les obstacles, et elle fait clairement écho à ce qu’on a tous vécu ces dernières années : pensez-vous que la musique et surtout le metal ont un rôle à jouer pour les gens dans ce genre de moments difficiles ?
Je dirais que la musique est très importante au moins pour la plupart des gens. Je pense que la musique est quelque chose qui peut nous aider à traverser les moments difficiles ou nous redonner le moral quand on est déprimés. Enfin, on le sait tous. Parfois, quand on vit une mauvaise journée, on écoute son album préféré et toute notre humeur change. En tout cas, c’est ainsi que ça marche pour moi. J’ai des albums que j’adore écouter. Si je passe une journée merdique, je mets de la musique que j’adore et je sais que ça me redonnera de l’énergie et que je me sentirai instantanément mieux. Donc oui, je pense clairement que la musique peut aider dans ce genre de moment, mais évidemment, ce n’est pas la seule chose. Il faut aussi qu’il y ait une forme d’action. On ne peut pas juste écouter de la musique et s’attendre à se sentir bien sans rien faire concernant son problème [rires].
Olavi : Et ce n’est peut-être pas qu’une question de metal. Je pense que la musique en général est une bonne façon de gérer nos difficultés dans la vie, quelles qu’elles soient. Quand tu fais une coupure avec une situation donnée, tu peux toujours mettre ton casque et écouter des chansons que tu aimes pour être dans un meilleur état d’esprit. La musique est un bon moyen de s’évader de la réalité ou peu importe ce à quoi on fait face. « Find A Way Or Make One » est un bon exemple, justement, qui colle parfaitement avec notre époque. On a tous été confrontés à la pandémie et on veut tous que le monde redevienne normal. Et puis, on a une putain de guerre en Europe maintenant. On doit tous trouver un moyen de se sortir de ça.
Biff Byford apparaît dans la bien nommée « Saxons And Vikings » : avez-vous spécifiquement créé la chanson pour ce duo ou était-ce la chanson et son thème qui vous ont inspiré l’idée de faire appel à Biff ?
Johan : Nous l’avons créée pour. C’est intéressant parce que Paul Quinn et Doug [Scarratt] sont aussi sur la chanson, ils font les solos, donc ils en font aussi partie. Ça faisait longtemps que nous avions cette idée de faire une chanson sur les Saxons et les Vikings, mais nous n’avions jamais vraiment la bonne idée musicale ou nous ne savions pas comment le faire. Maintenant, nous avons trouvé et ça allait très bien avec l’album aussi, car évidemment, la Grande Armée païenne, c’est les Vikings contre les Saxons. Le thème illustré par les paroles, c’est en gros la fin de cette histoire. Le but était donc que Biff soit dessus, mais quand nous avons fait cette chanson avec cette idée sur les Saxons et les Vikings, nous avons voulu que ce soit équitable, c’est-à-dire que ce ne soit pas les Vikings qui massacrent les Saxons et c’est tout. Il fallait qu’ils soient sur un pied d’égalité. Donc Biff a écrit sa partie du texte, même si je lui ai donné les grandes lignes. Puis, comme je l’ai dit, nous avons aussi fait appel à Doug et Paul pour faire les solos. Nous voulions que ce soit un effort commun, pour ainsi dire : c’est Amon Amarth et Saxon, nous faisons ça ensemble et nous sommes à égalité. Je trouve que ça a super bien marché et que c’est cool qu’il ait bien voulu le faire, qu’il ait pu venir au studio pour enregistrer son chant, ce qui évidemment était plus facile parce qu’il connaît Andy Sneap, ils enregistrent ensemble. Et puis j’ai aussi fait du chant pour une chanson de Saxon il y a quelques années et tout.
« Le heavy metal traditionnel comme Judas Priest ou Iron Maiden a toujours été très important en Suède. En parallèle, j’étais aussi très influencé par Entombed, Deicide, Bolt Thrower, Slayer, etc. Je voulais donc combiner tout ça, et je pense que c’est aussi ce que voulaient faire les gars de Göteborg. »
Qu’est-ce que Saxon représente pour vous dans l’histoire du heavy metal ?
Pour moi, ils sont aussi influents qu’Iron Maiden ou que Judas Priest, car c’était parmi les premiers de la New Wave Of British Heavy Metal. Ils étaient très influents à l’époque et évidemment, leur carrière a pris un autre chemin, mais ils sont toujours là et se portent toujours bien, et ils sonnent toujours super. Je n’ai rien que du respect pour ces gars. Quand j’étais gamin, c’était clairement l’un de mes groupes préférés. Donc c’est vraiment cool de pouvoir faire ça avec de vieux héros.
C’est la première fois que le groupe apparaît sur un artwork. Qu’est-ce que ça symbolise pour vous ?
Je pense que ce que nous avions en tête, c’était quelque chose de semblable au Destroyer de Kiss [rires]. D’une certaine façon, c’est fait pour être un peu fun, mais aussi pour symboliser ce qu’est la Grande Armée païenne. Quoi qu’il en soit, dans mon esprit, j’ai le sentiment que métaphoriquement, la Grande Armée païenne, c’est nous les metalleux, toute la communauté metal. Nous sommes cette armée. Nous sommes des gens qui s’amusent et se fichent de la religion et de ce genre de conneries. Nous cherchons toujours à nous amuser. Donc, il y a aussi ce symbole. Je trouve que c’est une illustration géniale. Pas que je voulais forcément être sur la pochette, mais c’est assez marrant.
Olavi : En fait, si la pochette est ce qu’elle est aujourd’hui, c’est parce qu’au départ, nous pensions juste que nous allions avoir une grande armée. Ce n’est qu’ensuite que nous nous sommes dit que nous, Amon Amarth, devrions mener cette armée. Et effectivement, ça pourrait être tous nos fans derrière nous. Nous sommes là très confiants parce que nous avons tous nos fans qui nous soutiennent. Donc toute la Grande Armée païenne pourrait être toute la communauté du metal. Ce n’est pas comme il y a des centaines d’années quand on se battait contre les chrétiens ; aujourd’hui, les païens, ce sont nous, les metalleux.
Est-ce dans cet esprit que vous montez sur scène, dans l’idée de galvaniser votre « armée » de fans ?
Johan : Oui, mais pas forcément comme le leader de la communauté metal. Ce n’est pas ce que nous disons. Quand nous montons sur scène, nous avons toujours le sentiment que nous faisons ceci avec les fans – en tout cas, c’est ce que je ressens. Quand tu fais un concert avec des milliers de personnes, que tu es sur scène et que tu n’interagis pas avec le public et ne fais que ton truc… Il faut cette connexion pour en faire quelque chose de spécial. C’est parce que le public est presque autant une partie du spectacle que le groupe, selon moi. S’il n’y a pas cette interaction, est-ce vraiment un concert ? Ou n’est-ce qu’une répétition devant des gens ? C’est ce que nous voulons faire. Nous voulons interagir avec les gens. Nous voulons faire participer le public au concert, car c’est ce qui rend l’expérience géniale pour tous ceux qui sont présents, y compris nous.
Sur un autre sujet, tu as hébergé des Ukrainiens. Te sens-tu proche de ce pays d’une quelconque façon, que ce soit par rapport à ce qu’ils vivent actuellement, mais aussi culturellement et historiquement ? Je dis ça car l’histoire entre la Suède et l’Ukraine remonte aux Varègues et à la Rus’ de Kiev…
Oui, mais ce n’est pas la raison pour laquelle nous l’avons fait. La raison est parce que ma femme et moi, nous vivons dans une grande maison. Nous avons plein de chambres en plus. Nous avons donc invité une famille pendant deux mois. Nous voulions aider. Les gens fuient la situation… En Suède, ça fait plus de deux cents ans qu’on n’a pas connu la guerre, donc pour nous, c’est presque incompréhensible, même si mon grand-père a fui la Norvège durant la Seconde Guerre mondiale et que le grand-père de Maria était sur le front est en Finlande, l’hiver, durant cette même guerre. Donc évidemment, dans nos familles respectives, il y a ce traumatisme, mais nous, personnellement, des générations nous séparent de ce genre de chose. Nous avons grandi dans un pays sûr qui n’a pas connu de guerre en deux cents ans. Donc quand quelque chose comme ça arrive et que c’est tout près de nous, évidemment, ça nous affecte beaucoup. Nous voulions pouvoir aider autant que possible, car nous avons réalisé que des millions de gens fuyaient et qu’ils devaient loger quelque part, et qu’ils en avaient besoin rapidement. Nous avons donc pu aider quelques personnes. Nous pouvons héberger quatre personnes chez nous, ce qui permet à quatre autres personnes qui ne peuvent peut-être pas trouver d’endroit où loger de bénéficier de l’aide du gouvernement suédois. Donc évidemment, c’est humain, je trouve. Ça semblait être la bonne chose à faire, c’est tout.
« Nous avons fait [le premier album] sur les Vikings. Ensuite, nous avons parlé de prendre une autre approche, mais les gens qui travaillaient avec nous au label ont dit : ‘C’est votre niche. C’est là que vous devez être, vous tenez un truc unique. Si ça vous intéresse, vous devriez l’explorer davantage.’ Donc c’est devenu le thème du groupe. »
De façon générale, le peuple suédois se sent-il proche du peuple ukrainien ?
Je pense que beaucoup de gens compatissent avec les Ukrainiens dans cette situation. Oui. Après, je ne sais pas s’ils ressentent un lien avec l’Ukraine en tant que telle. Je ne dirais pas ça. De nombreux Suédois, y compris beaucoup de gens que je connais, ont également ouvert leur foyer à des réfugiés ou les ont aidés d’autres façons. Je veux dire que les gens en Suède ont vraiment tendu la main pour aider autant que possible. Je pense que c’est important parce que, personnellement, je n’arrive pas à croire que c’est en train de se produire. Je pensais que nous les Européens, vu notre histoire tourmentée, on avait dépassé cela, qu’on avait appris quelque chose de notre histoire, mais apparemment pas. Ou apparemment si, car je suis très fier de la façon dont l’Europe de l’Ouest et l’Occident en général ont réagi à ça, même si on peut dire : « Eh bien, pourquoi ne les soutiennent-ils pas avec des troupes ou des avions ? » Mais je pense qu’il faut prendre en considération la menace nucléaire. Donc je pense qu’actuellement, on essaye d’aider l’Ukraine de la meilleure façon possible, aussi bien sur le plan militaire qu’économique, avec les sanctions contre la Russie et tout ça, sans escalade d’une menace nucléaire en provenance de Russie. Donc je pense que nous faisons ce qu’il faut.
Je suis très fier et content de voir que nous, dans le monde occidental, qui avons la démocratie, nous montrons à tous la puissance de celle-ci, car même si nos politiciens se disputent, se chamaillent et pleurnichent pour des conneries, face à une vraie crise immédiate, tout le monde a instantanément dit : « On est unis avec l’Ukraine. » Personne n’a reculé. Tout le monde a été directement dans le vif ; tout le monde était sur la même longueur d’onde. Je trouve ça impressionnant. On devrait être très reconnaissants d’avoir ce genre de démocratie où on peut exprimer différentes opinions et différents sentiments, où on a le droit de le faire et où on peut choisir différents leaders. Si on a l’impression que ça ne va pas, on peut s’impliquer en politique et essayer de changer les choses sur la base de la liberté de parole. Je trouve que c’est important. C’est un message puissant que le monde occidental est en train d’envoyer.
Dirais-tu que ça fait partie aussi de la philosophie des Vikings d’aider les gens dans le besoin ?
Clairement. Il y a même un passage dans le Hávamál, je ne le connais pas par cœur, mais ça dit clairement quelque chose du genre : si un voyageur vient chez toi, tu dois l’accueillir et lui offrir de la nourriture et de l’eau, ainsi qu’un lit pour dormir. Donc oui, absolument, il existe plein d’histoires comme ça, racontant qu’il faut prendre soin des uns et des autres dans la communauté nordique, car évidemment, à l’époque, la Scandinavie était dure. C’était un endroit où il était difficile de vivre et où, occasionnellement, les gens se battaient, mais aussi où ils s’entraidaient quand il le fallait. C’était très important.
Vous avez formé Amon Amarth en 1992, donc il y a trente ans…
Non, c’est un mensonge. Je ne suis pas aussi vieux [rires].
Quelle était votre vision de ce groupe durant ces toutes premières années ?
Nous voulions juste faire la fête, boire de la bière et jouer de la musique. Je ne crois pas que même dans nos rêves les plus fous, nous pension arriver aussi loin, mais notre développement a toujours été graduel. Je pense que nous voulions toujours aller un petit plus loin à chacune de nos progressions, et nous y sommes parvenus. Tu commences par jouer dans des MJC locales, puis tu commences à faire d’autres MJC à Stockholm, puis tu joues dans quelques bars, puis tu sors de Suède, puis tu obtiens une tournée, puis tu signes un contrat avec une maison de disques et tu obtiens une autre tournée, puis tu fais plus de tournées, puis tu finis par être tête d’affiche dans des petites salles, puis de plus grandes salles, puis de petites arènes… Maintenant, nous en sommes à un point où nous pouvons faire de grandes arènes, en tout cas en Europe. C’est extraordinaire, c’est dingue, mais ça nous a pris trente ans pour en arriver là. Nous avons toujours voulu pousser plus loin pour voir jusqu’où nous pouvions aller, et essayer de faire grandir le groupe autant que possible. C’est donc ce que nous avons toujours voulu faire, mais je ne pense pas que nous ayons un jour dit que c’était là que nous voulions aller, que tant d’années plus tard, nous allions être à notre place aujourd’hui. Nous essayons toujours de regarder où nous sommes à un instant T et ce que nous pouvons faire pour nous permettre de grandir pour le prochain cycle.
Olavi, tu étais dans un groupe qui s’appelait Scum avant. Dans quelle mesure est-ce que ça a servi de base pour Amon Amarth ?
Olavi : Je ne sais pas. J’étais le compositeur aussi dans ce groupe. Le reste des membres sont partis, sauf moi, puis Ted et le grand Johan Hegg sont arrivés. C’est là que nous avons changé de nom. Nous étions juste des gamins, nous ne savions pas vraiment quoi ou comment jouer. C’est difficile à dire. Tout le monde doit bien commencer quelque part, et c’est là que nous avons commencé.
« Niveau son et style, Once Sent From The Golden Hall n’est pas si différent de notre nouvel album un peu plus de vingt ans plus tard. Plein d’autres groupes font un album dans un style et l’album suivant dans un autre complètement différent. Nous, nous savions dès le début ce que nous voulions. »
On peut remarquer une parenté entre les premiers albums d’Amon Amarth et la scène death metal mélodique de Göteborg qui émergeait au même moment, pas très loin de Tumba, votre ville d’origine. Comment perceviez-vous la scène florissante là-bas ?
Ce qui est drôle, c’est que je n’étais pas tellement intéressé par les groupes de Göteborg. Je ne les connaissais pas trop, pour être totalement honnête. Je n’essaye pas de te faire marcher en disant ça. Je veux dire qu’évidemment, je connaissais At The Gates et je les adorais, c’est sûr, je les suis depuis leur premier album, mais je crois que ce n’est que bien plus tard que j’ai entendu In Flames ou Dark Tranquillity. La première fois que j’ai entendu Dark Tranquillity, j’étais là : « Merde, qu’est-ce que j’ai loupé ?! » Je les ai trouvés extraordinaires ! Mais ça devait être en 2000, peut-être l’album Damage Done ou quelque chose comme ça, je ne me souviens plus exactement. Donc ma théorie est que le heavy metal traditionnel comme Judas Priest ou Iron Maiden a toujours été très important en Suède. En parallèle, j’étais aussi très influencé par Entombed, Deicide, Bolt Thrower, Slayer, etc. Je voulais donc combiner tout ça, et je pense que c’est aussi ce que voulaient faire les gars de Göteborg. Nous allions donc tous dans la même direction sans s’écouter, mais ce n’est que ma théorie. Je ne sais pas, car je n’avais jamais entendu In Flames quand nous avons commencé à faire ces mélodies harmonisées, même s’ils ont commencé quelques années avant nous. Peut-être que c’est une évolution qui s’est faite en différents endroits en même temps sans savoir ce que faisaient les autres.
Est-ce que le thème des Vikings faisait partie de votre vision de ce groupe dès son commencement ou est-ce que c’est venu les années suivantes ?
Johan : Non, ça ne faisait pas partie du thème. Je crois que sur la première démo, nous avions une chanson parmi quatre qui s’appelait « Thor Arise ». Ce n’était qu’une seule chanson, mais je pense qu’elle nous a mis le pied à l’étrier, car l’histoire et la mythologie vikings m’ont toujours beaucoup intéressé, même avant que je rejoigne le groupe. Donc quand nous avons fait notre seconde démo, en gros, j’ai écrit toutes les chansons à propos des Vikings. Il n’y avait que trois chansons, mais quand même. Nous trouvions ça cool. Puis nous avons fait Sorrow Throughout The Nine Worlds et Once Sent From The Golden Hall, aussi sur les Vikings. Ensuite, nous avons parlé de prendre une autre approche, mais les gens qui travaillaient avec nous au label ont dit : « C’est votre niche. C’est là que vous devez être, vous tenez un truc unique. Si ça vous intéresse, vous devriez l’explorer davantage. » Donc c’est devenu le thème du groupe. Nous n’avions pas l’intention que ça le soit au début, mais ça a toujours paru naturel, non seulement parce que c’était un intérêt historique et mythologique que nous avions, mais aussi parce qu’on peut toujours utiliser ça comme des métaphores pour d’autres sujets qu’on veut aborder. Tout dépend comment on présente ses textes. Comme je l’ai déjà mentionné, « Find A Way Or Make One » est une chanson qui parle d’un gars qui se dresse contre toute une armée et se bat, mais métaphoriquement, c’est un gars face à un obstacle, et sa seule ambition est de trouver un moyen de surmonter cet obstacle pour ensuite être en meilleure forme qu’il ne l’est.
Vous avez sorti votre premier album, Once Sent From The Golden Hall, six ans après la formation du groupe : qu’est-ce qui a pris autant de temps ? Généralement, ça va assez vite pour les groupes au début de leur carrière…
Olavi : Pour être honnête avec toi, je trouve en fait que c’est super que nous ayons pris autant de temps, car nous n’étions probablement pas prêts plus tôt. Mais la raison pour laquelle ça a pris tout ce temps, c’est parce que nous étions un groupe très entêté. Nous avions dans l’idée que nous n’allions jamais envoyer nos démos aux maisons de disques. Si elles voulaient nous parler, elles devaient nous contacter. Forcément, aucune maison de disques n’avait jamais entendu parler de nous, vu que nous n’avions envoyé aucune démo… C’est peut-être la raison. Ensuite, quand nous nous sommes enfin sentis prêts à faire un mini-CD, nous l’avons fait avec un label singapourien, car nous voulions juste faire un mini-CD et c’est tout. Tous les autres labels qui étaient intéressés voulaient nous faire signer des contrats de plusieurs albums, genre cinq ou je ne sais combien. Nous avons refusé. Nous voulions que ce soit un seul. Les Singapouriens étaient les seuls à être d’accord pour faire un album. Mais pour moi, ça n’a pas d’importance que nous ayons été en retard à la fête, car je pense que nous étions davantage prêts et nous avions déjà une vision. Pour être honnête, niveau son et style, Once Sent From The Golden Hall n’est pas si différent de notre nouvel album un peu plus de vingt ans plus tard. C’est juste que nos compétences en tant que musiciens sont meilleures aujourd’hui, mais en termes de style, nous sommes encore le même groupe. Je veux dire que plein d’autres groupes font un album dans un style et l’album suivant dans un autre complètement différent. Nous, nous savions dès le début ce que nous voulions.
Interview réalisée par téléphone le 8 juin 2022 par Nicolas Gricourt.
Retranscription : Antoine Moulin.
Traduction : Nicolas Gricourt.
Site officiel d’Amon Amarth : www.amonamarth.com
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