Tel un Drakkar éventrant les eaux glaciales de la mer Baltique, rien n’arrête Amon Amarth dans son avancée. Sorte de pendant death metal d’AC/DC pour beaucoup, les Suédois sont d’une constance désarmante, loin de se laisser déstabiliser par le départ du batteur Fredrik Andersson qui avait pourtant officié pas moins de dix-sept ans dans le groupe. Un appel à un ami et le tour est joué pour au moins pouvoir partir s’isoler dans les montagnes, élaborer un dixième album et finalement l’enregistrer sans encombre, encore un fois sous la houlette d’Andy Sneap. Pas d’histoire de Dieux cette fois-ci mais un récit narré tout au long de l’album sur un homme qui s’enrôle chez des mercenaires vikings, sur fond d’histoire d’amour tragique. Nous avons rencontré le chanteur Johan Hegg et le guitariste Johan Söderberg pour nous parler de tout ça.
L’album ayant été conçu comme un BO de film, l’occasion était trop belle pour ne pas en plus évoquer l’expérience de Hegg dans Northmen: A Viking Saga, film de 2014 du réalisateur suisse Claudio Fäh, dans le rôle de Valli, et de revenir sur le succès que semble rencontrer aujourd’hui la mythologie nordique et les Vikings (le personnage de Marvel Thor, la série télé Vikings, etc.). Et pour finir, la clef du succès d’Amon Amarth qui se trouve très certainement – eux en sont en tout cas persuadés – dans leur cohérence.
« Nous foulons la scène, en faisant rage et en la pillant de la même manière [que les Jomsvikings]. »
Radio Metal : Pouvez-vous nous parler des circonstances du départ de Fredrik Anderson après dix-sept ans passés dans le groupe ?
Johan Hegg (chant) : Il n’y a pas grand-chose à dire. C’est presque comme dans n’importe quelle relation, parfois ça prend fin. Il est parti de son côté, nous sommes partis de l’autre côté et c’est tout ! [Petits rires] Nous avons continué à faire ce que nous faisons et je suppose qu’il continue en faisant autre chose.
Ce départ s’est semble-t-il produit au milieu du processus d’écriture. Est-ce que ça a affecté la composition de l’album d’une façon ou d’une autre ?
Johan Söderberg (guitare) : En fait, ça ne s’est pas passé durant le processus d’écriture. Nous nous sommes séparés avant de démarrer la composition, et nous avons recruté un vieil ami, Tobias Gustafsson de Vomitory, pour prendre part au processus d’écriture.
Hegg : Nous lui avons demandé de nous aider à écrire l’album, parce que c’est toujours plus facile lorsque tu as un batteur impliqué dans ce processus, et aussi pour enregistrer l’album. C’est un bon gars, un super type, nous le connaissons très bien et c’est un bon batteur. Nous nous sommes donc dit que ce serait une bonne façon de faire que de travailler ainsi, afin de ne pas avoir à trop nous préoccuper de rechercher quelqu’un et pouvoir plutôt nous focaliser sur la finition de l’album.
Il n’est donc pas le nouveau batteur permanent du groupe ?
Non, il était juste là pour l’album. Nous avons essayé différents batteurs et nous avons un gars prévu pour les tournées et festivals cet été que nous allons essayer. C’est important pour nous de trouver la bonne personne car, avec un groupe comme le nôtre, tu tournes beaucoup ; tu vis littéralement les uns sur les autres pendant quelque chose comme deux ans sur un cycle de tournée. Tu dois aussi bien pouvoir t’entendre d’un point de vue personnel, ce n’est pas qu’une question de compétence musicale.
Vous avez déclaré avoir été dans une cabane dans la forêt pour écrire et répéter. Comment avez-vous eu l’idée de vous rendre dans un tel endroit ?
[Petits rires] C’est ce qui est marrant avec Twitter, tu écris quelque chose et les gens interprètent… Bref, ce que nous avons fait, c’est que nous avons été dans une cabane à la campagne, genre dans la montagne, dans la forêt, peu importe, pour faire ressortir l’esprit de groupe et aussi pour balancer des idées sur lesquelles nous avions travaillés chacun de notre côté. Car lorsque tu travailles sur quelque chose chez toi, parfois tu te retrouves coincé dessus. C’est donc toujours bien de montrer ça aux autres gars pour essayer de l’examiner en groupe, car parfois, c’est ainsi que tu trouves des idées pour continuer.
Söderberg : Avant, nous avions une salle de répétition où tout le monde se rendait environ deux ou trois fois par semaine, mais maintenant nous ne l’avons plus. Du coup, cette fois nous avons écrit des parties séparées et ensuite, à la place de la salle de répétition, nous sommes allés dans cette cabane pour assembler tout ça en étant concentrés.
C’était donc pour éviter les distractions ?
Ça aide toujours de s’isoler parce qu’alors tu peux mieux te focaliser sur ce pourquoi tu es là.
Hegg : Tu sais, nous avons été séparés pendant un long moment et nous ne nous voyions pas vraiment. Nous avons peut-être eu quelques jours où nous avons pu nous retrouver pour essayer des trucs dans d’autres endroits, mais nous voulions prendre une semaine pour être tous ensemble, tout le groupe, pour retrouver une atmosphère. Un peu comme lorsque nous sommes sur la route où il y a cette atmosphère particulière où on est tout le temps les uns avec les autres. Pour retrouver les racines du groupe, pour ainsi dire, comme dans la vieille salle de répétition.
Dans votre message sur Twitter à ce sujet, vous avez dit que « ça pourrait être très productif ou très frustrant. » Du coup, au final, c’était comment : productif ou frustrant ?
Je ne sais pas, un peu des deux ! [Rires] Je crois que nous en sommes ressortis avec quelques démos que nous avons enregistrées et qui sont devenues des chansons qui sont sur l’album. Mais pour ma part, c’était frustrant parce que je galérais énormément avec les paroles ! C’est difficile et je n’arrivais pas à trouver les bons mots ou quoi. C’était donc dur à cet égard mais je pense qu’au final, c’était une bonne expérience.
L’album s’appelle Jomsviking, qui est un ordre semi-légendaire de mercenaires Vikings. Qu’est-ce qu’ils symbolisent pour vous ?
Les Jomsvikings étaient un peu comme les légions étrangères françaises de leur époque. Ils étaient, comme tu l’as dit, des mercenaires Vikings, une force d’élite Viking, en gros, que n’importe quel homme pouvait rejoindre, s’il était assez vieux ou assez jeune [rires], tu ne pouvais être ni trop vieux, ni trop jeune ! L’histoire des Jomsvikings en tant que telle, si tu lis la vieille saga nordique, est très intéressante, vraiment fascinante, comme la façon dont ils ont vu le jour et comment ils ont disparus. Mais je voulais me servir de cette histoire comme toile de fond pour le concept de l’album, en raison de qui étaient les Jomsvikings et ce qu’ils représentaient en tant que mercenaires et guerriers légendaires particulièrement habiles. C’est donc un peu pourquoi cette histoire en particulier convenait au récit que je voulais écrire.
Vous considéreriez-vous comme des Jomsvikings modernes ?
Je suppose, d’une certaine façon, mais nous ne sommes pas vraiment des mercenaires dans le même sens.
Söderberg : Nous foulons la scène, en faisant rage et en la pillant de la même manière.
Hegg : Ouais [rires] !
« Nous avons littéralement pensé [cet album] comme une bande originale de film, autant d’un point de vue instrumental que vocal. »
Vos quatre derniers albums, au moins, faisaient référence à des Dieux de la mythologie nordique (Loki, Surtur, Thor, Oden). Cette fois-ci, l’album fait référence à des hommes. Est-ce qu’il y a une raison spécifique à ça ?
Pas vraiment. Lorsque nous avons commencé à discuter de ce que nous allions faire pour le prochain album, comme comment nous pourrions faire quelque chose de nouveau, quelque chose de différent, j’avais déjà commencé à écrire l’histoire, le script, en tant que projet personnel. J’ai donc présenté l’idée et le récit aux gars et j’ai dit : « Nous pourrions utiliser ceci pour un album conceptuel. » Et ils ont dit : « Ouais, bien sûr, faisons ça. » Voilà pourquoi nous avons fait ce choix. Je trouve que c’était une bonne idée de s’éloigner des Dieux et de la mythologie pendant un moment. Ca a toujours un peu fait des allers-retours avec le groupe car l’album With Oden On Our Side de toute évidence avait des aspects mythologiques mais beaucoup de choses ne l’étaient pas vraiment. Et ensuite Twilight Of The Thunder God alternait entre des choses peu mythologiques et d’autres qui l’étaient complètement. Mais cette fois, c’est une histoire purement inventée à propos d’hommes Vikings et d’une femme. Il était donc important que ce ne soit pas à propos de Dieux et de trucs mythologiques.
Doro Pesch chante sur la chanson « A Dream That Cannot Be ». Je sais que pour la chanson “Hel” sur l’album précédant, l’idée d’origine était d’avoir une chanteuse, avant que vous n’ayez fait finalement appel à Messiah Marcolins. Est-ce donc quelque chose que vous vouliez faire depuis longtemps, avoir une chanteuse sur une chanson ?
Non, pas vraiment. Je crois que pour la chanson « Hel », nous avions effectivement parlé d’avoir une chanteuse mais nous avons tous ressenti que Messiah serait le bon choix, et c’est donc la raison pour laquelle nous avons fait appel à lui. Avec Doro… Avoir une chanteuse, c’est en fait quelque chose pour laquelle nous avons toujours dit : « Ah, non… Pas vraiment. »
Söderberg : Nous pensions que ça n’irait pas à notre musique mais là, nous avons pensé que, puisqu’il y a une femme très présente dans cette histoire, nous avions vraiment besoin d’avoir du chant féminin sur cette chanson. Et ensuite, le choix s’est naturellement porté sur Doro Pesch, car elle a une voix très hard qui envoie et colle à notre musique.
Hegg : Ouais, et c’est une voix imposante et caractéristique et elle, en tant que personne, évidemment, étant la légende et l’icône qu’elle est, est aussi un personnage imposant qui confère une hauteur supplémentaire au personnage de l’histoire. Ce qui est quelque chose à laquelle, au moins à titre personnel, j’ai pensé et qui faisait que ça avait du sens de lui proposer.
Pourquoi cette chanson en particulier ?
Pour répondre à ça, je suppose qu’il faudrait que nous discutions de toute l’histoire mais, en gros, c’est le récit d’un jeune homme qui tombe amoureux d’une jeune femme, mais elle s’apprête à épouser quelqu’un dans un mariage arrangé et il essaie de la kidnapper. Il essaie de s’enfuir avec elle mais ils sont rattrapés par un garde et il tue le garde, ce qui l’oblige à fuir [sans elle]. Et c’est dans sa fuite qu’il rejoint les Jomsvikings. A la fin de l’histoire, des années plus tard, il a l’occasion de revenir dans sa terre natale, d’obtenir sa vengeance et, il l’espère, regagner l’amour de cette fille. Mais lorsqu’il la rencontre enfin, elle ne veut plus rien avoir à faire avec lui. Elle a poursuivi son chemin, elle a une nouvelle vie maintenant, elle est très confiante et indépendante. Donc, dans cette chanson, j’ai écrit les paroles là-dessus et j’ai intentionnellement écrit ça sous la forme d’une conversation où, en fait, ils ne se parlent pas l’un à l’autre, ils ne font que déclarer des choses. Il parle, elle parle, mais il y a comme une barrière entre eux, c’est presque comme s’ils parlaient mais ne se parlaient pas entre eux. C’est donc pour cette raison que cette chanson est là, pour illustrer le fait que : il traque le passé alors qu’elle est passée à autre chose. Lorsqu’il se rend compte de ça, tout son monde s’effondre.
Les chansons « One Thousand Burning Arrows » et « Back On The Northern Shores » ont des moments un peu plus doom, mélodiques et mélancoliques. « Back On The Northern Shores » présente également parmi les growls les plus graves que tu aies faits. Peux-tu nous en dire plus au sujet de ces chansons ?
« One Thousand Burning Arrows » est une chanson d’enterrement. C’est le fondateur des Jomsvikings qui meure. Il a une part proéminente dans l’histoire, qui n’est pas très visible dans l’album mais nous voulions quand même la conserver parce que c’est une partie vraiment puissante, tu vois, tout le processus de deuil, l’enterrement et tout. Et je trouve que Johan a trouvé une super musique pour aller avec.
Söderberg : Ce qu’il y a de bien quand on a l’histoire qui est prête avant de commencer à écrire la musique, c’est que tu peux voir que tu as besoin d’écrire une chanson sur un enterrement et un deuil, et alors tu sais immédiatement que tu dois la rendre plus mélancolique, plus doomy et épique pour que ça colle au sujet.
Hegg : Donc lorsque tu fais des chansons comme celle-ci et aussi « Back On The Northern Shores » qui est aussi… Cette chanson en particulier possède plusieurs visages différents. Tu as la première partie qui est vraiment épique, où ils sont en chemin, ils savent que quelque chose les attend, ils ne savent pas quoi, mais ça sera dur et ils le savent, ce qui ne les empêche pas de continuer. Et tout d’un coup, toute la chanson explose dans un violent combat, c’est là où ça prend et que ça devient plus agressif, et ensuite, à la fin, là où le personnage principal meure, il y a ce passage calme, sombre et étrange où il regarde le ciel avec ses yeux morts – c’est un peu ce que raconte les paroles – et il voit [la déesse] Freyja venir à lui et l’amener au Valhalla, mais il n’est pas explicitement dit si ça arrive vraiment ou si c’est un rêve. Ça n’a pas vraiment d’importance, mais à ce moment-là, tu es obligé d’aller sur un terrain plus sombre, plus profond, y compris avec la voix. Voilà donc pourquoi j’ai fait ça sur ces chansons, mais nous avons effectivement délibérément essayé de travailler avec différentes couleurs vocales pour différentes chansons, de façon à souligner l’émotion et l’histoire ; idem avec la musique. Nous avons littéralement pensé ça comme une bande originale de film, autant d’un point de vue instrumental que vocal. C’était donc important pour nous que ça fonctionne dans son ensemble.
« Lorsque j’étais gamin, mes amis adoraient Le Seigneur Des Anneaux et tous ces trucs pendant que moi je lisais des histoires et légendes Vikings. Pour moi, c’était plus palpitant parce que, putain, ils ont existé ! C’est du réel ! »
Vous avez travaillé pour la deuxième fois d’affilée avec le producteur Andy Sneap. La dernière fois, pour l’album Deceiver Of The Gods, tu nous avais dit que vous vouliez vous rapprocher de votre son live et que, sachant que vous alliez travailler avec Andy, ça vous a encouragé à écrire d’une certaine manière. Du coup, comment cette collaboration a-t-elle évoluée ?
Söderberg : C’était différent cette fois, nous n’avons pas cherché à nous rapprocher de notre son live, car nous avons pensé cet album comme un concept. Il a été décidé qu’il sonnerait plus épique et posséderait plus d’éléments sonores.
Hegg : Ouais et que nous essaierions tous différents angles et le construirions vraiment comme un album conceptuel. Je pense que c’était surtout là-dessus que nous avons misé. Ceci étant dit, je crois que nous avons quand même gardé un peu de ce côté live. Plein de producteurs feront plusieurs prises, prendront quelques petits bouts ici et là et assembleront tout ça pour virer toutes les petites erreurs, les sons bizarres, les glissés sur la guitare, etc. mais Andy ne veut pas faire ça, et nous ne voulions pas qu’il le fasse parce que, selon nous, si tu le fais, ça devient trop lisse et c’est presque comme si c’était informatisé et non joué, alors que c’est le cas. Bien sûr tu peux faire différentes prises et utiliser les meilleures, mais si tu commences à découper des petits bouts pour créer la prise parfaite qui n’a aucune erreur, alors c’est presque inhumain, je trouve. Et puis, de toute façon, ce n’est pas comme ça qu’on joue. Donc, pour nous, c’était important de… Dernièrement, sur les quelques derniers albums, il a été plus important d’avoir une musique au son organique que tu obtiens en faisant de plus longues prises, en conservant la meilleure et puis passant à autre chose, plutôt que de tout découper en petits morceaux et prendre les meilleurs parmi ceux-ci.
Vous avez récemment sorti un teaser humoristique où l’on voit Thor, le Dieu du tonnerre, joué par le catcheur Josh Barnett, qui écrase un « hater » d’internet. Etait-ce un fantasme pour vous ?
[Rires] Non. C’était une façon amusante de proposer un teaser pour l’album. L’idée générale du teaser est venue du label. Ils voulaient sortir quelque chose, et nous ne voulions pas le faire en tant que groupe, car nous trouvions que l’annonce serait suffisante. Mais lorsque cette idée a commencé à se développer, nous avons parlé de faire ce truc avec Josh et tout, nous nous disions : « Ouais, ce sera marrant ! » [Petits rires] Donc d’une certaine façon, c’est un peu… Je ne vais pas dire que c’était exactement ce à quoi nous pensions mais c’est un peu notre manière de réfléchir sur le fait que c’est un signe des temps, le fait que plein de gens se cachent derrière leurs écrans et claviers pour écrire des choses vraiment haineuses et dégueulasses sur des groupes ou des gens qu’ils ne leur diraient jamais en face. C’est donc un peu une réflexion là-dessus, je suppose, mais c’est surtout fait pour être drôle.
Comment Josh Barnett a-t-il été impliqué dans ce teaser?
Nous connaissions déjà Josh. Nous l’avons rencontré plusieurs fois. C’est un chouette type, un mec gigantesque et dangereux [rires] mais il est parfait ! C’est un personnage parfait pour ça. Nous lui avons donc simplement demandé si ça lui dirait de le faire et il a dit : « Ouais, quand vous voulez ! »
Johan, tu as joué un rôle dans le film d’action suisse Northmen: A Viking Saga. Peux-tu nous en dire plus sur comment tu t’es retrouvé impliqué là-dedans ?
Je vais essayer de faire court [petits rires]. L’un des scénaristes, Bastian Zach, est un grand fan d’Amon Amarth, et il a en fait écrit ce rôle de Valli avec moi en tête. Du coup, lorsqu’ils ont fait le casting, le producteur a dit : « Bon, c’est une petite partie, pourquoi ne pas simplement lui demander s’il veut le faire ? Ce serait amusant. » Ils m’ont donc demandé si j’étais partant pour le projet et j’ai dit « bien sûr ! » On a donc foncé. Ensuite, il y a eu pas mal d’allers-retours et je ne savais pas si ça allait vraiment se faire ou pas mais finalement, j’ai reçu un appel qui disait : « Ouais, tu pars pour l’Afrique du Sud ! Nous allons filmer ça ! » J’y suis donc allé, je me suis éclaté pendant environ deux semaines et demi, j’ai passé de bons moments et je me suis fait des amis parmi le reste des acteurs, l’équipe et les cascadeurs. C’était génial, c’était vraiment l’éclate !
Et comment était l’expérience en tant qu’acteur ?
C’était marrant ! C’était super, je me suis vraiment amusé. Lorsque nous filmions les scènes de combat, j’ai dit à quelqu’un : « Ce devrait être illégal de s’éclater autant ! [Rires] Je n’aurais jamais cru que ce serait aussi amusant de mourir ! » [Rires]
« Tu as de plus grandes chances d’atteindre le succès si tu restes cohérent que si tu essaies de faire les choses différemment pour justement rechercher le succès. »
Comment comparerais-tu le fait de jouer un rôle au cinéma et être le frontman d’un groupe de metal ?
C’est différent. Je dirais que lorsque tu montes sur scène, c’est toujours toi mais, d’un autre côté, c’est aussi un autre personnage. Mais quand même, ça reste une part de toi-même que tu fais ressortir, alors que lorsque tu es acteur, tu dois [incarner un personnage qui n’est pas toi]. C’est quelque chose dont je ne me suis pas rendu compte avant d’y être mais j’ai été bien aidé par les autres. En gros, le premier truc que nous avons fait, c’est que moi et James Norton, nous nous sommes posés tous les deux, car nous sommes frères dans le film, et avons commencé à discuter du passé des personnages : d’où nous venions, comment nous étions arrivés là, sur ce bateau, qui nous étions, quelle était notre relation avec notre famille et les autres personnes du groupe, et ainsi de suite. Nous avons donc commencé à construire ces personnages, et je ne m’étais jamais rendu compte à quel point c’était important, parce qu’une fois que tu as ces personnages en tête, à la minute où quelqu’un dit quelque chose, tu réagis comme si tu étais cette personne. C’est plus facile de rentrer dans le rôle ainsi plutôt que de simplement lire les répliques. Au lieu de réciter tes répliques, tu réagis à quelque chose avec cette réplique, comme si c’était normal. Et je pense que c’était presque comme une révélation pour moi parce que c’est tellement différent. Mais étant sur scène en tant que frontman, bien sûr que j’ai aussi des répliques, j’ai le chant, mais c’est moi qui ai écrit ces répliques, je les connais par cœur et j’ai la musique à laquelle m’identifier pour les exprimer. Je sais donc précisément quoi faire et puisque j’ai écrit les paroles, elles font toutes parties de moi. Donc, vu sous cet angle, c’est complètement différent.
Il y a une nouvelle série télé qui a pas mal de succès qui s’appelle Vikings. L’as-tu vue ?
Oh ouais ! J’en suis à la saison trois ! [Rires] La quatrième arrive le huit février.
Etant donné ton attachement à la culture Viking, qu’en penses-tu ?
J’adore ! Je la trouve superbe ! C’est marrant que tu en parles parce qu’il se trouve que je vais sur le plateau de la série la semaine prochaine pour rencontrer Clive Standen, le mec qui joue Rollo ! Il semble être un mec très cool. Je suis impliqué un peu en marge mais Grimfrost et moi avons conçu une hache de combat pour lui [petits rires].
Est-ce qu’on pourrait espérer te voir dans Vikings à l’avenir ?
Il y avait des discussions sur le fait que je pourrais peut-être faire quelques extras, comme être figurant. Mais il n’y avait aucun tournage prévu pour des figurants dans Vikings lorsque j’y étais et il n’y en aura pas non plus la semaine prochaine. Donc, ce ne sera pas pour cette fois mais peut-être dans le futur !
On dirait que la culture Viking est en train de gagner en popularité en ce moment. Comment l’expliquez-vous ?
[Réfléchit] Je ne l’explique pas ! [Rires]
Söderberg : Si nous avons une quelconque responsabilité dans le fait que ça prenne de l’ampleur, c’est un énorme honneur pour nous.
Hegg : Mais, je pense aussi, pour être franc, qu’il y a plusieurs raisons à ça. Et l’une des raisons qui m’ai venue à l’esprit plus tôt dans la journée – car nous avons eu une question similaire et j’y ai réfléchi après coup -, c’est que lorsque j’étais gamin, mes amis adoraient Le Seigneur Des Anneaux et tous ces trucs pendant que moi je lisais des histoires et légendes Vikings. Pour moi, c’était plus palpitant parce que, putain, ils ont existé ! C’est du réel ! Donc pour moi, c’était encore plus passionnant et je crois qu’une bonne part de ces trucs fantastiques, surtout Le Seigneur Des Anneaux, est très inspirée par l’histoire et la mythologie Viking qui a conquis les gens et les a motivé à en savoir plus sur le sujet, et comme l’a dit Johan, c’est aussi probablement parce que des groupes comme nous ont inspirés pas mal de metalleux. Tu n’imagines pas le nombre de gens dans l’industrie du cinéma et ce genre de choses, surtout parmi les scénaristes, qui sont des metalleux ! Tu les rencontres constamment : « Oh, ouais, je suis scénariste » ou « Je travaille pour ce studio de cinéma » et c’est plutôt cool ! [Rires] Il y a donc énormément de gens que ça intéresse. Je suis certain que c’est un peu grâce à des groupes comme nous ; je ne dirais pas que ce n’est que nous [petits rires]. Mais je pense aussi que plus les gens en apprennent sur les Vikings et les comprennent, plus fascinant ça devient pour eux.
Amon Amarth est devenu l’un des groupes de death metal les plus populaires. Mais l’une des critiques récurrentes au sujet d’Amon Amarth est que, tout comme AC/DC, vous ne changez jamais musicalement…
Les deux : [Rires] C’est une bonne chose !
Hegg : Je crois qu’il y a deux choses que tu peux toujours dire à propos d’un groupe : A) il ne change jamais ou B) il change trop souvent. C’est comme ça. Et nous avons l’impression que tous nos groupes préférés sont ceux qui restent fidèles à leur formule et à ce qu’ils sont. Car c’est ce que nous aimons chez eux : AC/DC, Iron Maiden, Motörhead…
Diriez-vous que c’est justement cette cohérence qui a permis à Amon Amarth d’avoir un tel succès ?
Je suis absolument certain que c’en est la raison, car c’est ce que nous faisons, c’est ce que nous aimons ! Nous faisons ce que nous voulons faire, ce que nous aimons faire.
Söderberg : Tu as de plus grandes chances d’atteindre le succès si tu restes cohérent que si tu essaies de faire les choses différemment pour justement rechercher le succès.
Hegg : Je le pense aussi, car autrement tu n’es pas en phase avec toi-même. Et je crois qu’il y avait quelqu’un pendant une interview qui a dit : « Les gens me demandent : ‘Amon Amarth, c’est quoi ? Du black metal ? heavy metal ? death metal ?’ Et j’ai répondu : ‘Non, non, non, c’est du metal qui vient du cœur !’ » Et je trouve ça tellement bien ! C’est super parce que c’est un peu ça, tu vois ! C’est ce que nous aimons, nous adorons cette musique et nous voulons écrire cette musique ! Evidemment, pour certaines personnes, le fait que nous ne sortons pas des sentiers battus pourrait paraître ennuyeux, mais pourquoi voudrions-nous écrire quelque chose en laquelle nous ne croyons pas ? Ça n’a aucun sens. D’autres groupes affirment qu’ils changent d’inspiration d’album en album, et je le respecte. Si tu parviens à le faire, t’en tirer, bien le faire et que c’est ce que tu veux faire, ça ne pose absolument aucun problème. De notre côté, ce n’est pas ce que nous voulons faire et ce n’est pas ça Amon Amarth. Nous sommes Amon Amarth, nous ne sommes pas Amon Amarth un jour et puis un autre groupe le jour suivant.
Interview réalisée par téléphone le 20 janvier 2016 par Valentin Istria.
Fiche de questions : Nicolas Gricourt & Philippe Sliwa.
Introduction : Nicolas Gricourt.
Retranscription : Valentin Istria.
Traduction : Nicolas Gricourt.
Photos : Tomas Giden.
Site internet officiel d’Amon Amarth : www.amonamarth.com
Il a dit : « Lorsque j’étais gamin, mes amis adoraient Le Seigneur Des Anneaux et tous ces trucs pendant que moi je lisais des histoires et légendes Vikings. Pour moi, c’était plus palpitant parce que, putain, ils ont existé ! C’est du réel ! ». Ben une chose est véridique : sans la mythologie nordique (que j’adore tant), il n’y aurait pas eu de Seigneur Des Anneaux (oui, oui, Tolkien s’est inspiré des légendes nordiques pour son œuvre) ! Faudra que je me l’achète leur nouvelle tuerie viking ! Sköll, Amon Amarth !!!
At Dawn’s First Light est top, le nouvel album craint d’être bon, même si il semble plus mélodique.
Personnellement je trouve que leur musique à évolué, depuis le death de The Crusher, puis VS The World à l’ambiance sombre puis les albums plus épiques et accrocheurs…