« Euh… Radio Metal ? Mais pourquoi vous voulez venir ici ? Vous savez, nous c’est plutôt les musiques électroniques… », voici pour résumer ce que l’organisation de l’Amphi Fest, célèbre festival d’indus allemand, nous a répondu quand nous avons formulé nos demandes d’accréditations pour cet événement. Et pour cause, notre demande était pour le festival l’une des toutes premières en provenance d’un média web étranger !
Mais les quelques réserves de notre partenaire ont vite été dissipées par l’argumentaire suivant : le fait que certains membres du staff RM apprécient ce genre de musique fort peu mis en avant en France, la présence de l’émission dancefloor Body Electric un vendredi sur deux dans notre grille des programmes ou encore la proximité des courants musicaux que sont l’EBM, l’indus ou la synthpop avec la manière dont nous appréhendons le metal. Après les reportages au Greenfield, au Hellfest, au Main Square, au Sonisphere et au festival Léz’Arts Scéniques, voici le récit du sixième chapitre de notre périple estival qui nous a cette fois emmené outre-Rhin, à Cologne. Alors prenez votre baluchon et rejoignez-nous pour ce voyage plein de découvertes musicales au pays de l’industriel. NB : le live report de la journée de dimanche est également disponible.
Festival : Amphi Fest
Artistes chroniqués : Hocico – Suicide Commando – Die Krupps – Leaether Strip – In Strict Confidence – Grendel – Frozen Plasma – Winterkälte – Mind.In.A.Box
Lieu : Cologne (Allemagne)
Dates : 16 juillet 2011
Vivre un fest de musique électronique en Allemagne, c’est accepter d’être entouré de 10 000 personnes avec une population féminine incroyablement nombreuse (un coup d’œil aux photos bonus s’impose… mais pas tout de suite. Non, revenez immédiatement ici !). Mais nous étions avant tout à Cologne pour travailler, pas pour s’amuser (!), donc voici le compte-rendu des principaux concerts de la journée de samedi.
Sur cette édition 2011, nous avons fait le choix de porter avant tout notre attention sur les groupes de la Staatenhaus, la seconde scène de l’Amphi Festival. C’est ici que Mind.In.A.Box démarre son set à 13h25. Un événement lorsque l’on sait que le groupe autrichien n’a commencé à donner des concerts que récemment. Les écrans géants sont présents en fond de scène et Stefan Poiss, la tête pensante de Mind.In.A.Box, est surélevé avec ses machines sur un podium. Peu communicatif avec le public, Stefan parvient tout de même à charmer l’audience avec sa magnifique voix claire qui sera d’ailleurs trop peu mise en avant à cause du choix des compos interprétées.
Si l’on peut tout de même noter une guitare pas assez mise en avant, une batterie un peu trop forte et un choix de setlist discutable étant donné la durée du concert, ne boudons pas le vrai plaisir que fut ce set de Mind.In.A.Box. Car les somptueuses lumières rouges sur « Change » et la capacité à retranscrire les titres des disques en les réaménageant toujours à bon escient (grâce aux variations du chant notamment) auront fait de cette prestation un moment rare et particulièrement émotionnel. On regrettera tout de même le peu de public présent à cause de l’horaire de passage, un set vraiment trop court et en conséquence le manque d’un tube comme « 8 Bits » qui est tout de même le single du dernier album du groupe. Messieurs, nous voulons rapidement vous voir avec un set complet ! En tout cas, une très belle entrée en matière avec cette formation de technopop.
La transition avec Winterkälte s’avère délicate pour les oreilles non averties car le duo composé de Udo Wiessmann et Eric De Vries propose un sommet de musique noise/indus extrêmement linéaire. Le beat est très dynamique et la performance du claviériste et du machiniste très physique. Winterkälte a un univers bien à lui et demeure sur scène comme sur disque : le résultat d’une expérience difficile à digérer dont on ne remettrait pas le couvert tous les jours. Une expérience exigeante autant pour des musiciens très concernés qui se donnent à 100% que pour le public familiarisé (ou non) avec les compos des allemands. Les stroboscopes seront très présents sur ce set à l’instar des échanges de regards complices entre les deux performers. Durant quarante minutes, c’est donc une sacrée performance scénique qu’a délivré Winterkälte au cours de ce concert où les compos rythmiques (« Forms Of Hands ») furent privilégiées sur les titres déstructurés. Un concert qui se tiendra en tout cas à une puissance sonore beaucoup trop élevée. Avec sa musique bruitiste et frénétique, Winterkälte a fait complètement exploser la Staatenhaus !
On poursuit avec Frozen Plasma qui met en avant des compos beaucoup moins brutales (c’est un euphémisme !) que Winterkälte, avec sa musique futurepop qui tombe parfois dans le piège du kitsch. Mais les morceaux du groupe restent corrects et il en faut finalement peu pour que le public soit réactif et chaleureux. Au chant, Felix Marc (Diorama) fait partager une bonne humeur communicative et son jeu de scène à base de sauts, de lancés de bras passe très bien l’épreuve du live. Frozen Plasma sur scène : ce sont des compositions assez simples délivrées dans le cadre d’un set professionnel et carré.
Grendel fait partie des artistes vraiment attendus en ce samedi 16 juillet. Mais ce sont des problèmes de sons qui gâchent le début de ce set et le très bon « Harsh Generation » qui l’ouvre… obligeant même le groupe d’aggrotech à quitter la scène pour laisser le temps aux techniciens d’agir. Dommage ! Les compos de Grendel font partie de la nouvelle vague EBM et sont finalement assez communes. Pour autant, l’audience se fait clairement plaisir sur ces tubes dancefloor qui font du bien aux oreilles. VLRK au chant est souriant et sympathique. Il reste surtout humain comparé à sa voix largement trafiquée sur albums et semble d’ailleurs avoir pour modèle Andy LaPlegua (Combichrist) pour sa très bonne couverture de la scène. De jolies lumières et des tubes auxquels on ne s’attendait pas comme « Dirty » nous auront fait passer un agréable moment.
Créé en 1992, In Strict Confidence est un groupe allemand d’electro-dark-wave important. Pourtant, en live le groupe reste sacrément plat. Même si le public était assez réceptif et qu’on sentait un In Strict Confidence évoluant à domicile, le groupe que l’on avait déjà vu au Dark Halloween Fest à Lyon aura proposé un set sans saveur… surtout quand on compare à Leaether Strip qui lui succédait ! Claus Larsen fait peu de concerts et depuis 2010 son mari Kurt Hansen est présent sur scène à ses côtés (le mariage homosexuel est autorisé au Danemark). Une alchimie qui se ressent sur scène : Kurt s’occupe des claviers pendant que Claus a une totale liberté d’action devant les planches. La voix de ce dernier est toujours aussi particulière et les tubes que sont « Japanese Bodies » ou « Strip Me Down » suscitent un enthousiasme non dissimulé de la part du public. Ce show marquant fut trop court – une heure ce n’est pas assez pour un groupe aussi important que Leaether Strip ! – mais l’audience sortira de la Staatenhaus en ayant eu conscience d’avoir vu sur les planches une icône de l’EBM qui a toujours autant la patate sur scène et qui est toujours autant à l’aise.
Rendez-vous cette fois sur la Main Stage avec Die Krupps dont la prestation récente au Divan Du Monde nous avait enchantés. C’est donc sans surprise que nous constatons la présence toujours aussi charismatique de Jürgen Engler (chant) et les tubes du groupe que sont « Fatherland », « Germaniac » ou encore « Metal Machine Music ». Un set toujours autant maîtrisé mais qui fut, à l’image du show donné par Nitzer Ebb le lendemain, point pour point semblable au show parisien dont nous vous invitons à (re) découvrir la chronique dans nos colonnes. Suicide Commando a déjà démarré son set au moment où Die Krupps salue son public. Dommage que les deux groupes aient joué dans le même temps parce que Suicide Commando, un groupe culte dans la scène electro-indus, a délivré l’un des meilleurs concerts de ces deux jours à Cologne. Une prestation à l’énergie pure d’une rare intensité portée par l’attitude de Johan Van Roy (chant) et le beat des compos qui auront provoqué une adhésion immédiate des festivaliers. Suicide Commando et ses mélodies que l’on garde en mémoire, Suicide Commando et sa musique taillée pour le live «(« Dein Herz, Meine Gier », « Hate Me », « Love Breeds Suicide », Suicide Commando et le chant trafiqué inégalable de Johan (un homme qui a su rester authentique malgré le succès) : oui, ce concert fut un grand concert !
Hocico sera pour nous le dernier concert de la journée. Et quel concert ! Un show bestial, plein de vie, où Erk Aicrag ne cesse de déambuler sur toute la scène au son envoyé par Oscar (Racso) Agroyam, son collègue caché derrière la fumée et le brouillard. De nombreux téléviseurs présents sur scène en plus des écrans géants apportent une vraie dimension hypnotique à ce show. « Forgotten Tears », « Instinct Of Perversion » ou « Distorted Face » : autant de hits d’un groupe incarné par Erk Aicrag. Il est d’ailleurs surprenant de voir à quel point le chanteur est concentré et parvient à maintenir un dynamisme très élevé tout au long du set. Alors que le public commençait à fatiguer, l’audience avait l’impression que l’ami Erk montait en régime et était prêt à en découdre encore pendant de longues heures ! Signalons d’ailleurs sa capacité à couvrir la scène seul car, comme expliqué plus haut, son acolyte aux machines restera discrètement en fond de scène durant tout le show. En faisant la part belle aux titres plus anciens, Hocico a su fédérer le public de l’Amphi Fest avec un show d’une réelle intensité. Alors que Rabia Sorda (le projet parallèle du chanteur d’Hocico) ne suscite pas vraiment l’enthousiasme sur scène, Hocico parvient à mettre tout le monde d’accord sur chacun de ses concerts. Ce grand set de l’Amphi Fest fut juste une preuve de plus.
C’est donc avec le sourire aux lèvres que nous terminons cette première journée à Cologne. Nous noterons d’ailleurs une ambiance différente entre un festival d’EBM/indus et un fest normal de metal ou de rock/pop. Ici pas d’épaves alcoolisées gisant par terre mais des tenues incroyables et, malgré tout, une certaine élégance globale peu observée en festivals.
En outre, comme nous avons conscience que la plupart des artistes évoqués dans ce compte-rendu sont inconnus du public metal, voici cinq vidéos d’artistes présents ce samedi pour vous faire une idée de leurs compos.
NB : le live report de la journée de dimanche est également disponible.
Photos : Le Duc et son assistant Crusty
Mise en forme compte-rendu : Doc
Weekend prochain ya le famillien treffen en allemagne de lest
festival branché e.b.m e.bm oldschool
puis les weekend dapres encors dautre fest sa n’arrete pas en allemagne!!
…Dans l’même genre (electro-metal-dark-indus-goth) y’a l’ex-Gothfest devenu shadowsplay fest (courtrai, flandres belges, près de Lille), qui recevait également ce week-end les mexicains diaboliques Hocico mais aussi des pointures dark-waves 1980-90 (salut les quadras comme moi!…) Clan of Xymox, etc…
…Et je pense aussi, dans l’esprit cross-over, au Durbuyrock Fest
(Ardennes belges) qui a proposé l’année dernière un vendredi électro-indus (Front 242, Punish Yourself,…) puis un vendredi métal: pas con comme idée, isn’t it!
Okay je note ce festival pour l’année prochaine. Joli premier compte-rendu, ça donne faim !
Ahhh que des bon groupes! un jour, un jour ^^
Je vous hais…
ah vous voila enfin !!!
nous avons gardé votre intervention au micro dans notre emission estivale ( vous vous souvenez de la rencontre fortuite entre français dans l’espace V.I.P le samedi soir ?? Si si c’est bien nous.. ) et je dois avouer qu’il s’agit d’une bien belle review du festival que voici ! Dans l’ensemble nous sommes d’accord sur la prestation des groupes ( bon sauf sur kirlian camera et elena fossi qui nous a charmé et pour lequel nous manquons d’objectivité… )
En tout cas, excellente review et très bon site !!
Au plaisir de vous revoir lors d’un prochain festival goth outre rhin !!
héhé merci de vos remarques les sudistes !! 😉
A très vite et si vous avez un podcast de votre émission radio spéciale Amphi Fest n’hésitez pas à mettre le lien ici !
Bises