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Chronique Focus   

Anaal Nathrakh – Endarkenment


« Bonne chance ». C’est en ces termes qu’Anaal Nathrakh clôt son message d’intention qui motive la parution d’Endarkenment, son onzième album. Les Britanniques ont raison d’avertir l’auditeur. Endarkenment donne de tout, avec la violence qui caractérise le groupe. Anaal Nathrakh fait désormais figure de taulier de l’extrême (sous ses multiples déclinaisons) et se permet de ne pas changer de voie. Au contraire, il désire aller le plus loin possible quitte à tordre un vocabulaire musical très codifié. Cette fois, Endarkenment abandonne les expériences électro-industrielles précédentes. Anaal Nathrakh rend son propos à la fois plus incisif et efficace, tout en restant très sombre. L’opus porte parfaitement son titre, offrant un regard amer et cynique sur notre époque qui s’écarte dangereusement des valeurs des Lumières.

« Endarkenment » ne souffre même pas d’une introduction. Des harmonies traditionnelles du black ouvrent les hostilités. Mick Kenney alias Irrumator privilégie le blast à tout-va tandis que Dave Hunt alias V.I.T.R.I.O.L. laisse entrevoir les prémices de l’immensité de sa prestation. L’album livre une production résolument froide et clinique, un choix stratégique qui s’explique par les variations constantes de la musique et sa densité. Anaal Nathrakh brise la monotonie d’un lexique extrême par les envolées mélodiques de Dave qui se meut en frontman d’un groupe de power metal. « Thus, Always, To Tyrants » élève encore l’intensité, fusionnant black et grind ; Dave se plaît à éructer voire se rapprocher du pig-squeal. « The Age Of Starlight Ends » démontre une autre facette d’Anaal : l’efficacité mélodique. Le titre a des accents prononcés de Soilwork avec cette voix claire modulée de Dave et ses leads inspirés du heavy des années 80. En trois titres seulement, Anaal Nathrakh a présenté un arsenal très vaste qui bénéficie d’un talent de composition indéniable et d’un chanteur exceptionnel. Les éléments s’enchaînent sans forcer la porte des registres auxquels ils veulent se rattacher. Tout est violent voire brutal, néanmoins souvent mélodique, et extrêmement naturel.

Anaal Nathrakh ne rechigne même pas à donner dans le metalcore. Le riff d’introduction et les breaks rythmiques du crasseux « Libidinous (A Pig With Cocks in Its Eyes) » forment un contraste avec son refrain mélodique où toutes sortes de voix s’enchevêtrent (jusqu’à aller dans le suraigu à faire pâlir King Diamond et Rob Halford ou dans les quasi-bruits de vomissement). Anaal Nathrakh cultive une forme de second degré et d’extravagance qui n’enlève rien à sa puissance. « Libidinous (A Pig With Cocks in Its Eyes) » a des airs de tube, et ce malgré ses relents grind. Derrière la diversité de ses arguments, Endarkenment accuse tout de même quelques failles rhétoriques. « Beyond Words » a des allures de grind écervelé qui ne lève jamais le pied et ne cherche à briller que par sa course effrénée. Les articulations mélodiques de « Feeding The Death Machine » se calquent quant à elle sur « The Age Of Starlight Ends » et si l’efficacité reste de mise, certains gimmicks sentent le réchauffé. La versatilité de Dave Hunt (qui sait résolument tout faire, du black au death en passant par le classic rock et le heavy à la Judas Priest) ne peut pas cacher le matraquage incessant d’Endarkenment. Il faut évidemment du courage pour soutenir sa déferlante. Même la conclusion « Requiem » s’évertue à faire vivre l’agression. Il faut attendre les deux tiers pour voir Anaal Nathrakh lever le pied et délivrer un mid-tempo plus mélodique qui justifie le titre du morceau par son côté marche funèbre (certains remarqueront que l’harmonie et le procédé ressemblent étrangement au « Finally Free » de Dream Theater). Un ralentissement de bout de course. Une épreuve qui a laissé tous les asthmatiques de côté peu de temps après le départ.

Endarkenment régale par ce culte de la violence mêlé à cette volonté de redéfinir ses frontières en multipliant les registres. C’est l’écoute prolongée qui l’érode ou pour être plus précis, le manque d’endurance de l’auditeur. Il enjoint à l’effort parce qu’il est captivant voire accrocheur – peut-être l’opus d’Anaal Nathrakh le plus accrocheur à ce jour – et parce que les musiciens s’en donnent à cœur joie. Il exalte autant qu’il épuise. La réussite d’Endarkenment dépend de notre capacité à doser notre investissement, sous peine de se retrouver essoufflé, en sueur et maudissant cette bedaine de festivalier. Serrer très fort un caillou dans sa main ne suffira pas pour cette fois.

Lyrc vidéo de la chanson « The Age Of Starlight Ends » :

Clip vidéo de la chanson « Endarkenment » :

Album Endarkenment, sortie le 2 octobre 2020 via Metal Blade Records. Disponible à l’achat ici



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