
sans même avoir d’album à promouvoir, puis a sorti Hindsight, une très belle compilation de réarrangements acoustiques d’anciens titres et finalement voilà que le groupe sort aujourd’hui, enfin, son nouvel album qui est, n’ayons pas peur des mots, un véritable chef d’?uvre. Sept ans qui ont pu paraître longs – quoi que le groupe a bien su tenir en haleine – mais qui aujourd’hui se justifient.
Après Vincent Cavanagh avec qui nous nous sommes entretenus en novembre 2008, c’est au tour du second frangin, Daniel, de répondre à nos indiscrètes questions. Et le moins que l’on puisse dire c’est que c’est avec une profonde honnêteté qu’il nous a ouvert les portes de son univers et de cette entité musicale à fleur de peau qu’est Anathema.

« En 2006, je pensais que nous en serions à deux albums de plus, aujourd’hui. Malheureusement, j’ai dû attendre que d’autres personnes soient prêtes. […]Finalement, il n’y en a qu’un, et j’en suis désolé.»
Non, nous n’avons reçu aucune offre. En gros, l’entreprise a plié bagage, et nous n’en avons plus jamais entendu parler. Ils n’ont plus jamais sorti de musique, tout s’est arrêté.
Depuis, vous avez adopté l’approche du « fait maison ». Est-ce parce que vous n’avez plus confiance dans les maisons de disques ?Oui, tu as raison, et tu n’es pas la première personne à le remarquer. Pendant longtemps, j’ai perdu toute confiance dans les maisons de disques, mais aujourd’hui, je suis parfaitement satisfait avec Kscope. Ce sont des gens sympas qui font de leur mieux. C’est la raison pour laquelle nous avons pris tout notre temps : nous ne faisions plus confiance aux maisons de disques. Nous n’avions pas de label et pas de manager. Aujourd’hui, la confiance est revenue. Je suis content d‘être de retour dans la course. L’album est bon, et Kscope font de leur mieux pour le promouvoir.
Malgré cette absence de maison de disques, vous avez réussi à tourner ces dernières années. Comment vous êtes-vous organisés pour rendre cela possible ?Nous avons un responsable du booking à Londres, c’est lui qui s’est occupé de ça. En gros, il nous a permis de gagner de l’argent et de continuer. Il a été excellent pour ça. Et s’il a été capable de faire ça alors que nous n’avions pas de nouvel album à promouvoir, imagine ce qu’il va pouvoir faire maintenant qu’il y en a un ! Je suis très optimiste, et je pense que nous allons très bien nous en sortir financièrement sur les trois à cinq prochaines années. Notre agent s’occupe très bien de nous, et nous avons très envie de continuer à jouer, à travailler et à gagner de l’argent.
Quand avez-vous commencé à chercher à nouveau ? Finalement, était-ce une nécessité ? Aujourd’hui, de nombreux groupes montent leur propre structure…Il est possible qu’on fasse ça, un jour. Il faut qu’on fasse parler de nous, parce que nous n’avons jamais vendu beaucoup d’albums, même si nous savons que nous pouvons devenir un groupe populaire. Au final, nous étions ravis d’avoir une maison de disques pour nous soutenir en termes de promotion, mais également pour pousser le groupe dans d’autres directions et pour toucher d’autres gens. Pour l’Amérique, il faut aussi un label. Nous n’avons jamais eu la chance de percer aux Etats-Unis, mais nous l’avons maintenant. À l’heure actuelle, il est très important pour nous d’être soutenus par l’industrie du disque. Il est possible que nous sortions quelques albums nous-mêmes ou avec l’aide de nos fans d’ici quelques années. Mais pour l’instant, avoir un label est une bonne chose, car ils peuvent financer certaines choses, comme l’utilisation d’un orchestre. Réaliser un album revient cher, et quitte à faire quelque chose, autant le faire bien.
Vous avez pris votre temps pour sortir ce nouvel album, intitulé We’re Here Because We’re Here – sept ans, pour être précis. Vous avez malgré tout mis gratuitement certains titres à disposition au téléchargement. Était-ce une façon pour vous de tester ces chansons ? Avez-vous pris l’avis des fans en compte et retravaillé ces titres ?Nous ne savions pas quoi faire d’autre, nous voulions proposer de la nouveauté à notre public. Les décisions musicales, c’est moi qui les prend, en collaboration avec les autres membres du groupe et notre manager. Ça s’arrête là. J’écoute ce que disent les fans, mais je ne peux pas faire tout ce qu’ils proposent. On entend tellement d’avis différents, on ne peut pas faire plaisir à tout le monde. Au final, ce qui importe vraiment, c’est mon opinion, puis celle de Vincent, de John et du reste du groupe. Évidemment, j’aime qu’il soit satisfait de ce que nous faisons. J’ai retravaillé sur « Angels Walk Among Us» parce que je pensais que les changements étaient nécessaires, et je le pense toujours. L’enregistrement est bien meilleur, et tout a été amélioré. Le problème, lorsqu’on sort une nouvelle version d’une chanson, c’est que les gens préfèrent l’original, parce qu’ils y sont habitués. C’est la nature humaine. Mais le fait est que la nouvelle version est meilleure.
Ce faisant, vous n’aviez pas peur de faire retomber l’excitation liée à la découverte du nouvel album ?Lorsque nous avons fait ça en 2006, je pensais que nous en serions à deux albums, aujourd’hui. Malheureusement, j’ai dû attendre que d’autres personnes soient prêtes. Je pensais vraiment qu’en 2010, nous aurions sorti un successeur à A Natural Disaster, et que nous aurions deux albums de plus. Finalement, il n’y en a qu’un, et j’en suis désolé. Mais nous avons encore beaucoup de chansons à proposer, des titres que les gens n’ont pas encore entendus.
Le titre de l’album est une référence à une chanson dont l’objectif était de motiver les soldats pendant la Première Guerre mondiale. Considères-tu cet album comme une échappatoire, une porte de sortie pour fuir les mauvaises expériences de la vie ?Je n’appellerais pas ça une échappatoire. Je ne pense pas du tout que la vie soit une échappatoire ou une illusion. La vie, c’est la réalité, et les structures mentales et émotionnelles que les gens créent chaque jour, ça, c’est l’illusion. Je ne pense pas que se diriger vers la lumière soit une façon de s’évader, c’est plutôt un moyen d’être éclairé. Si on veut échapper à la réalité, il suffit de se cacher dans le vaste monde.
D’un autre côté, le titre de l’album est-il un moyen de souligner que l’on se pose trop de questions et que l’on ne profite pas assez de ce qu’il y a de plus important dans la vie ?Oui, c’est une très bonne façon de présenter les choses. Excellent !
Ces sept dernières années, l’album a connu plusieurs changements de nom. Il y a d’abord eu Everything, puis Paradigm Shift, puis Horizons. Vous ne pouviez pas vous décider ?Très franchement, le seul titre qui plaisait à la totalité du groupe était We’re Here Because We’re Here. Généralement, les autres titres avaient toujours deux ou trois réfractaires. C’était souvent John, notre batteur (rires). Il n’aimait ni Horizons, ni Paradigm Shift, ni Everything, mais We’re Here Because We’re Here lui plaisait bien. En gros, c’était le seul titre qui plaisait à tout le monde.

Non, non et non. C’est la pure vérité, et Steven Wilson le sait également.
Doit-on comprendre que tu n’étais pas pleinement satisfait des précédents albums d’Anathema ?Oui. On n’est jamais 100 % satisfait, mais je n’ai jamais été aussi proche de l’être. Nous nous sommes approchés des 100 % avec Judgement et Alternative 4, mais jamais autant. Je pense aussi que notre écriture s’est améliorée. Je me sens beaucoup mieux dans ma vie, ce qui signifie que ma musique et mon groupe vont beaucoup mieux d’un point de vue émotionnel. Ta question est très pertinente : parfois, on peut être satisfait parce qu’il s’agit simplement d’un nouvel album, mais dans ce cas, c’est la vérité.
Si tu es satisfait de ce nouvel album, cela veut-il dire que tu essaieras de recréer cette atmosphère pour le prochain album ?Non, cela prendrait trop de temps. Il est possible que nous sortions un mini-album l’année prochaine, et le successeur de We’re Here Because We’re Here sera un album complet. Mais nous ne prendrons plus tout notre temps, je vous le garantis.
Vous serez peut-être inspirés par la façon dont vous avez écrit cet album…Ces deux ou trois derniers mois, nous avons travaillé dur sur l’album. C’était une période intense, et j’ai adoré ça. Je suis sûr que nous pourrons travailler encore plus vite la prochaine fois.
N’est-ce pas frustrant de sortir seulement maintenant des chansons qui datent de plusieurs années ? Comment réussissez-vous à conserver la passion pour ces titres ?Encore une excellente question, tu poses des questions très profondes ! Pour être honnête, l’album était prêt depuis longtemps, mais du fait de divers empêchements indépendants de notre volonté, tout le monde n’a pas pu se rendre disponible et il a fallu attendre. Pour répondre à ta question, je suis toujours aussi passionné par ces titres : certains en sont incapables, mais moi je peux. J’adore ma musique, et j’adore l’écouter. Ce n’est pas plus compliqué que ça.
D’un autre côté, ce délai supplémentaire vous a-t-il permis d’améliorer les chansons ?Tout à fait. Pour être honnête, ce délai supplémentaire a été très bénéfique. Si nous avions enregistré l’album en 2006, il n’aurait pas été aussi bon. Cet album comporte « Dreaming Light », l’une des meilleures chansons que nous ayons jamais enregistrées, qui a été écrite en 2007 ou 2008. Cet album est très spécial, parce que nous avons pu sélectionner les dix meilleures chansons dont nous disposions.
Ne penses-tu pas que tendre vers la perfection supprime toute spontanéité dans la musique ?Pas à mon sens, car je sais faire dans la spontanéité et la perfection en même temps. Mais nous ne sommes pas un groupe spontané. Nous ne sommes pas le type de groupe dans lequel tout le monde a la même importance. Il y a quelques personnes au c?ur du groupe, et d’autres personnes gravitent autour pour aider là où ils le peuvent. Personnellement, j’arrive à être à la fois perfectionniste et spontané, ça ne me pose pas de problème. Tous les membres du groupe ne sont pas aussi spontanés.


« Lorsque j’ai découvert Takk (NDLR : album de Sigur Ros), je venais de vivre de sacrées expériences en thérapie. J’avais arrêté de boire, et ma vie a complètement changé. J’ai vécu des moments de paix et d’édification incroyables. […]C’est à cette époque que j’ai découvert Takk. […] C’était comme si le groupe avait écrit la bande originale de ma guérison, et j’étais ravi de ressentir quelque chose comme ça. »
Je ne peux pas le comparer à qui que ce soit, ce serait injuste. J’ai trouvé en lui un excellent partenaire de travail, c’était une expérience très agréable. J’ai beaucoup apprécié le personnage, j’ai adoré travailler avec lui. Nous nous sommes très bien entendus, même si le travail n’était pas toujours facile. Il adore l’album, et moi aussi. J’aime beaucoup ce qu’il a apporté par-dessus notre propre travail. Je suis fier que nous ayons pu nous associer, et je suis également fier de jouer avec Porcupine Tree et d’avoir le même management qu’eux.
Steven a-t-il eu une influence sur la musique ? Je pense à un titre comme « Get Off, Get Out », qui ressemble beaucoup à ce que son groupe principal, Porcupine Tree, peut faire, surtout au niveau des arpèges et du chant filtré par-dessus…Non. Tout le monde dit ça, mais c’est John Douglas qui a écrit cette chanson, et Vincent qui l’a produite. Alors la réponse est non ! (rires) Steven aime beaucoup la chanson, mais c’est du pur John Douglas et Vincent Cavanagh.
Étant donné qu’il est très occupé, ça n’a pas dû être facile de travailler avec lui…Eh bien si. Il a trouvé un créneau où il avait terminé son propre travail, et où nous avions nous-mêmes du temps libre. Au final, ça a bien marché.
N’a-t-il pas fini par perdre patience, à cause de toute cette attente ?Peut-être, mais il l’a fait quand même. Mais c’est pas possible, où as-tu eu toutes ces informations (rires)? On dirait que tu étais là avec nous ! Tu as quel âge ? Plus de trente ans ?
Euh, 25 ans…La vache, quel garçon clairvoyant…
Merci (rires) ! La mélodie de « Angels Walk Among Us » ressemble beaucoup à celle de « Angelica », sur l’album Eternity. Y a-t-il un lien entre ces deux chansons ?Oui, tout à fait. Quand j’ai écrit la mélodie de « Angels Walk Among Us », entre 1999 et 2000, je la voyais comme la nouvelle « Angelica ». Un « Angelica Part II », en quelque sorte. Il y a également une signature temporelle identique dans la musique, alors il y a un vrai lien entre les deux titres.
Plusieurs titres de l’album ont un côté alternatif et sont basés sur des crescendos émotionnels, ce que l’on peut rapprocher d’un groupe comme Sigur Ros. Quel est votre lien avec ce groupe ?C’est une énorme influence pour moi. Sigur Ros est mon groupe préféré depuis dix ans. Je les adore, vraiment. Leur album Takk est l’un de mes albums préférés de tous les temps. Pour moi, leur musique est tout simplement magique. Ils sont aussi bons que Radiohead, aussi bons que les meilleurs groupes de la planète. Lorsque j’ai découvert Takk, je venais de vivre de sacrées expériences en thérapie. J’avais arrêté de boire, et ma vie a complètement changé. J’ai vécu des moments de paix et d’édification incroyables. J’avais attendu longtemps avant de vivre des moments comme ceux-là, et j’y suis arrivé grâce à la thérapie. C’est à cette époque que j’ai découvert Takk. J’ai découvert « Hoppípolla » et la vidéo de « Glósóli » en même temps, et c’était une association idéale. C’était comme si le groupe avait écrit la bande originale de ma guérison, et j’étais ravi de ressentir quelque chose comme ça. Ça a eu une grande influence sur « Dreaming Life », par exemple. J’avais l’impression de redécouvrir la vie, la beauté, l’éternité, l’espoir, la pureté et la paix.
As-tu jamais pensé à les contacter pour jouer avec eux sur scène ?Ça ne fait pas partie de mes priorités. Mais je leur ai écrit une lettre pour leur exprimer ma gratitude et leur dire ce que je ressentais vis-à-vis de leur musique.
Puisque c’est ton groupe préféré, pourquoi n’est-ce pas une priorité ?J’adore leur musique, mais travailler avec eux n’est pas priorité. Pourquoi cela devrait-il l’être ?
Vous avez donné quelques concerts avec Anneke Van Giersbergen. Comment vous êtes-vous rencontrés, et comment vous êtes-vous retrouvés à collaborer ?Elle a longtemps été la chanteuse de The Gathering, et j’adorais sa voix et son groupe. Nous avons fait connaissance en 2007, lors d’un festival en Roumanie. Nous avons commencé à discuter et avons réalisé que nous avions beaucoup de choses en commun : les livres que nous lisions, certains idées spirituelles… Je l’ai toujours beaucoup appréciée, c’est quelqu’un de très bien. Nous sommes restés en contact. J’avais déjà donné des concerts acoustiques et il me semblait naturel de lui demander de me rejoindre. C’est ce que nous avons fait et ça a été un énorme succès. C’est pour ça que nous avons continué. Cette collaboration était magique. Nous avons sorti un petit album et nous partons en tournée en Amérique du Sud la semaine prochaine.
As-tu envisagé de l’inviter sur le prochaine album d’Anathema ?J’avais même envisagé de l’inviter sur cet album. Malheureusement, lorsque Lee Douglas a rejoint Anathema pour de bon, j’ai dû oublier cette idée, car elle devenait notre voix féminine. Mais Anneke a déjà chanté sur scène avec Anathema, et c’est une grande amie. Elle aurait été parfaite pour le groupe. Je lui souhaite beaucoup d’amour et de succès. Lee chante depuis longtemps avec nous en tant qu’invitée. C’était normal qu’elle nous rejoigne à plein temps. C’est notre voix.
Entretien réalisé le 24 mai 2010 par Spaceman et Metal’o Phil par phoner
Traduction : Izzy et Saff’
Myspace ANATHEMA :
www.myspace.com/weareanathema

Cet album est une pure merveille mais la voix est trop sous-mixée je trouve…
Je me suis posé exactement la meme question sur Angels walk among us…
J’ai aussi trouvé les voix beaucoup plus hautes sur cet album, j’aurais bien aimé savoir pourquoi…