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Interview   

Annihilator : Jeff Waters n’est plus seul à table


Annihilator a pris le temps. Feast, son nouvel opus sorti le 26 août dernier, a mis trois années à arriver alors que les Canadiens font partie de ces artistes par nature productifs, capable d’offrir à un rythme aussi effréné que leur musique, des albums de qualité. Mais depuis une dizaine d’années, désormais, Jeff Waters n’est plus la seule tête pensante du combo. Son acolyte et partenaire – comme aime à le rappeler Waters lui-même dans l’entretien qui suit – Dave Padden a pris une place importante, poussant Annihilator à devenir un peu plus un groupe à part entière qu’un projet solo déguisé en groupe. Ainsi, les décisions (d’ordre musical comme de business) sont aujourd’hui prises à deux, et la stabilité du line-up actuel nécessite, comme pour toute formation, des accalmies, phases de repos et autres breaks pour pouvoir faire respirer le tout.

Waters nous explique également ce qui entoure cette nouvelle galette : la joie, le fun. Des composantes inscrites dans le code génétique de chaque œuvre des Canadiens, d’ailleurs. La joie de faire du metal, cette musique que chérit tant le leader du groupe. Une passion qu’il désire faire partager aux plus jeunes fans de sa formation. Car au final, Waters est un homme simple qui aime le metal et manger (notamment des donuts). C’est donc en toute simplicité que le guitariste (et bassiste, et chanteur, et compositeur principal) d’Annihilator nous dévoile tout cela lui-même, rappelant au passage que l’honnêteté est, pour lui, l’une des choses les plus importantes de la vie.

« Lorsque le metal coule dans ton sang, tes cheveux et la manière dont tu t’habilles n’ont aucune importance. »

Radio Metal : Par le passé tu nous as dis que tu composais constamment et en 2010 tu avais déjà des nouveaux riffs. Donc, puisque tu es si productif, comment se fait-il que ce nouvel album ne sort que trois ans après le précédent ?

Jeff Waters (guitare) : Nous faisons des disques d’Annihilator depuis de nombreuses années, nous en avons sorti treize. D’habitude il y a entre dix-huit et vingt mois qui séparent les albums. Tu sais, il y a un paquet de riffs de guitare que j’ai écrit depuis 2008 jusque fin 2010, lorsque nous avons fini de tourner. Et Dave et moi avons décidé : « Tu sais quoi ? Nous changeons de maison de disques, pourquoi ne prendrions-nous pas un peu de temps pour faire plein de bonnes choses pour Annihilator et pour nous ? Et la chose en particulier que nous essaierons de faire sera de ne pas aller en studio et de ne pas écrire de chanson. » Nous avons donc passé presque trois ans en dehors du studio. J’ai été dans un studio pour mixer et faire du mastering pour d’autres groupes. J’ai fait des cliniques de guitare à travers le monde pour Gibson et Epiphone et fait deux tournées en Amérique du Sud avec Annihilator et quelques festivals. Nous avons aussi joué sur la croisière du 70,000 Tons Of Metal. Plein de choses. J’ai animé un jam sur le 70,000 Tons Of Metal l’année dernière. Nous sommes donc restés très occupé avec Annihilator et le metal mais avons grosso-modo décidé de ne pas écrire de musique. Simplement parce que nous pensions que, peut-être, cela nous donnerait de la vitalité et de l’énergie. Tu vois ce que je veux dire ? Car je pense que nous aurions pu rentrer immédiatement dans un studio et faire un autre album. Mais peut-être qu’il n’aurait pas été aussi bon que celui de 2010 et nous pensions que ce serait une bonne idée d’essayer quelque chose de différent, et prendre notre temps pour revenir avec davantage d’énergie, d’envie, de volonté, d’anticipation et d’excitation. C’est ce que nous avons fait et d’une certaine manière, je ne sais pas comment, nous avons fini par faire un album. Nous avons commencé au milieu du mois de janvier et fini au milieu du mois d’avril, avec la pochette, le mastering et tout. Cela a pris un peu plus de trois mois, lorsqu’en général cela me prend quatre à cinq mois. C’était rapide. En plus, nous avons enregistré quinze chansons pour des titres bonus gratuits. Nous avons donc abattu beaucoup de travail en très peu de temps. Dave Padden et moi vivons dans des régions différentes du Canada, très loin l’un de l’autre, à des milliers de kilomètres de distance, ce qui nous a permis de faire un break loin l’un de l’autre. Nous ne nous sommes pas vu pendant longtemps et ensuite nous nous sommes retrouvés pour faire l’album et c’était : « Aller ! Faisons le ! »

Il y a une chanson intitulée « No Surrender » qui contient des parties bien funky, en particulier dans l’introduction, il y a aussi une ballade dénommée « Perfect Angel Eyes », ce qui est quelque chose qu’on n’a pas entendu de la part du groupe depuis un moment, etc. Ces chansons sont-elles le résultat de ce break ?

Tu sais, sur les trois ou quatre derniers albums d’Annihilator, la chose en particulier que nous n’avions pas est ce genre de ballade typées années 80 que j’aime écrire. Je les écrivais et lorsque j’écris une ballade, c’est généralement une chanson pour une fille ou quelque chose de très mélodique et nunuche ; c’est pour ainsi dire très personnel. Donc, vers 2007, lorsque j’allais voir Dave pour lui dire : « Voici une jolie ballade que j’ai écrite, veux-tu… », il répondait : « Ah, je ne veux vraiment pas chanter les ballades », car elles ne sont pas quelque chose qu’il a écrit. Il me disait donc que peut-être je devrais les chanter ou les laisser de côté. C’est ce que nous avons fait pendant trois ou quatre albums et le truc, c’est qu’avant ça Annihilator a toujours eu des ballades. Mais cette fois-ci, je lui ai joué une chanson que j’ai écrite et demandé : « Que penses-tu de celle-ci Dave ? » Et il a dit : « Tu sais quoi Jeff ? J’aime celle-ci, je vais donc la chanter ! » Voilà pourquoi il y en a une aujourd’hui. Il y a une chanson, je crois la piste cinq, dénommée « Wrapped » et lorsque j’ai écrit la musique pour celle-ci, c’était plus quelque chose dans une veine rock / punk, comme un vieux Guns N’ Roses ou Rose Tattoo. Dave et moi y avons réfléchi : « Tu sais quoi ? Danko Jones collerait mieux a cette chanson que si toi ou moi la chantais. » Nous avons donc demandé à notre ami Danko Jones d’écrire les paroles et de la chanter. Ça fait donc deux chansons en plein milieu de l’album qui semblent être un peu différentes des trois ou quatre derniers albums. Mais ce n’est pas différent pour Annihilator ; nous avons toujours fait ce genre de choses mais pas depuis un moment. Et ouais, l’autre c’est la piste quatre, l’intro, pendant quelque chose comme quinze ou vingt secondes, sonne dans une veine funky à la Chili Peppers. Pas la chanson mais la partie d’intro.

Et écoutes-tu justement de la musique funk ?

Non. Enfin, j’aime ça car j’ai quarante-sept ans, donc lorsque j’étais un gamin de douze ans, j’écoutais Earth Wind And Fire à la radio. Lorsque j’étais gamin, le disco était à la mode, tout comme les trucs funky. Je pense donc que j’ai un peu de ça dans ma tête, mon cerveau a un peu de basse / batterie à la Flea en lui. Des petits bouts de vieux groupes que j’aimais se fraient parfois un chemin dans mon écriture. Juste un peu.

« Ce qui est cool, c’est qu’il y a beaucoup de musiciens qui disent : ‘Tu sais quoi ? On aime ton jeu de guitare mais on adore ton jeu de basse !' »

Sur « No Surrender », Dave crie « Please God Help Me », tout juste comme Ozzy le crie dans la chanson « Black Sabbath »… Cela pourrait-il être un clin d’œil à Black Sabbath ?

Ahah ! C’était moi ! C’était ma voix. C’est bien ! C’est probablement parce que j’adore Sabbath ! (Rires) J’aime Ozzy ! Pour sûr. Il y a des petits bouts de ce genre de chose dans toutes nos chansons. Je veux dire, nous avons beaucoup de chansons où il y a un solo de guitare et ce n’est pas un solo très rapide, c’en est un qui est très simple, et souvent ceux-ci sont dans un style à la Maiden ou Priest car j’étais un énorme fan de ces groupes lorsque j’étais jeune. Et parfois j’utilise la pédale wah-wah et ensuite me rends compte : « Wow, c’est une influence de Kirk Hammett qui ressort ! » Et ensuite, parfois, je fais quelque chose de mélodique et me souviens de Matthias Jabs des Scorpions ou j’utilise la pédale Phase 90 de MXR sur un solo et je me rends compte : « Putain de merde ! C’est une influence de Van Halen ! » Tout dépend de ce qui ressort à un moment donné.

Il y a une chanson intitulée « No Way Out » qui donne l’impression de parler de suicide. C’est un thème très commun dans la musique metal. Pourquoi avoir choisi de parler de ça ?

Ouais, ça donne l’impression que c’est ce dont on parle, mais cette chanson – d’ailleurs c’est ma chanson préférée sur l’album, piste deux – est à propos d’un truc qu’il y avait de janvier à avril à la télé américaine – nous sommes du Canada mais nous recevons une bonne partie de la télévision américaine. C’était un procès qui était diffusé à la télévision chaque jour, à propos d’une femme qui a assassiné son ex-petit ami. Et ça passait tous les jours à la télévision, tout juste à la période où je commençais à travailler sur l’album d’Annihilator. Je me retrouvais dans le studio, à travailler pendant une heure sur un chanson ou un riff, et je remontais et regardais ce procès à la télé. Ensuite je redescendais et travaillais pendant une heure, puis remontais pendant vingt minutes pour regarder la télé à nouveau. Je suis devenu particulièrement obsédé par ce procès, avec cette fille accusée de meurtre. Au bout du compte, vers la fin de la composition de l’album, il a fallu que j’écrive une chanson sur ce procès, au sujet de cette horrible personne. Le sujet n’est donc pas le suicide. C’était simplement l’une des choses que cette fille a dit au court du procès : « J’ai presque décapité mon ancien petit ami, je l’ai poignardé vingt fois et je lui ai tiré dans la tête, je me sentait tellement mal que j’ai voulu me suicider. » Voilà comment ces paroles ce sont retrouvées dans la chanson. C’est parfois difficile, car l’une des choses que j’avais l’habitude de faire par le passé, dans les livrets des albums, c’est écrire de courtes explications sur les sujets dont traitent les chansons. C’est une bonne chose que je fasse des interviews, car ça me permet de clarifier ceci, que ce n’est pas à propos de suicide et tout ça. C’est juste quelque chose qu’elle a dit au cours de son procès.

Une fois de plus tu as enregistré les parties de basse de l’album et il faut reconnaître que tu as une manière très distincte et reconnaissable de faire et jouer des parties de basse…

Ouais ! Quelqu’un s’en rend compte ! Ouais ! (Rires)

Penses-tu que cela renforce la personnalité de la musique d’Annihilator ?

Absolument ! Je veux dire, beaucoup de fans, de journalistes, de gens dans le business de la musique et dans d’autres groupes me connaissent en tant que guitariste, mais ce qui est cool c’est qu’il y a beaucoup de musiciens qui disent : « Tu sais quoi ? On aime ton jeu de guitare mais on adore ton jeu de basse ! » (Rires) Beaucoup de gens ne se rendent pas compte que je joue toutes les parties de basse sur tous les albums d’Annihilator. Ouais, je veux dire, c’est en quelque sorte la chose que je souhaiterais que les gens sachent. Je trouve parfois que le jeu de basse sur certaines chansons est vraiment bon. C’est simplement parce que j’adore Michael Anthony de Van Halen, Geddy Lee de Rush, Steve Harris d’Iron Maiden et même Cliff Williams d’AC/DC, je veux dire, il sait quand jouer une seule note et quand il doit faire autre chose.

Qui joue la batterie sur l’album ? Est-ce ce batteur dénommé Mike Harshaw qui a rejoint le groupe il y a peu de temps ?

Ouais, c’est bien lui. Il nous a rejoint il y a deux ans et c’est un jeune garçon – je crois qu’il a vingt-trois ans – et, en fait, ce qui est drôle, c’est que les trois gars qui sont dans mon groupe étaient des fans d’Annihilator lorsque qu’ils étaient adolescents. (Rires) Je trouve ça amusant mais je fais semblant d’être jeune ! Mike est comme un petit fan de Mike Mangini, Nick Menza et Dave Lombardo. Il est donc un de ces jeunes génies avec lesquels je suis heureux de jouer. J’aime jouer avec certains vraiment très bons plus vieux batteurs de metal, mais c’est aussi cool de découvrir un plus jeune batteur qui aime vraiment la musique metal et la batterie metal.

Dans le communiqué de presse, tu es cité affirmant : « Nous sommes véritablement parmi les quelques groupes qui ont une longue histoire, qui ont toujours porté le drapeau de l’honnêteté, de l’intégrité et de la persévérance dans cette catégorie de musique marginale. » Penses-tu que l’honnêteté, l’intégrité et la persévérance sont trois qualités qui ne sont pas si communes que ça dans le monde du metal ?

J’essaie de réfléchir : « J’ai vraiment écrit ça ? » Mais ouais, ça sonne bien ! Je pense que, de manière générale, l’honnêteté est importante car, par exemple, le business de la musique m’offre énormément d’inspiration pour écrire des paroles, et parfois aussi de la musique, agressives et colériques. Car, parmi les gens que je rencontre dans le business de la musique, au sein des maisons de disques, des maisons d’édition, des sociétés de merchandising, parmi les fans, les journalistes, managers, tout le monde, il y a beaucoup de gens supers et la plupart sont de bonnes personnes, mais il y a certaines de ces personnes qui, bien évidemment, essaient de te flouer, de te voler, de te mentir ou d’être malhonnêtes. Ma colère à l’encontre de la malhonnêteté de certaines personnes est un sujet majeur dans beaucoup des dernier albums d’Annihilator. Donc, si je me retrouve avec un mauvais accord ou une mauvaise relation avec quelqu’un dans le business de la musique, je peux l’utiliser, comme une thérapie, et écrire une chanson à ce sujet pour dire « Je vous emmerde ! » à ces gens (rires), sans mentionner leurs noms. Mais, en ce qui concerne l’honnêteté dans le metal, c’est la même chose : la plupart des musiciens dans les groupes et au sein du metal sont supers, mais il y a un petit groupe d’artistes qui ont commencé en jouant une musique qui n’était pas du heavy metal ou metal traditionnel et ensuite, que ce soit pour des questions de vente qui baissaient ou autre, ils ont changé leur image, leur style de musique… Et désormais ils disent : « Oh, on est metal ! On est heavy ! » J’ai vu ça se produire au cours des dix dernière années. D’une certaine façon ça m’amuse, car dès l’école, lorsque le metal coule dans ton sang, tes cheveux et la manière dont tu t’habilles n’ont aucune importance, rien n’est important, ton image n’est pas importante. Testament, Exodus, Overkill, Annihilator, Slayer, etc. pour ces groupes, c’est dans leur sang. Il se peut qu’ils aient d’autres boulots ou d’autres choses à côté mais leur truc principal c’est le metal. Il y a eu une grosse vague au cours des six ou dix dernières années, lorsque des groupes affirmaient qu’ils étaient metal et vendaient un paquet d’albums, portaient du maquillage et avait l’air cool sur les couvertures des magazines. Mais ils n’étaient pas de vrais groupes de metal et étaient malhonnêtes en faisant ce qu’ils faisaient. J’ai écrit quelques chansons à ce sujet aussi mais je n’ai pas donné de noms et je ne précisais pas de qui je parlais, c’est juste mon opinion.

« Le business de la musique m’offre énormément d’inspiration pour écrire des paroles, et parfois aussi de la musique, agressives et colériques. »

Penses-tu que le fait qu’Annihilator soit conduit par un seul homme, en l’occurrence toi, explique la longévité du groupe ?

Jusqu’à il y a dix ans, j’aurais dit que tu as raison. Mais depuis que Dave Padden a fait cinq ou six albums et a été un partenaire dans le groupe pour tout ce qui est de l’écriture et des nombreuses décisions que je dois prendre pour le business, les tournées, etc. c’est devenu le Waters / Padden Project, je suppose, au moins pour les cinq ou six dernières années. Mais oui, je pense que, au cours des premières années, je voulais un groupe mais le problème était que, lorsque tu écris les parties de batterie, de basse, de guitare, lorsque tu joues les guitares et la basse sur les albums et lorsque tu écris les paroles en expliquant au chanteur ce qu’il doit chanter, tu ne peux pas avoir un groupe car, en définitive, c’est un truc solo, n’est-ce pas ? J’ai donc fini par embaucher des musiciens pour tourner. J’ai embauché un batteur et un bassiste. Et ensuite, bien entendu, lorsque la tournée était terminée, il se pouvait qu’ils rejoignent un autre groupe ou fassent autre chose. Il fallait donc que je trouve d’autres personnes. C’est une manière très étrange d’être dans un groupe mais je crois que depuis que Dave Padden est arrivé, il y a un peu plus un sentiment de groupe ou d’être partenaires. Et maintenant que nous avons le même batteur et le même bassiste depuis quelques petites années, c’est un peu plus stable. Mais cette situation n’a jamais été mon but ; j’aime vraiment travailler avec d’autres musiciens aussi ! Mais maintenant que nous avons la même voix pour le groupe depuis plusieurs albums, beaucoup de fans – et tout particulièrement les nouveaux fans – commencent à voir Annihilator comme un groupe.

En fait, déjà en 2010 tu nous disais qu’Annihilator était maintenant le groupe de Jeff Waters et Dave Padden. Est-ce que cela signifie que tu partages plus de tâches avec lui désormais, comme le management ou les décisions ? Comment est ta relation avec lui après dix ans de collaboration ?

Ouais, c’est parmi les raison pour lesquelles nous sommes ensemble. Il a en commun avec moi de nombreuses influences musicales. Il a dans son style quelques groupes plus récents et moi j’ai dans mon style les plus vieux groupes. Mais ouais, nous partageons beaucoup de choses, comme : « Que penses-tu de cette tournée, de ce groupe d’ouverture ou de ce festival ? » Ou bien : « Quel genre de matériel devrais-je utiliser ? Avec quel compagnie voulons-nous dialoguer pour les endorsements ? » Nous parlons des paroles, bien entendu. Dans le studio, parfois il dira : « Je ne crois pas que tu devrais mettre un solo de guitare ici, tu devrais mettre un pont vocal ou un solo avec un gros tremolo, pas un solo rapide et clinquant… » J’obtiens donc ses commentaires et je les écoute. Il est entré dans une relation de partenaires avec moi. Et je pense que les fans s’en rendent compte également. C’est quelque chose d’évident. Tu l’aimes ou tu ne l’aimes pas. Si tu ne l’aimes pas, tu n’as pas à écouter les albums, car il sera vraisemblablement sur le prochain aussi ! Mais ouais, ça a été une très bonne relation jusqu’à présent.

Cette année marque d’ailleurs les dix ans de votre collaboration. Avez-vous prévu quelque chose de spécial, comme un dîner romantique ou quelque chose dans le genre ? (Rires)

Nous avons déjà fait ça après le dernier album ! (Rires) Ce qui est cool à propos de Dave et moi dans le groupe, c’est que lorsque nous avons terminé la tournée, dans la mesure où nous n’avons pas fait d’écriture ou d’album pendant un long moment, il est souvent arrivé, lorsqu’il rentrait chez lui, et moi je rentrais chez moi, que nous ne nous voyions pas pendant cinq mois. Donc, lorsque nous nous sommes retrouvés pour bosser sur le nouvel album, nous étions très contents et excités à l’idée de retravailler ensemble et, oui, nous nous sommes retrouvés autour d’un bon steak et une bouteille de bière. (Rires)

« Moi, je fais la fête avec un steak, du fromage, du riz, des gâteaux, des donuts… »

L’album s’intitule Feast. En dehors du festin sanglant qui est représenté sur la pochette, le mot « festin » fait aussi écho au fait de faire la fête. Vois-tu ta carrière, ta musique et tes shows comme une grande fête ?

Hmmm… Ou cela pourrait être le fait de manger un paquet de nourriture ! (Rires) Pour les dix dernières années, pour moi, faire la fête serait de me goinfrer de nourriture, car je n’ai pas bu d’alcool depuis quatorze ans. Mais ouais, c’est une fête du metal, un festin metal. Lorsque nous avons vu la pochette, c’est là où nous avons trouvé le titre. Je me suis rendu compte que c’était très simple : des zombies qui font un festin avec de la nourriture, à l’image des fans et de nous qui faisons un festin avec la musique heavy metal et thrash metal. Il n’y a pas vraiment de grande signification derrière ça mais cela paraissait être le titre parfait pour la pochette. Je veux dire, à chaque fois que tu fais un album, c’est fun, à chaque fois que tu fais une tournée, c’est fun et c’est la fête. Tu peux simplement faire la fête avec de la cocaïne, de l’héroïne, de la bière, du café, des cigarettes, un donut ou un gâteau. Tout dépend de ce que tu veux faire, n’est-ce pas ? Moi, je fais la fête avec un steak, du fromage, du riz, des gâteaux, des donuts…

A ce propos, se pourrait-il que la fille que l’on voit sur la pochette soit la même que l’on voit sur celle du précédent opus et de All For You et qui, en définitive, serait Alison Hell ?

Ouais, il y a toujours eu ce lien. Nous essayons de donner l’apparence que peut-être c’est Alice, ou peut-être pas. Le dernier album, en 2010, était un album sans titre et pour la pochette, j’ai dit à l’artiste : « Je veux une sorte d’Alice mort-vivante. Elle est morte mais pas vraiment morte car Alison Hell, le fantôme, nous hante », ce genre d’idée loufoque. Il nous a dit : « OK, je vous ferai une Alice mort-vivante. » C’est ce qu’est devenu la pochette : un sentiment diabolique, effrayant, un peu dans la veine de L’Exorciste. Et ensuite, le nouveau n’était pas du tout supposé être comme ça. C’était censé être une idée complètement différente mais l’artiste a dit : « Il faut que je vous envoie ce dessin que j’ai fait avec un zombie. » Il a dit : « Vous savez quoi ? Faisons le à nouveau, continuons dans cette lignée ! » La pochette, en fait, est vraiment cool et la maison de disques a eu la super idée d’en faire une pochette en 3D. Ça sera très cool de voir ça dans les prochaines semaines.

Doit-on voir désormais cette fille comme la mascotte d’Annihilator, à l’instar d’Eddie pour Iron Maiden ?

Il semblerait, ouais ! Mais nous n’avons pas fait faire de grand monstre à son effigie pour la scène ! (Rires)

Il y a un CD bonus qui contient quinze chansons réenregistrées, « Best Of Annihilator ». Pourquoi avoir choisi d’inclure un best-of maintenant en particulier ?

Ce n’est pas vraiment un best-of. Ce sont des chansons que Dave et moi avons décidé vouloir jouer en concert pendant la prochaine année et demi. Il y a donc certaines chansons là-dedans qui ne seraient pas vraiment sur un album best-of et, si ça avait été un album best-of, alors il manquerait quelques grands classiques. Mais Dave ne peut pas jouer la guitare et chanter sur toutes les chansons de notre catalogue car, pour certaines d’entre elles, la guitare est simplement trop difficile pour jouer de la guitare et chanter à la fois. Nous avons uniquement choisi des chansons que nous pouvons jouer en concert. J’ai les albums d’Exodus, de Testament, de Scorpions et tous ces groupes qui ont fait des réenregistrements, j’aime certains d’entre eux et d’autres pas. Et je n’ai jamais voulu faire de réenregistrement car il n’était pas possible de rendre les réenregistrements aussi bons que les originaux. Car les originaux sont les classiques et ils étaient les meilleurs. Les chanteurs qui chantaient dessus étaient les meilleurs à l’époque et mon jeu était super pour ces albums, le jeu de batterie était super à l’époque. Il n’était donc pas possible de faire aussi bien. Mais Dave a eu un bon argument : en 2007 nos ventes d’albums ont augmenté et elles ont augmenté à nouveau en 2010, alors que de nombreux albums qui sortent aujourd’hui – comme le Super Collider de Megadeth – se vendent moins qu’avant. Donc Dave m’a fait remarqué que beaucoup de nouveaux fans n’avaient jamais entendu ces vieilles chansons et qu’ils ne pouvaient pas les trouver chez les disquaires. Pourquoi donc ne pas réenregistrer certaines chansons de l’époque que nous jouerons en concert ? J’ai dit : « Non, je ne veux pas vendre ça, je ne veux pas sortir ça comme un album. » Et Dave m’a dit « Eh bien, alors pourquoi ne pas l’inclure comme un CD bonus ? » Et voilà comment ça a fonctionné.

Ces chansons ont été réenregistrées en 2012. Qu’est-ce que ça t’a fait d’enregistrer ces vielles chansons à nouveau ?

Eh bien, c’était cool car je joue certaines de ces chansons – “Set The World On Fire”, “King Of The Kill”, “Alison Hell”, etc. – depuis des décennies, dix, quinze ou vingt ans, même vingt-cinq ans pour certaines. Avec le temps, en concert, tu finis par les jouer un peu différemment, tu essaies différentes choses, tu en fais de nouvelles versions. Il a donc fallu revenir en arrière et réapprendre la manière originelle de jouer. Ce qui était très difficile à faire mais c’était aussi très amusant.

Et n’as-tu pas pensé à jouer les nouvelles versions des chansons, telles que vous les jouez en concert ?

Non parce que plus de cinquante pour cent des fans qui aujourd’hui achètent les albums et vont aux concert ont moins de vingt ans, donc, la plupart n’ont vraiment jamais entendu la plupart de ces vieux titres. Nous nous sommes donc dit : « Essayons de les faire un peu plus proches de la manière dont elles avaient été faites à l’origine. » C’était un challenge ; c’était beaucoup de travail mais c’était amusant aussi.

Je sais que tu as l’espoir de faire de la musique avec Dave Mustaine mais que vous n’avez jamais le temps pour ça. Vois-tu malgré tout une possibilité pour que cela se produise un jour ?

Ouais, je vais probablement l’appeler lorsque la tournée sera terminée, à l’automne 2014 ou quelque part par là. Je vais peut-être l’appeler et lui dire : « Hey Dave, il faut qu’on écrive une chanson ensemble, seulement une ! » (Rires) Peut-être pourrais-je le convaincre. C’est quelque chose dont j’ai toujours, je ne dirais pas rêvé, mais pensé que ce serait vraiment cool, de voir si on peut s’asseoir et écrire une super chanson de metal ensemble, pour le fun. Je ne sais pas s’il le ferait ou pas mais l’offre est là. J’adorerais et nous en avons parlé par le passé. Ce serait marrant. Mais un gars avec qui j’aimerais faire quelque chose un de ces jours, c’est Danko Jones. Il a chanté sur le cinquième titre du nouvel album, dénommé « Wrapped ».

Interview réalisée par téléphone le 25 juin 2013 par Metal’O Phil
Fiche de questions et traduction : Spaceman
Introduction : Alastor

Site internet officiel d’Annihilator : www.annihilatormetal.com

Album Feast sorti le 26 août 2013 chez UDR / EMI



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