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Song For The Deaf   

Anniversaire d’un mastodonte


C’était un 31 mai 1948, John Bonham disait bonjour au monde pour lui dire adieu 32 ans plus tard. Un anniversaire pareil, ça se célèbre. Bonzo n’était pas n’importe qui dans la grande histoire du hard rock. Il était le quatrième côté d’un carré parfait du nom de Led Zeppelin, l’un des quatre éléments alchimiques d’un corps parfait et sa mort en 1980 a été la mort d’un groupe, d’une saga, d’une époque.

Batteur génial, il l’était. Si Page était le ciseleur de riffs géniaux et planants ; Plant, le chanteur érogène, incendiaire et envoûtant ; Jones, à la basse, le roc rythmique ; Bonham était le tempo furieux aux breaks en forme de lames de fond. Car si Bonham devait être un élément, il devait être l’eau, océan agité sur lequel naviguait le vaisseau Zeppelin.

Mais « Là où vont les vaisseaux, Vous avez créé ce Léviathan pour qu’il joue dans les eaux » (Psaumes, 104. 26).

Le meilleur hommage qu’on puisse rendre à John Bonham, c’est en évoquant l’un des plus grands solos instrumentaux de l’histoire du rock : la performance percutante de « Moby Dick », harpon originellement forgé en live, pour le live, avant d’être enregistré en 1969 sur Led Zeppelin II mais rabougri pour tenir sur une face de vinyle ne pouvant accueillir guère plus de vingt minutes de musique. Le solo qui pouvait parfois, selon la légende, atteindre en concert une durée de quarante minutes, se retrouvait là coincé, comme dégénéré jusqu’à l’état fœtal, dans un morceau de quatre minutes et vingt-et-une secondes sur l’album.

Alors, laissons-le exploser dans sa manifestation la plus brillante, en concert.



Mais que signifie ce « Moby Dick » pour le groupe en général et son batteur en particulier ? Simple démonstration de force et de talent, vanité rock’n’rollesque à laquelle on colle un titre pompeux ? Impossible avec Led Zeppelin. Pour le Zep’, tout est symbole : des quatre hiéroglyphes représentant chaque membre du groupe aux enfants androgynes de la pochette de Houses Of The Holy en passant par l’ermite sur sa montagne dans l’Album Sans Nom. Alors, que l’un des plus grand romans symbolistes de langue anglaise prête son titre à cet instrumental, cela doit avoir une signification.

Faisons-nous Champollion. Quel est le sens de ce « Moby Dick » zeppelinien ? Quel rôle Bonham joue-t-il dans ce nouveau testament nautique ? Est-il le sauvage Queequeg invoquant par des percussions tribales, rituelles, le Léviathan, Béhémoth des mers ? Est-il Achab, pourchassant d’un motif rythmique à un autre, comme d’un océan à un autre, la Baleine Blanche, écumant, suant, frappant ses fûts comme s’ils étaient le flanc du mastodonte ?

N’est-il pas ces deux-là alternativement, partis pour une quête tragique, afin que le capitaine sacrilège, roi maudit sur sa nef des fous, puisse frapper le démon qui le hante, pour frapper Dieu lui-même par-delà la masse neigeuse ; chevalier noir contre dragon blanc ?

Ou bien Bonzo est-il Ismaël, conteur et prophète, seul rescapé de ce drame, les percussions étant ses versets ? Non, cette dernière hypothèse ne tient pas car notre cogneur-harponneur de fûts, comme le reste de l’équipage du Péquod dans l’histoire d’Herman Melville, ne survivra pas aux flots puisque c’est un liquide, l’alcool, qui l’a emporté, noyé.

Quoi ? Vous croyez que je vous raconte que ce titre qui a accompagné Led Zeppelin de son début à sa fin était prophétique, annonciateur de la fin funeste de son batteur ? Oh, non ! Mais comme Achab, Bonham s’est enfoncé dans les flots attaché à Moby Dick et tant que le légende de la Baleine Blanche vivra, celle de John Bonham aussi.

Animalement vôtre.



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