Rares sont les formations qui se sont autant investies dans la peinture des paysages et du folklore auvergnat. Dès son baptême, Aorlhac – le nom de la ville Aurillac en occitan – présentait cette volonté d’incarner certains lieux et nuances du Massif central dans le metal extrême. Mais au delà du tableau musical, se conte aussi une aventure humaine et personnelle. Une histoire que le guitariste NKS convoque dans ses compositions autant que le chanteur Spellbound dans ses textes, et dont ils nous parlent tous deux avec franchise et passion.
Bien décidés à entretenir la flamme du succès et de la dynamique établis avec L’Esprit Des Vents (2018), les membres de la formation auvergnate sont en effet revenus avec un nouvel opus, Pierres Brûlées, affranchi de toute contrainte, mais toujours fermement ancré dans leurs terres natales volcaniques. Une coloration régionale qui continue de servir de trame tant à leurs histoires personnelles qu’à leurs exhumations historiques.
« Le présent rend dépressif en ce moment. Donc, effectivement, se tourner vers le passé a toujours été le truc et nous continuons de ressortir les dossiers et des histoires. Nous sommes encore très attachés à la ville de Saint-Flour et nous le serons toujours. »
Quel est votre état d’esprit à la sortie du nouvel album Pierres Brûlées ?
Spellbound (chant) : Nous sommes soulagés d’avoir terminé l’album !
NKS (guitare) : L’état d’esprit est un peu différent par rapport à L’Esprit Des Vents. Tout s’est fait très vite. Nous avons voulu être réactifs. Nous n’avons pas voulu attendre autant d’années qu’entre La Cité Des Vents et L’Esprit Des Vents. Tout a été fait instinctivement, donc nous étions vraiment impatients de voir le résultat. Nous avions mis tellement de temps et nous avions tellement peaufiné L’Esprit Des Vents que nous craignions sa sortie. Nous craignions les avis. Là, nous sommes sûrs de notre force. Nous pensons avoir confirmé et avoir trouvé la recette.
L’album s’est fait plus rapidement : est-ce en conséquence de la crise sanitaire ou bien la conception était vraiment déjà bien planifiée ?
Les deux en fin de compte. Par rapport aux créneaux de sortie que nous avions établis avec Les Acteurs De L’Ombre, nous avons déjà dû repousser la sortie de six mois. Nous n’aimons pas trop travailler avec des deadlines, mais là, nous nous en étions fixé une. Pour L’Esprit Des Vents, nous avons changé de label juste avant la sortie car nous sentions vraiment qu’il nous fallait un petit coup de pouce, le bon label et une meilleure exposition. Alors que pour Pierres Brûlées, nous étions déjà bien installés chez LADLO. Ils nous ont proposé un créneau, la date était impossible à tenir, mais nous nous sommes tenus à cet objectif parce que nous voulions vraiment aller beaucoup plus vite et enfoncer le clou après L’Esprit Des Vents.
Spellbound : Entre les deux derniers albums, il y avait huit ans de battement et nous avions vraiment dans l’idée de ne pas prendre autant de temps. Nous avons vraiment travaillé à l’instinct.
Tout en sachant – je reviens à une partie de la question posée – qu’effectivement, le contexte sanitaire a beaucoup aidé à se concentrer sur l’écriture. Nous ne pouvions plus répéter, ni faire de scène, donc nous avons essayé d’utiliser tout ce temps autrement. Finalement, nous avons pris du retard, mais d’un autre côté, nous en avons gagné aussi. Comme tous les groupes, j’imagine, nous nous sommes adaptés à cette situation qui était propice à l’écriture d’un album.
Spellbound : Si nous avions continué sur la lancée des concerts de post-sortie L’Esprit Des Vents, nous aurions peut-être traîné davantage. Nous faisions pas mal de concerts à cette période-là. Nous n’aurions peut-être pas pris le temps de faire l’album comme nous l’avons fait là. Il n’y a pas de regret à avoir. Aujourd’hui, nous sommes super impatients. Je pense qu’il y a pas mal de choses, malgré les contraintes actuelles, qui vont débarquer en termes de scène et compagnie. Nous espérons qu’une actualité va se créer.
Avec L’Esprit des vents, vous aviez clos la trilogie des vents. Quelles étaient les intentions pour ce nouvel album ? Est-ce que Pierre Brûlée ouvre un nouveau cycle ?
Un nouveau cycle, je ne sais pas. Nous nous étions vraiment créé des contraintes avec les thématiques de cette trilogie, parce que qui dit trilogie dit fil conducteur. Il y avait quand même ces sujets récurrents, ces thèmes plus ou moins liés. Ce n’était pas juste des titres d’albums avec « Vents ». Il y avait un fil conducteur pour ceux qui creusent. Maintenant que c’est fini, les thèmes restent toujours centrés à peu près sur les mêmes choses, mais nous nous permettons plus d’écarts, plus de textes personnels, moins d’informations sur… Même s’il y en a encore sur certains textes : il y a encore du Aymerigot Marchès ou « La Guerre Des Esclops » qui parle des révoltes populaires. Nous sommes toujours là-dedans, mais la plupart des textes tournent autour de trucs plus personnels. C’est surtout à ce niveau-là que ça change. Nous sommes sortis de la trilogie. Nous sommes toujours Aorlhac, mais nous nous permettons un peu plus de liberté sur les textes, sur les thématiques, etc.
Par rapport aux thématiques, vous aviez déjà repris des œuvres pour vos compositions. Je pense en particulier à la Mandrinade ou Complainte de Mandrin qui a donné « Mandrin, L’Enfant Perdu » sur L’Esprit Des Vents. Comment pensez-vous la composition de morceaux à partir de matériaux préexistants, en particulier pour ce nouvel opus ?
Je pense que ça peut être soit l’un soit l’autre, c’est-à-dire que à ça peut partir d’un riff ou ça peut partir d’un texte.
NKS : Notre manière de travailler a un peu changé. Pour les précédents opus, il y avait beaucoup de travail de recherche de mélodies et de thèmes médiévaux, des choses vraiment ancrées dans l’Occitanie. Il y a eu beaucoup d’adaptation. Mais sur ce tableau-là, pas du tout. Tout est parti de création. Le contexte, comme on disait tout à l’heure, était plutôt propice à la création, j’ai créé beaucoup de titres et Spellbound a adapté les thématiques en fonction de la musique. Il y avait différents morceaux qui lui paraissaient vraiment en accord avec des idées qu’il avait préconçues. Là, il n’y a pas eu d’adaptation musicale. Il n’y a pas beaucoup de passages acoustiques sur cet album, hormis l’interlude. Il n’y a pas eu d’inspiration. Certaines mélodies sont certainement influencées de manière fortuite, mais aujourd’hui, c’est essentiellement des créations.
« C’est ce qui est magique : à chaque fois que nous faisons un album, je grandis en même temps que nous faisons de la musique. »
Spellbound : Je pense que c’est aussi en lien avec le fait que nous sommes sortis de ces thèmes et de ces dossiers où nous prenions vraiment à cœur de sortir les têtes brûlées des coins et des régions : les Mornacs et les Mandrins, justement. C’était aussi lié à toutes ces histoires, ces thématiques un peu plus folkloriques dont Julien pouvait s’inspirer au niveau des grattes, mais il y a quand même quatre-vingt-dix pour cent de riffs et autres qui sont nés de lui. Mais c’est vrai que c’est aussi en lien avec ça et nous nous en sommes un peu sortis. Julien est arrivé sur la table avec des riffs plutôt rapides et énervés. Ça m’a souvent engagé à créer des trucs toujours sur notre coin, mais encore une fois, les textes sont maintenant beaucoup plus centrés sur des ressentis perso, peut-être à interprétation plus libre pour la plupart. C’est l’un des tournants par rapport à la trilogie.
On a pourtant l’impression que la base est toujours là, même si vous réinterprétez musicalement et actualisez, d’une certaine manière, des textes anciens à l’époque actuelle.
Complètement ! Nous continuons de le faire parce que le présent ne m’intéresse pas du tout. Le présent rend dépressif en ce moment. Donc, effectivement, se tourner vers le passé a toujours été le truc et nous continuons de ressortir les dossiers et des histoires. Nous sommes encore très attachés à la ville de Saint-Flour et nous le serons toujours. Si tu regardes bien, il y a un gros fil conducteur quand même avec les trois premiers albums. Par exemple, au travers des textes de Camille Gandilhon, il y a toujours ces références qui sont là depuis le début. J’aime ce fil conducteur, mais il y a aussi des « nouveautés ». Un petit peu comme nous le faisions déjà avec « Play Rayon », par exemple, qui était un texte qui n’avait rien à voir, qui était beaucoup misanthropique et sur des trucs un peu plus dépressifs. On va dire que c’est de plus en plus présent, et j’ai aussi pu davantage développer des trucs personnels. Mais c’est vrai, tu as raison : nous continuons de nous inspirer de vieux textes et de les remettre en forme version metal extrême 2021. Ça fait aussi partie de notre ADN.
Justement, tu parles de Camille Gandilhon, or les premiers morceaux de Pierres Brûlées sont construits autour de certains de ses textes. Les autres étant davantage tes créations. Est-ce qu’on peut y voir une forme de transmission ou une succession, une volonté de perpétuer une poésie ou un art ancré dans le paysage auvergnat ?
De fait, c’est le cas, mais ce n’était pas volontaire. Nous n’avons pas fait exprès de mettre ces morceaux en premier. J’ai remarqué ça en parcourant le livret, et c’est encore une preuve que nous n’avons pas beaucoup de recul sur cet album. Effectivement, les trois premiers morceaux sont des textes que j’ai pu reprendre ou adapter de Camille Gandilhon. Ça s’est fait comme ça parce que nous avons plus réfléchi en termes de logique et cohérence musicale pour l’ordre des morceaux que par thématiques. Ça aurait pu être une alternance complètement différente.
Pour nos lecteurs et pour contextualiser, Camille Gandilhon était un traducteur, critique et surtout poète français du début du vingtième siècle. Il est originaire de Murat dans le Cantal. Pour l’anecdote, j’ai essayé de consulter l’un de ses ouvrages. Après avoir cherché sans succès son recueil poétique dans l’ensemble des bibliothèques de la région lyonnaise, j’ai étendu la recherche au catalogue qui regroupe l’ensemble des collections des bibliothèques françaises, qu’elles soient physiques ou numériques. Or, seuls trois ouvrages sont disponibles dans toute la France. Trois ouvrages archivés dans les silos des réserves patrimoniales. Impossible donc de tomber dessus par hasard dans un rayon. Donc comment s’est déroulée, pour vous, la rencontre avec cet auteur ?
Pour moi, ça a été des recherches, que ce soit sur Saint-Flour, sur des recueils, etc. et surtout la magie d’Internet. En cherchant un peu, tout le monde peut y avoir accès. Gandilhon est né à Murat vers 1870. Saint-Flour, la cité des vents, on lui attribue d’ailleurs le nom de la ville. Nous nous en sommes rendu compte après en avoir parlé sur La Cité Des Vents, donc ça a aussi été une découverte. C’est ce qui est magique : à chaque fois que nous faisons un album, je grandis en même temps que nous faisons de la musique. Pour moi, Camille Gandilhon était un inconnu il y a encore quelques années. Ces textes m’ont tout de suite parlé, ils m’ont tout de suite sensibilisé. Je me suis dit qu’il fallait absolument… Et tant pis parce que je prends toujours à cœur d’écrire le maximum de textes possible. Nous prenons des influences par ci par là, mais reprendre des textes entiers sans modifier quoi que ce soit, c’est très rare. Là, nous l’avons fait parce que nous sommes tombés dessus et nous nous sommes dit qu’il fallait absolument que ces textes soient remis en valeur puisque, comme tu le disais, ils sont très peu connus.
Est-ce qu’avec le recul, quand vous voyez un peu ce que vous faites avec Aorlhac, est-ce que vous vous dites que vous déterrez un patrimoine oublié ?
Oui, nous ressortons des vieux dossiers. Des trucs que les gens ne connaissent pas forcément. C’est aussi notre rôle et notre but, vu que nous sommes ancrés dans cette région. La source va peut-être se tarir au bout d’un moment, on verra, mais tant que nous pouvons découvrir et faire découvrir des choses sur la région Auvergne et plus particulièrement sur le Cantal – puisque que c’est un peu le but aussi à partir de Pierres Brûlées –, nous le faisons.
« Il n’y a eu aucune préparation particulière. Ça a vraiment été à l’instinct. J’arrivais à dix heures du matin, j’ouvrais des bières, je buvais des coups, je m’installais et je gueulais. »
Votre vision musicale et textuelle fait un peu écho à une interview qu’on a menée l’année dernière avec le groupe français Vous Autres qui parlait de sa musique en la qualifiant de « graphique ». Lorsqu’on lit vos textes, on a aussi cette impression, avec l’appui des paysages qui vous entourent, les volcans, les montagnes, etc. Votre vision est-elle de vous réapproprier avec les textes et votre musique cet environnement ?
Les deux sont complètement liés. C’est vrai que nous sommes tellement ancrés dans cet environnement, dans ces paysages… C’est ce qui nous inspire au quotidien. Nous sommes amoureux de notre région, nous avons envie de la mettre en valeur. Nous mettons forcément en avant la chaîne des volcans, la chaîne des Puys, le puy Mary, les coins qui sont là, parce que c’est totalement notre répertoire. De là à dire que c’est graphique je ne sais pas, parce que nous n’avons jamais eu ni les moyens, ni forcément le déclic de nous dire que nous allions complètement lier la musique avec cette imagerie, à part au niveau des artworks et des livrets. Mais en termes d’image que peut susciter la musique, complètement. Julien le dira mieux que moi, mais les riffs sont complètement reliés à ça.
NKS : C’est simple : ça va paraître cliché, mais aujourd’hui là où j’habite, tu prends ta gratte, tu fais dix kilomètres et tu te retrouves totalement dans la nature. C’est quelque chose qui paraît complètement en décalage avec le monde moderne actuel. Aujourd’hui, c’est ça qui nous inspire. Nous citons plusieurs influences, mais la plus importante c’est effectivement nos paysages. C’est ce qui nous entoure aujourd’hui. Il y a des secteurs où il n’y a pas une baraque. Ça paraît totalement paisible, totalement en décalage avec cette société un peu décadente. Tu parlais de graphique et effectivement, nous le prenons au sens visuel du terme. Pour le clip, nous essayons de montrer à ceux qui ne connaissent pas où nous avons la chance de vivre.
La fierté locale dans le paysage du metal français n’est pas nouvelle. Elle concernait des régions où l’identité est affirmée et bien connue du reste de la France – on pense à la Bretagne ou à la Savoie. D’ailleurs votre batteur actuel, qui a aussi joué dans Himinbjorg, le sait bien. Mais l’histoire de votre région est peut-être un peu moins connue par le reste des Français et peut-être même méprisée, car c’est une région rurale, avec une faible densité, et qui faisait partie de ce qu’on appelait péjorativement la « diagonale du vide ». Est-ce que vous souhaitez aussi redonner une couleur et contrebalancer cette vision en proposant une musique assez furieuse ?
Il n’y a pas de compétition. Quand nous avons fondé le groupe en 2007, c’était vraiment le constat que nous avions fait : « Est-ce qu’on n’a pas moyen de mettre en valeur toute une région que les gens fuyaient ? » Parce que tout notre entourage, toutes les personnes de notre âge cherchaient à se barrer de là. Nous nous sommes demandé à l’époque si nous ne pouvions pas mettre notre coin en valeur. Plutôt que de décrier, est-ce qu’il n’y a pas moyen de faire en sorte que les gens se rendent compte de leur chance de vivre ici ? Je n’ai pas l’impression qu’il y ait beaucoup de groupes auvergnats qui faisaient du black, et encore moins dans cette mouvance-là.
Spellbound : A l’époque où nous avons démarré, c’était un peu désertique. Sur Aurillac, Saint-Flour, je n’en parle même pas, tout le coin où nous sommes, la scène était inexistante. Je ne sais même pas si, au départ, nous avons vraiment réfléchi comme ça. Ça nous tenait à cœur, bien sûr, de parler de ces endroits où nous vivons parce qu’il s’est passé plein de choses aussi. Si les textes peuvent permettre de découvrir des choses qui ont pu se passer dans le coin, c’est super, mais je n’insiste pas en disant que nous tenions absolument à faire connaître notre région. Ça s’est fait au fur et à mesure, et si ça fait découvrir la région, tant mieux !
NKS : C’était aussi une occasion. Je me suis toujours plus focalisé sur l’aspect musical, j’avais la chance de côtoyer certains groupes folkloriques du département, et il y a pas mal de mélodies que je trouvais vraiment adaptables dans du black. C’était un peu un défi, d’essayer de casser certaines choses, de sortir un peu de toute cette mode à la con de Korpiklaani et de faire du tagada tsoin-tsoin. C’était vraiment l’occasion de faire quelque chose de plus sombre. C’était la clé. C’est du partage musical. Nous voulions montrer ce qui se fait par chez nous, mais dans un autre genre.
Spellbound : Nous avions l’envie et surtout le besoin de développer ce côté sombre.
Lors de notre précédent échange pour la sortie de l’album de Jours Pâles, tu nous confiais, Spellbound, que tu ne travaillais pas spécialement ta diction ou la manière d’articuler ton chant. Pourtant, on remarque là encore que la gamme de chant et de tessiture est plus large que par le passé. Est-ce quelque chose qui arrive naturellement au fur et à mesure et avec l’expérience ou est-ce que vous avez cherché à apporter davantage de variations vocales dans vos compositions ?
Pour rejoindre ce que disait en tout début d’interview NKS, ça allait très vite et de manière très spontanée sur cet album. Pour contextualiser les enregistrements du chant, un mois avant, je ne savais toujours pas où je devais enregistrer. J’ai trouvé une solution « de repli » et je suis allé au fin fond du Cantal, dans une grande maison, un peu paumée vers Saint-Flour. Sauf qu’il fallait que j’y aille chaque week-end pour enregistrer. C’était impossible la semaine. Il y avait aussi des contraintes liées aux déplacements interdépartementaux avec le Covid-19 et toutes ces conneries. J’avais les samedis et les dimanches pour enregistrer deux titres par week-end, puisqu’il ne restait plus qu’un mois à ce moment-là. J’arrivais avec les textes et je branchais le micro et j’enregistrais. Il n’y a eu quasiment aucune préparation, mais j’ai toujours plus ou moins fonctionné comme ça. Il n’y a eu aucune préparation particulière. Ça a vraiment été à l’instinct. J’arrivais à dix heures du matin, j’ouvrais des bières, je buvais des coups, je m’installais et je gueulais. Et c’est toujours pareil avec Aorlhac, ce sont vraiment les thèmes et les guitares de NKS qui me transportent et qui me permettent de donner tout ce que j’ai à gueuler. Si on parle de matériel, j’avais encore une fois un micro statique. Je ne suis pas ingénieur du son, mais je suppose que par rapport à un micro dynamique, on perd d’un côté mais on gagne en diction et en clarté, etc. Mais il n’y avait rien de préparé. De même, pour le spectre vocal, c’est sur cet album-là, pour moi, même sans trop de recul, qu’il y a le plus d’« expérimentations », mais pour autant, aucune préparation. Peut-être que les scènes et les différents albums – nous sommes là depuis 2007 ou 2008, j’ai trente-quatre piges – me permettent d’avoir quelques réflexes, mais je ne travaille pas particulièrement mon chant. J’y vais énormément à l’instinct et aux riffs qui me transportent. Donc non, pas de réparation, pas d’idée particulière, juste à l’instinct. En tout cas, c’est vraiment l’album où je suis le plus fier de ce que j’ai pu sortir sur le plan vocal : il y a des voix désespérées, des voix arrachées, des voix claires, des voix machins… je suis vraiment super satisfait du résultat.
« Nous sommes amoureux de notre région, nous avons envie de la mettre en valeur. Nous mettons forcément en avant la chaîne des volcans, la chaîne des Puys, le puy Mary, les coins qui sont là, parce que c’est totalement notre répertoire. »
Ce qui distingue les anciens albums des nouveaux, c’est la multiplicité des vocalises, c’est aussi ce qui donne ce côté fédérateur que l’on associe à ce « black épique » qui est souvent utilisé pour vous qualifier. En quoi ça fait sens pour vous d’avoir ces voix distinctes ?
Je ne sais pas quoi dire. Quand nous avons commencé le projet, nous avions tous à peine la vingtaine. J’avais dix-neuf ou vingt piges. Julien, guère plus. Nous ne sommes pas arrivés en mode : « On est déjà super calés, on est super bons, tout est carré. » Nous avons évolué avec le temps. Et je continue d’évoluer en tant qu’artiste et en tant que personne. C’est ce qui est magnifique avec ce projet. Quand tu arrives, tu ne te poses plus de questions. Maintenant nous avons un certain recul, mais « black metal épique », même « black metal », je ne sais pas… Pour moi, nous faisons de la musique extrême.
NKS : Ça m’a toujours dérangé de mettre une étiquette. On aime toujours associer, ça rassure. Effectivement, « black épique », c’est peut-être ce qui s’en rapproche le plus.
Spellbound : Je préfère « black metal épique » à « black metal occitan » parce que nous ne sommes pas un groupe de black metal occitan. Nous sommes un groupe de metal extrême épique.
Je vais vous dire qui est la dernière personne à vous avoir qualifiés de black épique, que nous avons eu en interview il y a quelque temps à l’antenne : Gérald, des Acteurs De l’Ombre…
Oui, mais tu as raison. Parce qu’en fait, il n’y a pas de questions à se poser là-dessus, finalement. Parce que c’est aussi comme ça que nous nous définissons, si nous devons nous définir. C’est-à-dire que les tempos sont quand même plus ou moins rapides et dans la manière de composer de Julien, il en ressort quand même un côté un peu épique, on ne peut pas dire le contraire. Côté black, je ne sais pas, il y a la voix. Nous sommes dans un certain standard. Il faut bien se définir d’une manière ou d’une autre, et c’est ce qui s’en rapproche le plus. Mais je comprends tout à fait l’analyse qui peut être faite. Je ne sais plus qui parlait des voix doublées, triplées, mais comme j’ai quasiment depuis le début au minimum doublé les parties chants, sur scène l’ajout de NKS et de Wynter, qui est à la guitare live, apporte quelque chose. Je n’ai jamais été partisan de faire qu’une seule voix sur les albums. Il y a ces deux voix qui font des voix différentes, ce qui est un peu chargé parfois, mais sur scène, il faut qu’on retrouve ça aussi. C’est pour ça que nous sommes à un chant principal avec NKS et Wynter qui se retrouvent à faire des backs avec moi.
Vous parliez de votre parcours, et on sent vraiment qu’il y a eu une forme de tournant au moment du retour et de la renaissance d’Aorlhac en 2017. Est-ce que pour vous, il y a vraiment deux périodes qui se distinguent ou est-ce que ça reste dans la continuité ?
NKS : Oui, par la force des choses, comme l’a précisé Florian tout à l’heure, nous avons commencé le groupe, nous étions relativement jeunes. Nous partons sur une trilogie alors que nous sommes quasiment sans expérience. C’était des choix assez audacieux. Je l’entends déjà, il y a peut-être plus une continuité entre L’Esprit des Vents et Pierres Brûlées, alors que ce n’est plus la trilogie. Aujourd’hui, nous sommes sûrs de notre force. Nous nous connaissons par cœur avec Spellbound, donc quand j’ai composé les guitares, même si son chant est insaisissable puisque je ne sais jamais ce qu’il va faire à l’avance – lui non plus, d’ailleurs [rires] –, j’ai déjà un petit aperçu du grain de folie qu’il peut apporter. Je pense qu’aujourd’hui, nous nous connaissons vraiment et nous avons trouvé notre recette un peu inconsciemment vers 2015 ou 2016, à force de bosser ensemble. Il y a cette alchimie qui se passe et je pense que les prochains albums seront vraiment dans cette continuité. Pour autant, je ne crache pas sur les premiers. Je les réécoute avec beaucoup de nostalgie. Je me souviens de la folie que nous avions quand nous avons composé La Cité Des Vents. C’est une période dorée pour le groupe. Nous étions très prolifiques à l’époque, peut-être moins regardants sur la qualité de production.
Spellbound : Nous avons évolué avec les albums, en tant qu’artistes et en tant que personnes.
NKS : Nous n’avons plus les mêmes critères aujourd’hui.
Spellbound : Nous avons plus de moyens aussi. Pour revenir à la question, pour moi, il y a clairement eu deux périodes au sein du groupe. Il y a eu la période de création 2007-2008 jusqu’à La Cité Des Vents, quelques concerts et un line-up qui a été monté à la suite de La Cité Des Vents. Puis il y a eu cette grosse coupure et d’un coup nous revenons. Dans cette période des deux premiers albums, je pense que nous nous étions créé un petit climat autour du groupe qui a été cool, mais dont nous ne nous rendions pas compte, parce qu’il n’y avait pas trop Facebook, il y avait à peine MySpace, etc. Nous faisions ce que nous avions à faire sans y réfléchir. Et puis il y a la seconde période lorsque nous revenons en 2018 avec la signature chez LADLO, qui va jusqu’à maintenant et où nous avons clairement passé un niveau.
« C’était un peu un défi, d’essayer de casser certaines choses, de sortir un peu de toute cette mode à la con de Korpiklaani et de faire du tagada tsoin-tsoin. »
NKS : Quand nous avons remis le couvert en 2018, ou un petit peu avant, le temps de composer – les premières ébauches de L’Esprit Des Vents datent de 2014-2015 – la pause nous a obligés à nous restructurer, à penser différemment, à composer différemment. Je me suis lancé dans la production d’albums. J’ai eu le temps de construire mon studio. Aujourd’hui, il y a des choses que nous ne pouvons plus faire pareil. Ça aurait été un non-sens. Il y a beaucoup de choses qui nous ont forcés à nous remettre à niveau. Nous avons dû recréer un line-up avec d’autres critères d’exigence que ceux du début.
Spellbound : Je crois qu’il faut quand même préciser que nous n’avons jamais pensé à quoi que ce soit. L’exposition est arrivée parce qu’il y a eu LADLO entre-temps, parce que tu peux composer la meilleure musique du monde – d’ailleurs ça veut tout et rien dire, peu importe où on place son curseur pour considérer que c’est la meilleure musique du monde ou pas –, si un jour tu ne tombes pas sur les bonnes personnes qui vont te faire évoluer… Après, être reconnu ou pas, qu’est-ce qu’on en a à foutre ? Le fait est que nous faisons ça depuis 2007. Nous avons eu la chance sur la deuxième période du groupe, de 2018 jusqu’à maintenant, de tomber sur LADLO qui avait les moyens de nous développer, de nous faire évoluer, etc. Nous l’avons pris à bras-le-corps et tant mieux, mais c’est vrai qu’il n’y a pas eu de réflexion sur comment être plus exposé. Mais il y a eu ces deux périodes qui sont distinctes quand même, c’est-à-dire celle des débuts, bien sûr, et celle de maintenant, où il y a un peu plus d’exposition, notamment grâce à LADLO.
Ce qui fait votre force aussi dans vos quatre albums, c’est ce que vous proposez à chaque fois au moins un hymne, au minimum. Sur ce nouvel album, « Au Travers De Nos Cris » que vous avez choisi en single a quelque chose de très fédérateur. Ça a été pensé comme ça ?
C’est génial. Il y a forcément plus de travail sur les riffs que moi quand j’arrive comme un connard avec mes binouzes en studio et que j’ai rien préparé à l’avance, que je suis juste énervé, que les riffs me transportent et que j’ouvre ma canette, que je bois trois ou quatre gorgées, et que je me dis : « Ok, j’y vais. » Pour « Au Travers De Nos Cris » l’aspect fédérateur est très clair au niveau des riffs, parce que les riffs sont – pour le coup – épiques, avec et toute la batterie derrière et le jeu de basse d’Alex tout au doigt sur l’album. Il y a donc cet aspect, le riff, et puis la partie centrale du titre avec ces voix claires : ça apporte peut-être aussi un peu l’aspect épique et fédérateur. C’est pareil : il n’y a eu qu’une prise sur tout ce chant et ce n’était pas du tout réfléchi, et ça donne ce truc qui est sur ce morceau. Je n’ai pas de recul pour dire que c’est le morceau le plus fédérateur. Pour moi, il n’a pas du tout été pensé en tant que titre fédérateur ou épique de l’album, pas plus que les autres. C’est sûr que déjà, c’est le plus long de l’album. Il fait presque neuf minutes. La partie centrale est assez épique au niveau du chant, des riffs mélancoliques et en même temps assez puissante. Dans ce sens-là, c’est vrai que c’est un morceau qui envoie bien, mais je pense qu’il y a pas mal d’autres morceaux sur l’album qui ne sont pas dans cette veine-là particulièrement, mais qui peuvent d’une autre façon, à différents niveaux, rejoindre ce côté épique et fédérateur, mais aux gens d’en juger. Pour moi, c’est un titre parmi les autres de l’album.
NKS : C’est toujours compliqué d’avoir du recul sur ses propres compositions. Maintenant, effectivement, avec le recul, plus le chant, je me dis que oui, si les gens le prennent comme ça, c’est que quelque part nous avons un peu réussi, mais ce n’était pas vraiment le but. Il n’y a pas vraiment de titre qui se dégage. L’album est assez rapide au demeurant, mais pour moi, il y a un peu de tout. C’est épique par la rapidité.
Spellbound : L’album est très rapide, c’est vrai. Nous nous faisions la réflexion à une époque avec NKS de pourquoi pas ralentir un peu le tempo. C’est là qu’on voit que rien n’est vraiment planifié à l’avance avec nous, puisque nous nous retrouvons avec un des albums les plus rapides, du moins sur la durée de l’album. Il y a peu de passages d’accalmie, même si, heureusement, il y en a quelques-uns.
NKS : Je reviens là-dessus, mais ça symbolise un peu l’état d’esprit qui était le nôtre lors de la composition. Ce qu’il faut savoir, c’est que tous les membres sont quand même très éloignés les uns des autres. Avec Spellbound, nous avons la chance d’être à peu près dans le même département, ce qui n’est pas le cas des autres – Clermont-Ferrand ou Lyon. Nous pensions nous voir pour faire mûrir les morceaux ensemble, mais ça n’a pas du tout été le cas. Toute cette frustration a donné lieu à Pierres Brûlées. Je crois que c’est ce qui a donné énormément d’énergie à cet album : beaucoup de frustration, beaucoup d’imprévu, de retournements de situation. Donc nous nous sommes dit que nous allions le faire à notre sauce et que nous allions laisser transparaître toute cette énergie.
« Nous pensions nous voir pour faire mûrir les morceaux ensemble, mais ça n’a pas du tout été le cas. Toute cette frustration a donné lieu à Pierres Brûlées. Je crois que c’est ce qui a donné énormément d’énergie à cet album : beaucoup de frustration, beaucoup d’imprévu, de retournements de situation. »
NKS, tu parlais de l’influence folk et disais que tu voulais t’éloigner de la mode à la Korpiklaani : en tant que compositeur, comment penses-tu ces variations stylistiques entre black metal et les parties plus acoustiques, même si elles sont moins présentes que sur d’autres albums ? Je pense à l’interlude « Averses sur Peyre-Arse »…
Ce n’est pas vraiment réfléchi. Et d’ailleurs, pour la petite histoire, nous sommes assez fiers avec Spellbound d’annoncer que cet interlude dont tu parles a été composé entièrement par Wÿntër Ärvn qui nous a rejoints comme guitariste live il y a quelques années. Aujourd’hui, nous sommes très contents de son apport. J’avais composé des morceaux acoustiques par le passé, mais là, je sentais vraiment qu’il pouvait composer quelque chose dans cette veine-là. Il a eu carte blanche et toute cette composition est de son œuvre. C’est lui qui a tout composé. J’ai rajouté un peu d’accordéon dessus pour agrémenter et donner une certaine dimension atmosphérique au titre. Aujourd’hui, le maître mot c’est que nous voulons du folk, mais il faut vraiment que ce soit dans la couleur et dans l’esprit de l’album. Il ne faut pas quelque chose de trop joyeux, mais quelque chose de sombre et mélancolique. Pour le prochain album, je pense que nous essaierons peut-être d’inclure plus de passages acoustiques sur les morceaux, mais nous ne voulons pas en mettre à tout prix. Là, ça me paraissait bien placé. Ça permettait d’aérer les morceaux qui sont assez rapides.
Spellbound : Il faut que nous fassions attention lorsque nous parlons de ce qui sera sur le prochain album, parce que je ne sais plus dans quelle interview on nous faisait remarquer que nous avions dit que ce serait mid-tempo, alors qu’au final, nous nous retrouvons avec l’album le plus rapide du groupe [rires]. Il y a aussi une chose qu’il faut voir : nous n’avons jamais voulu trop surcharger les aspects folkloriques, parce qu’après il y a aussi la scène. Sur scène, nous ne voulons pas avoir recours à des samples. Nous voulons rester bruts de décoffrage, comme sur les albums. A part l’intro sur laquelle nous rentrons en général où ça peut être des choses acoustiques préenregistrées, tout le reste du set, ce n’est que du live. Il y a donc ça aussi qui rentre en jeu, même inconsciemment.
NKS : Effectivement. Je pense qu’il y a plus de passages folks et acoustiques sur les premiers albums, parce que ce n’était pas calculé. Ce qu’il faut s’avoir, c’est qu’Aorlhac, en 2007 jusqu’en 2011, était un groupe de studio, donc c’était facile. Nous n’avions pas besoin de transposer et de nous poser la question, alors qu’aujourd’hui nous voulons quelque chose qui soit retranscriptible en live. Ceci dit, dans le futur, pourquoi pas, si nous arrivons à avoir des grosses scènes et à recruter quelques musiciens. Ce que nous ne voulons pas, c’est alourdir : Aorlhac doit rester simple en live et nous ne voulons pas nous entourer d’une armée de quinze types. Il faut quelque chose qui soit brut de décoffrage, simple et convivial. Après, je ne sais pas de quoi l’avenir sera fait, mais ce que nous ne voulons surtout pas, ce sont des samples. Nous ne voulons pas quelque chose de calculé et de froid, il faut que ce soit vivant, c’est le maître mot.
Puisque vous parlez du live, quand on vous avait vus à Lyon, nous avions échangé quelques mots et je vous avais demandé si vous ne stressiez pas trop pour la date du Hellfest qui, à l’époque, était à venir. Pour dire les choses poliment, tu as répondu que quelle que soit la date, de toute façon tu te « faisais dessus » avant [rires]. Est-ce important de conserver ce stress quand on fait une musique comme la vôtre ?
Spellbound : Ça dépend des individus et des personnalités. Je suis quelqu’un qui n’a pas forcément trop confiance en lui. Pour le coup, cette musique me tient tellement à cœur qu’il y a toujours un gros stress, et je pense que c’est vrai pour tous les gars du groupe à différents niveaux. Peu importe s’il y a du monde ou pas, c’est toujours du stress. Au Hellfest, c’était une Temple qui était pleine, mais qu’il y ait cinquante personnes ou sept mille personnes, pour moi, il y a toujours cet enjeu. Ce que je veux faire comprendre, c’est que ce n’est pas un hobby. C’est quelque chose de viscéral. C’est quelque chose dont j’ai absolument besoin. Donc forcément, à chaque fois, je le prends hyper à cœur et il y a toujours ce gros stress que tu attendes avec de la bière avant de monter sur scène, etc. Dès que tu montes sur scène, que les accords commencent à claquer et que tu rentres dans le truc, c’est terminé, tu fais ce que tu as à faire, peu importe ce qu’il arrive. Mais pour ma part, il y a toujours ce stress lié à la montée de scène.
« Nous n’avons jamais voulu trop surcharger les aspects folkloriques, parce qu’après il y a aussi la scène. Sur scène, nous ne voulons pas avoir recours à des samples. Nous voulons rester bruts de décoffrage, comme sur les albums. »
On a l’impression qu’Aorlhac a su se doter d’un petit noyau dur de fans. On voit pas mal passer de patchs à l’effigie du groupe. Depuis L’Esprit Des Vents, il y avait eu l’édition limitée avec le coffret, le drapeau, les cassettes, le pin’s, etc. Est-ce que ces « produits dérivés » sont aussi là pour remercier les gens pour le soutien qu’ils apportent au projet ?
C’est aussi venu de l’exposition naissante du groupe. Il y a ces fameuses deux parties du groupe, comme nous en avons parlé, entre les débuts et ce qui se passe maintenant. Il y a aussi plus de moyens mis à disposition du groupe. En 2018, quand nous avons sorti L’Esprit Des Vents, c’est là que ça a commencé. Nous n’avons pas compris ce qui se passait pour nous, entre les Hellfest, les Tyrant Fest, nous avons beaucoup joué en France, nous avons joué en Allemagne, en Belgique, en Suisse, etc. Nous avons fait plein de trucs assez fous, c’était très nouveau, et c’était longtemps après avoir créé le groupe, car nous n’avons jamais cherché tout ça. Nous n’avions pas de plan de carrière ou de musicien. Pour nous, c’est un « juste retour des choses » : c’est cool que les fans aient accès à ce genre de produit. La box dont tu parles est faite à cent exemplaires, avec plein de trucs dedans. Elle est à cinq cents euros, ce qui est quand même une belle somme – je ne pourrais même pas me la payer ! Mais il y a une demande, je pense. Ça suit la logique d’un petit peu plus d’exposition et donc d’un petit peu plus de demande, mais nous sommes contents de pouvoir proposer aux gens qui nous suivent des beaux produits de qualité.
NKS : C’est toujours surprenant à notre niveau d’Auvergnats : tu te déplaces dans un festival, tu vois des mecs avec des sweets, des patchs, des pin’s à ton effigie, tu ne comprends pas trop. Ça me surprend toujours. Après, je pense que nous avons une identité visuelle. Rien que le logo, j’en suis super fier. Je me revois encore en 2006, c’est une pote qui dessine un peu qui nous avait fait ça, et elle a réussi à allier un logo avec des motifs, il y a de l’architecture, du fantastique, des monstres, etc. C’est un logo qui a une identité forte et, effectivement, aujourd’hui je trouve que c’est assez original.
Spellbound : Encore une fois, sur l’aspect merch – on peut parler de produits, même si c’est chiant de le dire, mais c’est ça aussi – nous avons un label qui nous permet maintenant de faire de beaux produits. Il y a dix ans nous n’aurions pas pu, mais maintenant nous pouvons nous permettre de sortir de belles box, de beaux objets, avec un digipack où la coulée de lave est faite en une espèce de vernis qui permet d’avoir une vision un peu cool suivant les angles. Nous avons cherché le détail et à bosser ça bien avec le label, ils nous ont suivis et ils nous ont permis de faire ça. C’est super !
Comment voyez-vous le futur proche d’Aorlhac ?
Il faut savoir que nous n’avons pas de structure de booking. Ce qui est génial depuis 2018, c’est qu’après la sortie de L’Esprit Des Vents, neuf concerts sur dix, on est venu nous demander de jouer, ce qui est un « luxe ». On est vraiment venu nous demander sur des grosses dates sans que nous ayons à démarcher. Le reste des dates, ça a été les LADLO. Ça a fait un bon mix qui nous a permis de bien promotionner l’album sur scène un peu partout. Après, personnellement, j’espère que l’album va bien fonctionner et que nous aurons le maximum de dates possible. Je pense que nous allons privilégier les dates les plus importantes par rapport aux plus petites parce que n’avons plus le temps d’aller partout. Ce n’est pas du tout une question de se la péter en disant ça, mais c’est juste que nous allons privilégier les dates qui sont les meilleures pour nous. Après, de manière plus globale, il s’agira de faire prospérer le projet le plus longtemps possible, que ce soit en concert ou via notre discographie.
NKS : En résumé, je pense que nous partirons sur un nouveau cycle. Ce qu’il nous faut faire à présent, c’est défendre cet album pour le mieux. C’est sûr que le contexte sanitaire a fait que c’est compliqué pour nous. Nous prévoyions une petite tournée et dès le début, c’était compliqué. Nous allons essayer de nous adapter, comme nous l’avons toujours fait et nous comptons faire le plus de concerts possible, en essayant de tourner un peu partout et pas toujours au même endroit, ce que nous avons toujours su faire par le passé, donc il n’y a pas de raison pour que nous n’y arrivions pas. Et ensuite se remettre à composer pourquoi pas pour le prochain album.
Spellbound : Au final, c’est ça : faire prospérer le groupe et continuer à le faire grandir le plus possible. On verra jusqu’où ça va !
Pour finir, Spellbound, nous t’avions reçu il y a quelques mois pour Jours Pâles : on sait que l’interview a marqué certains auditeurs et lecteurs. De ce qu’on a pu remarquer aussi, c’est un album qui a beaucoup plu. Quels retours en as-tu eus et es-tu surpris de sa réception ? As-tu aussi un mot sur le futur de ce projet ?
Jours Pâles est encore assez « confidentiel ». J’ai la chance d’être sur LADLO, sûrement aussi grâce à notre passé avec Aorlhac, ça a permis de développer mes trucs un peu plus perso. J’ai effectivement été assez touché de certains retours sur l’interview que vous m’aviez accordée à propos de la sortie d’Éclosion. Là c’est pareil, ce que j’espère, c’est juste de faire prospérer le projet au mieux. J’ai déjà un deuxième album en préparation, voire un troisième. Je bosse beaucoup sur la compo en ce moment. Aorlhac restera toujours ma priorité absolue, c’est indéniable – NKS le sait, il pourrait le confirmer, j’ai toujours dit qu’au niveau planning, si je dois choisir entre n’importe quoi et Aorlhac, ce sera toujours Aorlhac – mais le projet Jours Pâles reste très important pour moi, et advienne que pourra. De toute façon, entre Aorlhac et Jours Pâles, ma vie de musicien est comblée. Que les gens sachent qu’il y aura une continuité à tout ça. C’est un projet sur le long terme comme Aorlhac.
Interview réalisée par téléphone le 20 septembre 2021 par Eric Melkiahn & Jean-Florian Garel.
Retranscription : Eric Melkiahn & Nicolas Gricourt.
Facebook officiel d’Aorlhac : www.facebook.com/Aorlhac
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