Un changement de vocaliste dans un groupe est toujours une épreuve un peu délicate. Déjà pour trouver la bonne personne avec qui l’alchimie se fera, mais aussi et surtout pour faire accepter celui ou celle qui incarnera le visage et la voix du groupe à une fan base toujours méfiante et frileuse face aux changements. La carrière d’Arch Enemy avait pris un vrai tournant avec Angela Gossow, les risques en lui trouvant une remplaçante suite à son départ n’en étaient que plus grands. Pourtant, non seulement le passage de témoin au sein du groupe s’est fait de façon on ne peut plus fluide, mais en plus, là où de nombreux groupes se sont cassé les dents sur les avis mitigés des fans, Arch Enemy a carrément vu sa côte de popularité monter en flèche ! Michael Amott, dans l’entretien qui suit, semble lui-même bien incrédule devant ce constat.
Et c’est bien en raison de ce succès que le combo suédo-canadien a décidé d’en laisser un témoignage live avec As The Stages Burn, qui immortalise l’impressionnant show de tête d’affiche donné par le groupe au Wacken Open Air 2016. Nous avons donc parlé avec le guitariste de la bande, l’occasion d’en savoir plus sur son approche de l’exercice live, mais aussi sur le nouvel album à venir et le groupe Black Earth qui a vu, le temps de sept dates au japon, revivre le vieux line-up d’Arch Enemy de 1999, avec le premier chanteur Johan Liiva et le frangin Christopher.
« Je suis fier d’être dans un groupe qui soit également un bon groupe de live. Tous les groupes ne sont pas bons en live. Arch Enemy est très bon en live, donc j’imagine que nous aimons le montrer [rires]. »
Radio Metal : A l’origine, vous n’aviez pas vraiment prévu de sortir un film de cette tournée, mais apparemment, elle a eu un tel succès que vous avez changé d’avis. Qu’avait-elle de si spécial, cette tournée, qui vous a donné envie d’en immortaliser l’atmosphère ?
Michael Amott (guitare) : Si tu te souviens, en 2014, nous sommes revenus avec War Eternal, l’album, et nous avons présenté un nouveau line-up avec Alissa White-Gluz au chant. Nous ne savions pas comment ceci allait être reçu. Nous ne savions pas vraiment si ça allait être un succès ou pas [petits rires]. Donc nous nous sommes dit : « Bon, ça va prendre un peu de temps à reconstruire le groupe avec un nouveau line-up, à instaurer ce nouveau line-up. » Mais ce qui s’est passé, c’est que nous avons été si bien reçus par la communauté metal que ça a été un énorme succès pour nous. Le groupe est désormais plus gros qu’avant ! Nous avons fait énormément de concerts, je crois qu’il y en avait presque deux-cent-cinquante partout dans le monde sur la tournée, presque trente de ces concerts étaient en France d’ailleurs. Lorsque nous avons eu l’occasion de jouer au Wacken en tête d’affiche, nous leur avons demandé si nous pouvions faire une grosse production scénique, avec un concert spécial et tout, et ils ont dit oui et nous avons collaboré là-dessus. Nous avons pensé : « Bon, nous devrions vraiment filmer et sortir ça ! » C’est un peu un cadeau pour les fans, « merci pour la super tournée mondiale et merci pour avoir soutenu Arch Enermy. » Et puis la prochaine étape après ça, évidemment, c’est faire un nouvel album studio, le successeur de War Eternal.
Etais-tu surpris par le succès de la tournée ?
Oui, complètement ! Je ne m’y attendais vraiment pas. Je pensais que les fans de metal seraient plus négatifs [rires]. Car personne n’aime le changement, tu sais, et c’était un gros changement. Angela [Gossow] s’est retirée après treize ans à mener le groupe et le faire évoluer jusqu’à un très haut niveau, et puis en laissant ceci tomber, nous ne savions pas vraiment comment ça aller se goupiller. L’album War Eternal était très fort et possédait de super chansons. Alissa a prouvé qu’elle était une super meneuse aussi et une super chanteuse et performeuse. Nous avons commencé à beaucoup tourner à travers le monde et avons rencontré énormément de succès.
Comment expliques-tu que ce changement ait été si bien accepté ?
Ouais, eh bien, je ne sais vraiment pas ! Si je savais comment réussir ça, à changer de chanteur et devenir un plus gros groupe, j’écrirais un livre [rires], je le vendrais et je me ferais plein d’argent, ou bien je ferais des séminaires ou quelque chose comme ça.
Comment Alissa a-t-elle évolué au cours de ces trois années ?
Je trouve qu’elle a énormément évolué ! Je veux dire qu’elle était super lorsqu’elle a commencé avec nous, mais je trouve que maintenant, elle est encore meilleure, elle n’a cessé de gagner en confiance et en expérience. C’est très, très bien. Je suis très content de tout. Elle est très forte en live.
Quels étaient les défis à mettre en place un tel show ? Comment est-il devenu réalité ?
C’était beaucoup de travail. Ca a pris environ six mois à le planifier, et nous avons travaillé avec une entreprise allemande qui nous a aidé à tout mettre en place, la production scénique, les éléments de scène, à construire la scène, concevoir les décors, tous ces trucs. Les décors ont été principalement créés par Costin Chioreanu, qui a aussi fait notre pochette d’album pour War Eternal. C’était beaucoup de travail, beaucoup de gens ont dû être impliqués pour rendre ça possible. En gros, je n’ai pas supervisé ce projet moi-même, ça a été fait par Angela Gossow, notre ancienne chanteuse [petits rires], qui est maintenant notre manageuse. C’est elle qui s’en est occupé. Elle vit en Allemagne, elle est proche de toutes ces entreprises et des gens à qui nous avons fait appel là-bas. Moi je suis là en Suède, donc je n’ai pas le même accès à tout ça. Mais elle a fait du super boulot !
Penses-tu qu’elle soit plus heureuse à manager le groupe qu’à chanter sur scène ?
Je le pense, ouais ! Je veux dire qu’elle l’a fait pendant trente ans, mais elle en a eu marre. Et elle a toujours été très bonne avec les trucs liés au business, elle appréciait s’occuper du budget et ce genres de choses [rires]. C’est quelque chose qui moi-même ne m’intéresse pas, donc c’est bien d’avoir quelqu’un en qui nous avons confiance pour s’occuper de ça pour nous.
C’était votre plus gros concert à ce jour. Comment vous, en tant que musiciens, vous préparez-vous pour un tel événement et une telle production scénique avec de la pyrotechnique, etc. ?
Je me suis rendu complètement ivre la veille, donc j’avais la gueule de bois. Ça m’a relaxé pour être calme… [Eclate de rire] Non, je blague. C’était très concentré, très sérieux, évidemment, mais lorsque nous montons sur scène, simplement, nous nous amusons. Comme je l’ai dit, nous avons joué deux-cent-cinquante concerts sur cette tournée mondiale, donc c’est comme quelque chose qui… Nous le faisons, c’est tout ! Et nous nous amusons en le faisant. Nous avons beaucoup confiance en notre prestation et dans le groupe. Je ne dirais pas que c’est facile mais c’est comme une seconde nature, c’est naturel pour nous d’être sur scène, même pour un grand concert spécial comme celui-ci ; une fois que tu es sur scène, ça ne reste qu’un concert. Tu ne peux pas penser au fait que ce sera filmé, que ça sortira ou quelque chose comme ça, car ça le foutrait en l’air à coup sûr. Ceci dit, nous avons fait une réunion pour la pyrotechnie avant le concert. Je veux dire que nous avons déjà pas mal travaillé avec de la pyrotechnie avant, donc nous savions comment ça fonctionne. Mais avec quelque chose ça, c’est plus gros, il y a plus de pyrotechnie et tu ne veux pas de faire frire sur scène, c’est certain.
« Le public est un élément important d’un bon concert. C’est vraiment du donnant-donnant où ils nous donnent de l’énergie et ensuite l’énergie vient en nous et nous la leur renvoyons. C’est vraiment un cycle d’énergie qui fait un bon show. »
Comment se fait-il qu’aucune chanson de l’ère Johan Liiva n’apparaît dans la setlist ?
Ouais, quelqu’un d’autre m’a aussi demandé ça l’autre jour… En fait, au Wacken, nous avons donné un concert de seulement soixante-dix minutes, donc nous n’avons joué que certaines de nos plus grosses chansons. Nous avons tant de grosses chansons ! C’est impossible de tout jouer. Nous devons jouer « Ravenous », « We Will Rise », « Nemesis », « Dead Eyes See No Future », quelques trucs du dernier album, comme « War Eternal », « As The Pages Burn », « You Will Know My Name »… Nous avons plein de chansons importantes maintenant. C’est difficile de toutes les mettre dans la setlist et les plus anciennes chansons d’Arch Enemy ne font pas partie des plus populaires auprès des fans que nous avons maintenant. Mais tu sais, lorsque nous jouons nos propres plus petits concerts en tête d’affiche, il arrive que nous mettions dans la setlist de vieilles chansons.
Au cours de votre carrière, vous avez sorti un certain nombre d’albums et DVDs lives. Vous avez même sorti l’année dernière au Japon un DVD qui s’appelle War Eternal Tour : Tokyo Sacrifice. Est-ce important pour vous d’avoir tous ces témoignages live ?
Ouais, je pense. En fait, nous avons fait Live Apocalypse en 2006, je crois, et puis nous en avons fait un en 2008 qui s’appelait Tyrants Of The Rising Sun, c’était aussi à Tokyo, et puis il n’y a rien eu jusqu’à l’année dernière lorsque nous avons sorti Tokyo Sacrifice, mais ça c’est uniquement sorti au Japon. Et puis nous sortons celui-ci en 2017. Donc ça ne fait vraiment pas tant que ça (il oublie Burning Japan Live 1999 sorti en 2000, NDLR) si tu compares à un groupe comme Dream Theater ou Iron Maiden. Mais je pense que c’est intéressant. Tu sais, le metal est censé être joué en live sur scène. Je pense que c’est important, ouais. Je suis fier d’être dans un groupe qui soit également un bon groupe de live. Tous les groupes ne sont pas bons en live. Arch Enemy est très bon en live, donc j’imagine que nous aimons le montrer [rires].
Qu’est-ce qui fait un bon concert d’après toi ?
Eh bien, il faut un super groupe et il faut aussi un super public [rires]. Le public est un élément important d’un bon concert, tu sais. C’est vraiment du donnant-donnant où ils nous donnent de l’énergie et ensuite l’énergie vient en nous et nous la leur renvoyons. C’est vraiment un cycle d’énergie qui fait un bon show. [Réfléchit] Qu’est-ce qui fait un bon groupe live ? Je veux dire qu’il y a plein de types de groupes différents. Tout dépend du genre de groupe que tu es. Je pense qu’Arch Enemy est très visuel, c’est un fort sens musical… Je pense… C’est très difficile à dire ce qui fait une bonne prestation live ! Mais je pense que l’honnêteté est un bon élément, j’aime les prestations honnêtes. J’aime entendre la personnalité des musiciens dans leurs prestations. Et je pense que dans Arch Enemy, nous jouons un genre de metal extrême mais avec beaucoup d’individualité dans notre son et notre personnalité, et beaucoup d’émotion dans notre prestation également.
Qui sont tes références en termes de show ?
Les plus gros groupes et certains des groupes historiques que nous admirons. Je dirais plutôt des choses comme les vieux Judas Priest, Iron Maiden, Scorpions… [Petits rires] Des trucs dans le genre, des groupes qui mettent en place un super concert de heavy rock, c’est de toute façon vraiment ce que je préfère. Mais j’aimerais dire que j’apprécie aussi regarder les groupes de death metal vraiment techniques et extrêmes qui jouent devant deux-cent personnes dans un petit club ; je peux aussi apprécier ce genre de show ! Mais c’est très différent et ce n’est pas ce qu’est Arch Enemy. Je pense qu’Arch Enemy est un peu plus gros et nous travaillons le public différemment, peut-être.
Comment travaillez-vous et préparez-vous un concert et une tournée classiques d’Arch Enemy ?
Nous faisons de la pré-production. Nous vivons dans différents endroits du monde, donc typiquement, nous nous réunissons tous en Allemagne parce que nous avons un complexe de répétition là-bas. Nous avons un peu nos QG là-bas, nous avons notre matériel là-bas, notre backline, etc. Et c’est un bon endroit pour se réunir. Donc nous nous retrouvons dans les environs de Francfort et répétons pendant quelques jours ou une semaine, et ensuite nous partons, nous sautons dans le tour bus et commençons à faire des concerts !
Depuis plusieurs années c’est Sharlee D’Angelo qui s’occupe des setlists pour te libérer de cette tâche. Pourquoi ?
Parce que je fais énormément d’autres choses pour le groupe ! Je ne peux pas tout faire ! Et je peux jouer n’importe quoi. J’aime jouer toutes les chansons. Et il est bon lorsqu’il s’agit de se souvenir de ce que nous avons joué. Si nous jouons dans une ville quelque part en France, disons Strasbourg, il se souviendra : « Oh, nous avons joué à Strasbourg il y a dix-huit mois et voilà quelle était la setlist ! » Il a tout dans des fichiers, du coup nous changeons un peu la setlist et ce genre de choses. Il est très bon dans cette tâche. Il a un bon esprit pour élaborer l’enchaînement du set avec les différents changements de tonalités et de tempos.
« Plein de groupes sont obligés de se reposer sur [leur vieux catalogue], ils n’obtiennent les très bonnes réactions en concert que lorsqu’ils commencent à jouer les vieilles musiques, alors que pour nous, c’est l’inverse. »
On dirait que tu n’aimes pas trop faire autre chose que t’occuper purement de la musique !
Ouais, tu as probablement raison [rires]. C’est surtout que je m’améliore dans le fait de ne pas tout faire. J’avais pour habitude de faire tellement plus par moi-même. J’ai dépensé énormément d’énergie. Et là, j’étais aussi en train de composer un nouvel album, donc je me suis focalisé là-dessus l’année dernière et j’ai économisé mon énergie et ma créativité pour le nouvel album. Je ne suis pas fainéant ! Je travaille beaucoup ! [Petits rires]
En parlant de ça, en août de l’année dernière, tu as révélé que vous aviez sept ou huit nouvelles chansons pour le nouvel album. Du coup, où ça en est maintenant ?
Maintenant, toutes les chansons pour le nouvel album sont prêtes. La batterie est déjà enregistrée et je vais commencer à enregistrer les guitares lundi. Là tout de suite, nous avons un paquet de chansons mais je pense que mon idée est d’avoir dix chansons et puis peut-être quelques trucs instrumentaux aussi, et puis, bien sûr, des musiques bonus et ce genre de choses, mais dans un monde idéal, je préfère avoir dix chansons sur un album, je n’aime pas trop en avoir plus. Je n’aime pas les albums qui ont quinze chansons. Généralement, ces quinze chansons ne sont pas toutes bonnes. Je préfère vraiment écrire plein de musique et ensuite ça revient à rogner progressivement une sculpture et j’essaie de créer les dix meilleures chansons, et je veux que chaque chanson soit super solide. Que des tueries, pas de remplissage ! Tu sais, je suis de la vieille école. J’ai grandi avec le vinyle, avec la face A et la face B, peut-être dix chansons… Ça pourrait même être huit chansons ! Mais dix chansons, c’est bien. Quarante à quarante-cinq minutes de musique c’est vraiment parfait pour le metal et les choses plus heavy.
Comment décrirais-tu la nouvelle musique ? A quoi peut-on s’attendre ?
C’est un peu différent de War Eternal, ce qui est normal, mais il y a aussi quelques similarités, évidemment. C’est vraiment un album d’Arch Enemy, je suppose. Mais il y a une grande variété dans les chansons. Il sonne très ouvert, d’une certaine façon, par rapport à War Eternal qui sonnait comme un album très sombre, claustrophobe et furieux. Je pense que celui-ci sonne un peu plus ouvert et puissant selon moi. Il y a plein de variations de tempo, il y a des trucs super rapides mais aussi des grooves mid-tempo et heavy également. C’est très mélodique, évidemment, il y a beaucoup de mélodie ; je ne peux pas m’en empêcher, je mets toujours plein de mélodie là-dedans. Nous allons aussi avoir quelques surprises cette fois [petits rires]. Il contiendra certaines choses qui choqueront quelques personnes, je pense, donc je suis surexcité d’avoir ce genre de surprise pour les fans.
Et quand prévoyez-vous de le sortir ?
J’aimerais sortir cet album en Septembre. Voyons si nous pouvons tenir ce calendrier. Tu sais, je pourrais très bien tomber demain dehors sur le pas de ma porte sur la glace et me casser les bras, alors nous serions obligés de tout repousser ! [Rires]
Tu as récemment remonté le line-up de Burning Bridges avec ton frère Christopher et le chanteur Johan Liiva. Qu’est-ce qui t’as motivé à faire ça ?
C’était le vingtième anniversaire du premier album Black Earth, de 96 à 2016. Cette incarnation du groupe, ce line-up, était très populaire dans les années 90 au Japon et nous pensions que peut-être nous pourrions avoir l’occasion d’y aller et jouer un concert spécial constitué de ces vieilles chansons pour les fans là-bas, pour jouer le premier album en intégralité plus des chansons de Stigmata et Burning Bridges. Donc nous avons parlé de l’idée à notre tourneur et il est allé au Japon et est revenu avec sept dates à travers le Japon, du sud au nord. Donc nous y avons été et avons fait les sept concerts, et ça a rencontré un bon succès. D’ailleurs, nous avons enregistré un de ces concerts aussi. Nous allons sortir ça un peu plus tard.
As-tu une nostalgie pour cette époque ?
Bien sûr que j’en ai. C’était une très courte période entre 96 et 99, trois ou quatre ans, et c’était très intense. Nous avons fait trois albums dans ce laps de temps. Je me souviens surtout de la composition de la musique, de son enregistrement au studio Fredman de Göteborg, avec Fredrik Nordström, notre ancien producteur. J’ai pris beaucoup de plaisir, c’était amusant ! Nous commencions tout juste, nous essayions d’instaurer le groupe, mais nous n’avions pas tellement de succès, vraiment, sauf au Japon où ils nous aimaient dès le premier album. Mais c’était de la super musique, de super chansons, et j’adore encore aujourd’hui jouer cette musique aussi. C’est un peu différent du Arch Enemy d’aujourd’hui, et c’est super. Donc c’était quelque chose de marrant et d’intéressant à faire. En fait, il y avait quelques Français sur la tournée avec nous [rires], Frédéric Maujoin, qui gère le fan club d’Arch Enemy, il voyageait avec nous, et aussi d’autres gars.
Comment c’était de renouer avec Johan avec qui tu n’avais pas joué depuis très longtemps ?
Vraiment super ! Il était très bon en live, en fait. Il met en place une prestation vraiment solide et il se fait vraiment plaisir. Notre amitié a toujours été bonne, donc nous nous parlons encore chaque semaine ou nous nous envoyons souvent des SMS. Nous sommes amis, en fait, depuis de très nombreuses années [petits rires], avant même qu’Arch Enemy ne commence.
« Je n’ai pas de vie en dehors de ça. Je n’essaie pas d’en avoir une, donc… [Rires] Mais je trouve beaucoup de bonheur en faisant de la musique et en jouant de la guitare. »
D’ailleurs, pourquoi l’avais-tu viré du groupe à l’époque ?
C’est très simple. Il était très occupé avec son travail, sa vie professionnelle, et il n’avait pas vraiment le temps pour tourner. Nous voulions tourner davantage et il ne pouvait pas vraiment le faire. Donc c’était juste… Je veux dire qu’il est d’accord que c’était la bonne décision, donc il n’y a rien de bizarre entre lui et nous, vraiment. Ce sont d’autres gens qui peut-être n’ont pas aimé cette décision, peu importe, mais à l’époque, il ne pouvait pas faire le groupe.
Arch Enemy a vraiment explosé avec Wages Of Sin, lorsqu’Angela est arrivée dans le groupe, et pour de nombreux fans, c’est un peu le point de départ pour Arch Enemy. Penses-tu que ces trois premiers albums ont tendance à être négligés ?
Ouais, ils le sont. C’est juste qu’ils sonnent différemment. Ils ont une atmosphère différente, un feeling différent, et c’est un feeling vraiment cool, mais ça n’a pas eu beaucoup de succès à l’époque en Europe ou en Amérique. Mais maintenant, bien sûr, les gens reviennent dessus et avec internet, tout le monde peut les écouter gratuitement et profiter de la musique. Je pense que maintenant, peut-être que ce line-up est plus populaire qu’il ne l’était à l’époque. Avec Angela nous avons d’ailleurs refait une poignée de ces chansons, nous avons appelé ça The Root Of All Evil, nous avons réenregistré ces chansons avec elle au chant. Et puis nous avons rejoué nombre de ces vieilles chansons en live pendant plusieurs tournées. Donc je pense qu’elles ont bénéficié d’une bonne [exposition]. Je pense que là maintenant, les gens veulent entendre davantage les nouveaux trucs que nous faisons. Et tu sais, c’est magnifique, parce que le futur est le futur. Nous sommes ce genre de groupe qui, lorsque nous donnons un concert aujourd’hui, les chansons qui auront les meilleures réactions sont celles de War Eternal. Ça en dit long. Tous les groupes n’ont pas ce luxe. Plein de groupes sont obligés de se reposer sur [leur vieux catalogue], ils n’obtiennent les très bonnes réactions en concert que lorsqu’ils commencent à jouer les vieilles musiques, alors que pour nous, c’est l’inverse. Les gens aiment vraiment ce que nous faisons aujourd’hui. Je me sens chanceux, tu sais. C’est génial.
Est-ce que vous avez l’intention d’emmener Black Earth dans d’autres endroits qu’au Japon ?
Nous n’avons rien prévu pour l’instant. Johan est très occupé avec sa vie. Mon frère vit à New York. Nous avons des emplois du temps différents. Nous avions de la chance de pouvoir organiser ça, passer quelques semaines au Japon ensemble l’année dernière, et c’était des moments magiques, c’était tellement amusant. Nous verrons… Tu sais, Johan, sa vie n’est plus la musique, comme ça l’est pour moi, ce n’est pas quelque chose qu’il fait tous les jours, donc c’est une situation différente.
Est-ce que ça te manque de jouer avec ton frère ?
Ouais, c’est certain. Nous nous éclatons toujours ensemble. Mais il revient plusieurs fois par an en Suède et nous passons toujours beaucoup de temps à trainer ensemble, il loge chez moi et nous jouons beaucoup de guitare, parfois nous composons de la musique ensemble. Nous nous amusons beaucoup lorsque nous jouons ensemble. Et la tournée Black Earth, comme je l’ai dit, c’était l’éclate. Nous jouons très bien ensemble, donc…
Tu viens de mentionner que parfois vous composez ensemble, et c’est aussi quelque chose que Christopher nous a mentionné. Y a-t-il une chance que vous fassiez et sortiez un album ensemble, en dehors d’Arch Enemy ?
Ça serait amusant ! Ouais. Nous écrivons toujours de la musique lorsque nous nous retrouvons, ça fait partie de notre communication. Nous parlons un peu et ensuite nous attrapons les guitares, nous commençons à jouer… Nous ne discutons même pas de ce que nous allons faire, c’est très naturel. C’est parce que nous avons grandi ensemble. C’est un peu étrange, nous ne parlons pas, nous jouons, c’est tout, et puis, tout d’un coup, il y a quelques idées de chansons qui ressortent. C’est un truc très particulier, une connexion très spéciale. Avec un peu de chance, nous pourrons faire plus de musique à l’avenir, j’aimerais faire ça.
As-tu des nouvelles à partager au sujet de Spiritual Beggars ?
Nous avons sorti un nouvel album l’année dernière, Sunrise To Sundown, et nous avons fait une tournée européenne, et puis nous avons été au Japon, nous avons donné quelques concerts, et quelques festivals pendant l’été. Mais non, nous n’avons rien de prévu tout de suite. Je veux dire que j’ai quelques idées de chansons. Nous avons enregistré pas mal de concerts, peut-être que nous pourrions sortir un album live ou quelque chose comme ça, je ne sais pas. Tout de suite je suis tellement occupé avec ce nouvel album d’Arch Enemy que je n’ai pas le temps pour quoi que ce soit d’autre [rires]. Mais tu sais, nous nous retrouvons toujours ; nous nous éclatons tellement à faire Spiritual Beggars que je suis certain que nous nous retrouverons à un moment donné pour faire un nouvel album.
Toi et Sharlee avez beaucoup de projets, vous partagez Arch Enemy et Spiritual Beggars, vous avez fait la tournée Black Earth, il a aussi The Night Flight Orchestra et Witchery…
Arch Enemy est toujours la priorité, en fait. C’est de loin le plus gros groupe parmi tous nos groupes. C’est toujours marrant de faire d’autres trucs aussi ! [Rires] Tu sais, je n’ai pas de vie en dehors de ça. Je n’essaie pas d’en avoir une, donc… [Rires] Mais je trouve beaucoup de bonheur en faisant de la musique et en jouant de la guitare.
Leif Edling de Candlemass est connu pour souffrir de burn-out depuis plusieurs années, ça ne t’arrive jamais ?
Non mais, je veux dire, il n’a jamais vraiment tourné, ils n’ont jamais beaucoup tourné, donc je ne sais pas comment il a eu son burn-out [rires]. Mais c’est un super compositeur. Les gens sont différents mentalement, tu sais. Pour ma part, je tire beaucoup de force et de pouvoir en faisant de la musique. Ça me fait du bien ! C’est pourquoi je fais de la musique, c’est pourquoi je joue de la guitare, parce que ça me fait du bien. J’adore être sur scène et rencontrer le public, c’est ça qui est important pour moi. C’est là où les vrais musiciens montrent ce qu’ils peuvent faire, en live sur scène. Je suis de la vieille école ! [Rires]
Interview réalisée par téléphone le 9 février 2017 par Nicolas Gricourt.
Retranscription & traduction : Nicolas Gricourt.
Photos : Patric Ullaeus (1), Manuel Miksche (2), Lorenz Pietzsch (4 & 5).
Site officiel d’Arch Enemy : www.archenemy.net
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Une interview sympathique
J’ai hâte de pouvoir écouter le prochain album du groupe
Bonjour,
La peur ne considère pas le nombre des événements, le burn out aussi.
Cordialement