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Interview   

Architects n’abandonne pas


Sam Carter - ArchitectsIl y a des groupes pour qui la musique n’est rien qu’un divertissement, alors ils parlent de nanas, d’alcool et de faire la fête. Pour d’autres c’est un support pour raconter des histoires en tout genre, fantastiques, science-fiction ou historiques. Pour d’autres encore, la musique peut être un exercice intellectuel. Et puis pour des groupes comme Architects, la musique, c’est aussi « une tribune pour parler de choses qu'[ils] estim[ent] importantes, » en l’occurrence les causes environnementales et les modes de vie de nos sociétés occidentales de plus en plus déconnectés de la nature. Il y a un vrai esprit militant dans un album comme All Our Gods Have Abandoned Us, le nouvel opus des Anglais, et que nous avons cherché à comprendre dans nos échanges ci-après avec le chanteur Sam Carter, lui-même très actif en tant qu’ambassadeur de Sea Shepherd.

Et notamment parce que le message revêt une grande importance pour le groupe, l’album a bénéficié d’un soin et d’une attention tout particuliers, cherchant également à surmonter le challenge de proposer encore mieux qu’un Lost Forever // Lost Together qui fut son plus grand succès à ce jour. Un album qui, par ailleurs, inaugure l’officialisation du guitariste Adam Christianson au sein d’Architects. On parle de tout ceci avec Sam.

Architects by Jennifer McCord

« En tant que race humaine, nous pensons être intouchables, nous pensons être la meilleure chose qui soit sur Terre, alors qu’en fait, non, nous sommes la pire chose qui soit, nous sommes le cancer de la planète. »

Radio Metal : Vous avez déclaré que votre nouvel album, All Our Gods Have Abandoned Us, était le plus heavy et sombre à ce jour et que c’était le travail d’un groupe « qui a tout donné en studio. » Peux-tu nous dire à quel point cet album a été exigeant à écrire et enregistrer ?

Sam Carter (chant) : Pour moi, et pour nous tous, je pense que c’était l’album le plus difficile que nous ayons jamais enregistré parce qu’il était vraiment épuisant, c’était un sacré défi de faire quelque chose après Lost Forever. Lost Forever avait si bien marché que nous étions, disons, pas nerveux mais nous savions que ce nous faisions devait être vraiment spécial parce que Lost Forever a beaucoup compté pour nous ainsi que d’autres gens. Nous étions donc très, très investis et avons travaillé aussi dur que possible. Je n’arrêtais pas de penser à chaque tout petits bouts qu’on pouvait rajouter, chaque petit effet ici et là, pour essayer de le rendre meilleur. Ouais, c’était éreintant. Arrivé à la fin, nous étions tous très, très fatigués et ça a pris sept semaines, alors que Lost Forever, c’était trois semaines et demi, donc nous avons passé deux fois plus de temps en studio. Tu sais, je pense que c’est un audacieux bond en avant par rapport au dernier album. Et c’est important de progresser en tant que groupe. J’ai le sentiment que nous lui avons rendu justice. J’estime qu’il est important de se pousser les uns les autres dans l’environnement que nous aimons pour chercher le meilleur résultat. Il est clair que nous travaillons mieux ainsi et je pense que nous tirions tous dans le même sens.

L’année dernière, il a été annoncé que le guitariste de tournée Adam Christianson était devenu un membre à plein temps d’Architects. Quelle a été son implication dans l’écriture de l’album et comment décrirais-tu la nouvelle dynamique de groupe ?

Il n’a pas rien écrit pour l’album. Tom [Searle] écrit toujours tout. Mais ça fait très longtemps qu’il est avec nous, nous tournons avec lui depuis 2007, genre quand il était dans son ancien groupe. Et il a donné tant de son temps à Architects, il était si investi et c’est un mec tellement sympa que nous nous sommes dit que ça faisait totalement sens [de l’intégrer au groupe]. Une fois que nous nous sommes rendus compte qu’il n’y avait pas moyen que nous… Par exemple, s’il ne pouvait pas faire une date, nous ne la faisions pas, donc nous étions là : « Ok, tu es clairement un membre. » Donc ouais, l’intégrer était la seule bonne chose à faire. Il est super en studio, il a une oreille formidable pour les guitares et tout ce qui est lié au matos. Il veille toute la nuit à lire à ce sujet et s’en occuper, donc ouais, c’est sûr qu’il a aidé à obtenir le bon son pour cet album.

Vous avez enregistré cet album avec Fredrik Nordström et Henrik Udd, qui avaient déjà travaillé avec le groupe sur l’album Lost Forever Lost Together. Qu’est-ce qui vous a poussé à poursuivre cette collaboration ?

Nous adorions le son de Lost Forever et nous savions que nous voulions partir sur quelque chose de plus heavy que la fois dernière. En fait, nous avons toujours été fans de leur production et la façon dont ils font sonner les groupes. Donc pour nous, c’était une évidence, tu vois, on ne change pas une équipe qui gagne. Nous nous sommes simplement dits : « Retournons là-bas et faisons en sorte que ça sonne plus heavy. » Et Henrik, c’est un peu comme le sixième membre d’Architects. Il est vraiment à fond dans l’album. Il comprend le groupe parce qu’il a travaillé très dur sur le dernier album. Nous savions que nous aurions besoin de quelqu’un qui allait travailler encore plus dur parce que ce serait un énorme challenge de faire mieux que le dernier album.

Tu as déclaré toujours vouloir « faire l’album qui n’est pas dans [ta] collection de disques. » Est-ce que ça signifie que faire de la musique avec Architects revient à combler un vide pour toi ?

Ouais, à cent pour cent ! J’estime important de faire ça. C’est important d’écrire des mélodies de chant que tu aimerais entendre encore et encore ou écrire le riff que tu as toujours voulu entendre. C’est cool de faire quelque chose comme ça, de voir ça comme la chanson que tu veux avoir dans ton iPod et l’écouter et être là : « Ouais, c’est super ! » Car quel est l’intérêt d’être dans un groupe si tu n’aimes pas ton groupe ? Car tu dois tourner avec, jouer avec, l’aimer et l’incarner.

Vous avez déclaré que sur cet album, il était question « d’aller à la racine des dysfonctionnements et des désillusions qui causent tout ce bordel, qu’il soit personnel, politique ou environnemental. » Ça paraît très ambitieux, dans la mesure où aller à la racine de ces problématiques peut s’avérer très complexe. Comment avez-vous abordé ça ?

Nous avons la chance de pouvoir énormément voyager. Nous voyons probablement plus de choses que la plupart des gens, ce qui est très cool, nous en sommes heureux. Mais je pense que nous voyons les problèmes parce que nous nous rendons dans différents endroits et nous comprenons comment certains de ces endroits ne sont pas autant affecté par l’Occident que des endroits en Occident-même, tu vois. Et c’est assez effrayant de voir ces parties du monde qui n’ont pas été aplaties et où des maisons n’ont pas été construites partout et ensuite d’aller voir d’autres endroits où il n’y a plus aucun signe de verdure ou quoi que ce soit. Nous avons eu le sentiment qu’on se trompait sur toute la ligne. En tant que race humaine, nous pensons être intouchables, nous pensons être la meilleure chose qui soit sur Terre, alors qu’en fait, non, nous sommes la pire chose qui soit, nous sommes le cancer de la planète. Il y a tellement de gens qui veulent faire des profits à court terme sur le dos du changement environnemental qu’on ne le mettra jamais en avant. J’ai récemment vu une image sur une carte de trois étapes différentes : il y avait un tout petit point en Afrique qu’on ne pouvait même pas voir et si on mettait des panneaux solaires sur ce tout petit point, ça pourrait procurer de la chaleur à l’Afrique entière. Ensuite, il y avait un autre point, un peu plus gros, et cette superficie pourrait prendre en charge l’Europe. Ensuite, il y en avait un autre encore plus gros, et ça, ça permettrait de chauffer le monde entier. Et personne ne veut le faire parce qu’il n’y a pas d’argent là-dedans. Car dès que tu commences à utiliser l’énergie renouvelable, il n’y a plus d’argent pour les compagnies pétrolières. Nous sommes malheureusement coincés dans ce monde qui est détenu par ces gigantesques corporations et c’est assez effrayant lorsque tu commences à t’en rendre compte et à en parler.

Architects - All Our Gods Have Abandoned Us

« Ce que les gens ne voient pas ou ne comprennent pas, c’est que chaque Dieu dont ils parlent est en fait le même Dieu. Que tu penses que ce Dieu est un mec dans le ciel ou un éléphant ou un tout petit atome qui a tout créé, peu importe ce que c’est, tout ce qu’il veut, c’est l’harmonie. »

Tu as déclaré que « le titre de l’album fait en réalité allusion à l’idée selon laquelle nous vivons désormais dans une société tellement sans Dieu ni foi que ce n’est pas une bonne chose parce que ce qui en a pris la place, c’est le consumérisme et cette volonté constante d’avoir toujours plus. » Mais sont-ce les Dieux qui nous ont abandonné, comme le suggère le titre de l’album, ou bien est-ce nous qui avons abandonné les Dieux ?

Je crois que c’est un peu des deux. Je pense que s’il y avait des Dieux, ils seraient dégoûtés de ce que nous avons fait… J’ai dit « nous » ? Eh bien, ce qu’ils ont fait plutôt [petits rires]. Mais aussi, encore une fois, nous les avons écartés au point où, comme je l’ai dit, ces corporations se fichent du monde. Ces gens ne se rendent pas compte à quel point ils sont chanceux d’être en vie sur cette planète, ils ne savent pas… Par exemple, les gens parlent d’aller sur une autre planète pour survivre, c’est un non-sens ! Nous vivons dans un écosystème parfait ici et nous sommes en train de complètement le bousiller ! Je pense que lorsqu’on remonte à l’époque où les idoles des gens étaient ces Dieux, le monde était un endroit bien plus sûr par rapport à aujourd’hui où nous sommes tous en train de nous entre-tuer, à essayer d’amasser de l’argent et du putain… C’est un monde de fou !

Mais nous nous sommes toujours entre-tués…

Ouais, nous nous sommes toujours entre-tués mais je ne pense pas que nous nous sommes rendus compte que nous allons tuer tout le monde si nous ne changeons pas.

Nous voyons aussi aujourd’hui des extrémistes qui rejettent le consumérisme et tout ce que nos société Occidentales représentent et se faire exploser au nom de leur Dieu et de leur foi… Donc penses-tu que le problème soit vraiment le fait que notre société ait tourné le dos à Dieu et à la foi ?

C’est une excellente question ! Je dirais que c’est plus le… Il y a des fois différentes, tout comme il y a de multiples Dieux, n’est-ce pas ? Donc c’est très difficile, je pense… Lorsque tu regardes l’Occident et tu vois à quel point c’est déglingué, c’est plutôt effrayant mais ensuite, lorsque tu regardes en Orient et que tu vois ce qu’ils font, venir, explorer et tuer des gens innocents… Leur Dieu ne veut pas qu’ils fassent ça, putain, c’est clair que non. Aucun Dieu ne se met en quatre pour blesser qui que ce soit. C’est juste malheureux que ce que les gens ne voient pas ou ne comprennent pas, c’est que chaque Dieu dont ils parlent est en fait le même Dieu. Que tu penses que ce Dieu est un mec dans le ciel ou un éléphant ou un tout petit atome qui a tout créé, peu importe ce que c’est, tout ce qu’il veut, c’est l’harmonie. Disons que je ne suis pas religieux mais il y a quelque chose, même si c’est le plus petit atome au monde que tu ne peux voir, qui a tout créé et initié. Parce que nos vies et l’univers a bien dû démarrer quelque part, n’est-ce pas ? Donc je vais remercier l’univers de m’avoir permis d’exister, j’en suis très reconnaissant. C’est supposer évoluer en harmonie et être apprécié ; je ne pense pas que c’était censé [nous pousser] à nous faire exploser les uns les autres. Je ne peux pas m’imaginer dire : « Mon Dieu est mieux que ton Dieu, alors je vais t’exploser. » C’est dément ! Je pourrais rester là tout la journée à en parler [rires].

Tu as déclaré que « nous sommes malades, mais ensuite nous continuons à faire les choses qui nous rendent malades depuis le début. […] Nous pouvons tous voir que le monde cours au désastre, et pourtant nous ne faisons rien pour y remédier. » Dirais-tu que la race humaine est par nature autodestructive ?

A cent pour cent, ouais. Si nous n’existions pas, s’il n’y avait aucun humain sur Terre, le monde continuerait à tourner. Tout irait très bien, n’est-ce pas ? Mais si tu retirais une seule espèce de requin des océans, alors nous aurions de sérieux problèmes parce que ça engendrerait la ruine des océans – quatre-vingt pour cent de notre oxygène vient des océans – et ensuite nous serions morts. Mais en tant qu’humains, nous pensons être si puissants que nous pouvons aller chasser plus que nécessaire ces créatures dans les océans. Et nous pensons être la meilleure chose qui soit arrivée, alors que ce n’est pas le cas, nous sommes un putain de fléau, nous sommes comme un cancer. Nous nous sommes installés dans ce parfait hôte et nous sommes en train de le démolir en faisant ce que nous voulons. Nous ne sommes pas censés faire ça, nous ne sommes pas censés faire ce que nous faisons. Nous avons discuté de ça pendant que nous étions en studio, c’est une question délirante mais nous avons dit : « S’il y avait un bouton que tu pouvais presser et qui éradiquerait la race humaine, toute sorte de preuve que les êtres humains ont existé et que personne ne savait que ça va se passer et que personne ne ressentirait de douleur, simplement tu appuies sur le bouton et les hommes disparaissent, et ensuite tous les animaux vivraient en harmonie, est-ce que tu appuierais sur ce bouton ? » Et nous étions-là : « Ouais, nous appuierions ! On se débarrasse de tout le monde ! » Car alors le monde se remettrait sur pied comme si… Tu sais, les animaux se porteraient bien… Car, quoi qu’il arrive, nous sommes condamné à l’enfer aujourd’hui [petits rires], donc… On peut dire que c’est un album assez sombre [rires].

Et justement malgré cette connotation très pessimiste de l’album, vois-tu quand même de l’espoir pour la race humaine ou bien est-ce trop tard ?

Je pense qu’il y a encore de l’espoir. Je vois bien pourquoi les gens pensent que c’est un album très sombre mais il y a aussi un tout petit peu de lumière, dans le sens où une fois que tu connais ces choses et que tu sais ce qui se passe dans le monde, c’est assez libérateur d’en être conscient, de savoir à quel point nous avons de la chance aujourd’hui par rapport à ce que ce sera peut-être dans cinquante ans, et aussi d’être conscient que peut-être nous sommes la dernière génération qui peut faire la différence et changer les choses. Donc ça, en soi, c’est très puissant, c’est un sacré truc, c’est un bon sentiment libérateur. D’un autre côté, je vois aussi le fait que la plupart des gens n’en ont rien à foutre et c’est vraiment déchirant de… Tu sais, j’ai ces discussions avec des gens comme toi, des gens qui comprennent et ressentent la même chose et c’est vraiment bien et vraiment… Genre je repartirais aujourd’hui en me sentant bien parce que nous aurons eu une super conversation. Mais les gens moyens qui marchent dans la rue n’en ont rien à foutre ! Ils veulent juste rentrer chez eux, aller au travail, récupérer leur argent, payer pour vivre dans une boite, aller au travail, récupérer leur argent, payer pour vivre dans une boite…. et ne pas être heureux. Nous sommes tellement à l’ouest ! En tant qu’humain, on a tellement rien compris. Quelqu’un d’autre nous dit quoi faire pour empocher notre argent, pour payer pour vivre dans une maison qu’on n’a pas les moyens de s’offrir et on n’a pas assez d’argent pour s’amuser. C’est dingue. Lorsque tu commences à y réfléchir, c’est aussi simple que ça. C’est vraiment bizarre. On est à côté de la plaque et j’espère qu’on va commencer à comprendre.

Architects by Jennifer McCord

« Si nous pouvions stimuler une personne qui deviendrait le prochain, disons, Paul Watson ou conscient des causes environnementales ou militant, alors j’aurais le sentiment que ça valait le coup d’en parler. »

Cet album est considéré comme une « sonnette d’alarme ». A quoi t’attends-tu de la part du public après l’avoir écouté ?

J’espère qu’il fera dire aux gens : « On peut faire la différence. » Ce n’est pas comme les gens plus âgés… Les gens plus âgés n’en ont rien à foutre, ils sont irrattrapables, prêts à mourir de toute façon [petits rires]. C’est la jeunesse, ce sont les gens qui ont une voix, qui sont en colère et veulent changer les choses… C’est comme ça que vient le changement, en se lever et s’y mettant. Et je pense qui si nous pouvons stimuler… Je ne suis pas du tout en train de dire qu’Architects va sauver le monde, ça je le sais, ça n’arrivera pas, mais si nous pouvions stimuler une personne qui deviendrait le prochain, disons, Paul Watson ou conscient des causes environnementales ou militant, alors j’aurais le sentiment que ça valait le coup d’en parler.

Penses-tu qu’un groupe de metal peut faire une différence significative pour sensibiliser les gens ?

Je pense que si tous les groupes de metal le faisait, si tous les groupes de metal parlaient de la même chose, ça ferait une différence, sacrément. Car la scène est énorme ! Je ne pense pas que les gens ont conscience à quel point cette scène est grosse, car c’est un mouvement underground. Mais espérons qu’on verra de plus en plus de groupes en parler, comme Stick To Your Guns, nous, Enter Shikari… Il y a plus de groupes qu’avant qui discutent de ces problématiques. Et avec un peu de chance ça fera une différence.

Tu es un ambassadeur pour Sea Shepherd. Quel est ton rôle dans cette organisation ?

Je fais ce que je peux. Je nettoie des plages vers chez moi. Je participe à des événements pour parler là où Sea Shepherd est présent, car ils ont des équipes à terre qui mettent en place des stands et vendent des produits, je travaille aussi avec eux, donc dès que je suis à la maison, j’essaie d’y aller pour participer à autant de discussions que possible. Aussi, lorsque nous sommes en tournée, je m’assure qu’il y ait quelqu’un de Sea Shepherd à chaque concert. Je suis donc toujours en train d’organiser les choses pour m’assurer que les gens sont là. Et ensuite, lorsque j’ai fini avec le groupe, je vais travailler avec eux, en essayant de partir en mer et faire ce que je peux parce que, comme je l’ai dit avant, si tu retirais une espèce de l’océan, nous aurions de gros problèmes. J’essaie donc de faire du mieux que je peux pour que ça s’arrête.

Le groupe tourne en faisant attention à son emprunte carbone. Concrètement, qu’est-ce que ça implique ?

Disons-le ainsi : c’est très difficile de ne pas laisser d’emprunte carbone à notre époque. Je suis bien conscient que nous prenons bien plus souvent l’avion que la plupart des gens et bien conscient que nous avons des bus de tournée qui fonctionnent au pétrole. Je sais que nous ne pouvons pas complètement avoir les mains propres mais lorsque nous tournons, nous tournons en faisant totalement attention. Par exemple, nous n’avons aucun produit animal nulle part dans la salle de concert lorsque nous jouons. Tous les groupes, s’ils sont sur une tournée avec Architects en tête d’affiche, n’ont pas de viande, pas de fromage, pas de produit animal. Car nous croyons que la plus grande emprunte environnementale viendra de ça, des élevages industriels et des gaz à effet de serre qui en émane. Vous devriez regarder un documentaire qui s’appelle Cowspiracy, si ce n’est pas déjà le cas, ça change vraiment la donne. Mais ensuite, nous essayons aussi d’éradiquer les bouteilles d’eau en plastique, nous essayons de prendre nos propres bouteilles d’eau avec nous, de façon à ne pas gâcher tout le temps du plastique. Nous faisons ce que nous pouvons et il y a toujours des groupes et des gens qui peuvent faire plus mais je pense que c’est simplement une question de faire un premier pas, d’essayer et à partir de là évoluer pour faire plus de choses.

Tu as déclaré que « nous allons dans des musées pour voir la nature maintenant. » Penses-tu que les humains – ou au moins les Occidentaux – se sont complètement détachés de la nature ?

Ouais ! Je le pense. C’est comme, dans le communiqué de presse, j’explique que je joue au football sur un terrain avec de la fausse herbe, qui est lui-même construit sur un terrain avec de la vraie herbe. Nous les humains, nous voulons tellement que tout soit parfait qu’on ne peut pas supporter qu’il ait un tout petit peu de terre ! Nous sommes tellement détachés et nous sommes tellement à côté de la plaque, car personne ne reviendra jamais d’une promenade dans les champs, dans les bois ou dans la montagne en disant : « Je me sens comme une merde ! » Si tu pars en promenade ou vas à la plage, tu te sens relaxé et calme, n’est-ce pas ? Alors pourquoi vivons-nous dans ces petites boites mal éclairées au lieu de profiter de la nature qui nous entoure ?

Quelle a été la source de l’engagement du groupe envers les causes environnementales au départ ?

Je crois que ça fait cinq ans maintenant que je suis végétalien… Je pense que c’est à ce moment-là, lorsque nous sommes devenus végétariens et végétaliens, que nous avons ouvert les yeux sur le reste du monde parce que nous avions le sentiment qu’on nous avait menti, car nous ne savions pas que ces trucs se produisaient. Nous ne le savions pas et ça nous irritait. Et je pense qu’à partir de là, tu commences à regarder autour de toi et te rendre compte que tu peux faire plus de choses, que tu peux changer plus de choses. Nous nous sommes sentis très responsabilisés en devenant tous végétaliens et en essayant de changer. Et ensuite, ça fait parfaitement sens avec le groupe aussi. C’est un peu comme une tribune que nous avons pour parler de ces choses que nous estimons importantes.

Interview réalisée en face à face le 29 mars 2016 par Valentin Istria.
Retranscription : Valentin Istria & Pauline Pison.
Traduction et introduction : Nicolas Gricourt.
Fiche de questions : Philippe Sliwa & Nicolas Gricourt.
Photos : Jennifer McCord (2 & 4).

Site officiel d’Architects : www.architectsofficial.com



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