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Chronique Focus   

Arjen Lucassen’s Supersonic Revolution – Golden Age Of Music


Sous un logo à la Yes, des éléments visuels et des couleurs vives typiques du prog se cache un album qui s’inscrit finalement beaucoup moins dans ce style que les précédents projets du prolifique Arjen Lucassen. Né de la demande que lui avait faite un magazine allemand de réaliser un morceau pour un disque de reprises, le projet a abouti à la formation d’un groupe à part entière. Pour enregistrer sa version de « I Heard It On The X » de ZZ Top dans le délai très serré qui lui était imposé, le Néerlandais avait fait appel à cinq amis musiciens et était parvenu avec eux à un résultat au-dessus de ses espérances, qui lui a donné envie de poursuivre l’aventure.

S’il a choisi d’ajouter une nouvelle branche à l’arbre déjà bien fourni de son parcours musical, c’est pour y développer une approche nouvelle, motivée par le propos de ce projet. Adolescent pendant les années 70, Arjen Lucassen doit ses débuts dans la musique à la fascination qu’il a éprouvée pour les groupes de cette décennie et cet album a pour but de leur rendre hommage, en se laissant guider par le plaisir de jouer. La relative simplicité – tant sur le plan musical que sur celui du line up – et la notion d’amusement qui sont au cœur de l’entreprise placent Arjen Lucassen’s Supersonic Revolution à l’écart de ses autres productions.

Si le morceau déclencheur et les bonus tracks sont des reprises, l’album est bien une collection de morceaux originaux. Des compositions dans le style des années 70, mais que le musicien n’a pas cherché à faire sonner exactement comme à l’époque. Soucieux de l’authenticité de l’instrumentation, il s’est en revanche entouré de musiciens plus jeunes que lui, nés bien après l’époque en question et naturellement enclins à en réactualiser le son : John Jaycee Cuijpers au chant, Joost Van Den Broek aux claviers, Timo Somers aux guitares et Koen Herfst à la batterie. Les textes quant à eux reviennent sur des chapitres de l’histoire de la musique autant que sur ceux de l’histoire personnelle d’Arjen Lucassen.

Quels que soient les styles et groupes évoqués par ces textes, l’orientation musicale demeure dans une veine heavy prog rock parfois assez proche de celle de Star One. Ainsi, « The Glamattack » qui revient dans un élan trépidant sur l’essor du glam rock et la fascination que le mouvement exerçait alors sur le jeune Arjen Lucassen relate la naissance de The Sweet, d’Alice Cooper et de David Bowie et chante la gloire de la laque, des pantalons en satin et des platform boots à grand renfort de guitares flirtant avec le power metal et de multicouches de claviers (orgue Hammond, mellotron, synthé Moog et piano Rhodes). L’énergie de ce morceau et son texte volontairement empreint d’une certaine naïveté admirative illustrent la tonalité positive qui irrigue tout l’album, davantage porté par l’enthousiasme d’avoir été nourri par ces musiques que par la nostalgie.

Ce sentiment trouve son paroxysme dans le très beau « The Golden Age Of Music », expression d’un enfant toujours émerveillé qui chante les louanges de cette époque bénie du rock que furent les 70’s. Le talent de chaque membre du groupe assemblé par Arjen Lucassen (et dans lequel il occupe le poste de bassiste) s’y dévoile pleinement. Aux cascades d’orgue Hammond déversées de main de maître par Joost Van Den Broek (claviériste et producteur, collaborateur d’Arjen dans ses divers projets) se joint le jeu agile de Timo Somers (qui a été notamment le guitariste de Delain) dans des parties de shredding sensible à la mesure du chant intensément touchant et puissant de John Jaycee Cuijpers (actuel chanteur du groupe de la NWOBHM Praying Mantis qui a aussi participé à d’autres projets d’Arjen Lucassen : des albums d’Ayreon et le dernier de Star One).

« Burn It Down » offre, dans son texte, une réinterprétation de « Smoke On TheWater » en déroulant l’histoire du morceau original du point de vue du responsable de l’incendie du casino de Montreux. Ce morceau représente la facette la plus pêchue et directe mais aussi la couleur générale de l’album, qui évoque souvent le groupe de Ian Gillan et Ritchie Blackmore. On retrouve même cette inspiration dans « The Rise Of The Starman », pourtant consacré au personnage Ziggy Stardust. La flamboyante introduction en forme de duel mélodique entre la guitare et l’orgue Hammond, qui débouche sur un riff massif toujours soutenu par les lignes dansantes du clavier, donne le ton de cette composition où la démesure du personnage créé par David Bowie est rendue par un ton épique aux faux airs de Rainbow. Varié, l’album équilibre ses montées d’énergie par des épanchements mélancoliques tels que le plus prog « Odyssey » et son introduction aux guitares floydiennes, entre doux arpèges rêveurs et notes étirées, et « Holy Holy Ground », constat de la fin d’une époque dont l’émotion poignante se niche dans chaque recoin, du rythme retenu et des accords mineurs de guitare aux élans dramatiques de celle-ci entraînés par les intonations pathétiques de John Jaycee Cuijpers.

Les quatre titres bonus sont parfaitement choisis pour illustrer chacun une facette du rock 70’s : le glam rock de « Children Of The Revolution » de T. Rex, le hard rock bluesy de « Heard It On The X » de ZZ Top, le funk de « Fantasy » d’Earth Wind and Fire et la pop de « Love Is All » de Roger Glover, tous passés au mixer heavy qui souligne leur dynamisme et leur puissance. Ils illustrent aussi, comme le reste de l’album, la capacité d’Arjen Lucassen à se frotter à de nombreux styles différents tout en conservant sa patte identifiable. Assurément à part dans sa discographie, avec Golden Age Of Music, il s’accorde une certaine légèreté, mais avec le sérieux et la qualité artistiques qui caractérisent toutes ses œuvres, et constitue un récit personnel qui devrait intéresser autant ses fans que ceux des groupes des années 70.

Lyric vidéo de la nouvelle chanson « Golden Age Of Music » :

Lyric vidéo de la nouvelle chanson « The Rise Of The Starman » :

Lyric vidéo de la nouvelle chanson « The Glamattack » :

Album Golden Age Of Music, sortie le 19 mai 2023 via Music Theories Recordings / Mascot Label Group. Disponible à l’achat ici



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  • Arjen sait arranger la musique heavy prog comme Spielberg le fait pour un film.les musiciens talentueux qui l’accompagnent en profitent

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  • Quel régal, des albums de cette trempe en 2023 est un pur bonheur. Il y peut encore espoir sur la relève, Arjen a bien fait de laisser le poste à ce guitariste éblouissant. Mais ils sont tous bluffant, que ce soit le chant digne du grand Dio, cet Orgue Hammond… et avec ces références bien sentis et cet humour bien placé. Super album, super groupe qui j’espère va poursuivre dans cette voie. TOP !

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