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Interview   

Ascension Of The Watchers : l’âme de Burton C. Bell


« L’âme sans la machine ». C’est en ces termes que Burton C. Bell décrit son projet Ascension Of The Watchers, dans lequel il se réfugie à chaque crise qu’il traverse avec Fear Factory. Ça avait déjà été le cas en 2002 et 2008, et c’est encore le cas aujourd’hui, après avoir exprimé son désintérêt pour son groupe de trente ans, malgré un nouvel album enregistré depuis 2017 quasi prêt à sortir, fatigué par les années de procès et sa (non-)relation avec Dino Cazares. Burton C. Bell semble ce coup-ci déterminé à passer à autre chose.

Apocrypha, second album d’Ascension Of The Watcher, est la concrétisation de cette nouvelle vie artistique, en compagnie de son acolyte John Bechdel et du nouveau venu Jayce Lewis. Un album envoûtant, spirituel, personnel, sur lequel Burton C. Bell s’offre à nous, à cœur ouvert, tout en sensibilité. Il aura fallu dix ans pour en arriver là, mais force est de constater que le projet prend désormais une autre dimension, redéfini et renforcé par quelques expériences live, marqué par des énergies parfois inexpliquées… Nous parlons de tout ceci dans l’entretien qui suit avec un frontman dont l’art représente toute sa vie.

« Je crois que, durant ces enregistrements, nous avons invoqué des énergies intéressantes. Des choses ont commencé à se produire dans le studio que nous ne pouvions pas expliquer. »

Radio Metal : Tu sors enfin Apocrypha, le second album d’Ascension Of The Watchers. Tu as passé pas moins de dix ans à composer et à travailler sur cet album. Pourquoi t’a-t-il fallu autant de temps pour aboutir à cet album ?

Burton C. Bell (chant) : J’ai pris mon temps pour composer la musique. Toute la musique ne m’est pas venue d’un seul coup. Au fil de quelques années, j’écrivais de la musique quand j’étais inspiré par un événement poignant ou quelque chose qui s’était passé dans ma vie. Je me posais avec une guitare ou derrière le piano, et j’écrivais des accords qui ressemblaient aux vibrations que je ressentais. Je faisais des démos de mes musiques dès que je pouvais, et ça s’est fait au fil de plusieurs années. A mesure que nous faisions des démos, nous développions les chansons. Il y a aussi que ça a été difficile de trouver un label qui soit intéressé par cet album, honnêtement. Le dernier album, Numinosum, n’a pas suscité beaucoup d’intérêt, il ne s’est pas bien vendu parce qu’il n’a pas vraiment été promu par le label, donc trouver un label pour distribuer de la nouvelle musique s’est avéré assez difficile. Le temps passait et nous avons décidé d’écrire l’album complet et de l’enregistrer par nos propres moyens, et qu’ensuite cet enregistrement serait récupéré par un label pour le sortir, car aucun label voulait s’engager dessus sans rien entendre.

Tu as mentionné le manque de soutien pour le premier album. Est-ce que ces dix ans ont également été le temps nécessaire pour repenser le projet ?

Il m’a effectivement fallu vraiment réfléchir à la nature du groupe, avec beaucoup d’introspection, d’écoute d’un tas de nouvelles musiques que j’aime et de vieilles musiques qui m’ont inspiré au fil de ma vie. Mais après la sortie du dernier album, quand nous avons commencé à faire des concerts, c’était durant ces concerts que j’ai réalisé que le son live du groupe était son meilleur aspect : l’intensité sonore obtenue en live et le son organique étaient vraiment ce que je recherchais et ce que nous n’avions pas obtenu sur Numinosum. Numinosum est un super album, très ambient, relaxant, il contient plein de mouvements gracieux, mais en termes sonores, il n’a pas vraiment capturé ce que j’avais espéré. C’était donc ces concerts après la sortie de cet album qui m’ont fait réaliser que l’objectif était d’écrire le même type de chanson, mais en les pensant avec une approche live. J’ai longuement décrit ça, en détail, à Jayce et il a totalement compris, et nous sommes parvenus à notre objectif. J’écrivais toujours mes chansons de la même manière, mais c’est en termes de production que je voulais un côté plus vivant. C’est plus ample, plus profond… C’est aussi en grande partie grâce au studio où nous avons enregistré l’album et à la personne qui l’a mixé ; Il y avait plein de nouveaux détails dont Numinosum n’a pas profité et qui sont entrés en jeu pour Apocrypha. Ces détails ont fait une énorme différence.

Vous avez lancé une campagne de financement via PledgeMusic pour cet album en 2018, juste avant que PledgeMusc ne fasse faillite, et vous faisiez partie de ces artistes qui n’ont jamais vu la couleur de l’argent de leur campagne. Comment avez-vous géré cette malheureuse situation ?

Tu l’as bien dit : c’était une situation très malheureuse, surtout après une campagne qui a eu beaucoup de succès. Nous avons dépassé l’objectif ; nous avons atteint cent vingt-quatre pour cent du montant visé. Le fait que nous ne cherchions pas beaucoup d’argent a énormément aidé, car nous avons pu atteindre notre objectif avec environ quatre cents personnes, donc c’était un gros bénéfice. Mais nous étions à la moitié de l’enregistrement de l’album quand PledgeMusic s’est déclaré inopportunément en faillite, et nous avons dû arrêter. Nous ne voulions pas prendre trop de temps, mais nous avons dû arrêter pour réfléchir. Nous étions déjà sur l’enregistrement, donc nous avons enregistré l’album, mais nous ne l’avons pas mixé. Pour le mixer, nous avons demandé des emprunts personnels à des amis, à la famille et aux personnes qui nous sont chères afin de pouvoir finir l’album. Avec ça en tête, nous avons pris le temps de mixer l’album. Ça s’entend que ce dernier a été très réfléchis=, surtout au cours du processus de mixage : nous avons pris notre temps pour que le mixage et le mastering soient comme il faut, et c’était une vraie réussite.

Nous avons donc terminé cet album, nous l’avons fait mixer et masteriser pour qu’il sonne comme nous voulions, et l’objectif suivant était de trouver un label qui, premièrement, pourrait nous donner une avance, suffisamment pour rembourser les gens à qui nous avons emprunté de l’argent, et deuxièmement, honorerait les CD et vinyles que nous devions, de façon à ce que, au final, peu importe ce qui est arrivé à PledgeMusic, nous puissions en sortir la tête haute et que les participants à la campagne de financement reçoivent quand même ce qu’ils ont demandé. Après, nous ne pouvons pas tout avoir, car nous n’avons jamais eu les fonds pour produire les posters, les T-shirts, etc., mais nous pourrons peut-être nous occuper de ça plus tard. Nous avons tout noté, j’ai toutes mes notes, tous les noms des participants, leurs adresses, tout. A la sortie de cet album, la plupart des participants auront ce qu’ils ont demandé, ils pourront toujours télécharger l’album en numérique, et nous nous en sortirons en héros de toute cette situation. Je pense que nous avons retourné une mauvaise situation pour en sortir vainqueurs.

« La religion est pensée comme une figure autoritaire, et il faut remettre en cause l’autorité, quel que soit son type, que ce soit l’autorité policière ou l’autorité religieuse. »

A l’origine, tu as formé Ascension Of The Watchers avec John Bechdel, mais Jayce Lewis s’est maintenant greffé au projet qui est donc devenu un trio. Comment ça s’est passé ?

C’est le genre de chose qu’on ne fait pas exprès de chercher. C’était le bon endroit, le bon moment, les bonnes personnes. En fait, j’ai rencontré Jayce sur internet, peut-être en 2005 ou 2006, après la sortie de l’EP Iconoclast et avant celle de Numinosum. Je l’ai rencontré via MySpace. Tu te souviens de MySpace ? C’était avant Facebook. J’ai commencé à communiquer avec Jayce via MySpace parce qu’ai vu un message de lui qui disait qu’il était « managé par Dark Vador » (l’acteur David Prowse a effectivement managé Jayce Lewis de 2007 à 2010 et a participé à un de ses clips, NDLR), donc j’ai lu l’article et j’étais là : « Oh mon Dieu ! » et je l’ai contacté. C’était incroyable, étant moi-même un fan de Star Wars, et notre amitié a commencé là ! Je ne l’ai rencontré physiquement que cinq ans plus tard. J’étais en coulisse après un concert de Fear Factory. Il était sur la liste des invités, il est venu en coulisse, nous nous sommes rencontrés et nous avons commencé à discuter un peu plus en profondeur. C’est là qu’il m’a dit qu’il avait commencé à construire un studio. Nous sommes restés en contact et, au fil du temps, il me donnait des nouvelles de son studio.

Probablement en 2016 ou début 2017, j’ai eu l’occasion d’être en Europe pendant deux ou trois mois, et il m’a dit quand j’étais là-bas que son studio était terminé et que je devais venir pour passer du temps ensemble. J’avais ma guitare avec moi et je logeais à Saint-Malo, en Normandie, avec ma famille pendant quelques mois. J’ai réalisé que le voyage entre Saint-Malo et le pays de Galles n’était pas très long. J’ai donc pris ma guitare et j’y suis allé pour deux semaines. Durant ces deux semaines, nous avons encore plus sympathisé, je suis devenu très copain avec Jayce, et j’ai fait les démos de « Ghost Heart » et « The End Is Always The Beginning ». Nous avons enregistré entièrement ces deux chansons en deux semaines. J’ai découvert que c’était du gâteau de travailler avec Jayce. Il est très talentueux, il a énormément de connaissances sur les tables de mixage, il connaît tout du studio… C’est devenu non seulement un super partenariat, mais aussi une super amitié – c’est une amitié qui a nécessité des années pour se développer, et maintenant, Jayce et moi, nous nous parlons quotidiennement, et il fait partie intégrante de ce groupe. Sans l’aide de Jayce, honnêtement, Ascension Of The Watchers n’aurait pas été aussi loin. Cet album est en grande partie le résultat du travail de Jayce, et je suis très fier du travail qu’il a accompli.

Même sans parler de ses talents de producteur, rien que son jeu de batterie – qui a parfois un côté tribal à la Igor Cavalera voire Danny Carey – Jayce apporte énormément à Ascension Of The Watchers en termes d’énergie et de dynamique.

Absolument. Nous n’avions jamais eu de batteur avant, seulement en live. Sur les enregistrements précédents, c’était tout par une boîte à rythmes ou des samples. Rien que ça a fait une énorme différence. Son jeu de batterie améliore le son des chansons, qui sont bien meilleures qu’elles étaient auparavant – évidemment, sur les démos, nous avions une boîte à rythmes basique. Quand nous sommes allés au studio d’enregistrement et que Jayce a commencé à y mettre de la vraie batterie dessus, les chansons ont pris une tout autre envergure que ce que nous avions initialement arrangé. Nous avons arrangé les chansons pour qu’elles suivent ce que fait un vrai batteur, pas juste une boîte à rythmes. Et oui, en tant que batteur, Jayce est fan d’Igor, c’est certain. Je ne sais pas pour ce qui est de Danny Carey, mais je sais que c’est un grand fan de Tool. C’est aussi un grand fan de Queen. Le batteur de Queen, Roger [Taylor], est en fait son idole à la batterie. Jayce connaît très bien le metal et Igor en particulier qui a dans son jeu cette essence tribale que nous adorons. Quand nous parlions de batterie, je disais : « Je cherche quelque chose de tribal » et pour ma part, je ne pensais pas à Igor Cavalera, je pensais plus à un côté tribal à la Swans. Ce n’était pas un truc metal, je pensais à un autre style de musique, mais il se trouve qu’Igor fait la même chose : Igor a été influencé par Swans et Neurosis, et un tas d’autres bons groupes. Encore une fois, son jeu de batterie a fait une énorme différence. Jayce est un jeune producteur, très talentueux et prometteur, c’est un super musicien – ce n’est pas qu’un batteur, c’est un guitariste aussi –, c’est un programmeur électro… Il peut tout faire, et j’ai à la fois appris que nous nous entendions super bien.

Vous avez enregistré au Northstone Studios de Jayce, qui se situe dans la campagne du sud du pays de Galles, qu’il a construit à partir des pierres d’un ancien monastère, attenant à un vieux manoir. Je suis sûr que ça a créé un environnement spécial pour enregistrer cette musique. Comment était votre expérience là-bas ? Apparemment, il s’est passé des choses assez étranges…

Absolument ! C’est un lieu magnifique. Son studio est attenant à un manoir vieux de deux cent cinquante ans, et c’est au beau milieu d’une magnifique campagne vallonnée, au milieu de verts pâturages, d’arbres et de moutons… Tout d’abord, il n’y a aucun réseau de téléphone portable, donc tu t’isoles automatiquement, ce qui est important, à mes yeux, pour un artiste : il faut se couper du monde extérieur. J’ai trouvé que le manoir fournissait vraiment un magnifique environnement, non seulement à l’extérieur mais aussi à l’intérieur, avec toute l’histoire qui va avec. Nous pouvions nous poser dans le manoir et y traîner, prendre une bière devant un feu de cheminée, nous promener sur le terrain du manoir dehors… Le manoir est construit sur les ruines d’un ancien monastère, et les pierres de certaines parties du monastère sont encore apparentes à certains endroits. C’était avec ces pierres du monastère que Jayce a construit son studio, à la main. Jayce a utilisé certaines parties des murs du monastère et a continué à construire sur cette base, ce qui est assez incroyable.

« Si tu veux être honnête avec ton public, sois complètement honnête pour qu’il voie exactement qui tu es. […] C’est une étape que les artistes doivent franchir. »

Je crois en la science, je crois que l’énergie est une constante, et il y a plein de choses qu’on ne comprend pas dans la science, sur lesquelles nous continuons à apprendre… Je crois que j’énergie reste, même si elle est très vieille. Je crois que, durant ces enregistrements, nous avons invoqué des énergies intéressantes. Des choses ont commencé à se produire dans le studio que nous ne pouvions pas expliquer. Nous sommes des hommes logiques et intelligents, donc nous avons essayé d’expliquer certaines choses, parce que c’est ce que font les personnes logiques : « Ça s’est produit à cause de ça. » Nous fermions tout le studio, nous nettoyons le comptoir à thé avant de partir, nous fermions à clé – Jayce possède la seule clé – et quand nous revenions le lendemain matin, nous allions dans la partie café et thé, et des choses étaient par terre : des ustensiles, du sucre, des sachets de thé, des tasses sur le sol… Nous étions là : « Eh bien, c’est intéressant… » Nous l’expliquions tout de suite en disant : « Si le petit réfrigérateur vibre suffisamment fort, il peut agiter des choses. Ok, on a compris. » Mais il y a des choses que nous ne pouvions tout simplement pas expliquer, comme un câble de patch qui s’est débranché tout seul ; je ne l’ai pas débranché, il ne l’a pas débranché, et la seule façon pour le débrancher, c’est à la main. Nous n’avons aucune idée comment c’est arrivé. Ça s’est passé le jour où nous avons commencé l’enregistrement d’Apocrypha.

C’était ce même jour que nous avons capturé ce murmure (qu’on entend au début de la chanson « Apocrypha », NDLR) qui n’était pas de mon fait, ni de celui de Jayce. Nous sommes tombés dessus par hasard, parce que Jayce était en train de faire le ménage dans les fichiers pour pouvoir continuer à enregistrer le chant, et à un moment donné, il a dit : « Qu’est-ce que tu étais en train de dire là ? » J’ai répondu : « De quoi tu parles ? » Donc je suis allé dans le studio pour voir, et nous avons écouté. C’était bien après que la piste ait été faite, donc je n’aurais pas été en train de parler ou dire quoi que ce soit. Nous avons écouté et ce qu’on entend, c’est le son d’une porte en bois qui s’ouvre entre la cabine le chant et la pièce de contrôle. Et Tout d’un coup, on entend le gain du microphone monter, créant ce bruit blanc statique qui récupère tous les sons. Le son que le microphone a capté était un très faible murmure. Si j’avais fait ça avec le gain aussi fort, j’aurais fait exploser le microphone. Peu importe ce que c’était, c’était suffisamment faible pour être parfaitement enregistré. On entend cet étrange… Je ne sais pas dans quelle langue c’est, du latin, du vieux gaélique… Mais dès que nous l’avons entendu, nous avons eu la chair de poule, genre : « C’est quoi ce truc ?! », et ensuite on entend la porte qui se referme. « Qu’est-ce qu’il s’est passé ? On était là, on n’a jamais entendu ça ! » C’était dingue. Je ne pouvais pas l’expliquer.

Il y a eu un autre cas où j’étais dans la cabine de chant et Jayce dans la pièce de contrôle. Dans la pièce de contrôle, à peu près derrière Jayce, il y a un canapé de studio avec une table basse devant, sur laquelle il y avait une peau de caisse claire sur laquelle je dessinais. Je l’avais laissée sur la table pour aller faire du chant. Après une prise, je parlais à Jayce depuis la cabine de chant et tout d’un coup, nous entendons un gros fracas. « C’était quoi ça ?! » Il s’est tu, puis a dit : « Il faut que tu viennes ici. » Je suis donc sorti de la cabine de chant et j’ai ouvert la porte, et sur le sol devant la porte gisait la peau de batterie. Il a dit : « J’ai vu ça voler dans ma périphérie et je ne savais pas ce que c’était, jusqu’à ce que je me lève et le voie. » J’ai dit : « Je sais, tu étais assis devant moi. Tu étais en train de parler quand c’est arrivé. » Dingue ! [Petits rires] Depuis, Jayce a vu des ombres qu’il ne peut pas expliquer…

Encore une fois, je suis une personne très logique, mais il y a des événements qui se sont produits dans ma vie que je ne peux pas expliquer. Ça arrive toujours pendant les enregistrements d’Ascension Of The Watchers, on dirait. Quand nous étions en train d’enregistrer Numinosum à El Paso, j’ai fait ce rêve, un rêve qui paraissait réel, dans lequel une fille me parlait. Dans mon rêve, j’ai prononcé le nom de cette fille. Il faisait noir complet dans la pièce, et j’ai été réveillé par quelque chose qui me chuchotait à l’oreille, et je me suis levé : « Bordel, c’était quoi ça ?! » J’ai allumé la lumière et j’ai regardé autour de moi. Quelqu’un m’avait parlé à l’oreille et m’avait réveillé. Le lendemain matin, j’ai raconté l’histoire et dit le nom de cette fille à Angelina et Al [Jourgensen] (qui étaient les producteurs exécutifs de l’album, NDLR). Ils ont dit : « C’est marrant que tu dises ça, parce que la pièce où tu es est décorée ainsi – elle était décorée avec plein de statues et de peintures de Guadalupe et de la Vierge Marie – parce que la fille qui vivait ici avant a été tuée lors d’un viol par une connaissance, et son nom était Angeline. » Et c’est le nom qui a été murmuré à mon oreille ! J’étais là : « Bordel ?! » C’est fou ! Je ne peux pas l’expliquer, mais je ne connaissais pas l’histoire avant, et pourtant je connaissais le nom de la personne qui vivait ici avant… C’est quelques exemples. Il y en a d’autres que je ne peux pas expliquer et qui me font vraiment croire en l’énergie, à la manière dont l’énergie traverse l’univers et dont nous sommes tous faits d’énergie. Pour moi, ça relève plus de la science que de la métaphysique ; il y a des choses qu’on n’explique pas. C’est fou. J’adore en parler, ceci dit – c’est l’époque de l’année idéale !

Certains artistes croient que leur inspiration ne vient pas d’eux mais d’ailleurs. Peut-être que ce sont les manifestations de cet ailleurs…

C’est une bonne remarque. Ça se produit toujours quand je suis en grande forme créative. Je trouve ça très intéressant. On ne peut pas réclamer l’inspiration. L’inspiration vient quand on l’attend le moins, et c’est presque comme si on était possédés par un esprit qui écrit à travers nous. C’est un concept très intéressant ; je n’en ai jamais entendu parler, mais je peux le comprendre.

« Soit tu continues à te battre contre la machine, soit tu la quittes [rires]. J’ai choisi de ne plus en faire partie. Pour ma part, il s’agit de réhumaniser ma passion artistique. »

L’album s’intitule Apocrypha et, d’un autre côté, Ascension Of The Watchers était à l’origine inspiré par le Livre d’Hénoch, qui est considéré comme étant apocryphe par l’Eglise catholique. Il y a donc là un lien direct avec l’album, mais qu’est-ce que le Livre d’Hénoch représente pour toi ?

Le Livre d’Hénich m’a énormément inspiré. Ça a commencé en 2002 ou 2003, et j’avais déjà commencé à écrire et enregistrer des démos avec John. Je m’étais plus ou moins isolé : j’avais quitté Los Angeles pour aller à la campagne en Pennsylvanie, et je vivais là-bas seul, pour simplement essayer de créer mon art. Quand je n’étais pas occupé, je lisais beaucoup, et j’ai pris un livre d’un auteur qui s’appelle Elaine Pagels, qui est une étude historique sur la religion chrétienne, et toutes les religions en général ; c’est une historienne, et elle aborde la religion vraiment sous l’angle historique, en prenant les faits de l’époque. Elle écrivait sur les origines de Satan et la façon dont le terme est apparu. Il y a un extrait dans l’un des chapitres qui décrivait les Manuscrits de la Mer Morte, et le fait que ces manuscrits étaient apocryphes, qu’ils n’étaient pas acceptés par l’Eglise catholique, ou l’Eglise en général, parce qu’ils ne concordaient pas avec l’histoire qu’ils racontent.

Le Livre d’Hénoch était celui qui décrivait les Observateurs, et je me suis intéressé à eux. J’ai lu à leur sujet : les Observateurs étaient un groupe de deux cents anges qui ont abandonné le Paradis pour aller sur Terre et sont tombés amoureux des humains. Ils ont pris des épouses humaines, pour les aimer et leur apprendre les secrets des étoiles, le feu, l’écriture… Presque comme Prométhée dans la tragédie grecque. Les Observateurs se sont donc accouplés avec des femmes humaines, et leurs progénitures sont devenues des géants, et ces géants faisaient un carnage partout dans le monde, ils détruisaient la Terre, la brûlaient… [Les hommes] se battaient contre les Nephilims – c’est là que les Nephilims apparaissent, via les Observateurs… J’ai trouvé toute cette histoire fascinante. Vu où j’en étais dans ma vie, ça me parlait étrangement, c’est-à-dire que je quittais quelque chose de magnifique pour commencer quelque chose d’autre tout seul, pour créer. J’avais l’impression que mes chansons et mes textes étaient de fervents plaidoyers pour la rédemption à l’attention d’un dieu qui n’écoutait jamais. C’est donc la base d’Ascension Of The Watchers.

Comment rattaches-tu aujourd’hui les paroles de cet album, Apocryphal, au Livre d’Hénoch et à sa nature apocryphe ?

Je ne le rattache pas au Livre d’Hénoch, mais il est inspiré par le Livre d’Hénoch. Tout comme le Livre d’Hénoch, ce sont des « textes perdus dans le temps ». Toutes ces chansons qui ont été composées au fil des dix dernières années étaient basées sur des entrées d’un journal intime, des choses que j’ai écrites durant tout ce temps ; c’était dans mon journal intime, pour que je puisse me pencher dessus des années plus tard. Quand j’ai commencé à composer une chanson à la guitare ou sur le piano, j’avais une idée du sujet sur lequel elle reposait, donc je mettais constamment à jour mes écrits, et j’écrivais des mots, des phrases ou des pensées qui au final sont devenus les paroles. Donc Apocrypha, pour moi, correspond à ce qu’est un apocryphe : ce sont des textes perdus.

Le mot « apocryphe » fait initialement référence à « des écris chrétiens non inclus dans le Nouveau Testament » et est maintenant généralisé à « tout écrit ou déclaration d’authenticité douteuse ». Je sais qu’autant tu te bats contre la religion, autant tu considères la spiritualité comme étant importante. Es-tu donc en train de retourner ce mot initialement religieux contre la religion, en disant que ce qui est authentique, c’est la spiritualité qu’on se construit, pas celle qu’on trouve dans la Bible et qu’on suit aveuglément ?

Je ne sais pas si je le fais intentionnellement, mais j’ai vraiment le sentiment que les gens doivent réaliser que tout ce qui est écrit dans le Nouveau Testament et par l’Eglise ne devrait pas être pris pour argent comptant, qu’il ne faut pas prendre ça pour un vrai canon : ça a été modifié pendant deux mille ans, une grande partie de son texte originel a été supprimée, ils ont changé l’histoire… Ce n’est pas mon intention de détourner les gens de la religion, mais j’ai vraiment envie d’informer les gens au sujet de ce que la religion s’est fait à elle-même au fil des années. Concernant les apocryphes, les écrits peuvent être interprétés par n’importe qui à sa manière, et chacun peut en retirer ce qu’il veut. Mais, tout comme les canons de l’Ancien Testament, plein de choses qui ont été exclues peuvent rester valables. N’importe quel homme peut dire : « Dieu m’a parlé et j’ai écrit ceci » et ça deviendrait un canon. C’est grosso modo la manière dont l’Eglise catholique a traité ça. En jouant avec ce genre d’idée, ce sont des mots perdus dans le temps, et censurés par la religion en général.

On dirait que tu t’es beaucoup intéressé au christianisme : quelle a été ton histoire avec celui-ci ?

Evidemment via mes anciens textes avec Fear Factory et toutes mes paroles… Je n’ai pas envie de dire que ça m’obsède, mais je crois vraiment que la religion organisée a dégradé le monde en tant que lieu de vie. Il faut remettre ça en cause. La religion est pensée comme une figure autoritaire, et il faut remettre en cause l’autorité, quel que soit son type, que ce soit l’autorité policière ou l’autorité religieuse. Il faut la remettre en cause, parce qu’ils ne sont pas honnêtes, ils ne nous disent pas du tout la vérité. Il faut toujours douter de l’autorité, religieuse comme policière.

« Dans tous les cas, si je n’avais pas été dans Fear Factory, j’aurais été dans un autre groupe, et ça aurait été un groupe qui aurait tout aussi bien marché, parce que je me donnais à fond. Je voulais avoir du succès, je voulais faire de grandes choses. »

Ascension Of The Watchers est clairement un projet très personnel pour toi – probablement le plus personnel que tu aies jamais eu – mais n’y a-t-il pas une forme d’appréhension quand on s’ouvre ainsi, en étant plus vulnérable, comme tu le fais avec ce projet ?

Il est clair que c’est différent de ce que j’ai fait dans le passé. Comme tu l’as dit, c’est un album très personnel, chaque chanson parle de quelqu’un de très proche de moi dans ma vie et je suis très honnête. Il faut être personnel pour être honnête. Je suis honnête avec moi-même, on peut littéralement lire en moi comme dans un livre ouvert, et vous m’avez à ma capacité maximale, je ne retiens rien. Cet album est, très personnellement, moi, et je pense qu’il décrit mieux ma personnalité que n’importe quel autre album que j’ai fait. Si tu veux être honnête avec ton public, sois complètement honnête pour qu’il voie exactement qui tu es. C’est un petit peu intimidant, je suis effectivement un peu nerveux, mais c’est aussi une excitation, c’est une étape que les artistes doivent franchir.

Quel est le rôle de John et de Jayce dans cette aventure très personnelle ? Parles-tu avec eux des sujets sur lesquels tu écris ? Leur donnes-tu un éclairage ?

Non, en dehors d’un éclairage musical… Je trouve les idées et ensemble, nous construisons musicalement la chanson. Mais en ce qui concerne l’idée même des chansons, les titres ou leur signification, ils me laissent m’en occuper, c’est mon département. Ils veulent juste s’assurer que ce sont des sujets dont j’ai envie de parler. Autrement, ça leur va. John et Jayce sont là principalement pour la musique.

Tu viens d’annoncer ton départ de Fear Factory. C’est une décision importante pour toi vu que tu as fondé ce groupe et y a officié pendant trente ans. Comment tu sens-tu maintenant après avoir pris cette décision ?

Soulagé. Je me sens soulagé. Trop, c’est trop. N’importe quel homme a des limites. Même Job dans la Bible avait une limite à ce qu’il pouvait endurer. Donc oui, la coupe est pleine et je me sens soulagé.

A quel moment as-tu commencé à penser à quitter le groupe ? Y a-t-il eu un tournant voire un point de non-retour ?

Ce n’est pas un moment précis, ce sont des années d’accumulation. C’en est arrivé à un point où je ne pouvais plus le supporter.

On dirait, d’après ton communiqué, que Dino Cazares en est en grande partie responsable. Comment vois-tu la manière dont votre relation a évolué au fil des années ?

Je n’ai aucune relation avec Dino et, pour ma part, ça va rester comme ça.

Tu viens de sortir le clip de la chanson « The End Is Always The Beginning ». J’imagine que cette chanson prend un sens encore plus fort pour toi maintenant…

Il y a des choses qui se sont produites et qui ont forcé ma décision, mais c’est une grosse coïncidence, c’est sûr. En fait, le titre est venu quand j’ai fait pour la première fois la chanson en démo avec Edu Mussi à Brooklyn. J’avais la partie de guitare et l’arrangement que je voulais, donc je l’ai enregistré avec Edu, et il avait du mal à saisir comment le riff tournait. J’ai essayé de lui expliquer comment c’était joué et il a dit : « D’accord, je comprends. Avec tes riffs, la fin est toujours le début. » J’étais là : « C’est ça ! En fait, ce sera même le titre de la chanson ! » C’était il y a trois ou quatre ans. C’est un titre amusant, mais aussi très poignant. Pas seulement pour des raisons personnelles, car c’est aussi la manière dont je vois l’humanité, la spiritualité et la vie. Il faut fermer une porte pour en ouvrir une autre. Le fait que ton corps meure ne signifie pas que c’est fini pour toi. Tu continues, et on ne sait pas du tout ce qui se passe après notre mort. Il y a donc un côté spirituel et une réflexion personnelle. Je pense que ça peut vouloir dire plein de choses différentes pour plein de gens différents.

Avec Fear Factory, il y a toujours eu ce côté homme versus machine, mais tu as déclaré qu’Ascension Of The Watchers est en fait « l’âme sans la machine ». Penses-tu qu’avec Apocrypha, tu t’es libéré d’une tension ou d’un conflit qui avait lieu en toi entre l’âme et la machine ? Ou est-ce plus une question de réhumaniser ta production artistique ?

J’aime la dernière : « réhumaniser ma production artistique », me retrouver, retrouver ma voix, mon art… Ascension Of The Watchers, c’est moi à cent pour cent. Comme je l’ai dit, c’est l’œuvre artistique la plus personnelle que j’ai jamais faite. Mais concernant le fait d’être libéré de la machine – Fear Factory –, oui, je suis libéré des sujets sur lesquels j’ai sans arrêt chanté pendant trente ans. C’est ennuyeux au bout d’un moment. Au bout de combien de temps considère-t-on qu’on se répète ? De nouvelles choses se produisaient, mais ça reste la même machine à l’œuvre. Soit tu continues à te battre contre la machine, soit tu la quittes [rires]. J’ai choisi de ne plus en faire partie. Pour ma part, il s’agit de réhumaniser ma passion artistique.

« La musique, l’écriture et la photographie se rejoignent – c’est ainsi que je vois le monde : un assemblage de films en trente-cinq millimètres. »

On a parlé dernièrement avec Johannes Eckerström, le chanteur d’Avatar. Il a dit : « J’ai réalisé en réécoutant un peu plus Fear Factory que nous vivons exactement dans le monde au sujet duquel ils nous ont avertis dans les années 90. Vingt-cinq ans plus tard, nous y voilà : nous vivons dans un futur cyberpunk dystopique. Le futur, c’est maintenant. » As-tu l’impression d’avoir été un prophète ?

Je ne suis pas sûr de me sentir comme un prophète ! Mais j’ai écrit sur ces sujets depuis le début des années 90, en avertissant les gens de ce qui allait se passer, tout comme les romanciers de science-fiction l’ont fait avant moi : ils prennent ce qu’ils voient dans le présent et le juxtaposent sur un potentiel futur. Ce n’est pas très difficile à faire si tu te poses et fait des recherches sur tous les sujets ou cas de figure sur lesquels tu écris. Peut-être que c’est juste le processus créatif, une intuition, une introspection, le fait que je développe ma vision du monde. Il n’y a pas d’autre explication. Pour moi, l’idée d’être prophétique est un peu effrayante [rires], genre : « J’ai vraiment fait ça ?! » Je ne faisais qu’écrire sur ce que je voyais déjà. C’est juste que tous les autres ne le voyaient pas et maintenant ils peuvent le voir dans leur quotidien. Pour certaines personnes, c’est fou : « Ouah, qui pouvait savoir ? » Eh bien, moi je le savais ! [Rires]

Ascension Of The Watchers paraît plus optimiste que ce que tu as montré dans Fear Factory, y compris dans les chansons les plus ambiantes, et en particulier si on considère des chansons comme « Honorée » ou « Wanderers » sur le nouvel album. Est-ce que ça veut dire qu’avec l’âge, tu as appris à voir l’espoir et la lumière au bout du tunnel ?

En tant que personne optimiste, je suis toujours plein d’espoir ! Même dans les chansons de Fear Factory qui sonnaient très négatives, j’essayais d’y mettre une note positive. Mais dans Ascension Of The Watchers, tout vient d’expériences personnelles, donc ça dépend de ce que je me sens d’écrire. Aussi mélancolique que je puisse sonner, j’ai l’impression qu’en tant que parolier, j’aime immiscer quelque chose de positif à lire ou à écouter, parce que ça correspond à ma vision de la vie. Je me dis : « Ca peut être mieux, on peut espérer mieux. Ça paraît mauvais mais ça va s’améliorer. » Je pense que c’est toujours possible dans le monde dans lequel on vit. Il y a de l’espoir, mais il est clair que ça va empirer avant de s’améliorer. La Terre se soigne toute seule, et elle est actuellement en train de se soigner, indépendamment de ce que font les humains – nous ne sommes qu’un grain de poussière sur ce gros rocher. La Terre peut prendre soin d’elle-même. D’une certaine façon, ça aussi c’est optimiste ! [Rires]

On a vu plusieurs musiciens metal former des projets bluesy plus calmes, comme Nergal ou Phil Anselmo, et d’autres ont émis l’idée de faire ce genre de projet pour finir leur carrière. Considèrerais-tu Ascension Of The Watchers comme ton projet « bluesy », à ta manière ?

Non, ceci est juste la musique de mon âme, qui a toujours été là. Les gens se sont toujours demandé comment je trouvais mes idées de mélodie dans Fear Factor : ça vient de la musique qui est dans ma tête et dans mon cœur. C’est ce que je vais continuer de faire. Ça ne sera pas mon je-ne-sais-pas-quoi bluesy : ceci est la musique de mon âme qui a toujours existé, et je ne vais pas arrêter de faire de la musique. Je n’ai aucune intention de prendre ma retraite.

Pour finir, revenons un peu sur tes premiers pas en tant qu’artiste : ta mère et ton père jouaient tous les deux différents types de musique quand tu étais enfant. Comment cet environnement a-t-il ouvert la voie à l’artiste que tu es devenu aujourd’hui ?

La musique avec laquelle j’ai grandi est ce qui m’a inspiré à devenir un musicien ; par le biais de ce qu’ils écoutaient, mon père et ma mère m’ont exposé à différents types de musique qui m’ont influencé quand j’étais un jeune enfant, et ce sont ces différents types de musique que j’ai fini par apprécier avec l’âge. Ma mère aime les musiques de film, les musiques de comédie musicales et la musique classique, et mon père aime la musique classique et la folk. C’est donc tout ceci combiné, et ensuite, en grandissant, j’écoutais mon propre type de musique, j’écoutais beaucoup la radio, et j’étais inspiré par des amis qui me faisaient découvrir de la musique. Mais ma mère est vraiment la personne qui m’a incité à suivre ma voie artistique. Ma mère est une énorme défenseuse de l’art, que ce soit la peinture, la musique, le cinéma… Elle m’a toujours encouragé, durant toute ma vie, à poursuivre une carrière dans l’art et à suivre mon cœur dans cette direction. Quelles que soient mes décisions, elle a toujours été mon plus fervent soutien. Je dois beaucoup à ma mère ayant été celle qui m’a poussé à devenir un artiste.

A partir de ce background musical, comment en es-tu finalement venu à jouer un metal industriel aussi heavy avec Fear Factory il y a trente ans ?

C’était juste une question d’être là au bon endroit au bon moment. Je voulais faire partie d’un groupe, j’avais déménagé à Los Angeles pour suivre ma voie artistique, que ce soit avec l’écriture ou la musique, et j’ai fini par faire les deux ! Je continue à écrire des paroles et de la poésie, je continue à écrire des essais et des histoires, et j’ai la possibilité de les sortir. En tant qu’écrivain, je pourrais faire plus, et je compte faire plus. Quand la musique sera finie pour moi, je pourrai encore être un écrivain. Mais bref, durant la période où Fear Factory a commencé, j’étais à fond dans le gothique et la musique industrielle, pas tellement dans le metal – si j’écoutais du metal, c’était Ride The Lightning ou Black Sabbath, c’est à peu près tout. Ce n’est pas avant que je commence à jouer dans des groupes à Los Angeles, en suivant juste ma voie artistique… Il fallait que je commence quelque part. Je trouvais que Fear Factory était un groupe qui faisait des choses nouvelles et excitantes avec la musique, et donc je suis resté dans ce groupe. Il est clair que j’avais de la colère en moi, et je voulais m’exprimer. Être dans un groupe était un gros exutoire pour ça. Dans tous les cas, si je n’avais pas été dans Fear Factory, j’aurais été dans un autre groupe, et ça aurait été un groupe qui aurait tout aussi bien marché, parce que je me donnais à fond. Je voulais avoir du succès, je voulais faire de grandes choses, et il faut être en phase avec les gens qui permettront que ça se réalise, et c’est ce qui s’est très vite passé.

Comme tu l’as mentionné, tes deux parents écoutaient de la musique classique : même si tes projets metal, jusqu’à présent, n’ont pas grand-chose à voir avec la musique classique, penses-tu qu’une partie de ta sensibilité en tant qu’artiste vient de là ?

J’adore la musique classique. J’écoute de la musique classique en ce moment même à la radio, j’en écoute toute la journée. Pour moi, c’est quelque chose de familier, mais il y a toujours de nouvelles choses, et il y a de super exemples dans lesquels tu peux puiser de l’inspiration, tout comme dans n’importe quelle musique. Pour moi, la musique classique et les musiques de film sont une énorme influence. Je dis toujours que les musiques de film, c’est la musique classique moderne, donc je dirais que les musiques de film m’influencent beaucoup plus que la musique classique. J’ai toujours le sentiment que la meilleure façon d’écouter la musique d’Ascension Of The Watchers, c’est en conduisant à travers la campagne, en te servant de cette musique comme d’une bande-son de ton quotidien, pendant que tu conduis.

Tu fais de la musique, tu écris, tu fais des comic books et tu fais même de la photographie : penses-tu que toutes ces formes d’art dans ta vie sont liées et se nourrissent les unes des autres ?

Absolument. La photographie est mon premier amour, et ça joue un rôle important dans le cinéma, qui est mis en valeur par la musique qui est jouée par-dessus. Donc, pour moi, ils se recoupent tous pour créer la musique qui est en moi. Quand je suis en train d’écrire de la musique, je visualise la musique, je ne fais pas que l’entendre. Ça aide. Tous sont des parts importantes : la musique, l’écriture et la photographie se rejoignent – c’est ainsi que je vois le monde : un assemblage de films en trente-cinq millimètres.

Interview réalisée par téléphone le 5 octobre 2020 par Nicolas Gricourt.
Retranscription : Foucauld Escaillet.
Traduction : Nicolas Gricourt.
Photos : Martin Thompson (1, 2, 6).

Site officiel d’Ascension Of The Watchers : www.ascensionofthewatchers.com

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