Quelques jours après la violence de Converge, rendez-vous à Petit Bain qui, le temps d’un soir, voit se réunir une concentration de casquettes, tatouages et écarteurs. Rien d’anormal car du metalcore est au programme avec pas n’importe quel groupe : August Burns Red. Probablement l’une des formations les plus reconnues dans le milieu. À l’occasion du dixième anniversaire de leur deuxième album intitulé Messengers, le groupe entame une tournée pour l’interpréter en intégralité. De quoi ravir les fans qui se sont rendus en nombre dans cette salle parisienne, provoquant un sold-out pour l’unique date française du groupe.
Paris marque également la fin de cette tournée, on peut donc être sûrs qu’August Burns Red donnera tout ce qu’ils peuvent se soir, même s’il faut s’exploser la voix dans cette soirée sur cette péniche parisienne s’annonçant chaude, difficile, violente.
Artistes : August Burns Red – Oceans Ate Alaska
Date : 28 août 2017
Salle : Petit Bain
Ville : Paris [75]
Pour ouvrir la soirée, nous avons droit à Oceans Ate Alaska qui avait laissé un mauvais souvenir à ceux présents lors du Brutal Assault pour un souci de son mais également de voix. Pour leur date parisienne, le son en salle leur rendra honneur mais pour la voix… on attendra un changement de line-up ! En effet, le frontman semble avoir tout ce qui a de plus cliché dans la scène metalcore, aussi bien en ce qui concerne le style vestimentaire (casquette, écarteur, tatouage, t-shirt large) que de la voix qui passe d’un growl bien trop incompréhensible à du clair bien trop joyeux. Si le style veut que ces genres soient mêlés de tous ces éléments, Oceans Ate Alaska pousse beaucoup trop loin – ou en tout cas enfonce trop – les codes du genre et bascule dans la caricature. Rajoutons à cela que le chanteur ne sait malheureusement pas placer sa voix claire sur les morceaux, donnant un rendu faux et désagréable. Néanmoins, les parties musicales font tout de suite bouger le public qui saute de partout et est tout de même bien nombreux en ce début de soirée. Le headbang est facile, et l’envie de cogner son voisin est bien présente.
Mais rien de vraiment exceptionnel, aussi bien dans la composition que dans la prestation. On ne reprochera pas au groupe de ne pas être énergique, mais il ne dégage rien de véritablement unique. Sauf sur un titre, où, à la surprise générale, nous aurons droit à une reprise du morceau « Drunk In Love » de Beyoncé. L’ambiance est bonne, le public s’en donne à cœur joie et certains membres du public chantent les paroles par cœur. D’autres attendent enfin l’arrivée d’August Burns Red pour passer à la vitesse supérieure.
Car même sous l’appellation metalcore, August Burns Red ne tombe pas dans les clichés du genre. Une musique mature et forte, qui a fait ses preuves depuis plus de dix ans. Et c’est ce que l’on vient fêter ce soir ! Messengers a dix ans et en toute logique le concert démarre sur « The Truth Of A Liar ». Le public étant déjà bien chaud durant la performance d’Oceans Ate Alaska, pas étonnant que les slams s’enchaînent assez vite. Wall of death, stage diving, et un pit bien vivant : la chaleur de l’été n’a pas empêché le public parisien de s’en donner à cœur joie. Heureusement que le chanteur viendra lui-même donner de l’eau au public pour le rafraîchir ! Une soirée mouvementée, surtout lorsque l’on sentira la péniche Petit Bain bouger au rythme de la fosse. Un sentiment toujours particulier, preuve d’un investissement total de la part de l’audience.
Tout se passe parfaitement et sans accroc. Sauf jusqu’à une coupure de courant, interrompant le show pendant cinq minutes. « Vous êtes tellement chauds que vous avez explosé le bateau ! » nous dit l’un des membres. Mais il n’y a pas que l’assistance qui montre une énergie sans pareille. Les musiciens sont au plus proches de leur public avec un chanteur concerné et en voix, une musique mélodique, entre le hardcore et le death mélodique à certains moments. Malgré les dix ans passés, et la voix de Jake Luhrs ayant pris du muscle, tout sonne merveilleusement bien. Un interlude entre les morceaux de Messengers et les rappels nous montre Matt Greiner, le batteur, sur un kit plus réduit en devant de scène, offrant un solo de batterie minime. Tout cela avant d’attaquer trois titres de différents albums. D’abord « Invisible Enemy », de leur nouveau disque Phantom Anthem, puis « Ghost » de leur excellent Found In Far Away Places, et finalement « White Washed » de Constellations pour clore la soirée.
Lorsque le concert s’arrête et que l’on se dirige vers la sortie, on est obligé de constater la sueur au sol. On essuie encore les quelques gouttes sur notre visage et on sort sur le quai froid de la nuit parisienne. Si en terme de furie, malgré sa force et la qualité de son set, August Burns Red ne ferait pas le poids face à un The Dillinger Escape Plan (mais qui peut rivaliser ?), il s’agit néanmoins d’une excellente soirée où le groupe aura donné toute son énergie. Une proximité avec le public qui fait plaisir à voir, pour un groupe solide, dont le line-up reste inchangé depuis Messengers. Probablement le meilleur choix d’album pour August Burns Red qui aura avec ce set montré son unité, sa force, en dépit des années écoulées. Bref, une leçon de metalcore donnée par le groupe que l’on pourra à nouveau savourer bientôt chez nous, puisque la prochaine expérience en live d’August Burns Red se déroulera fin mars à la Machine du Moulin Rouge, avec Whitechapel et Heaven Shall Burn.
Setlist August Burns Red :
The Truth Of A Liar
Up Against The Ropes
Back Burner
The Blinding Light
Composure
Vital Signs
The Eleventh Hour
The Balance
Black Sheep
An American Dream
Redemption
Invisible Enemy
Ghosts
White Washed
Photos et Report : Matthis Van der meulen