
A l’occasion de la sortie du nouvel album Coat Of Arms, ils ont décidé de faire appel aux fans pour trouver des idées de thématiques. Contre toute attente, le groupe a reçu 10 000 messages de suggestions, allant des plus farfelues (Star Wars) aux plus sérieuses et pertinentes pour l’imagerie du groupe, à savoir la bataille de Varsovie de 1944.
Nous avons également profité de notre entretien avec le bassiste Pär Sundström pour évoquer la question de Metalizer, premier opus que le groupe n’a pu sortir… qu’après trois albums !

(A propos de l’album Metallizer) « Nous avons demandé à notre maison de disques de sortir l’album pour faire plaisir aux fans, et de ne pas faire de promo. C’était simplement un album que les vrais fans devaient avoir. Les titres ne sont pas mauvais, mais les nouveaux sont bien meilleurs. »
Radio Metal: Sabaton vient de fêter ses dix ans d’existence. Est-ce que vous vous en êtes rendu compte, l’an dernier ? Vous êtes-vous dit : « Nom de Dieu, on est en 2009, ça fait dix ans ! » ?
Pär Sundström (bassiste) : Il est difficile de regarder en arrière et de se dire que cela fait déjà dix ans et que nous sommes toujours là, à faire la même chose ! Nous donnons plus de concerts qu’au début, mais les membres du groupe sont toujours les mêmes. C’est un peu choquant de se dire que cela fait déjà dix ans. Cela fait un bout de temps.
Vous avez fêté cela ? Un concert spécial en prévision ?Nous avons fêté cela dans notre ville natale. Nous avons organisé un petit festival et invité quelques amis. C’était une soirée formidable, mais il pleuvait des hallebardes ! La date exacte de notre anniversaire tombait au beau milieu de notre tournée avec Dragonforce au Royaume-Uni. Nous avons commencé à faire la fête là-bas, mais nous pensions qu’il valait mieux fêter cela dans le cadre d’un festival chez nous.
Revenons sur les problèmes juridiques que vous avez rencontrés avec ce qui devait être votre premier album, Metalizer. Vous ne l’avez sorti qu’en 2007, soit cinq ans après son écriture. Pourquoi ce blocage ?Lorsque nous avons enregistré cet album, nous étions chez une maison de disques italienne. Au début, ils voulaient le sortir immédiatement, mais les choses ont pris du retard et on ne sait pas vraiment pourquoi. Nous leur avons tout livré dans les temps, mais nous recevions tout le temps des excuses différentes pour expliquer le retard dans la sortie. C’était très étrange, on a entendu des choses comme : « Le heavy, en ce moment, c’est mort, il faut attendre que ce soit à nouveau populaire ». Cela a été la goutte d’eau. S’ils pensaient que le heavy était mort, alors autant qu’on s’en aille. En 2004, nous nous sommes mis à la recherche d’une nouvelle maison de disques. Quelques temps plus tard, beaucoup de fans ont demandé à ce qu’on sorte Metalizer. En 2007, finalement, on a pu le faire.
Cela a dû être bizarre de faire une tournée pour cet album et de le sortir en plein milieu de votre carrière… Qu’est-ce que l’on ressent à l’idée de faire la promotion de ces titres vieux de cinq ans ? Est-ce de l’euphorie ou, au contraire, de la lassitude ?Faire la promo de Metalizer n’était évidemment pas facile. Nous avons demandé à notre maison de disques de sortir l’album pour faire plaisir aux fans, et de ne pas faire de promo. C’était simplement un album que les vrais fans devaient avoir. Les titres ne sont pas mauvais, mais les nouveaux sont bien meilleurs. Si les gens veulent acheter un de nos albums, il ne faut pas commencer par celui-ci. C’est un Sabaton différent de celui d’aujourd’hui.
C’était certes nouveau pour les fans, mais quel était votre sentiment à vous ?Partir en tournée pour jouer de vieux titres, c’était très bizarre. Même si nous étions en tournée pour Metalizer, nous nous sommes surtout concentrés sur les albums plus récents, parce que c’était ce que les fans voulaient entendre. C’est ce que nous voulions jouer en priorité.
Revenons à ce nouvel album. Il semble que vous ayez fait appel aux fans pour vous suggérer des idées de thématiques à aborder. Comment la sélection s’est-elle faite ?Nous avons reçu énormément d’idées, presque dix mille. Nous avons passé un temps fou à lire tous les messages. Certains idées été immédiatement supprimées parce que nous avions déjà écrit un titre à ce sujet ou parce qu’il était impossible d’en faire une chanson. Certaines personnes n’ont pas suivi les règles très simples que nous avions établies. Au final, nous nous sommes retrouvés avec un bon millier de suggestions intéressantes. Quand nous pensions qu’une idée était intéressante, nous cherchions des informations et demandions autour de nous ce que nous devions en faire. Les fans nous ont beaucoup aidés pour recueillir les informations dont nous avions besoin, ou pour choisir les thèmes que nous devrions utiliser ou les titres que nous devrions écrire. Nous sommes très reconnaissants pour le rôle qu’ils ont joué.
N’est-ce pas bizarre d’écrire des paroles qui ne sont pas vraiment les vôtres ?Mais ce sont les nôtres. Nous avons écrit les paroles. Nous n’écrirons jamais sur un sujet qui ne nous intéresse pas. Mais comme nous ne sommes pas historiens, nous avons besoin de nos fans pour trouver des événements à propos desquels écrire. Nous ne voulons pas nous contenter de parler des batailles que tout le monde connaît, nous voulons aussi trouver les moins connues. Pour cela, nous avons besoin des fans, car nous ne sommes pas au courant de tout ce qui a pu se passer partout dans le monde.
Les fans se sont-ils bien approprié votre univers ou bien y en a-t-il eu qui vous ont envoyé des idées qui ne cadraient pas du tout avec Sabaton ?Nous avons reçu des suggestions concernant Star Wars ou des dessins animés. Ce n’était pas du tout ce que nous recherchions ! Certaines des idées que nous avons reçues auraient suffi à faire un album complet, comme l’histoire du type à la Rambo qui utilisait un arc et une épée et qui refusait de se servir d’une arme à feu. Apparemment, il était plutôt bon avec son arc !
Quelle est l’idée la plus ridicule que vous ayez reçue ?Sans doute une de ces histoires à propos de Star Wars ! Certaines personnes sont aussi allées jusqu’à inventer des guerres.

« Nous avons reçu des suggestions concernant Star Wars ou des dessins animés. Ce n’était pas du tout ce que nous recherchions ! Certaines des idées que nous avons reçues auraient suffi à faire un album complet, comme l’histoire du type à la Rambo qui utilisait un arc et une épée et qui refusait de se servir d’une arme à feu. »
Avez-vous été surpris de recevoir autant de mails à ce sujet ?
Nous étions stupéfaits. Nous nous attendions à recevoir quelques centaines de mails, pas dix mille ! C’était incroyable de voir à quel point les gens s’intéressaient à nous et voulaient nous aider. Nous en avions vraiment besoin. D’ailleurs, nous recevons chaque jour davantage de mails, même si l’album est terminé ! Merci pour vos idées, mais nous n’en avons plus vraiment besoin, maintenant ! Nous avons une tournée en préparation, qui nous prendra deux ans, et ensuite nous nous attellerons à un nouvel album. Nous avons des centaines d’idées que nous n’avons pas utilisées pour celui-ci ! On va pouvoir continuer longtemps !
« Uprising » traite de la bataille de Varsovie en 1944. Pourquoi avoir choisi cette thématique ?Des gens de pays différents nous ont envoyé cette idée, mais la plupart venaient de Pologne. Nous avons été invités à une commémoration de la bataille de Varsovie, nous avions un vrai lien avec cet événement. L’histoire nous a été racontée par des gens qui l’ont vraiment vécue, alors c’était très particulier pour nous.

Il y a quelques années, quand nous avons sorti Primo Victoria, nous nous étions dit que nous aimerions pouvoir porter notre musique à l’écran et visualiser tout ce que nous chantons. Nous voulions raconter une histoire. Une fois le nouvel album fini, nous nous sommes demandés quelle chanson choisir comme single. Les gens qui nous avaient aidé pour « Uprising » nous ont dit que nous pourrions faire appel à un réalisateur et à une équipe de producteurs polonais. Ils ont dit que nous pourrions faire un film dans lequel nous inclurions la chanson. C’était exactement ce que nous rêvions de faire, mais nous n’avions jamais osé y penser. Par la suite, nous nous sommes dit que nous pourrions faire appel à des acteurs célèbres, comme Peter Stormare. Nous l’avons contacté et il a été très intéressé, il voulait vraiment le faire. Ça a placé la barre très haut. Nous avons plus de 70 acteurs qui attendent en Pologne. Ça va être un tournage énorme et très intéressant !
L’un des plus gros clips de l’histoire du heavy metal, donc ?Du moins si j’en crois les informations que j’ai. On ne sait pas ce que le résultat va donner, mais quand je lis le scénario, je me dis que ça va être génial.
J’imagine, vu l’ampleur du projet, que c’est pour ça que vous avez repoussé le tournage en raison du deuil polonais, après l’accident d’avion de son président. Vous ne vouliez pas que le tournage du clip soit entaché par ces circonstances particulières ?C’était une période de deuil, il nous fallait respecter ça. Nous avons décidé de repousser le tournage, et après ça, nous avons été cloués au sol à cause du volcan, donc nous avons dû repousser une nouvelle fois. Maintenant, nous attendons les dernières confirmations et nous devrions partir pour la Pologne dans quelques semaines pour le tournage. On espère que tout va s’arranger !

« Nous ne sommes pas vraiment fascinés par ces choses terribles, c’est seulement un intérêt pour l’histoire. Ces guerres ont plus ou moins façonné ce que nous sommes aujourd’hui, c’est intéressant de savoir ce qui s’est passé. »
D’où vous vient cet intérêt pour la guerre ?
Je ne sais pas d’où ça vient, c’est là, c’est tout ! C’est quelque chose qu’on a ou pas. Joakim et moi sommes ceux que cela intéresse le plus et nous écrivons les paroles. Nous ne sommes ni des fanatiques, ni des livres d’histoire ambulants qui savent tout sur tout, c’est un simple hobby. Pour nous, c’est plus intéressant de travailler comme ça plutôt que de nous demander sur quoi nous devrions écrire aujourd’hui.
Est-ce de la fascination ou une envie de dénoncer quelque chose ?Nous ne sommes pas vraiment fascinés par ces choses terribles, c’est seulement un intérêt pour l’histoire. Ces guerres ont plus ou moins façonné ce que nous sommes aujourd’hui, c’est intéressant de savoir ce qui s’est passé.
Vous avez travaillé avec Peter Tägtgren et Fredrik Nordströrm pour ce Coat Of Arms. Il semble que vous ayez vu les choses en grand et que vous ayez fait appel aux meilleurs producteurs de Suède…En fait, nous voulions travailler avec un seul d’entre eux et peu importait que ce soit Peter ou Fredrik. Au début, nous voulions faire tout l’album avec Peter mais malheureusement, nous avons dû repousser l’enregistrement, parce que nous étions en tournée au Royaume-Uni avec Dragonforce. Du coup, Peter ne pouvait plus enregistrer l’album avec nous car il devait se consacrer à sa propre tournée. Nous nous sommes alors rabattus sur la deuxième option : Fredrik. Il a répondu qu’il aimerait nous aider, mais qu’il devait lui aussi partir en tournée. Au final, nous avons dû couper tout ça en deux. Nous avons commencé par enregistrer la batterie avec Peter, puis nous avons fait l’enregistrement dans notre propre studio et nous avons mixé l’album et apporté les touches finales avec Fredrik. Ce n’était pas l’idéal, mais Fredrik et Peter sont de vrais professionnels et ils n’ont eu aucun problème à gérer cette situation en discutant entre eux. Avoir des professionnels compétents avec nous, ça a beaucoup aidé.
Ferez-vous donc toujours appel à eux à l’avenir ?Non, pas du tout. Nous avons adoré travailler avec Peter. Et Fredrik était tout aussi génial, mais il y a beaucoup d’autres ingénieurs et producteurs avec lesquels travailler. Je suis sûr que nous ferons appel à d’autres personnes.
Entretien réalisé en mai 2010 par phoner
Myspace SABATON :
www.myspace.com/sabaton
