Tobias Sammet est insatiable. Avantasia est le projet parfait pour ce dernier, une véritable retranscription musicale de son univers dans toute son étendue. Avantasia se nourrit de toutes les facettes du rock en passant par certains éléments du lexique de la musique orchestrale pour offrir un spectacle grandeur nature. Une sorte de recueil de contes gigantesque qui se narre sur scène. A Paranormal Evening With The Moonflower Society est le neuvième opus d’Avantasia, le travail le plus « minutieux » selon son géniteur. Un effort qui a « profité » du temps libéré par la pandémie pour voir les détails être peaufinés avec une certaine maniaquerie. C’est plutôt simple : le frontman d’Edguy s’est fait plaisir.
A Paranormal Evening With The Moonflower Society est décrit comme étant l’album « le plus personnel » dans la discographie de Tobias Sammett. À l’inverse de ses dernières réalisations où celui-ci devait gagner du temps en déléguant certaines tâches à son producteur Sascha Paeth, A Paranormal Evening With The Moonflower Society s’est vu accorder le plus grand soin du monde dans le tout nouveau studio de l’artiste. La production est à ce titre exemplaire étant donné la variété des registres déployés. « Welcome To The Shadows » mise énormément sur ces progressions au clavier dignes du fantastique de série B des années 80. Le rock déployé par Avantasia doit beaucoup à l’énergie galvanisante et grandiloquente de Queen conjuguée à une dimension de comédie musicale. Le power/speed metal de « The Wicked Rule The Night » surjoue volontairement les éléments sombres de sa musique avec des chœurs graves, pseudo-démoniaques, et un riffing en cuir clouté porté par le timbre aigu de l’excellent Ralf Scheepers – qui apparaît pour la première fois sur un disque d’Avantasia. Le projet de Tobias Sammett est en effet une expression collective et A Paranormal Evening ne déroge pas à la règle. Tobias a de nouveau convié un nombre impressionnant d’invités déjà présents sur les précédents albums. Bob Catley s’illustre sur « The Moonflower Society », hybride étrange entre glam-rock et pop des eighties. Eric Martin s’amuse sur le groove entraînant de « Rhyme And Reason », l’une des chansons les plus enjouées et exaltantes de l’opus. Geoff Tate est l’interprète parfait de la mélancolie déployée sur « Scars » et la pop pleinement assumée de « Paper Plane » est un terrain de prédilection pour le timbre chaleureux de Ronnie Atkins. Michael Kiske a de nouveau été sollicité pour porter le riffing survitaminé de « The Inmost Light » et l’ambitieux « Arabesque » partagé avec Jorn Lande (aussi à l’œuvre sur « I Tame The Storm ») qui fait voyager en faisant côtoyer sans peine – et curieusement – les influences écossaises et moyen-orientales. Tobias Sammett donne l’impression d’être un enfant surexcité trop heureux de partager ses fantasmes avec ses camarades.
C’est justement cette approche de la composition, adaptée à chaque chanteur, qui fait tout le cachet d’Avantasia et d’A Paranormal Evening With The Moonflower Society. Tobias Sammett parvient autant à les mettre en confiance en misant sur les stéréotypes maîtrisés qu’à les inviter à sortir de certaines habitudes. « Misplaced Among The Angels » voit ainsi Floor Jansen – la seconde invitée inédite du disque – s’illustrer dans un registre plus grave en duo avec Tobias. Une sorte de ballade plus que grandiloquente débordante d’effusions sentimentales au final cathartique. La chanteuse prête aussi son timbre à « Kill The Pain » spécialement écrit pour elle et qui joue justement sur ses forces bien connues du public. Une sorte de rock symphonique à nouveau en duo, qui lui laisse développer sa facette la plus puissante. L’utilisation judicieuse de Floor Jansen résume à elle seule la force d’A Paranormal Evening With The Moonflower Society. Toutes les compositions respectent les musiciens invités et se distinguent les unes des autres sans sombrer dans l’incohérence. A Paranormal Evening With The Moonflower Society a la variété et l’opulence que Tobias souhaite : un opéra rock fantastique trop soucieux d’esquiver la redite au sein du disque.
Pour Tobias, « Moonflower Society » symbolise ces étranges créatures de la nuit qui s’épanouissent lorsque le monde est endormi. C’est précisément une référence au travail de composition de Tobias : il s’entoure de personnages qui naissent et qu’il convoque lorsqu’il écrit. A Paranormal Evening With The Moonflower Society est peut-être l’expression la plus sincère – presque ingénue ou insouciante par son absence de retenue – de ce monde intime dans lequel il se plonge et qu’il cherche à présenter. Une invitation difficile à refuser tant elle donne l’impression de faire renaître un imaginaire que seul un enfant entretenait.
Clip vidéo de la chanson « Kill The Pain Away » :
Lyric vidéo de la chanson « The Inmost Light » :
Chanson « Misplaced Among The Angels » :
Clip vidéo de la chanson « The Moonflower Society » :
Lyric vidéo de la chanson « The Wicked Rule The Night » :
Album A Paranormal Evening With The Moonflower Society, sorti le 21 octobre 2022 via Nuclear Blast. Disponible à l’achat ici
Probablement le meilleur album d’Avantasia. Tout y est parfaitement executé. Les mélodies donnent envie d’y revenir. Hautement conseillé et bien meilleur que les deux derniers (qui étaient parfois poussifs dans les travers du mélo orchestral chiant-chiant).
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Pour ma part, très déçu. Quand on connaît déjà les deux précédents albums, rien à retenir de cette nouvelle galette qui propose la même recette, mais en moins bien, ça va même jusqu’à l’auto-plagiat.
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