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Chronique   

Avatar – Dance Devil Dance


« Sauver le heavy metal ». C’est en ces termes qu’Avatar décrit le dessein qui a motivé son nouvel effort intitulé Dance Devil Dance. Une volonté à prendre au second degré évidemment, une coutume pour Avatar. Si Hunter Gatherer avait la tâche d’amorcer l’après-Avatar Country et s’est démarqué par son approche plus violente et sombre, Dance Devil Dance est le témoin d’un autre virage emprunté par les Suédois. Il s’agit cette fois de « dé-cérébraliser » le heavy qui a perdu une grande partie de son âme d’antan dans les productions contemporaines. En gros, Avatar veut à nouveau faire bouger des nuques et des fessiers au premier degré.

Cette volonté s’illustre par le choix d’enregistrement de l’album. À l’inverse d’Hunter Gatherer réalisé dans un grand studio de Los Angeles, le groupe a cette fois décidé de s’isoler dans la nature suédoise pendant un mois : cinq membres vivant ensemble sans interruption en compagnie du producteur Jay Ruston (Anthrax, Stone Sour, Amon Amarth, Steel Panther…). Le raisonnement était simple : le précédent studio offrait un confort imparable et des choix infinis en matière de matériel. Revenir à un contexte plus humble a permis de ne pas sur-intellectualiser sa musique. Les premiers riffs de « Dance Devil Dance » – et ses teintes countrysantes – privilégient effectivement une approche frontale, destinée à mouvoir les masses. Avatar cherche simplement à enchaîner couplets-refrains avec un maximum d’efficacité en respectant à la lettre les codes heavy d’antan, sans pour autant devenir passéiste. Seul un break sabbathien/zeppelinien plus ambiancé intervient pour apporter juste ce qu’il faut en digression. « Chimp Mosh Pit » s’ouvre par un riffing lourd et groovy avec le timbre de Johannes Eckerström qui n’hésite pas, comme sur le premier titre, à tutoyer les aigus des années 70 et 80 si chers à Rob Halford de Judas Priest. « Valley Of Disease » hausse le ton en jouant sur les intensités d’un riffing en béton armé, quasi primitif. Quoi qu’il advienne, Avatar veut faciliter l’appréhension de sa musique. Chaque riff prône le défouloir, à l’instar d’un « Do You Feel In Control » qui flirte avec Pantera et Lamb Of God, scandé et taillé pour la scène, ou de « Clouds Dipped In Chrome », entre frénésie black n’ roll et binaire martial.

Il ne faut pas s’y tromper, Dance Devil Dance n’a pas pour objectif de « revisiter » le heavy – au sens large – en le parodiant. La formation fait honneur à sa réputation en variant les approches. « Gotta Wanna Riot » utilise explicitement le vocabulaire boogie et surf-rock pour entraîner et faire sourire l’auditeur tandis que « The Dirt I’m Buried In » devient une cour de récréation disco-funk pour la section rythmique. De quoi trancher radicalement avec les élans d’agressivité précédents sans perdre de vue l’objectif principal : susciter le mouvement. « Hazmat Suit » doit beaucoup à Motörhead pour son énergie ininterrompue aux accents punk. « Train » fait quant à lui figure de surprise en se démarquant par ses allures de blues à crooner qui évoquent certaines des frasques de Mike Patton avec Faith No More. Avatar envoie évidemment tout valser d’un revers de main avec Eckerström qui se met à vociférer au sein d’un mur de guitares qui arrive de manière complètement abrupte. Le groupe ne se prive pas de jouer la carte de l’incongruité malicieuse, par exemple en insérant un intermède électro feutré en plein « Valley Of Disease ». Lisible ne veut pas dire prévisible en somme. La conclusion « Violence No Matter What » recentre les débats autour de l’affect pour le heavy traditionnel en accueillant Lzzy Hale qui n’hésite pas à s’égosiller pour correspondre à l’approche parfois délurée d’Avatar. Les leads de guitare dissonants à outrance et pratiquement désorganisés en témoignent.

Dance Devil Dance n’est pas réellement un prolongement d’Hunter Gatherer, même si la virulence de certains titres fait le lien. Il cherche effectivement la simplicité – avec ce que ce terme signifie pour les Suédois. Si l’objectif est de renouer avec ce qui fait l’essence du heavy, c’est-à-dire le rock n’roll et son aspect sauvage (jusqu’aux extrêmes) et dansant, le groupe s’en rapproche très fortement. Il se refuse très justement à émuler ses idoles : Dance Devil Dance n’a rien d’old-school, si ce n’est sa nature quasi spontanée et limitée dans sa sophistication au profit de l’efficience – ce qui ne l’empêche pas de faire preuve de singularité et d’entretenir le caractère inclassable d’Avatar. Toujours est-il que l’opus a amplement les arguments pour provoquer quelques marées humaines et comportements reptiliens.

Lyric vidéo de la chanson « Violence No Matter What » :

Clip vidéo de la chanson « The Dirt I’m Buried In » :

Clip vidéo de la chanson « Dance Devil Dance » :

Lyric vidéo de la chanson « Valley Of Disease » :

Album Dance Devil Dance, sortie le 17 février 2023 via Black Waltz Records. Disponible à l’achat ici



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