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Chronique Focus   

Avatar – Hunter Gatherer


Avatar annonçait la fin d’Avatar Country avec une vidéo de remerciement sobrement intitulée A Farewell To Avatar Country, qui complétait la réalisation du mini-film Legend Of Avatar Country: A Metal Odyssey. Avatar Country se considérait avec un certain degré d’humour, les Suédois ne s’en sont jamais cachés. Il leur importait cependant de terminer le cycle et de donner dans le contraste. Hunter Gatherer est le fruit d’un travail de recherche et de documentation sur les aléas de l’évolution humaine et l’ambiguïté de la notion de progrès. Hunter Gatherer ne contient pas de second degré, il présente un Avatar terre à terre, qui revient à ses affects les plus sombres et les plus violents. Sans être un album concept au sens strict, le huitième effort du groupe voit toutes ses compositions abonder dans le même sens : une réaction face au climat dystopique qui nous entoure.

Malgré l’« évolution » comme l’entend Avatar, nous restons ces « chasseurs-cueilleurs » errant dans un monde qui a dépassé l’imagination des auteurs les plus alarmistes. Avatar n’a pas seulement changé de ton, il a adopté une nouvelle méthode. Avatar Country a certes bénéficié à nouveau de l’expérience du producteur Jay Ruston (Slipknot, Stone Sour, Anthrax) en le rejoignant aux Etats-Unis pour la première fois. Il s’est néanmoins engagé à enregistrer ses compositions sur bande et comme il peut les jouer en live, collectivement. En résulte un son plus « cru » et organique qui participe pleinement à l’atmosphère du disque. Chaque titre d’Hunter Gatherer se suffit à lui-même. « Silence In The Age Of Apes » a le mérite de présenter les choses sans voile : Avatar emprunte des sonorités qui lorgnent vers le death et le black, le growl de Johannes Eckerström est extrêmement agressif, sur un riffing bas du front et une batterie musclée. Le final électronique du titre fait directement le lien avec le plus industriel « Colossus ». Ce dernier conserve cette pugnacité, agencée d’une tout autre manière, très martiale, proche d’un Rammstein des premières heures. Le phrasé de Johannes se rapproche d’ailleurs par endroits du travail de Till Lindemann. « Colossus » renoue avec la théâtralité bien connue d’Avatar, à travers l’incarnation de son frontman qui alterne registre aigu plus démonstratif et quasi-murmures inquiétants. Le plus rock « A Secret Door » semble emprunter le vocabulaire d’un Stone Sour juvénile, une alternance de riffs groovy hérités du néo, d’accélérations hardcore, d’un refrain presque guilleret et de plages mélodiques chiadées. Preuve en est, Corey Taylor fait quelques apparitions… en sifflant ! L’énergie très sombre d’Hunter Gatherer n’a absolument pas amputé le talent d’écriture d’Avatar.

Parfois la recette d’Avatar laisse davantage perplexe. « God Of Sick Dreams » a pour lui une certaine lourdeur qui supporte mal le phrasé clair emphatique de Johannes. Avatar introduit plusieurs passages heavy metal (voix aiguës, leads de guitare) dans des compositions aux sonorités plus modernes, à l’instar de « Scream Until You Wake ». Une dynamique qui peut diviser : les fans d’Avatar Country, par exemple, seront ravis de retrouver un Avatar plus démonstratif tandis que les autres préféreront sa brutalité la plus franche. « Child » se veut le parfait exemple de cette dichotomie. Avatar rentre directement dans le vif avec un riff acéré avant de le faire contraster immédiatement avec une petite rythmique sautillante enfantine, pour plus loin nous emmener vers une accalmie désabusée. À nouveau, l’aspect théâtral en bénéficie grandement. La versatilité d’Avatar reste sa qualité première, ce qui lui évite de délivrer un album de metal sans cachet. La ballade au piano « Gun » met en valeur le travail délicat de Johannes, prêt à flirter avec la fausseté pour livrer une prestation incarnée, tranchant avec la frénésie éclair et les guitares articulées de « When All But Force Has Failed » qui suit, lui-même tranchant avec la lourdeur sous-accordée du massif et « gojiresque » « Wormhole » en clôture de disque… Chez Avatar tout est une question de dynamique et de varier les plaisirs.

Hunter Gatherer est sans doute l’album le plus violent composé par Avatar depuis Black Waltz (2012) voire depuis Schlacht (2007). Le groupe a conservé son goût pour une forme d’exubérance qui fait son succès en live, il s’est néanmoins tourné vers des sonorités plus directes et sombres, à même d’illustrer son dédain et sa détresse face au climat délétère contemporain. Son riffing n’a rien d’exceptionnel : ce qui fait son intérêt est cette synergie entre les accents mélodiques très marqués et l’agressivité déployée. Si elle peut laisser perplexe par endroits, elle a amplement de quoi emporter l’adhésion et promet de belles scènes de pogo en concert. Hunter Gatherer s’inscrit pleinement dans l’univers d’Avatar, il est simplement sa facette plus extrême.

Clip vidéo de la chanson « Colossus » :

Chanson « God Of Sick Dreams » :

Clip vidéo de la chanson « Silence In The Age Of Apes » :

Album Hunter Gatherer, sortie le 7 août 2020 via eOne. Disponible à l’achat ici



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