Avis à la populace : une délégation du pays d’Avatar, terre de heavy metal, sera en visite officielle dans toute l’Europe en 2018. Au programme de la visite, des festivités pour célébrer le roi d’Avatar Country, sa légende et sa grandeur. Aux commandes de ce spectacle made in Sweden, le groupe nordique Avatar qui opère un virage à 180° après son album Feathers & Flesh. Avec des constantes toutefois, notamment une théâtralité exubérante incarnée entre autres par un Johannes Eckerström, clown grimé en « monsieur Loyal ».
Rencontre avec le chanteur et avec Jonas « Kungen » Jarlsby, membre fondateur d’Avatar qui chausse pour l’occasion la couronne royale d’Avatar Country.
« Nous avons pensé que c‘était le bon moment pour dire la vérité et ouvrir les frontières d’Avatar Country, de laisser les gens comprendre la vérité derrière l’identité de notre roi et ce que notre roi représente pour nous. »
Radio Metal : Vous avez franchi une nouvelle étape en termes de concept et de théâtralité avec Feathers & Flesh. Je sais que vous êtes toujours à la recherche de nouvelles idées pour aller encore plus loin ; comment avez-vous relevé le défi d’un autre album après celui-ci ? Quelle a été votre approche pour l’élaboration des grandes lignes de ce qui est par la suite devenu Avatar Country ?
Johannes Eckerström (chant) : Il y a une différence très significative entre ce qu’était Feathers & Flesh et ce qu’est Avatar Country, et cette différence c’est que Feathers & Flesh était une fable et une histoire. Avec Avatar Country, nous avons pensé que c‘était le bon moment pour dire la vérité et ouvrir les frontières d’Avatar Country, de laisser les gens comprendre la vérité derrière l’identité de notre roi et ce que notre roi représente pour nous ; c’est la raison pour laquelle nous avons fait un album en son honneur. En ce qui concerne les challenges, je pense qu’une des raisons pour lesquelles c’était le bon moment est que nous avons fait face à beaucoup d’autres challenges pendant la création de Feathers & Flesh, notamment pour réussir à articuler quelque chose de plus abstrait, à dépeindre une image plus vaste avec plusieurs chansons plutôt que de créer une histoire avec une chanson, de développer une idée par chanson, nous avions essayé de tisser un ensemble et de créer tout un tableau. Par conséquent, la période d’écriture pour le nouvel album a été la plus rapide, c’était la première fois que nous passions si peu de temps en studio depuis que nous pouvons nous permettre de rester en studio aussi longtemps que nécessaire. Ça a duré six semaines pour Feathers & Flesh, et deux semaines pour Avatar Country. C’était dû à notre manière d’enregistrer, à la méthode employée et à comment nous avons organisé chaque journée, c’était beaucoup plus efficace. Le simple fait de savoir qu’il était temps de dévoiler toute la vérité à propos d’Avatar Country a rendu ça « facile » comparé à ce que nous avons fait par le passé.
Parce que vous aviez un objectif bien défini depuis le début ?
Exactement ! Nous connaissions très bien Avatar Country et le roi dans nos cœurs et au sein d’un cercle réduit. Nous avons aussi laissé quelques indices aux gens jusqu’à maintenant. Le drapeau d’Avatar Country a flotté au vent dans la vidéo de « New Land » et si tu regardes les livrets de nos albums précédents, ils se terminaient toujours par un remerciement à « kungen », qui est le mot suédois pour « le roi ». Ça a toujours été là ; il est désormais temps de révéler toute la vérité.
Johannes, tu nous as dit que pour Feathers & Flesh, tu étais « tellement occupé avec les textes qu’il s’agit de [v]otre projet d’album sur lequel [tu as] apporté le moins de riffs. » « Les gens crachaient des idées et [t]oi [tu] allais faire [t]es courses dans le magasin de confiseries » en récupérant des riffs et des parties dont tu avais besoin pour coller à l’histoire et aux personnages que tu avais en tête. Après cette expérience avec Feathers & Flesh, est-ce que le groupe a peaufiné sa méthode d’écriture pour Avatar Country ?
Jonas « Kungen » Jarlsby (guitare) : Je dirai que nous peaufinons notre approche à chaque fois que nous écrivons. Nous apprenons à mieux connaitre les autres et nous-mêmes à chaque album. Comme pour tout, plus tu le fais, plus tu t’améliores. Tu apprends quelle méthode fonctionne le mieux pour toi. Je pense que si ce nouvel album a été plus facile à écrire que Feathers & Flesh, c’est aussi peut-être parce qu’il est un peu plus court. Généralement, notre façon de procéder est la suivante : tout le monde s’assoie dans son coin et nous enregistrons toutes les idées que nous avons. Ensuite évidemment, tu fais un tri et gardes seulement le meilleur. Puis nous nous regroupons tous et nous écoutons tout. Nous prenons des notes et chacun d’entre nous choisi les parties qu’il aime. Parfois il y a assez de matière pour en faire une chanson, et parfois c’est seulement un riff. Quand il s’agit d’une chanson plus complète, Johannes la prend et commence à écrire des paroles. Pour les autres, c’est comme si nous faisions un gros puzzle, nous essayons de voir quels morceaux vont le mieux ensemble. Bien sûr parfois nous n’avons pas encore le riff, donc nous devons trouver de quel genre de refrain la chanson a besoin. Quelqu’un aura peut-être une idée, des fois c’est super rapide [claque des doigts] et d’autres fois ça peut prendre des lustres.
Avatar Country est encore une fois un album à l’atmosphère très théâtrale, particulièrement dans ta performance vocale Johannes. Est-ce que tu dirais qu’il y a eu comme un déclic avec Feathers & Flesh, que ça t’a ouvert de nouvelles portes ?
Johannes : Ça va de pair avec tous les outils que tu ramasses pendant ton voyage… J’ai tendance à vouloir tous les utiliser et les essayer, et aussi à faire certaines choses d’un point de vue technique que je n’ai jamais fais auparavant. Ça fait partie du voyage, de se mettre au défi et de se maintenir inspiré musicalement, pour que les choses restent excitantes pour toi, mais aussi pour qu’elles restent excitantes pour les gens qui écoutent. Il y a un moment ou je me dis « est-ce que je peux réussir à faire ça ? », parce qu’à chaque fois que j’entre en studio pour enregistrer le chant pour un nouvel album, c’est le plus difficile que j’ai jamais eu à faire jusqu’à présent, tout simplement parce qu’il y a toutes ces choses nouvelles. Ensuite nous partons en tournée, et après quelques allers et retours autour du monde, les chansons deviennent de plus en plus faciles à chanter, ce qui veut dire, avec un peu de chance, que mon niveau de départ est meilleur. Tout est une question de développement musical. En particulier quand tu fais du metal ; je pense que l’une des caractéristiques c’est que le metal est un style de musique très physique. J’ai assisté à quelques concerts de jazz et j’ai trouvé ça génial. J’étais comme fasciné par la musicienne, elle se tient là, elle ne transpire pas, elle chante merveilleusement bien. Un concert incroyable ! Et elle sent probablement encore bon à la fin. La façon dont je me produis et ce que nous faisons avec le groupe a quelque chose d’un peu extraterrestre. J’ai l’impression d’avoir besoin de cet aspect physique. Je pense que c’est une des caractéristiques d’un musicien d’un groupe de metal, c’est un effort physique, c’est pour ça que nous aimons la musique forte, parce qu’on ne fait pas que l’entendre, on la ressent. Et c’est pourquoi il y a des pogos, parce que nous voulons ressentir quelque chose, comme si nous essayons de faire en sorte que la musique se manifeste sous une forme physique elle aussi. C’est aussi une des raisons pour lesquelles les concerts de metal sont si saisissants visuellement, il y a une riche tradition par rapport ça. Tout ça va de pair et est présent dans tout, et surtout, évidemment, dans la musique elle-même. C’est pour ça que nous voulons avoir un gros son, atteindre des notes aiguës, jouer rapidement… ça fait partie des expressions du metal.
Jonas, est-ce que tu essayes consciemment d’écrire des chansons en laissant de la place à Johannes pour exprimer son côté théâtral ?
Jonas : Bien sûr. Je pense que nous commençons à lui donner plus d’espace pour les éléments théâtraux car nous commençons à pouvoir faire ces choses en concert de plus en plus.
« Je me considère comme un humble serviteur de mon roi. […] Evidemment, je partage aussi sa joie de voir le peuple d’Avatar Country s’agrandir, de voir de plus en plus de monde se joindre à nous. Je leur appartiens plus qu’ils sont mon peuple, car nous appartenons tous au roi qui est notre frère, notre fils et notre père en même temps. »
« The King Welcomes You To Avatar Country » ressemble à un mix entre de la country et du AC/DC, et il y a une chanson, « Silent Songs Of The King Part 1 » qui fait très musique d’ambiance. Ce sont des choses très nouvelles pour le groupe…
Je suppose que tout est une question de hasard en quelque sorte. Johannes a composé les parties de guitares pour « The King Welcomes You To Avatar Country ». Il écoutait un peu de blues ou de country et il a eu envie de faire quelque chose comme ça. En ce qui concerne la chanson instrumentale, la chanson d’ambiance, c’est une chanson que Tim a écrit il y a des années. Il était assis là, à bidouiller des trucs avec différents synthés et tout le monde a aimé ! Nous avons décidé de garder ce morceau parce qu’on ressent quelque chose en l’écoutant. Ça dégage une certaine atmosphère.
John nous a dit à propos de l’enregistrement de Feathers & Flesh qui a eu lieu dans trois pays différents que « si tu fais les choses de façon pratique, ça signifie que tu fais les choses de façon confortable et si tu fais les choses de façon confortable, tu peux te retrouver avec un album confortable. » Or vous ne voulez pas faire un album confortable. Vous ne voulez pas être à l’aise. Cette fois-ci, vous avez enregistré l’album à Göteborg, votre ville natale, avec Jay Ruston. Est-ce que l’environnement de travail n’était pas trop confortable ?
C’était la chose à faire cette fois-ci parce que cela représentait un contraste énorme avec ce que nous avons fait pour les deux derniers albums. Nous avons enregistré Hail The Apocalypse en Thaïlande et ensuite Feathers & Flesh en Allemagne principalement. Donc enregistrer un album à la maison était en fait un gros changement pour nous. Ça a eu plus ou moins le même effet qu’on peut obtenir en partant loin. Tout est question de situation dans laquelle tu te retrouves. Cette fois par exemple, nous ne disposions que de deux semaines pour tout enregistrer, nous étions à fond tout le temps, tu n’as pas le temps de t’assoir et de te relaxer. Nous ressentons toujours une certaine pression.
Johannes : D’une certaine façon nous étions à l’aise oui, mais c’était tellement différent de la dernière fois que ce confort s’est transformé en inconfort, c’est devenu un changement. Je mets un point d’honneur, à chaque fois, à faire les choses différemment, dans la mesure du possible. Le fait que Jay Ruston travaille avec nous était une nouveauté, c’est un grand changement. Pareil pour la période limitée que nous avons choisi d’avoir pour travailler. Tous ces éléments réunis créent un environnement de travail inconfortable, si je peux dire. Mais c’était aussi très joyeux et vraiment plaisant en même temps, enfin la plupart du temps.
Certains de vos albums précédents ont été enregistrés dans des conditions « semi live », d’autres en live. Est-ce que vous avez conservé cette approche ?
Jonas : Pour cet album, nous avons enregistré la batterie et la basse ensemble en live et nous avons ensuite ajouté les guitares. Quand tu enregistres en live, la musique a tendance à être plus vivante, plutôt que d’avoir un clic précis et de tout corriger pour que ça colle au clic. Il se peut qu’il y ait des petites variations quand tu écoutes la musique, mais tu n’y penses pas trop parce que le tempo naturel l’emporte, plus ou moins. Ça rend la musique plus vivante.
Jonas, tu es le roi dans l’histoire d’Avatar Country. Pourquoi est-ce que le groupe t’a choisi pour le personnifier ?
Ça a toujours été comme ça. Simplement, nous en informons le monde avec cet album.
Johannes : Une monarchie n’est pas une démocratie, donc nous n’avons pas choisi notre roi. Le roi choisit le roi. Cependant, nous sommes très reconnaissants et heureux que ce soit le cas. Nous ne savons même pas depuis combien de temps le roi a été roi, mais une fois que tu l’as rencontré, tu ne peux que t’incliner. Si quelqu’un a choisi le roi, c’est le roi en personne.
Est-ce que vous vous sentez comme des rois lorsque vous êtes sur scène devant une foule de personne, devant votre peuple ?
Jonas : Bien sûr, je dois me sentir comme un roi !
Johannes : Je me considère comme un humble serviteur de mon roi. Donc non, je n’ai pas l’impression d’être un roi. Je me sens privilégié de pouvoir travailler tous les jours en sa présence. Evidemment, je partage aussi sa joie de voir le peuple d’Avatar Country s’agrandir, de voir de plus en plus de monde se joindre à nous. Je leur appartiens plus qu’ils sont mon peuple, car nous appartenons tous au roi qui est notre frère, notre fils et notre père en même temps.
Est-ce qu’Avatar Country et son concept représentent une nouvelle étape pour faire du groupe plus qu’un groupe ? Est-ce que vous essayez d’étendre l’univers musical et visuel du groupe pour devenir un concept communautaire incluant les fans ?
Jonas : C’est le but oui, de créer un fan club et d’y inclure tout le monde. Les gens veulent faire partie de quelque chose, et s’ils peuvent trouver d’autres personnes avec les mêmes centres d’intérêt, alors ils ont trouvé le bon endroit. Nous espérons qu’ils auront la sensation d’avoir trouvé leur place à Avatar Country.
Johannes : Ça a été l’idée pendant très, très longtemps. A chaque fois que nous faisons quelque chose de nouveau avec le groupe, que nous abordons un nouveau moyen d’expression, il s’agit toujours de se débarrasser de certaines idées préconçues. Par exemple, je pense qu’à présent on nous considère comme un groupe ayant une image frappante, et je suis d’accord. Cependant, nous ne nous sommes pas juste dits : « Il nous faut une image ! » C’est venu quand nous avons commencé à considérer l’aspect visuel d’Avatar comme de l’art également et à réellement l’inclure dans l’expression musicale. C’est à ce moment que tout s’est mis en place, et en plus, c’est une image cool, si on peut dire ça comme ça. C’est en quelque sorte un effet secondaire. Un bon effet secondaire, un effet secondaire utile, mais tout commence et prend fin avec la musique ; ensuite, nous essayons simplement de trouver d’autres moyens de l‘exprimer, visuellement, et de connecter l’ensemble.
« Une chose qui m’a rendu fan de metal et m’a fait arrêter de me couper les cheveux, qui m’a donné envie de faire partie de ça, d’être d’une manière ou d’une autre impliqué dans cet univers, c’est que ça m’a donné l’impression d’être en train de voler. La musique m’a fait planer, j’ai pris mon envol. »
Dans l’histoire que vous racontez, quand le roi arrive, il frappe les cordes et la musique résonne, les gens se réveillent et comprennent que ce n’est que le commencement. Est-ce que vous pensez que la musique a le pouvoir d’éveiller les gens ?
Est-ce que tu es un fan de metal ? Quel est le premier album qui t’a rendu fan de metal ? Pour moi, c’était l’album Keepers Of The Seven Keys part II d’Helloween. Une chose qui m’a rendu fan de metal et m’a fait arrêter de me couper les cheveux, qui m’a donné envie de faire partie de ça, d’être d’une manière ou d’une autre impliqué dans cet univers, c’est que ça m’a donné l’impression d’être en train de voler. La musique m’a fait planer, j’ai pris mon envol. C’est compliqué maintenant de savoir, il y a tellement de choses qui nous définissent dans la vie. C’est difficile de dire : « Je suis la personne que je suis grâce au metal. » D’autres choses entrent en jeu. Les parents, l’école, les ami(e)s et le pays dans lequel on grandit. Toutes ces choses de la vie nous façonnent. En ce qui me concerne, en jouant de la musique, et dans ton cas aussi, puisque tu écris sur la musique, c’est plutôt évident que la musique a influencé nos chemins assez fortement. Même quand je regarde des gens qui ne sont pas forcément des musiciens, mais des fans de musique, leurs vies sont aussi clairement touchées et façonnées par ce qu’ils écoutent. Je peux clairement voir l’effet que ça a sur la vie. La musique joue un rôle important dans le façonnement de qui nous serons.
Jonas : La musique a également le pouvoir d’unir les gens. Tu peux rencontrer un parfait inconnu et te rendre compte que vous avez le même groupe préféré. Et d’un seul coup, cet inconnu est ton meilleur ami [rires]. La musique apporte de l’énergie positive et de l’amour. Les gens sont attirés par la quantité d’énergie que notre musique leur apporte, et son authenticité. Tout vient de nos cœurs, et je pense que les gens peuvent le sentir. Au fond, ce qui fait la musique, c’est ce qu’on ressent. Tout le monde aime la musique qui leur fait ressentir quelque chose. C’est la même chose avec le metal, pour nous et nos citoyens.
La question de la mortalité du roi est abordée dans l’histoire. Est-ce que c’est une question que vous vous posez à propos du groupe ? Comme combien de temps cela va durer et est-ce qu’il parviendra à entrer dans la postérité ?
Pas vraiment. Nous prenons ce qui vient, nous vivons l’instant présent. Nous devons bien sûr penser à l’avenir, mais nous vivons dans le moment présent.
Johannes : Lorsque nous entrons en studio, c’est avec l’intention de faire quelque chose qui serait digne d’être notre dernier album. Le roi ne fait pas de compromis. Les gens d’Avatar Country ne font pas de compromis. Ce qui veut dire que nous faisons les choses de la façon dont nous pensons qu’elles doivent être faites, nous créons quelque chose qui a du sens pour nous. Si par la suite cela fait écho chez d’autres personnes, nous l’apprécions. Si ce n’est pas le cas, nous pouvons le laisser de côté en sachant que nous avons créé quelque chose de sincère et qui venait tout droit de nos cœurs. En ce qui concerne la mortalité du roi, cela reste un grand mystère, des historiens ont travaillé là-dessus, ont essayé de comprendre. Nous avons par exemple la chanson « King After King » sur l’album : elle raconte la légende selon laquelle le roi a en fait une fois péri sur le champ de bataille. Il a été enterré près de ses soldats et son cheval a été libéré, comme le prévoyait son testament. Le cheval a gravi les montagnes au coucher de soleil et, le lendemain, alors que le soleil se levait, le cheval est revenu avec le roi le chevauchant. Qu’est-ce que cela veut dire ? Est-ce que le roi a été enterré et s’est relevé d’entre les morts ? Est-ce qu’il s’agit d’un clone, d’un jumeau ? Ça ressemble à une résurrection ! Comme nous savons que pendant un millénaire, des gens du monde entier ont été inspiré par le roi, nous avons dû remonter le temps pour comprendre quel âge le roi a. Les choses sont très compliquées en Avatar Country. On est en 2017, on sera bientôt en 2018, ici en France. En Chine, l’année prochaine est l’année du chien. En Avatar Country, c’est l’année du roi. Et l’année dernière était aussi l’année du roi, ainsi que l’année précédente, c’est donc compliqué de compter. Nous essayons de remonter le temps et de décider l’âge du roi ; nous avons par exemple une histoire racontant la résurrection du roi. Ça nous fait penser à quelque chose : la Bible. Ce qui veut dire que la Bible a clairement été inspirée par des événements qui ont eu lieu en Avatar Country, qui sont arrivés à notre roi. Ça a au moins deux mille ans. Mais ensuite, nous avons appris qu’il existe des histoires égyptiennes ou babyloniennes, tu sais ces anciennes civilisations, qui parlent de naissances virginales et de résurrections dont l’histoire de Jésus s’est inspirée. Nous pouvons resituer le roi il y a encore plus longtemps ; nous parlons maintenant d’au moins quatre mille ans. Mais nous ne sommes pas sûrs, parce qu’aussi loin qu’on s’en souvienne, le roi a toujours été roi en Avatar Country. Nous ne voyons pas le roi ayant jamais été autre chose que le roi. Donc la question de sa mortalité est étrange ; ça va peut-être de pair avec le fait que la musique est immortelle, et qu’Avatar Country est un pays de heavy metal. Dans ce sens, c’est une nation qui est éternelle.
L’important n’est pas de connaitre le point de départ…
Exactement, c’est un voyage perpétuel au nom du heavy metal.
Il est écrit dans l’histoire : « Le monde extérieur s’est malheureusement montré quelque peu sous-développé dans son goût et son vocabulaire en ce qu’il s’agit de comprendre et d’apprécier la véritable valeur du metal telle que nous la connaissons. » Et que le roi a « pris la responsabilité d’éduquer le peuple de la Terre sur leur route vers la Citoyenneté. » Est-ce que c’est un de vos buts : éduquer le monde au metal ?
Absolument ! L’esprit metal d’Avatar Country a ses propres veines, ses propres caractéristiques. On ne manquait pas de bon metal avant que les gens découvrent et apprennent à connaitre Avatar Country. Cela fait plus de trente ans, presque quarante maintenant, je suppose, que nous apprécions tous notre part de metal britannique par exemple. Mais avec Avatar Country, nous introduisons une souche de metal vraiment unique, c’est un tout nouveau genre de metal disponible sur le marché ! Nous avons accepté le challenge d’aider les gens à comprendre le poids et la valeur que ça a.
Jonas : C’est pour ça que nous faisons des tournées, pour répandre la musique. On peut voir ça comme étant éducationnel, comme une leçon. Pour moi par exemple, mon éducation a commencé il y a très, très longtemps avec les Beatles, Queen, ABBA, et d’autres groupes suédois. Ensuite, quand je me suis mis à écouter du metal, mes plus grandes influences étaient Iron Maiden, In Flames, The Haunted… Tous ces bons groupes !
« Aussi loin qu’on s’en souvienne, le roi a toujours été roi en Avatar Country. […] Ça va peut-être de pair avec le fait que la musique est immortelle, et qu’Avatar Country est un pays de heavy metal. Dans ce sens, c’est une nation qui est éternelle. »
Il y a un décalage entre le sérieux de la production, l’aspect épique de vos chansons, et l’humour parfois sombre de vos paroles, je pense par exemple au roi déclarant devant la foule qu’il n’est plus constipé. Est-ce que vous voyez l’humour comme le moyen le plus efficace de faire passer un message ?
Johannes : Je serais très inquiet si j’avais un roi constamment constipé, donc c’était une bonne nouvelle pour les gens. L’album juste avant Avatar Country est Feathers & Flesh, et c’est un album qui abordait spécifiquement les thèmes de la tristesse, la perte, l’échec, les ténèbres. C’était une tragédie. Avec Avatar Country, c’est le contraire, ça parle de joie, de pouvoir et de force, de quelque chose d’inspirant. C’est la progression naturelle des histoires que nous pensons avoir à raconter, et nous faisons ce qui nous semble le plus approprié à nous et notre roi à n’importe quel moment. Il y a bien sûr beaucoup de joie dans Avatar Country, ce qui veut dire qu’il y a aussi beaucoup de rires.
L’album Avatar Country ressemble à une comédie musicale, il inclut notamment des morceaux parlés (« The King Speaks »), et vos concerts sont connus pour être très visuels. Est-ce que vous pouvez nous dire quelques mots sur la façon dont vous allez présenter le nouvel album sur scène en 2018 ?
Il faut voir ce que nous ferons l’année prochaine comme des visites d’état, plutôt que comme une tournée classique. Le but est de créer une sorte de foire internationale au début du 21ème siècle afin de donner aux gens du monde entier un petit aperçu de la vie en Avatar Country. Quand tu entres dans la salle, c’est comme si tu entrais en Avatar Country. Certaines choses vont se passer, et bien sûr le gros de l’attention sera concentré sur le roi, nous le célébrerons lui, ses victoires et son nom. Nous allons par exemple apporter son trône ; il s’agit d’offrir une prestation digne d’une visite d’état royale dans chaque pays.
Les prestations live ont gagné de plus en plus d‘importance pour le groupe. Est-ce que c’est un environnement qui vous inspire pour l’écriture des chansons ? Je pense notamment à une chanson comme « Legend Of The King », qui comprend des passages adaptés à un environnement live.
Jonas : Toujours. On nous a donné un conseil il y a de ça de nombreuses années, quelque chose pour lequel In Flames est très doué : écrire des chansons qui sont faites pour être jouées en concert, en incluant dans chacune d’elles des passages pendant lesquels le public peut chanter en cœur. Il faut faire en sorte que le public, en entendant une chanson pour la première fois en live, comprenne ce qu’il se passe et s’en rappelle par la suite.
Johannes : Je pense que les deux vont de pair, c’est un peu comme l’œuf et la poule, parce que l’écriture inspire les prestations live. Si la chanson est bonne, nous serons impatients de la jouer en concert. C’est compliqué de savoir où ça commence exactement, mais il s’agit avant tout de créer du bon metal. La meilleure des versions d’une bonne musique metal est toujours la version live. Peu importe à quel point l’album que tu fais est génial, tu finis toujours par davantage aimer la version live. En tout cas, c’est mon cas.
Jonas, tu as fondé Avatar avec John Alfredsson en 2001. Le concept d’Avatar avec les visages de clowns, l’aspect théâtral, etc., tous ces éléments se sont ajoutés au fil du temps, mais est-ce qu’en 2001 tu avais une idée de ce que le groupe deviendrait quinze ans plus tard ? Est-ce que tu envisageais déjà que le groupe devienne plus qu’un simple groupe de rock ?
Jonas : Ça a toujours été plus ou moins un objectif depuis le premier jour, quand John et moi avons commencé à jouer ensemble, à parler de tous ces grands projets, ces grandes idées pour l’avenir, pour quand nous jouerions dans des stades… voir si nous réussirons à aller aussi loin. Tout s’est plus ou moins passé comme prévu. Quand tu es adolescent, que tu commences à jouer ensemble, quand tu entres dans l’industrie de la musique, tu ne te rends pas compte de la compétition qui y règne. Mais avec les années, je suppose que nous avons appris comment ça fonctionne et comment se démarquer des tous ces milliers d’autres groupes. C’est difficile de trouver ta propre identité, ou quelque chose qui rend ta musique spéciale au lieu d’avoir le même son que tous les autres.
Interview réalisée en face à face le 11 décembre 2017 par Claire Vienne.
Fiche de questions : Claire Vienne & Nicolas Gricourt.
Retranscription : Claire Vienne.
Traduction : Lison Carlier.
Site officiel d’Avatar : avatarmetal.com.
Acheter l’album Avatar Country.
Merci pour cet interview ! 🙂
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