Avenged Sevenfold n’a pas froid aux yeux, c’est le moins qu’on puisse dire de son nouvel opus Life Is But A Dream. Peu leur importe que les fans soient décontenancés – il y en a qui auraient même « fracassé » leur ordinateur à la découverte du second single « We Love You » –, au contraire, ça a même plutôt tendance à les amuser. Le quintet remet le goût du risque, de la surprise et du « choquant » au cœur du metal. Et ça fait du bien de la part d’un groupe qui a certainement tout à y perdre, commercialement parlant, mais tout à gagner, artistiquement. Le panel d’influences est (très) vaste et l’approche rappellera indéniablement celle d’un certain Mike Patton, en particulier avec Mr. Bungle. Fou et addictif. A n’en pas douter, Life Is But A Dream fera date dans la carrière d’Avenged Sevenfold.
Voilà pourquoi nous ne proposons pas une mais deux passionnantes interviews, l’une avec M. Shadows, l’autre avec Synyster Gates. Dans cette première partie, le frontman expose toute la philosophie du groupe quant à son art mais aussi son rapport aux fans. Et c’est bien aussi de philosophie qu’il est question lorsque nous abordons la thématique centrale du disque autour de l’existentialisme et de l’absurde largement inspirée de l’œuvre d’Albert Camus et des questions personnelles de Matt sur sa propre vie.
« Les gens adorent essayer de te conformer à ce qu’ils veulent que tu sois. Il faut une certaine liberté, un certain caractère et un certain type de groupe pour constamment donner des coups de pied dans la fourmilière et accepter que des fans détestent ton nouveau disque. »
Radio Metal : Life Is But A Dream est une collection de chansons et styles très différents : on a du jazz (« Mattel »), du funk (« (O)rdinary »), une ballade crooner (« (D)eath »), du classique (« Life Is But A Dream »), etc. On pourrait faire un parallèle avec la série de reprises que vous aviez sortie en 2017, qui allait de Mr. Bungle à Pink Floyd en passant par les Beach Boys. Avez-vous consciemment ou pas cherché à faire la même chose, c’est-à-dire une sorte d’album jukebox, mais avec des chansons originales ?
M. Shadows (chant) : Ces reprises sont un peu une vitrine de ce que nous aimons. Quand nous avons fait ça, chacun dans le groupe a pu choisir un morceau à reprendre. Nous avons simplement des goûts éclectiques. Quand nous grandissions, nous n’écoutions à peu près que du metal, du punk et du hardcore, et avec l’âge ou en assumant davantage les influences de nos parents ou sociales, nous nous sommes diversifiés pour écouter plein de choses différentes. Quand nous avons fait The Stage, nous étions au milieu de notre trentaine et maintenant, nous sommes au début de notre quarantaine, ou à la fin de la trentaine pour Johnny. Nous avons vécu tellement d’expériences différentes et nous aimons tellement de genres musicaux que nous allons à fond dans ce qui nous excite vraiment. C’est certain que ça a commencé avec les reprises, mais là, il s’agissait de nous amuser un peu plus avec le côté expérimental et les structures de chansons, en utilisant des influences comme le jazz, le funk, le RnB, le hip-hop et d’autres trucs qui nous emballaient. Surtout dans un genre musical ayant un côté très cru et direct, nous trouvions que ce serait cool de mélanger tout ça.
The Stage était un album très progressif, mais assez homogène. Celui-ci reste progressif, mais aussi très hétérogène. Dirais-tu que c’était l’« étape » suivante pour Avenged Sevenfold ?
Oui. Enfin, je ne sais pas. Je crois que nous allons là où notre instinct nous dit d’aller. Nous faisons souvent des virages musicaux. Si tu prends Nightmare, c’était un album heavy assez cool, mais ensuite, nous sommes partis sur quelque chose de très simple avec Hail To The King. Donc, je ne pense pas que nous nous sentons obligés de devenir toujours plus étranges. Je n’ai clairement pas envie d’être piégé par une audience ou une attente : « Oh, voilà la direction qu’ils prennent et ils vont continuer sur cette voie », car il est possible que nous ayons envie de faire un album de pop la prochaine fois, je ne sais pas ! Et le terme progressif me paraît étrange, car j’aime juste les albums qui sortent des sentiers battus, alors que le metal progressif commence lui aussi à sonner un peu tout le temps pareil. Je pense que nous suivons simplement nos envies. Avec cet album, il y a bien deux ou trois choses que nous avons voulu changer par rapport à The Stage. The Stage a une énorme ambiance, ça demande beaucoup d’efforts pour le comprendre, ou en tout cas, l’assimiler, mais il est effectivement très homogène. Les sons de guitare sont à peu près les mêmes sur tout l’album, la batterie pareil, et toutes les chansons traitent de ces sortes de grands problèmes qui touchent la race humaine, mais sans rien de vraiment personnel. Sur cet album, nous avons voulu changer les sons de batterie et les sons de guitare, nous avons voulu jouer avec les vocodeurs, nous avons voulu avoir des parties beaucoup plus accrocheuses qui arrivaient plus vite ou plus tôt, pour ensuite changer radicalement de direction, en faisant en sorte que ça ne reste jamais très longtemps sur un même truc. Donc, la philosophie avec cet album était en fait l’opposé de celle de The Stage, mais je suppose qu’aujourd’hui, les deux tombent dans la catégorie avant-gardiste ou progressive, alors que nous nous contentons d’écrire et sortir des morceaux, sans prendre tout ceci trop au sérieux.
Cet album pourra paraître décousu ou incohérent pour certains, mais quand on y repense, des groupes comme les Beatles, Queen ou Led Zeppelin faisaient ça. Penses-tu qu’on a un peu perdu le sens de la diversité et de l’audace au sein d’un album ?
Je le pense, oui. C’est drôle, parce que tu vois des commentaires qui disent : « Oh, ils ont oublié comment on écrivait une chanson. » Alors que non, c’est juste que ce qu’on entend tout le temps nous ennuie. Parfois c’est super, mais je n’ai pas toujours envie d’écouter une chanson où, au bout de trente secondes, on sait exactement ce qu’il va se passer, genre : « D’accord, voilà le couplet et le refrain. On va avoir ça encore trois fois et après, il y aura un pont et peut-être un genre de solo de guitare. » Nous connaissons les règles. Nous savons comment on fait une chanson. C’est juste que, cette fois, nous avons constamment cherché des choses qui nous choquaient et nous procuraient un sentiment étrange ou nous faisaient regarder les enceintes en disant : « Qu’est-ce qu’il vient de se passer ? » Parfois, c’était d’heureuses erreurs. Parfois, c’était juste : « Qu’est-ce qu’il se passe si on fait ci ou ça ici ? » Nous cherchions ces moments qui nous faisaient ressentir quelque chose, or de nos jours, il faut parfois pousser le bouchon assez loin pour que les gens ressentent quelque chose. L’album paraîtra discordant ou décousu, mais c’est fait exprès. Ces parties sont là parce que nous avons ressenti quelque chose la première fois que nous les avons entendues et ça nous a choqués, donc nous nous sommes dit : « Je veux que le monde entende ça. » Je veux que le monde entende cette transition dans « We Love You » où pendant trente secondes ça part dans tous les sens, puis ça part dans [chante une pulsation binaire de grosse caisse]. Quand nous avons fait ça, avec la façon dont ça passait entre les coups du clic, tout en fonctionnant avec la même piste de clic, ça m’a vraiment vrillé de cerveau. Ça m’a fait halluciner et j’étais là : « Je veux que le monde entende ça ! » [Rires] Voilà le genre de chose qui nous excitaient vraiment. Je pense qu’il n’y a rien de mal à essayer de mettre un peu de piment dans un monde musical désormais quelque peu banal.
« Nous avons plein d’influences différentes sur cet album, mais Mike Patton joue un rôle énorme, car il a fait énormément de choses. Si tu crois faire quelque chose de nouveau, Mike Patton l’a probablement déjà fait à un moment donné. »
De nombreux groupes de metal ont subi un gros retour de bâton en ayant expérimenté avec de nouvelles directions : Metallica avec Load, Reload et Lulu, Megadeth avec Risk et Supercharger, W.A.S.P. avec Kill Fuck Die, Morbid Angel avec Illud Divinum Insanus, et ainsi de suite. Penses-tu que ces exemples passés ont eu un effet sur les artistes aujourd’hui, les poussant à prendre moins de risques, à être moins aventureux, et à être plus timorés ? Penses-tu qu’avec le temps, une peur des réactions s’est installée ?
Je suis sûr que oui. Je suis sûr que ça joue sur le subconscient des gens. Enfin, comment pourrait-il en être autrement ? On vit dans une société où les gens sont constamment dans une boucle de réactions. Tu sors quelque chose et tu as immédiatement cinquante mille personnes qui veulent te dire ce qu’elles en pensent. Les gens adorent essayer de te conformer à ce qu’ils veulent que tu sois. Il faut une certaine liberté, un certain caractère et un certain type de groupe pour constamment donner des coups de pied dans la fourmilière et accepter que des fans détestent ton nouveau disque. Ceci dit, une grande différence est que la plupart des albums que tu as mentionnés allaient dans une direction bien plus commerciale et c’était ça le risque, n’est-ce pas ? Cet album, c’est le strict opposé. C’est un album bien moins commercial. Nous comprenons ce que c’est que d’être à un sommet de la hiérarchie dans notre scène. Il n’y a pas de destination. Il n’y a pas de : « Oh, on est là. Capitalisons et faisons d’autres trucs dans cette veine. » Nous explorons constamment et que cet album marche bien ou pas, ça n’aura pas d’importance. Ça fait partie de la conversation humaine à laquelle on participe tous. C’est l’art, c’est le cinéma, c’est les médias, c’est la musique, c’est l’audio, c’est toutes ces choses, et ceci est simplement ce que nous voulons dire là maintenant. Nous le sortons, et si tu t’inquiètes du reste, c’est que tu as déjà fait de ton art une marchandise. Tu t’inquiètes de ce que le gars va acheter, s’il en aura quelque chose à faire, s’il achètera ton t-shirt, s’il viendra à ton concert, etc. pour que ton groupe devienne plus important. Aujourd’hui, nous nous en fichons. C’est le cadet de nos soucis.
Comment réagissais-tu personnellement, en tant que fan, lorsqu’un de tes groupes préférés partait dans une direction à laquelle tu ne t’attendais pas ? Faisais-tu partie de la meute des râleurs ou bien des quelques-uns qui adhéraient à la démarche ?
Quand j’étais jeune, on n’avait pas internet, donc c’était très dur de se plaindre. On se plaignait avec ses amis. Quand j’avais entre treize et seize ans, quand mes groupes préférés devenaient vraiment gros, je les traitais de vendus. Je les détestais parce qu’ils étaient devenus gros. Donc, je comprends totalement l’état d’esprit. Je comprends parfaitement lorsque les gens veulent plus de ce qu’ils aiment chez toi. Même un groupe comme Pantera, quand ils ont sorti The Great Southern Trendkill, c’était une réaction pour être encore plus heavy qu’avant, mais je ne trouve pas que ce soit leur meilleur album. Je trouve que leur meilleur album, c’est Far Beyond Driven. Mais j’ai aussi l’exemple de Bad Religion. Ils ont fait des albums extraordinaires, mais avec No Substance et quelques autres albums, on pouvait voir qu’ils étaient passés dans une grande maison de disques et qu’ils essayaient de se dire : « Il y aura des chansons radiophoniques », or ils avaient déjà des chansons qui passaient à la radio en faisant ce qu’ils faisaient. Donc, je comprends l’état d’esprit, mais à mon âge aujourd’hui, je ne pense pas qu’on puisse contrôler les pensées d’un gosse de treize ou quatorze ans qui n’a pas encore vu le monde, et qui dira des choses pour dire des choses. Ça n’imprime tout simplement pas chez moi désormais. Je pense que le monde fonctionne comme il fonctionne parce que les gens vieillissent et se disent : « Je me fiche un peu de ce que ce gamin raconte. Je vais faire ce que je veux, et je vais le faire de mon mieux ! »
Faith No More et Mr. Bungle – que vous aviez repris – ne sont pas forcément les influences principales qu’on aurait associées à Avenged Sevenfold jusqu’à présent, et pourtant, c’est la première chose à laquelle on pense à la fin de l’écoute de Life Is But A Dream. Même vocalement il y a quelque chose de pattonien dans ta prestation, comme dans « Easier ». Quel a été l’impact de Mike Patton et de ses groupes sur toi ?
Il a probablement eu l’impact le plus profond de tous. C’est drôle, parce que je n’écoute pas tous les jours Faith No More, Mr. Bungle et tous ces groupes. Je connais leurs albums sur le bout des doigts, mais ils sont parfois difficiles à écouter quotidiennement. Mais des albums comme Disco Volante, même ceux de Fantômas et tout ce qu’il fait, c’est fait avec goût, et ça a eu un effet plus grand sur moi que ce que j’écoute tous les jours. Quand je cherche des idées sporadiques, un effet vocal ou une manière d’approcher une ligne de chant, je me tourne constamment vers Mike Patton, car il est plein de ressources. Il a fait tellement de choses, et on tombe toujours sur un truc sinueux et cool qu’il a fait dans un morceau. Généralement, quand il sort un album, au départ je ne le comprends pas, et ça me prend du temps, mais j’apprécie ça. Je connais à peu près tout ce qu’il a fait et à chaque fois, j’étais là : « Hein ? » Puis j’ai réécouté et j’ai fini par adorer. L’impact a donc été énorme, parce qu’avec l’âge, quand tu cherches de la musique excitante, c’est intéressant de découvrir certains de ses albums passés, tu te dis : « Ouah, ce truc existe depuis tout ce temps. C’est génial ! » Je comprends que ce soit parfois difficile à digérer, mais ce gars est un génie. Ce qu’il fait est unique en son genre, c’est incroyable. Nous avons plein d’influences différentes sur cet album, mais Mike Patton joue un rôle énorme, car il a fait énormément de choses. Si tu crois faire quelque chose de nouveau, Mike Patton l’a probablement déjà fait à un moment donné, et c’est cool. Nous avons la chance d’avoir grandi avec ce gars, que le Rev nous ait fait découvrir le premier album de Mr. Bungle et d’avoir les albums de Faith No more, et Mike a eu la chance d’être dans des groupes avec des gens qui écrivent des chansons incroyables. Trevor [Dunn] et les gars dans Faith No More sont d’incroyables compositeurs et ils lui donnent des tableaux sur lesquels il peut rajouter ses superbes couleurs.
« L’Étranger d’Albert Camus et ses enseignements m’ont parlé, car ma façon de voir la vie est arrivée à un point critique, c’est-à-dire que celle-ci n’avait aucun sens intrinsèque. Peu importe jusqu’où tu vas, tu ne seras jamais heureux tant que tu n’auras pas toi-même donné un sens et un but à ta propre vie. »
L’album est inspiré par les écrits et la philosophie d’Albert Camus. Comment t’es-tu intéressé à son œuvre au départ ?
The Stage m’a amené à un certain état d’esprit, car j’ai lu et écouté beaucoup de philosophie, des podcasts, des livres, des journaux à la pointe de la science, etc. Mais ce qui m’a mené à Albert Camus était qu’après tout ça, tu te dis : « Bon, comment je me sens ? » Puis il y a toutes ces autres idées philosophiques sur l’expérience humaine et ce qu’est ce monde. Il y a quelque chose dans L’Étranger qui a retenu mon intérêt, parce qu’avec l’âge, tu as des amis qui tombent dans la drogue, qui dépriment ou qui se suicident. Nombre de mes amis et des gens que nous connaissons font face à la dépression et à plein de choses. Quand tu te laisses aspirer dans le bouddhisme, la méditation, la pleine conscience et les questions du genre « qu’est-ce qu’une pensée ? », « qu’est-ce que le libre arbitre ? », « qu’est-ce que la vie ? », et que tu vieillis, tu repenses à ta vie et tu réalises que c’est passé en un clin d’œil. Tu ne sais pas si tu es heureux, si tu es triste, tu ne sais pas si tu dois te suicider ou prendre un café – c’est l’une de ces citations géniales [rires].
Ce livre et ses enseignements m’ont parlé, car ma façon de voir la vie est arrivée à un point critique, c’est-à-dire que celle-ci n’avait aucun sens intrinsèque. Peu importe jusqu’où tu vas, tu ne seras jamais heureux tant que tu n’auras pas toi-même donné un sens et un but à ta propre vie. Ce qu’il a très bien fait, c’est qu’il a essayé d’orienter les gens vers l’idée qu’il n’y avait aucun sens et aucun but, mais que tu allais trouver du plaisir dans des banalités et des petites choses de la vie, car autrement, tu n’arrêteras pas de chercher et de faire du sur-place. J’apprécie vraiment ça et je pense que c’est une très bonne leçon de vie, il faut rester dans l’instant présent. Par exemple, je prends plaisir à répondre à cette interview. J’ai envie d’être là à parler avec toi, et si ça n’était pas le cas, je ferais autre chose. Quand mes enfants rentreront de l’école et qu’ils voudront regarder un film, j’aurai envie de me poser avec eux et de profiter. Je veux vivre le moment présent sans penser à toutes les autres choses que je pourrais faire et qui, de toute façon, ne m’apporteraient pas le bonheur. Il apporte simplement une philosophie de vie que je trouve importante. Je pense que ça peut faire de toi une personne négative, si tu te dis : « Bon, la vie n’a aucun sens. J’ai juste envie de me tirer une balle, de tuer un tas de gens ou d’être un connard. » Ou tu peux penser que la vie n’a aucun sens et c’est super, car ça te donne la liberté de lui donner le sens que tu veux. C’est ce que j’ai trouvé intéressant là-dedans.
Te définirais-tu comme un absurdiste ?
Je ne me définirais comme rien du tout. Il y a ces moments où tu te sens enfermé sur la planète, dans la réalité, et tu réalises que tout est absurde. Toute l’idée d’une boule qui flotte et file à travers l’univers, que nous soyons dans un cycle de vie… Tout ça, si tu vas suffisamment loin, c’est un truc de cinglés. On a tous créé cette civilisation ici-bas, on fait ce qu’on fait, on a nos succès, nos récompenses et ainsi de suite à notre propre niveau. Oui, c’est fou. Donc, je suppose que je le suis, en un sens, mais je n’aime pas trop me donner des étiquettes. Je suis les nouveaux indices et j’ai mes propres pensées. C’est sûr qu’on vit dans un étrange système.
Est-ce que faire de l’art rend ta vie moins absurde et lui donne un peu plus de sens ?
Un peu comme je l’ai dit plus tôt, je pense que l’art est la conversation en continu du collectif humain. C’est la représentation de ce que chacun a en soi. En assimilant ça, peu importe ce que c’est, que ce soit le produit de son boulot, un programme informatique, un film, un morceau de musique, etc. en gros, on voit les reflets des uns et des autres, et de soi-même. C’est cette condition et cette conversation de l’ensemble de l’humanité, dans le sens où mon art, que les gens l’aiment ou pas, influencera d’autres œuvres d’art. Il fera que des gens prendront une autre direction ou, au contraire, iront plus loin. Ça permet à ce qu’on appelle la race humaine d’avancer. C’est notre façon de nous montrer. Donc, pour moi, c’est juste notre petite contribution à la conversation. Ce n’est rien de plus.
« Je pense que l’art est la conversation en continu du collectif humain. »
Albert Camus a dit : « Le seul moyen d’affronter un monde sans liberté est de devenir si absolument libre qu’on fasse de sa propre existence un acte de révolte. » Considèrerais-tu Life Is But A Dream ou même Avenged Sevenfold comme un acte de révolte ?
Je pense qu’on pourrait le voir ainsi, mais quand tu te sens libre, tu n’as même pas besoin de t’en soucier. Il y a la liberté de faire ce qu’on veut, d’aimer que ça sorte et de pouvoir capter les retours, sans que ça affecte quoi que ce soit. On pourrait voir ça comme une révolte parce que les gens auront des avis bien tranchés dessus. D’ailleurs, je ne crois pas que les gens veulent ça. Je pense qu’ils ont des réactions irréfléchies, parce qu’on est humains. On a ces sortes de pulsions et on a envie de dire quelque chose, avant même d’assimiler. Enfin, regarde la culture dans laquelle on vit. On vit dans une culture où le gros titre est plus important que l’article. On vit dans une culture où les gens adorent faire réagir les autres. Je ne pense pas que les gens aiment ressentir ça, je ne pense pas qu’ils aiment qu’on profite d’eux, mais on se permet de le faire, encore et encore, et donc, dans ce contexte, ça peut être vu comme une rébellion, car nous savons bien que ça va faire grincer des dents. Mais je ne crois pas que ce soit le but principal. Quand tu te sens vraiment libre, les gens te regardent différemment, mais à la fois, la façon dont les gens me voient ne m’intéresse pas vraiment à ce stade.
Trois chansons sont liées, formant le mot GOD (Dieu, NdT). Albert Camus voit la religion comme une diversion : penses-tu que l’absurdité de la vie explique pourquoi la religion est si tenace, parce qu’elle rassure les gens en leur bandant les yeux ?
Oui. J’irais même plus loin. Je pense que si on va suffisamment loin, la religion peut être une bonne chose pour les gens, parce qu’au final, ça n’a pas d’importance. S’ils sont là et ressentent une forme de réconfort, ils auront raison et j’aurai raison. Je crois qu’il n’y a rien là-haut qui contrôle tout ceci, mais si on pense à notre existence sur cette planète, celle-ci sera soit on est heureux, soit on ne l’est pas. Soit on se sent en sécurité, soit pas. Je trouve ça réconfortant de croire qu’il n’y a rien après, mais ça a été l’enfer pour en arriver là et voir de la beauté dans l’imprévisibilité. Certaines personnes n’ont pas envie de passer par cet enfer et elles veulent croire ce qu’elles ont appris par le biais de leur famille, par tribalisme ou peu importe, mais au final, elles comme moi, on va tous vers la même finalité et ça n’a pas d’importance.
Donc, l’idée de ces chansons, « GOD », est qu’elles traitent de trois éléments différents. L’un est que Dieu est le gars dont les gens aiment bien parler avec la Bible, et il est super déprimé par ses super fans [rires]. Ceux-ci croient que s’ils prient beaucoup et manifestent leur dévouement, de bonnes choses leur arriveront, et que c’est ainsi que le monde fonctionne. Je me moque de ça, d’une certaine façon, ou de l’ironie qu’il y a derrière. Quand ta mère ou ton meilleur ami meurt, tu dis : « Bon, tout ça, c’est le plan de Dieu. Dieu sait qu’il est omniscient. » En revanche, tu vas prier pour avoir une place de parking à l’église et il te la donne. Ce sont toutes ces âneries, genre : « Ça marche pour moi quand ça marche… », peu importe. Le second renvoie à l’intelligence artificielle qu’on est peut-être en train de développer et à la question : qu’arrive-t-il à la psyché humaine si on comprend ce qu’est la conscience ? Si on comprend comment créer la conscience, si on découvre la recette de la potion magique, est-ce que les gens penseront qu’on est plus ou moins spécial ? Puis il y a ce robot qui, durant tout ce temps, se demande : « Suis-je conscient ? Est-ce réel ? Qu’est-ce qu’il se passe ici ? Est-ce que je peux moi aussi être une personne ? » Puis le troisième en revient à Albert Camus. Quelqu’un vit une vie banale dans laquelle il ne voit aucun but et n’arrive pas à dépasser cette idée. Pour se sentir libre, il saute d’un immeuble et met un terme à sa vie car il n’a pas envie d’être là. Ça pose des questions philosophiques, comme celle du libre arbitre, à savoir si on en a un ou pas, et des pressions que la société nous impose, et parfois, les gens n’ont tout simplement pas envie d’être ici. Parfois, ça aussi il faut le comprendre. Ce sont donc trois versions différentes de ce qu’est Dieu, car le terme en lui-même devient très abstrait lorsque les gens essayent de comprendre, en 2023, avec tout ce qu’on sait, comment leur version de Dieu peut avoir du sens dans ce monde.
Vu que l’album s’intitule Life Is But A Dream (la vie n’est qu’un rêve, NdT), as-tu connu un moment particulier de prise de conscience à cet égard ?
J’en ai déjà un peu parlé, mais j’en suis arrivé à un point dans ma vie où j’étais prêt à explorer de puissantes substances psychédéliques, en particulier le 5-MeO-DMT. Une fois que j’avais vécu plusieurs fois cette expérience, il est devenu clair que quand on enlevait tout ce que je connaissais dans ce monde – le fait que je te parle à cet instant, l’idée du moi et de l’égo, etc. –, une tout autre réalité apparaissait. Nous avons évolué pour devenir des êtres qui règnent sur notre planète ou notre petit monde ici-bas à coup de progrès et d’égos. Cet égo est ce qui nous motive à avancer. Il nous a fait créer des tribus et nous essayons de devenir puissants et riches, et d’avoir ce que tout le monde admire sur Instagram et [une bonne place dans] l’espèce de hiérarchie de notre système. Mais tu enlèves tout ça et tu réalises qu’il y a une uniformité entre nous tous et que chacun est seul et effrayé, et que notre façon de le gérer, c’est avec notre égo. Donc quand tu vois l’envers du décor et que tu en reviens, et que tu as bien conscience de l’égo, de la coquille et de l’armure que tu portes, tu es capable de vivre ta vie de façon un peu plus insouciante, mais aussi en étant conscient des réactions des autres aux choses et à ce qu’ils vivent. Ça te force à avoir plus d’empathie. Quand tu penses à la sorte de flou et aux arrière-pensées que l’égo te donne, on a vraiment l’impression que c’est un rêve. Ça donne vraiment l’impression d’entrer et sortir de ces réalités, en se posant la question : Qu’est-ce que ce truc exactement ? Est-ce que des gens peuvent réellement être satisfaits ? Je ne sais pas. Mais je sais que tout le monde finit par se réveiller d’un rêve à un moment donné et soit tu veux y retourner, soit tu es content d’en être sorti. C’est un peu le sentiment que me donne cette vie. Elle ressemble à un long rêve qui, un jour, ne paraîtra pas si long que ça, au contraire, il aura l’air d’avoir été la chose la plus courte qui soit. Ensuite, c’est parti pour le néant, et ça c’est un voyage.
« Je trouve ça réconfortant de croire qu’il n’y a rien après, mais ça a été l’enfer pour en arriver là et voir de la beauté dans l’imprévisibilité. Certaines personnes n’ont pas envie de passer par cet enfer. »
Comme nous en avons parlé, les paroles sont ancrées dans l’existentialisme et l’absurde, mais vois-tu quelque chose d’absurde dans ces chansons ou dans cet album, musicalement parlant ? Est-ce que ce côté fou – ou ce que les gens interprèteront comme étant fou – est fait pour aller de pair avec la thématique ?
Nous avons d’abord écrit la musique. Evidemment, il y avait quelques idées qui mijotaient à ce moment-là, sans que nous soyons exactement sûrs de la façon dont nous voulions articuler les paroles. Mais la musique est venue d’abord, et nous voulions que celle-ci soit vraiment audacieuse et détonante. C’est une sorte de juxtaposition, car honnêtement, nous trouvons que de nombreuses parties étaient très accrocheuses, mais nous voulions les placer de façon non conventionnelle. Nous n’essayons pas de faire des parties super longues et dures à comprendre. Non, certaines pourraient même donner des chansons pop, mais elles sont intégrées de telle façon qu’elles ne s’installent pas très longtemps. C’est complètement voulu. Nous avons écouté pas mal d’albums plus courts dernièrement, et j’apprécie assez ça. J’apprécie la rapidité et la possibilité d’arriver vite quelque part, et ensuite d’en repartir. Ce n’est pas très metal de notre part, mais c’est un peu ce qui nous a intéressés. Nous avons donc un peu essayé de faire ça avec cet album, ce qui crée davantage de transitions discordantes et apporte un peu plus de liberté dans la façon d’arranger ces chansons.
Les trois chansons qui forment le mot GOD dont nous avons parlé – « (G) », « (O)rdinary » et « (D)eath » – ainsi que « Life Is But A Dream » sont quatre courts morceaux, quatre mouvements d’un plus grand ensemble. Vous n’étiez jamais partis autant dans tous les sens, en étant aussi fusion que là…
Nous cherchons toujours des choses qui nous parlent et nous intéressent, et que nous n’avons encore jamais vraiment faites. Je crois qu’il y a un côté très Steely Dan et Zappa dans « G », où nous avons vraiment voulu triturer les signatures rythmiques, mais sans nous égarer trop loin non plus, sans le faire juste pour le faire, mais pour donner presque l’impression d’un jeu télévisé, comme si quelqu’un narrait. Il y a clairement une influence de « RV » de Faith No More, où Mike Patton est dans un canapé en train de parler, complètement déprimé, et il y a une sorte de narration. Nous aimons ce genre d’idée, avec des progressions d’accords folles qui font très Steely Dan, très classic rock. Puis « O », c’est l’influence de Stevie Wonder et de Daft Punk qui ressortent avec le vocoder et l’autotune. D’un autre côté, il n’y a pas de refrain. Puis pour la dernière chanson, nous étions en train de regarder Le Magicien d’Oz avec les enfants, et nous adorions l’immensité de ces énormes pièces orchestrales de Disney qui avaient ce côté comédie musicale des années 40, 30, 20 et qui étaient magnifiquement composées. Puis nous nous sommes dit : « Eh bien, pourquoi ne pas balancer un chant à la Sinatra là-dedans pour que ça reste très classique ? » Ce sont donc juste nos influences qui bouillonnaient dans nos têtes, et nous essayions d’assortir tout ça en écrivant ce que nous sentions. Puis le morceau au piano vient en fait de Syn. Il a écrit ça pour mon fils il y a dix ans à sa naissance. Je l’ai adoré. Je l’ai écouté tous les soirs. Il a fini par l’apprendre au piano et j’ai dit : « Il faut clore l’album là-dessus. C’est la manière idéale de faire passer notre message. »
« (O)rdinary » est très funk et on retrouve de l’autotune sur la voix, qui est l’effet par excellence détesté par les metalleux. Cette chanson en particulier a tout pour les effrayer. Je suis sûr que vous en aviez conscience quand vous l’avez fait. Ressentez-vous un petit plaisir sadique à faire ça ?
Je ne sais pas. Enfin, je peux dire que nous avons ri… Sur YouTube ils font des vidéos où ils réagissent et quand « Nobody » est sorti, puis quand « We Love You » est sorti, il est clair que nous avons pris un petit plaisir à regarder les gens être déroutés. Nous nous envoyions les liens. Un gars a tellement détesté qu’il a fracassé son ordinateur. Nous avons trouvé ça drôle. Le truc avec l’autotune, c’est qu’en fait j’aime beaucoup cet effet. 100 Gecs est l’un de mes groupes préférés, et eux ont constamment de l’autotune. J’ai adoré quand Kanye [West] a fait 808s & Heartbreak. J’adore Daft Punk, et il y a beaucoup d’autotune sur la voix de Julian [Casablancas]’s dans « Instant Crush », et sur tous les albums qu’ils ont faits – il y a du vocoder et de l’autotune. J’aime ce son et si c’est fait avec bon goût, c’est vraiment cool. Ce que je trouve curieux, c’est que les gens ne comprennent pas comment l’autotune est utilisé ou quand ça les dérange. Je peux entendre de l’autotune sur quatre-vingt-dix-neuf pour cent des albums de heavy metal lorsque quelqu’un chante, mais ils le font de telle façon que l’auditeur ne sait pas qu’il entend de l’autotune. Je l’entends, parce que je connais le son de l’autotune quand il y a une brillance et que chaque note est parfaite. Quand un groupe qui n’utilise jamais d’autotune veut en utiliser, il le fait à fond pour qu’on l’entende, c’est pour créer un effet, mais ça suscitera plus de haine chez les gens que la plupart de leurs groupes préférés, qui pourtant l’utilisent sur tout l’album pour que leurs parties soient justes. Je trouve ça drôle parce que les gens ne comprennent tout simplement pas comment cet outil est utilisé. C’est un outil qui est littéralement sur chacun de leurs albums préférés. Tous les artistes de country s’en servent. Toutes les pop stars s’en servent. Mais il y a des artistes qui vont plus loin et y vont à fond avec, ce qui, je trouve, crée un son sympa, mais qui sera plus détesté que ce que ces gens écoutent déjà. Donc peu importe. C’est juste un public qui ne comprend pas à quel point l’autotune est utilisé partout.
« Quand on censure quelque chose, ça crée un underground, et alors ça se transforme en colère et ça devient violent. Nous avons nos propres convictions, mais il faut continuer à discuter ou sinon, tu finis par contribuer au problème et tu ne fais qu’empirer les choses. »
Ce que tous les groupes recherchent, c’est un son, une identité. Cependant, le revers de la médaille, c’est qu’une fois qu’ils ont établi ça, ils ont tendance à s’y limiter et à se reposer sur des formules. Pourtant, ce n’est pas du tout ce que vous faites. Je suppose qu’il y a une volonté de dépasser votre identité et de l’étendre. Est-ce que ça nécessite un effort conscient ou même une forme d’introspection de votre part en tant que groupe ?
C’est sûr, je pense que ça nécessite de l’introspection, et aussi le fait de regarder de plus vieux groupes. Certains vieillissent avec dignité, alors que d’autres, on peut voir qu’ils n’ont pas envie d’être là. On se demande parfois : Est-ce qu’ils feraient ça si ce n’était pas un groupe à succès ? Dans le sens : Est-ce qu’ils s’habilleraient encore comme ça ? Est-ce qu’ils s’habillent comme ça parce qu’ils en ont envie ou parce que les fans le veulent ? Encore une fois, s’ils veulent renvoyer un reflet fidèle d’eux-mêmes pour prendre part à la conversation, je pense que les artistes doivent grandir avec les fans et les fans doivent grandir avec les artistes. Les gens avec lesquels on va interagir vont avancer dans la vie en même temps et de la même manière que nous. Il se trouve qu’on est tous sur cette planète en même temps. Quand du temps sera passé et qu’on ne sera plus de ce monde, je veux que le reflet de ce que nous avions à dire soit fidèle à ce que nous étions à cet âge-là, à cet instant. Si ça veut dire que le chapeau et les lunettes de soleil doivent dégager, et que nous ne voulons pas écrire cinquante fois City Of Evil, ou que nous avons envie de faire un rythme dance-techno, qu’il en soit ainsi. Nous devons être libres et en capacité de le faire. Tu ne peux pas faire ça si tu es enfermé dans ce que tu es supposé être. Tu dois te regarder dans le miroir et te dire : « J’aime ça, mais je ne suis plus là. C’était cool à l’époque. Voilà ce que je suis aujourd’hui », et être totalement à l’aise avec ça, en sachant qu’il y aura des gens qui ne l’accepteront tout simplement pas, mais ce n’est pas un souci. Donc oui, ça nécessite effectivement de l’introspection et implique de regarder le passé en se disant : « J’aime cette part de moi, mais je n’aime pas cette part de moi, donc maintenant je vais faire ça. »
Je suis tombé sur un commentaire sur YouTube qui, réagissant à l’une de tes interviews, disait : « M. Shadows est bien plus terre à terre que sa présence sur scène le laisse croire. » Vois-tu un écart ou une rupture entre qui tu es sur scène et qui tu es dans la vie de tous les jours ?
Je crois que nous avons toujours été bien sur scène. Il y a assurément une part de personnage quand nous montons. Internet est apparu, puis il a évolué et on a maintenant les réseaux sociaux où les gens peuvent parler, interagir, voir plus d’interviews, etc. et je pense qu’ils apprennent beaucoup plus de choses. Quand j’étais gamin, les groupes que j’adorais me paraissaient être des dieux, Layne Staley, Chris Cornell, Axl Rose, Mike Patton, etc. et on ne voyait jamais d’interviews en dehors de MTV. Tu te faisais une image dans ta tête et tu t’imaginais les personnalités. Je pense que c’est un peu ce qui se passe, et quand ensuite les gens les entendent parler, ils sont là : « Oh, c’est juste un type normal ! » Ce sont juste des personnes normales qui ont leur train-train quotidien. Par exemple, après ça, je vais emmener mon fils à son entraînement de baseball, je vais travailler sur mon chant et je vais probablement jouer au nouveau Zelda. Je suis une personne tout ce qu’il y a de plus normale et je pense que la plupart des gens n’associent pas les deux parce qu’ils voient l’attitude scénique et ils se disent : « Oh, ce gars, c’est autre chose. » Mais je suis juste Matt [rires].
Il y a eu une polémique dernièrement parce que vous avez pris Ronnie Radke et son groupe Falling In Reverse pour être votre première partie. Penses-tu que le monde du rock n’accepte plus les personnalités sulfureuses comme avant ?
Je pense que les gens politisent tout. Nous allions emmener Nadya [Tolokonnikova] des Pussy Riots, qui est radicalement à l’opposé du spectre. C’est une amie à nous. Nous l’adorons. C’est une personne incroyable. Puis on a Ronnie de l’autre côté. Si tu mettais les deux dans une pièce, sans doute qu’ils s’entendraient, mais ils ont tous les deux des façons différentes de s’exprimer. De toute évidence, Ronnie n’adhère pas à un tas de choses que la société essaye d’imposer aux gens. Et Nadya n’adhère pas à des choses à l’autre extrémité. Quand nous avons annoncé Pussy Riot, un tas de gens étaient là : « Avenged Sevenfold essaye d’être woke ! » Puis nous avons mis Ronnie, c’était : « Avenged Sevenfold sont de droite ! » Mais la réalité est que ce sont juste des êtres humains qui s’expriment. Je ne suis pas quelqu’un qui croit que les mauvaises idées devraient être censurées. Je crois que les mauvaises idées devraient être laissées au grand jour, et ensuite, on peut décider pour soi-même. Je ne suis pas en train de dire que Ronnie ou Nadya sont de mauvaises personnes. Ce sont des personnes avec des idées bien marquées. Il faut se faire sa propre idée de ces idées. Quand on censure quelque chose, ça crée un underground, et alors ça se transforme en colère et ça devient violent. On le voit lors des élections aux US. Les gens se sentent privés d’un droit, ils se rassemblent et se tournent vers le tribalisme, et finalement, ils n’écoutent plus rien. Tout est divisé en ce côté et ce côté. Quand tu regardes un groupe comme Spiritbox, que nous respectons profondément, ou une artiste comme Nadya, ils ne veulent pas partir en tournée avec Ronnie. Nous croyons au fait que toutes les idées doivent pouvoir être exprimées, commentées et discutées, et ensuite nous avons nos propres idées. Nous avons nos propres convictions, mais il faut continuer à discuter ou sinon, tu finis par contribuer au problème et tu ne fais qu’empirer les choses. Donc, je ne sais pas si ça répond à la question, si ce n’est que nous croyons en la liberté d’expression et que les gens devraient avoir le droit de tourner. Les gens devraient avoir le droit d’avoir une carrière et ils devraient avoir le droit de décider s’ils veulent venir voir un show ou pas, ou s’ils veulent soutenir ces artistes.
Interview réalisée par téléphone le 15 mai 2023 par Nicolas Gricourt.
Retranscription & traduction : Nicolas Gricourt.
Site officiel d’Avenged Sevenfold : www.avengedsevenfold.com
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Quel claque ! Un album incroyablement diversifié et envoutant.