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Live Report   

Avenged Sevenfold, les (cinq) doigts dans le nez


Avenged Sevenfold et Five Finger Death Punch, voilà une affiche qui en donne au spectateur pour son argent. Deux poids lourds de la nouvelle scène metal. Et le jeune public parisien ne s’y est pas trompé en venant en masse remplir le Zénith de la capitale qui affichait complet depuis plusieurs jours. Jeune public car la moyenne d’âge était aux alentours, à vue de nez, des vingt ans, mais un public qui était de toute évidence venu pour se défouler, vu la bonne humeur qui aura régné durant toute la soirée.

Le genre d’affiche alléchante donc, qu’on aimerait voir de temps en temps dépasser le périphérique parisien et investir les salles de Province. Avis aux promoteurs et tourneurs… Mais une affiche qui aurait pu en imposer encore plus avec la présence du chanteur de Disturbed David Draiman et son projet Device, prévu à l’origine en ouverture mais finalement remplacé par le moins célèbre Avatar, qui n’en est pourtant pas à son coup d’essai.

Artistes : Avenged SevenfoldFive Finger Death PunchAvatar
Date : 20 novembre 2013
Salle : Zénith
Ville : Paris

Avatar ne cache rien de ses influences.

Avatar reste un groupe adapté au public de ce soir, qui verra dans son visuel un rapprochement avec celui de Wednesday 13, par le maquillage façon vieux film fantastique ou d’épouvante du leader Johannes Eckerström. Les plus perspicaces reconnaîtront surtout l’influence d’Alice Cooper pour l’aspect théâtral, le maquillage et l’accoutrement du frontman (long manteau et canne sur les premiers titres), de Rob Zombie (les lumières très colorées et, dans une certaine mesure, la musique) et du personnage « destroy » du Joker dans le film Batman: The Dark Knight. Un groupe qui mise donc sur l’aspect visuel de sa performance.

Musicalement, c’est l’efficacité qui prime avec des rythmes entraînants, presque dansants, et des refrains mélodiques faciles. On est là dans un metal assez typique de notre époque : gros riffs, voix rugueuse, quelques pointes légères d’indus et de refrains accrocheurs, et même quelques passages un peu planants. Peu original – tant dans la musique et le visuel qui sentent le recyclé – mais son côté immédiat et le show énergique délivré font toutefois passer un bon moment de divertissement au public qui n’en demandait pas plus.

La classe américaine.

C’est en tant qu’« invités spéciaux » que Five Finger Death Punch est promu sur cette affiche. Un terme qui semble être utilisé comme pour dire « ce n’est pas une co-tête d’affiche, mais presque ». Et c’est bien le sentiment qu’offre la présence de la bande à Ivan Moody ce soir tant elle semble être attendue par une large franche du public. A vrai dire, on aurait été de l’autre côté de l’atlantique, où les cinq « American capitalists » ont déjà conquis une large base de fans, on aurait peut-être eu du mal à imposer une hiérarchie avec Avenged Sevenfold. Mais en Europe, Five Finger Death Punch a encore du terrain à conquérir et, pour se faire, il est bien décidé à mettre le feu. C’est d’ailleurs ce que l’on peut immédiatement lire dans les yeux de Moody lorsque qu’il foule les planches. Et c’est comme un tigre, les sourcils froncés, le dos légèrement courbés, les bras fermes, poings serrés, sans mot dire, qu’il va et vient entre ses deux retours centraux, comme prêt à bondir sur sa proie qu’il défie du regard. Rien que cette attitude de prédateur fait comprendre que le Zénith va se faire dévorer par la meute qui prend possession des lieux.

Et ça démarre sec comme un coup de trique avec l’un de leurs tubes « Under And Over It », pendant que Moody crache en l’air un énorme jet d’eau de sa bouche. Ça pulse, c’est irrésistible, le refrain est imparable… Voilà là toute la recette de Five Finger Death Punch qui explose aux visages et fait mouche sans ménagement. On retrouve l’impact moderne, musclé et accrocheur d’un groupe comme Stone Sour, sauf que là tout n’est pas centré sur un seul homme. Five Finger Death Punch, c’est une équipe et il y a du remue-ménage sur scène, les musiciens allant et venant, grimaces et sourires aux lèvres, avec une attitude aussi fauve que leur meneur. Une bonne partie du public chante à tue-tête comme sur le tube « Hard To See ». Arrivé vers la fin du set, l’audience est chaude comme la braise et Moody en profite pour chaleureusement prendre contact puis faire chanter la ballade « Far From Home » a cappella. L’assistance s’exécute à gorge déployée et allume dans les airs, à la demande du chanteur, briquets et téléphone portables.

Five Finger Death Punch a capitalisé quelques points auprès du public français, ce soir.

La setlist est courte, forcément, mais parfaitement optimisé pour condenser tout Five Finger Death Punch en dix titres. Les hits heavy du groupe, le côté power-ballad, la reprise réappropriée de Bad Company qui leur a si bien réussi et deux titres du Volume 1 du dernier opus dont le déjà incontournable « Lift Me Up ». Aucun titre du Volume 2 fraîchement sorti, en revanche, mais personne ne leur en tiendra rigueur, car il aurait de toute façon fallu plus de temps. Gageons que Five Finger Death Punch a gagné des points ce soir et remplira sans difficulté leur prochain passage dans la capitale le 26 mars au Bataclan.

Setlist :

Under And Over It
Burn It Down
Hard to See
Lift Me Up
Bad Company (reprise de Bad Company)
Burn MF
Coming Down
Never Enough
Far From Home (a capella)
The Bleeding

Avenged Sevenfold vient vous en mettre plein les yeux.

Et avec tout ça, on se dit que la tâche n’est pas facilitée pour Avenged Sevenfold. Mais le groupe bénéficie tout de même de l’effet tête d’affiche et des moyens qui vont avec. Le rideau qui cachait la moitié de la scène dévoile un vaste espace, plutôt sobre, avec une batterie mise en valeur au fond et dominée par cet immense crâne aux ailes de chauve-souris, emblème du combo. Avenged Sevenfold commence à avoir de gros moyens et cette figurine géante n’est pas sans donner l’impression d’un élément de décor de scène qui aurait été emprunté à Iron Maiden. Rien d’étonnant de voir le groupe s’inspirer d’un tel poids lourd, quand on entend le dernier album Hail To The King qui lui-même emprunte beaucoup aux grands du heavy metal.

Et c’est ce dernier album qui a l’honneur d’ouvrir avec l’un de ses singles, « Shepherd Of Fire », titre utilisé dans le jeu vidéo Call Of Duty: Black Ops II. Une symbolique offensive donc pour démarrer les hostilités et qui met les fans dans tous leurs états. Le feu est lancé, au sens imagé seulement, malheureusement, car aucune pyrotechnie n’est en vue, alors que les shows d’Avenged Sevenfold en prévoient habituellement. M. Shadows ne manquera pas de faire la remarque et expliquer qu’ils ont été contraints de laisser la poudre au placard par le staff de la salle. Dommage, forcément, car ça enlève un élément spectaculaire au show. Mais d’un autre côté ça permet de vraiment voir comment la bande de jeunes loups se démène sur une aussi grande scène sans la possibilité de se cacher derrière ce genre d’artifice.

M. Shadows joue son rôle de frontman, avec une allure de rock star par ses poses et lunettes de soleil sur le nez. Après tout, s’il y a bien un endroit où l’on peut – certains diront même où l’on doit – « se la péter », comme on dit, c’est bien sur scène. Il arpente l’espace de long en large, monte sur les grilles qui servent de repose-pied, va à la rencontre de ses musiciens et fait preuve d’un bon contact avec le public ainsi que d’une bonne énergie. Une allure soignée pour Johnny Christ à la basse, avec sa crête, lunettes, longues chaînes sur le côté de son jeans et veste design. La fashion-victim du groupe ? Peut-être, en tout cas le bassiste a la bougeotte, ne restant pas plus de dix secondes à la même place. Même s’il est loin, relativement caché par sa batterie, on devine Arin Ilejay, nouveau frappeur de la formation, très impliqué, avec une gestuelle ample et les cheveux qui volent, secouant sa tête de haut en bas. En revanche, plus réservé serons-nous sur le duo de guitaristes qui pourtant attire les regards et duquel il est beaucoup attendu. Généreux sur leurs instruments, moins dans l’attitude de scène. Certes, ils jouent de leur particularité qui est que l’un est droitier et l’autre gaucher, se posant systématiquement l’un contre l’autre pendant les solos, avec les manches de guitares symétriquement opposés. Mais en dehors de ça, l’un et l’autre peinent à décrocher un sourire et leur jeu de scène paraîtra bien trop propre et automatique. Alors, c’est certain, il y a du mouvement et il vaut mieux ça qu’un groupe complètement statique, mais le manque d’expressivité de ces deux piliers leur fait perdre un peu en force de frappe.

Synyster Gates et Zacky Vengeance, un duo pas toujours explosif

Mais qu’importe diront les quelques 6300 fans présents ce soir. En vérité, ce sont eux qui ont emmené le show au niveau supérieur. Massés dans un pit compact, donnant de la voix à chaque fois que le frontman s’adresse à eux, qu’un musicien s’approche de trop près ou qu’un guitariste balance un solo, et chantant sans retenu les tubes des américains. Une vraie fête comme le heavy metal se doit d’être. Ils sont jeunes, à l’image du groupe qu’ils soutiennent ce soir, mais reprennent le flambeau de la tradition passionnelle et festive des musique heavy. Et c’est peut-être ça la grande réussite d’Avenged Sevenfold, pas forcément une musique qui se cherche encore un peu, ni une production scénique encore pas au niveau des plus grands malgré son aspiration évidente, mais un pouvoir de fédération qui, ce soir, a montré toute son étendue. Pas étonnant que M. Shadows se sente touché – qui ne le serait pas ? -, faisant part de la place de Paris dans le cœur du groupe, leur précédent passage – alors avec Mike Portnoy derrière les fûts – ayant déjà été vécu comme un grand moment dans cette tournée aux circonstances particulières.

Et c’est d’émotion qu’il s’agit lorsque ce même frontman annonce un hommage à leur « pote », le défunt batteur Jimmy « The Rev » Sullivan, avec la ballade « Fiction » écrite et co-chanté par ce dernier dans son pendant studio qui a vu le jour de manière posthume. Inévitable, comme beaucoup de hits issus de la discographie du combo. Les bombes heavy en pagaille, « Critical Acclaim », « Nightmare » ou « Afterlife », tapent immédiatement dans le mille auprès du public. Un public qui explose littéralement à l’amorce du hit « Bat Country ». Et même si Nightmare rafle une bonne part de la setlist, prouvant à quel point cet album fut important, c’est bien le dernier opus le mieux représenté avec ses cinq premières chansons (dans l’ordre), tant ils sont fiers de ce nouveau chapitre qui s’ouvre. Et il faut reconnaître que les recettes empruntées aux patrons du genre donnent de l’impact à ces morceaux, comme « This Means War » qui dès son amorce fait son effet, comme si on avait déjà des milliers de fois pris plaisir à écouter cette chanson, avant, il faut le reconnaître, de retrouver le sentiment étrange d’écouter un spin-off du « Sad but True » de Metallica. Et, malheureusement, ce sentiment est quelque chose à laquelle Avenged Sevenfold s’est condamné avec ce type de chanson aux emprunts trop marqués. Mais pas de quoi refroidir l’atmosphère. Leur sera même excusé ce long solo de Synyster Gates parfaitement inintéressant et ennuyeux, clôturé par un petit jam instrumental pas tellement plus excitant.

Avenged Sevenfold : on se retrouve en juin prochain.

Quelques mots pour chatouiller l’audience sur le retour du groupe cet été, avec le nom « Hellfest » balancé par le public qui a bien deviné ce qui pendait aux lèvres du frontman. Un rappel sous forme de retour dans le passé destiné aux fans de la première heure, au son de leur second album Waking The Fallen, à l’époque où le groupe pouvait encore être qualifié de metalcore, avec « Chapter Four » et « Unholy Confession ». Et voilà une soirée, pas parfaite en termes de prestation pour la catégorie dans laquelle joue désormais Avenged Sevenfold mais vécue à 200% par la salle, qui se termine. Que de sourires en sortant de l’enceinte et il n’y a bien que ça qui compte.

Setlist :

Shepherd Of Fire
Critical Acclaim
Welcome To The Family
Hail To The King
Doing Time
Buried Alive
Fiction
Nightmare
This Means War
Afterlife
Guitar Solo / Band Jam Session
Requiem
Bat Country

Rappels :
Chapter Four
Unholy Confessions

Photos : Nicolas « Spaceman » Gricourt

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Galerie photos du concert de Avenged Sevenfold
Galerie photos du concert de Five Finger Death Punch
Galerie photos du concert de Avatar



Laisser un commentaire

  • CrazyCemetery dit :

    Attends t’as dit quoi sur Avatar la ? Nan j’plaisante on ressent bien les influences mais ils ont fait le show quand même. Enfin perso je ne les aient découvert il y a moins d’un an mais j’étais trés content de les voir en concert aussi vite tellement leurs albums m’avait plu.

    Pour 5FDP, rien à dire. Excellent sur scéne, un groupe de metal quoi.

    Et pour avenged je suis parfaitement d’accord avec toi. Pas beaucoup de sourires, mis à part M. Shadows. Et le solo de Syn qui m’as plus fait chier qu’autre chose. J’ai eu l’impression qu’il voulait juste se la peter pour le coup.

    Mais au final, un bon concert tout de même !!!

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  • Un seul titre de City of Evil, deux de l’album sans titre et cinq du dernier? J’aurai pas pu venir de toute façon, mais au moins je sais que j’ai rien loupé.

    [Reply]

  • je les ai vus à Bochum (Allemagne) et franchement, le public avait l’air d’être venus pour 5FDP et non pour eux, moi j’y étais pour eux mais suis sorti de là avec un avis mitigé…et nous avons eu droit au show complet avec pyrotechnie, mais il est vrai que c’était finalement un peu bof…et pas mécontent que ça se termine ! Nous n’avons pas eu droit à  » this means war « …

    Par contre pour ma part je découvrais 5FDP et là j’en ai eu pour mes sous et pour preuve j’y retournerai les voir à Cologne, c’est vraiment de la balle ce groupe !!

    Avatar , sympa à regarder, une chouette soirée en somme, et je finirai par dire que le public allemand est super sympa et bon enfant, je n’y étais plus allé depuis les années 80 et 90, mais j’y retournerai volontiers !

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