Lorsqu’un artiste a tout pour lui, il n’est pas rare qu’il le sache. Accueillir dans ses oreilles les louanges de l’entourage est aisé. Autant aisé que de contempler l’admiration dans les yeux de celles et ceux qui vous idolâtrent. Dans ce cas, la tentation de la prétention n’est jamais très loin. Alors, justement, en tant qu’individu et artiste, il faut savoir se préserver, prendre du recul et rester naturel. Ayron Jones n’a pas besoin de réfléchir à ce type de problématique car le public ne peut que constater sa spontanéité. Le chanteur/guitariste ne joue pas un rôle et, bien au contraire, il respire la modestie.
Pourtant, le non-averti pourrait sans doute facilement croire avoir affaire avec Ayron Jones, qui porte lors de son entrée sur scène bonnet et lunettes de soleil, à une sorte de sous-Lenny Kravitz. Mais l’habit ne fait pas le moine et, en ce lundi 29 novembre 2021, le New Morning s’est pris une grosse claque rock/hard dans une atmosphère conviviale qui, en ces temps bien trop sombres, a réchauffé aussi bien les cœurs que les corps.
Artistes : Rozedale – Ayron Jones
Date : 29 novembre 2021
Salle : New Morning
Ville : Paris
Il est 20h lorsque le duo Rozedale entre sur scène. Normalement le groupe est composé de cinq membres mais ce soir, c’est sous format duo qu’il partagera son blues rock. Le timbre d’Amendyne est rock et fait plaisir à entendre. Légèrement intimidée lors de ses interventions hors chansons, elle a toute l’assurance qu’il faut sur scène. Avec Charlie comme talentueux guitariste à ses côtés, il y a de quoi être rassuré. Au bout d’une petite demi-heure, les lumières s’éteignent sous des applaudissements polis. Les mélodies étaient accrocheuses et la mise en bouche efficace.
C’est devant un public impatient qu’Ayron Jones entre sur scène après ses musiciens. Le public donne de la voix et est visiblement très heureux d’être là ce soir. Il faut dire que pour un grand nombre de fans présents au New Morning en cette froide soirée de novembre, il aura fallu attendre des mois et des mois pour qu’un artiste pointe enfin le bout de son nez sur les planches parisiennes. En conséquence, le public est clairement prêt à en découdre et ça se sent dès les premières secondes du show que constitue l’entrée des artistes. Il est d’ailleurs à noter que ce concert est un véritable événement puisque l’artiste américain se produit pour la première fois en Europe. Et l’on peut vous garantir qu’il n’oubliera pas son passage à Paris de sitôt !
En effet, l’ambiance de ce concert aura eu la particularité, de manière très claire, de monter en régime tout au long du set. Si le show avait démarré fort sur « Boys From The Puget Sound », titre originellement paru sur son deuxième album et repris sur son dernier disque en date Child Of The State, le reste fut également de très haute volée. Pourquoi ? Parce que l’artiste né à Seattle est un formidable musicien qui en met plein la vue sans en faire trop. Parce que sa setlist fut aux petits oignons avec d’ailleurs trois reprises qui toutes furent savoureuses (quelle version énervée de « Breed » de Nirvana !). Parce qu’il est entouré de musiciens charismatiques, pleins de groove et surtout à l’image du leader âgé de trente-cinq ans : naturels, souriants et surtout très talentueux.
A cause des affres du métro parisien, nous avons malheureusement dû quitter la salle juste avant le rappel. Ratant à notre grand dam « Purple Rain », la reprise de Prince, nous apprendrons via Olivier Garnier, l’attaché de presse de l’artiste en France joint au téléphone le lendemain, que l’émotion fut à son comble avant ce morceau avec des larmes aux yeux de beaucoup, tant sur scène (les accolades du quatuor furent très intenses) que chez certains fans. Cela n’aura pas été surprenant tant la connexion entre la foule et l’artiste aura, ce soir-là, été palpable.
Kenneth Thornton II, l’imposant batteur du groupe, aura eu raison de très vite enlever son T-shirt sur scène. En effet, ce concert fut placé sous le signe de la chaleur et de la convivialité, et ce malgré le port du masque pour la grande majorité du public. Assister à cette prestation, en ces temps bien troubles pour le spectacle vivant et plus globalement pour la culture, aura réjoui des spectateurs clairement en manque de partage. Alors, rien que pour cela, un grand merci à Ayron (chant/guitare), Tyrone (basse), Matthew (guitare) et Kenneth (batterie).
Setlist :
Boys From The Puget Sound
Emily
Supercharged
Breed (reprise de Nirvana)
Spinning Circles
Killing Season
Free
Take Your Time
Hot Friends
Baptized In Muddy Water
My Love Remains
Hey Joe (reprise de The Leaves)
Mercy
Take Me Away
Rappel :
Purple Rain (reprise de Prince)
Photos : Loïc « Lost » Stephan