Il est toujours un peu épineux pour un groupe de revenir avec un album après plusieurs années d’inactivité. On est presque toujours sûrs de décevoir. Car, après tout, dans le cas de Backyard Babies, dans les faits, il n’aura pas fallu six ans au groupe pour confectionner son nouvel opus Four By Four. Mais il aura effectivement fallu six ans au groupe pour s’aérer la tête, vaquer chacun de son côté à ses petites affaires, en solo ou autre, tout ça pour éviter un split assuré à moyen terme, comme nous le fait savoir le chanteur-guitariste Nicke Borg (entretien à venir), et finalement revenir à bloc et frais comme un gardon. Voilà exactement d’où vient Four By Four : l’envie de se remettre à faire de la musique ensemble, rien de plus, mais c’est bien là tout ce qui importe.
Et dès la première piste, le premier single et la première chanson de leurs récentes setlistes, « Th1rt3en Or Nothing », ça déménage façon rock n’ roll dans la lignée des meilleurs hymnes du combo. Une invitation à ne plus penser à rien et se lâcher, avec un refrain fêtard au possible (« You wanna rock n roll, bang your head and sell your soul, we’re going straight to hell !”) et quelques intonations sudistes. Autant dire que ça démarre sur les chapeaux de roues et pose de bonnes bases à ce retour des Backyard Babies. Et c’est bien tout Backyard Babies que l’on retrouve dans un seul et même album : avec des hymnes comme celui que l’on vient de citer mais aussi l’arena rock grisant de « White Light District », du punk rock popisant (« I’m On My Way To Save Your Rock N’ Roll », « Wasted Years ») ou du punk n’ roll gorgé de soleil (« Piracy »), une ballade mi-folk mi-glam (« Bloddy Tears ») et une autre rock FM (« Mirrors (Shall Be Broken) »), ou un peu d’humour avec la juvénile « Never Finish Anythi », et ses « ah ah » nunuches, qui en réalité cache une vive critique de notre société fast-food qui ne prend plus son temps.
Four By Four est un album varié, où chaque chanson se démarque des autres, mais aussi empli de naïveté dans ses sonorités très « ado » (ne serait-ce que certains chœurs qui sonnent comme l’œuvre de jeunes pubères, sur « White Light District » par exemple). De quoi se remettre dans la peau de nos jeunes et insouciantes années (pour les trentenaires et quarantenaires), ressortir les skateboards, pour ceux qui ont pu pratiquer, et jouer les grands dadais dans les cours de collèges et lycées. Mais c’est lorsqu’on se dit que l’album manque d’un peu d’audace, d’une chanson qui pourrait donner une plus grande envergure à cette collection, certes, bien sympathique et fun mais qui ne va pas chercher très loin, que les Backyard Babies envoient leur redoutable arme secrète en guise de final. « Wall », sous ses sept minutes, faisant d’elle la plus longue chanson du groupe depuis « Shame » sur son premier album Diesel & Power (1994), démarre comme une ballade redneck – contre-basse, guitare sèche bluesy et quelques notes de piano à l’appuis -, avant de s’assombrir (un rire diabolique, une petite ligne d’orgue), devenir soudainement orageuse et partir dans une longue outro instrumentale aux connotations horrifiques que n’aurait pas boudée King Diamond. La voilà enfin l’audace ! Assurément une des plus belles pièces des Suédois à ce jour.
Il est certain qu’à peine plus de trente-trois minutes de musique pourraient paraître peu après six ans d’attente, mais le disque est assez complet et offre une assez bonne consistance pour ne pas avoir à en tenir rigueur. Et après tout, si six ans est ce qu’il aura fallu à Backyard Babies pour revenir remonté comme une pendule et proposer un nouvel opus qui soit à la hauteur de son savoir-faire, qu’il en soit ainsi ! Car Four By Four ne devrait pas avoir de mal à rassasier les fans affamés.
Ecouter la chanson « Th1rt3en Or Nothing » :
Four By Four, sortie le 28 août 2015 chez Gain Music Entertainment.
Le lien video ne fonctionne déjà plus…
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