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Interview   

Balls Out s’invite chez vous


Balls Out, c’est ce petit groupe niçois de quatre potes qui s’incrustent dans la grande fête du rock n’ roll et ne demande pas la permission. Et ils ont bien raison ! Et après un EP remarqué, Too Big To Handle, il était temps de mettre ses « balls » sur la table et de passer au long format. Le résultat, c’est Let Me In (I Know Someone Inside). Un album qui n’aura pas de mal à s’inviter sur vos platines et à vous traîner jusque dans les salles de concerts moites de sueurs où ils se produisent. Enfin, « long format », Let Me In, c’est huit titres sans chichis, percutants, taillés pour le live.

A l’occasion de la sortie du disque, nous avons échangé avec le guitariste Yann Vautrin, afin qu’il nous parle de ce cap important et de l’état d’esprit de Balls Out, à la fois authentique – leurs textes sont notamment inspirés de leur vie de groupe – et plein d’autodérision.

« Nous faisons une musique qui commence à prendre de l’âge, donc nous sommes les relous du rock, genre : ‘Vas-y, laisse-nous faire du rock encore !’ »

Radio Metal : Vous sortez votre premier album, qui fait suite à un EP. Un album fait tout de suite plus « officiel », et ça passe moins inaperçu qu’un EP. Avez-vous ressenti plus de pression ?

Yann Vautrin (guitare) : Oui, effectivement. Un EP, c’est bien parce que c’est une espèce de carte de visite. Quand tu sors un album, c’est vrai que tu as un peu de pression, parce que tu as fait un EP, qui en plus a été apprécié par la critique, et là il faut sortir un autre truc… Tu as un peu la pression, tu te dis qu’il ne faut pas que tu te plantes. Mais ça n’a pas trop changé notre façon de travailler, parce que nous sommes toujours plus ou moins en train d’écrire, qu’on soit sur la route ou à la maison, nous sommes toujours en train de chercher de nouvelles idées. Il y a même des idées qui remontent à avant l’EP que nous avons sorti en 2018, Too Big To Handle, où nous avions déjà des idées de riffs. Nous avons bossé en répète tout au long de l’année, donc ça n’a pas forcément changé. Après, tu as un peu plus de pression quand tu es au studio, parce que tu te dis : « Merde, c’est un album maintenant ! », comme tu dis, et nous avions envie de donner tout ce que nous avions. En tout cas, nous étions satisfaits des morceaux que nous avons placés dans l’album, Let Me In, et ça s’est bien passé. Maintenant, nous allons attendre les retours.

Le format album te donne plus de place pour t’exprimer, mais le risque c’est que tu as aussi plus de place pour te perdre. Comment avez-vous abordé cet exercice créatif ?

Justement, nous voulions un album plutôt court – nous avons huit titres sur Let Me In –, plutôt que d’avoir quinze titres, mais avec quatre ou cinq titres de remplissage. Donc nous avons privilégié huit titres avec des morceaux que nous estimions bien rentre-dedans, et ce que nous voulions, c’était qu’à l’écoute de l’album, du début à la fin, tu te dises : « Waouh ! C’était pas mal ! », plutôt que de se perdre dans des morceaux de remplissage. C’est pour ça que nous avons effectivement choisi de faire un album un peu plus court, mais qui selon nous est bien rentre-dedans.

Quand on voit le titre de l’album, « Let Me In (I Know Someone Inside) », on peut trouver qu’il y a beaucoup d’autodérision dedans, avec ce côté de vouloir rentrer dans une soirée où on n’est pas invité – ce qui est d’ailleurs suggéré avec la pochette. Il y a cette idée de club très fermé. Est-ce que c’est une sorte de métaphore du monde du rock et de la musique, et de vous qui essayez d’entrer dans ce club, un peu à l’esbroufe ?

Nous ne l’avions pas vu comme ça, mais maintenant que tu le dis, ça peut être aussi ça. Comme le disait AC/DC, « It’s a long way to the top », pour entrer dans le monde de la musique. Pour un premier album, ça peut être suggéré comme ça. Maintenant, c’est vrai qu’au niveau de la dérision, nous parlons dans la chanson d’une fille, chez qui nous essayons de rentrer tous les quatre, et pour savoir si nous allons y arriver, il faut écouter la chanson. Nous le voyions plus comme ça. Mais c’est vrai que ta métaphore est pas mal !

Si on va un peu plus loin dans la métaphore, il y a le côté « I Know Someone Inside » qui suggère un peu l’importance du réseau. Ce n’est peut-être pas ce que vous avez voulu dire, mais comment cultivez-vous ce réseau dans votre quotidien de musiciens ?

Nous essayons de jouer le plus possible, tout plan est bon à prendre. Nous essayons de jouer un peu partout où nous le pouvons. D’ailleurs, nous avons la tournée qui est en train d’être montée. Notre envie, c’est vraiment de jouer partout et de montrer à tout le monde que nous sortons nos balls. C’est un peu ça. Pour tout te dire, le titre vient du fait que Sonny, notre guitariste, était à Paris, il se baladait, et il a vu un emballage de capote avec écrit « I know someone inside » dessus. Nous avons trouvé ça excellent et c’est devenu « Let Me In (I Know Someone Inside) », ça passait bien avec la première partie du titre ! [Rires]

Ce titre suggère un côté relou, les mecs qui insistent en disant : « Vas-y, laisse-nous entrer, on est sympas ! »

Ouais, entre nous nous aimons bien jouer aux relous. En plus, nous faisons une musique qui commence à prendre de l’âge aussi, donc nous sommes les relous du rock, genre : « Vas-y, laisse-nous faire du rock encore ! » Donc nous sommes relous, surtout Pat le chanteur.

« Quand j’entends Pierre jouer sur sa batterie, ça me donne envie de bastonner tout ce que j’ai ! […] T’as envie que les gens mettent l’album dans leur bagnole, à fond, les vitres ouvertes, et que ça envoie du lourd ! Donc tu donnes tout ce que t’as, tu fermes les yeux, tu t’imagines au Stade de France. »

Vous jouez un hard rock très direct, mais il y a quand même des influences heavy metal qui ne sont pas très loin. On l’entend des fois sur certaines parties de guitares ou de chant…

Dans Balls Out, il n’y a pas une personne qui compose essentiellement, chacun y met ses influences. Donc forcément, ce sont les guitaristes, Sonny et moi, qui allons avoir une idée de riff, et puis nous allons travailler tout ça ensemble, mais chacun y met ses influences et ses idées. Même si notre passion à tous les quatre reste le hard rock très direct, Sonny est un peu plus heavy metal, Pat aussi, donc ça fait un petit mix où on trouve les influences de chacun dedans.

À propos de Pat, on remarque que vocalement, l’album est plus diversifié que ce à quoi on pourrait s’attendre sur un album de hard rock très direct et très uniforme. Peux-tu nous parler du travail vocal de Pat ?

Il est arrivé au studio avec nous, il a enregistré ses pistes, et voilà. Je pense qu’il a travaillé chez lui aussi. Quand nous répétons les morceaux, il lui arrive d’essayer des trucs, et nous lui disons : « Non, essaye plutôt de faire comme ça », puis il va nous faire un truc que nous n’attendions pas du tout, et là nous nous disons : « Ouais, c’est génial, garde-le ! » Donc le travail vocal, c’est surtout de la répète, tu refais le morceau de A à Z jusqu’à ce que le résultat te convienne ! Mais oui, il y a clairement une volonté de diversifier, car au moins, tu montres plusieurs facettes de ton groupe, et c’est ce que nous aimons faire, parce que comme je te disais, chacun a ses influences, donc chacun y met un peu de sa personne dedans, et ça donne un truc qui n’est pas impersonnel. Donc oui, effectivement, c’est une volonté, surtout de Pat parce que c’est lui le chanteur.

On entend beaucoup de voix « guerrières » scandées à plusieurs, un peu façon Accept. J’imagine que c’est le live qui vous inspire cela et que vous avez envie de le retranscrire dans l’album…

Oui, clairement. Ce que nous voulions, c’était d’avoir un album qui reflète au plus proche ce que nous fournissons en live. Nous voulions un truc vraiment identique, donc effectivement, ces refrains avec plusieurs voix, nous nous y sommes mis chacun, nous avons fait les chœurs, et ce sont des choses que nous allons reproduire en live et que nous adorons. Les refrains scandés, pour moi, c’est taillé pour le live.

Pat avait déclaré que les thèmes abordés dans les morceaux sont ceux qui ont fait Balls Out, vos influences personnelles, la vie à cent à l’heure, la vie de groupe, les fans, etc. Avez-vous la sensation de vivre dans une boucle, c’est-à-dire que vous faites une tournée, ça vous inspire de nouveaux morceaux, vous les amenez sur scène, etc. ?

Ouais ! C’est souvent de petits sous-entendus d’histoires personnelles aussi, de ce que nous avons vécu tous ensemble, ou alors d’histoires un peu personnelles à chacun. Mais effectivement, ce que tu vis sur la route… Des fois, tu te retrouves dans des situations cocasses, et tu te dis : « Putain, ça, ça ferait un bon morceau, on pourrait parler de ça, de ça… » Une fois nous avons joué vers Nantes, au Hell Sessions de Clisson, et nous avons fralé la voiture de location, et c’était Pierre, le batteur, qui conduisait. Donc nous nous sommes dit : « Tiens, faudra qu’on fasse une chanson là-dessus ! » Mais nous ne l’avons pas encore fait.

Du coup, j’imagine que ça rend votre musique plus personnelle, parce que tout ce que vous faites, tout ce que vous vivez finit sur la musique.

C’est ça. Puis la musique, c’est notre passion à tous les quatre. Quand tu es musicien et que tu te donnes les moyens de jouer, de prendre ta voiture pour aller sillonner les routes de France pour aller jouer, c’est que quelque part, c’est ta passion, donc ça te fait plaisir d’écrire là-dessus et de composer des morceaux, de faire tout ça. Donc ouais, clairement.

« Nous avons fait ça de la façon la plus honnête possible, nous avons gardé les petites erreurs, etc., et finalement, les petits trucs que tu regrettes sur le moment, tu te dis que c’est finalement pas mal quand tu écoutes la chanson. »

Comme la vie sur la route vous inspire, j’imagine que quand vous enregistrez, il y a un travail pour essayer de restituer l’ambiance scénique sur le disque, comme tu l’as un peu dit tout à l’heure. Comment retranscrivez-vous cette atmosphère ?

En jouant de la façon la plus honnête possible. Généralement, quand je joue et que j’entends Pierre taper sur ses fûts, ça me donne envie de me donner à fond, que je sois en live ou sur l’album… Quand j’entends Pierre jouer sur sa batterie, ça me donne envie de bastonner tout ce que j’ai ! Que tu sois dans un studio, dans un bocal avec un casque sur la tête, ou en live, c’est la même chose, ça donne la patate. C’est l’énergie du groupe, t’es là en train de jouer, et tout de suite, ça donne la patate et l’envie de jouer de la meilleure façon possible. C’est sûr que tu n’as pas la même énergie, mais tu te dis que t’es là pour enregistrer un truc dont tu as envie d’être fier, donc tu te donnes à fond. J’écoute l’album aussi chez moi, et c’est vrai que quand je le mets fort dans la bagnole, ça me file la patate ! Donc t’as envie que les gens mettent l’album dans leur bagnole, à fond, les vitres ouvertes, et que ça envoie du lourd ! Donc tu donnes tout ce que t’as, tu fermes les yeux, tu t’imagines au Stade de France, et tu fais comme ça.

Souvent, quand on parle avec des artistes de restituer cet aspect-là sur disque, ils parlent d’enregistrer live, tous les instruments en même temps ou en partie, et d’essayer de garder le plus possible les erreurs et les premières prises. Est-ce que c’est quelque chose que vous pratiquez ?

Nous avons enregistré en pistes séparées, pas en live. Nous enregistrons en live pour garder les prises batterie, pour que Pierre ait cette dynamique, et ensuite nous enregistrons nos parties. Mais nous avons fait ça de la façon la plus honnête possible, nous avons gardé les petites erreurs, etc., et finalement, les petits trucs que tu regrettes sur le moment, tu te dis que c’est finalement pas mal quand tu écoutes la chanson. Donc nous avons essayé de garder un truc honnête.

Du coup, dans ce discours, l’étape qui pourrait paraître indispensable pour vous serait de sortir un live ou un documentaire de tournée. Est-ce que c’est quelque chose que vous avez envisagé ?

C’est quelque chose que nous aimerions bien faire, carrément. Ça trotte dans un coin de nos têtes de sortir un documentaire de tournée, nous aimerions beaucoup, surtout qu’il y a matière à bien se marrer avec les cowboys qui sont avec moi. Et le live aussi, carrément, c’est un truc qui nous botterait bien. Nous l’envisageons, ça reste dans un coin de nos têtes, nous nous disons qu’un jour, quand nous aurons le concert que nous jugerons bon à enregistrer, nous le ferons sûrement.

Ceci dit, certains groupes n’aiment pas trop les albums live, parce qu’ils trouvent que c’est incompatible avec l’idée de vivre un concert dans le public et ils préfèrent que les gens viennent les voir directement…

Oui, clairement. C’est sûr que nous préférons jouer en live et que les gens viennent nous voir, plutôt que d’écouter un CD live. Maintenant, le CD live, je trouve que ce n’est pas mal, parce que ça permet de voir une autre facette des morceaux que tu as enregistrés en studio, et de voir ce que ça donne quand c’est joué et enregistré comme ça avec la dynamique du public et tout. Donc non, je trouve ça pas mal. Après, il y a des groupes dont la carrière est incomparable à celle d’un petit groupe comme nous, mais quand tu vois un groupe comme Scorpions, ils ont sorti un nombre incalculable de lives, Saxon aussi… À un moment, j’estime que ce n’est pas la peine d’en sortir cinquante. T’en sors un ou deux, et ça suffit. Je trouve que ça peut être pas mal d’avoir le CD live de telle tournée où on a été. C’est un beau souvenir aussi.

Il y a un morceau dans l’album qui s’appelle « Drumstick Sucker ». J’ai l’impression qu’il y a de la private joke derrière…

Oui, un petit peu. C’est un morceau dont le riff remonte à il y a pas mal de temps, en 2008. C’est un morceau à double sens, ça parle d’une gonzesse, d’une groupie qui suit un groupe en tournée… Et drumstick sucker, avec les baguettes de batterie… C’est un morceau que nous aimons bien, il est rentre-dedans, il y a une petite influence Motörhead sur le riff. Mais l’histoire est véridique ! C’est encore une histoire du chanteur… C’est quasiment tout le temps le chanteur, de toute façon. Mais je tiens à préciser que les propos dans nos morceaux sont véridiques.

Interview réalisée par téléphone le 5 avril 2019 par Philippe Sliwa.
Introduction : Nicolas Gricourt.
Retranscription : Robin Collas.

Site officiel de Balls Out : www.isaidballsout.com

Acheter l’album Let Me In (I Know Someone Inside).



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