Artistes : Addicted – Taste Of Hell – Skulls From Hell
Lieu : Marange-Silvange (57)
Salle : Le 412
Date : 30 octobre 2010
Dans la vie, on a besoin de modèles pour avancer, de gens qui défrichent le terrain et ouvrent la voie. Ces personnes peuvent appartenir au domaine du réel ou de l’imaginaire. Eh bien, le festival du Batmaz a réuni les deux genres. Avec Batman, bien évidemment, mais aussi Dimebag Darrell à qui a été rendu ce soir-là un triple hommage. Le festival Batmaz, c’est d’abord une salle, le 412, paumée dans le petit bled de Marange-Silvange en Lorraine, et trois groupes avec les Skulls From Hell, Taste Of Hell et Addicted. Une affiche sympathique pour une soirée d’enfer. C’était il y a un mois…
Skulls From Hell est un tribute band à Pantera. Son batteur, Alex, est aussi co-organisateur de la soirée et ingé-lumière pour le reste des groupes. Skulls From Hell ne joue donc ce soir que des reprises de Pantera et il est bien difficile pour l’élève d’arriver à la hauteur du maître. Car, oui, comment remplacer l’irremplaçable Dimebag Darrell ? Surtout si on n’a pas la guitar from Hell qui va avec ? Comment imiter l’attitude et la voix d’un Phil Anselmo (certains arrivent presque à le faire oublier, on pense à un certain Renato (GodDamn) mais ils sont bien rares…) ? Comment assurer la rythmique en béton armé de la paire Rex Brown / Vinnie Paul ? Eh bien, c’est assez simple : c’est mission impossible ! Pourtant les quatre membres du groupe ne rechignent pas devant l’ampleur de la tâche qu’ils ont choisi d’accomplir. Les musiciens se donnent à fond et y croient. C’est déjà bien. Au chapitre des chansons, il y a du classique et du moins classique : » Walk », « Cemetary Gates », « Drag The Waters », « Cowboys From Hell » ou « Domination ». C’est plutôt bien exécuté mais il est vrai que le chanteur a un timbre assez éloigné de celui de son modèle et une présence un peu limitée aussi. N’est pas Phil Anselmo qui veut. On ne peut pas vraiment lui en vouloir, la barre est placée très haut… A la guitare, ça se débrouille pas mal du tout et, même si on se serait plus facilement laisser prendre au jeu dans le public en voyant une Dean ou une Washburn, les riffs et soli font leur effet. Côté rythmique, c’est béton, sans bien sûr atteindre le niveau de solidité des Texans. Tout de même, Skulls From Hell a bien chauffé la salle sans atteindre les températures infernales des shows dantesques des Cowboys From Hell.

Taste Of Hell, groupe de power thrash mélodique avec un chanteur à la voix bien rugueuse sur fond de musique technique et agressive, prend le relais. On pourrait rapprocher le groupe d’un Children Of Bodom ou Arch Enemy (dont ils feront une reprise en fin de set). Efficace, c’est le mot, tant l’interprétation est sans faille, jouée à 100 à l’heure sans que la machine peine. Le niveau de chaque musicien est élevé et on sent le plaisir de chacun à jouer ensemble ce soir. Pour preuve : le sourire qu’affiche Gab’, guitariste soliste, du début à la fin du concert. L’autre guitariste, soliste lui aussi, partage bien la tâche de Gab’ en se relayant dans les soli, jouant des nombreux gimmicks de double guitare metal. Thomas à la batterie, transfuge de chez Heavenly, tape comme un damné sur ses fûts tout en maintenant le tempo à bonne vitesse. Les compositions sont riches et Taste Of Hell qui remporte la palme du groupe qui aura joué le plus de notes dans la soirée. Vous le savez, la musique n’est pas qu’une affaire de quantité mais aussi de qualité. A ce registre, ils font un carton avec la reprise de « Domination » de qui vous savez (eh bien, de Pantera, quoi !). Mention spéciale au bassiste qui arrive à placer un plan en slap sur ce morceau pas vraiment réputé pour son groove funky. Sur la reprise de « Ravenous » (Arch Enemy) qui clôture leur performance, la voix de Julien s’avère assez proche de celle d’Angela Gossow, si ce n’est que lui, il a vraiment des bollocks ! Force est de constater que le metal, c’est avant tout une affaire de poils et de grosses hormones !

Addicted a bien compris ce dernier point parce que, niveau poils, il y a ce qu’il faut, et question hormones, eh bien, ils ont remplacé leur chanteuse Mel, qui assurait pourtant très bien, par le Bernard Tapie de la scène metal française : monsieur « sévèrement burné » Renato ! D’ailleurs, c’est tout le groupe qui a subi un remaniement par l’omni-batteur Gorgor (c’est vrai, il est partout !) qui a limogé son staff et repris Max à la guitare alors que Remy est, du coup, passé à la basse. Addicted est vraiment une grande famille car tous ces zicos se sont déjà croisés dans leurs formations précédentes ou respectives avec Phazm, God Damn ou Driskill. Voilà pour la petite histoire. Sinon, côté zic, ça balance toujours du lourd, du gras, du bruyant. Le moins que l’on puisse dire est qu’il sont toujours accros au même délire, à la grosse saturation qui pète la tête. Ils ne joueront que des titres du nouvel album qui paraîtra bientôt dans les bacs obscurs, à part un seul morceau issu du premier album Recipe For The Sick.

Sinon ces mecs assurent totalement sur scène. Le niveau de batterie de Gorgor n’est plus à prouver et c’est toujours drôle de le voir afficher ses petites mimiques quand il frappe fûts et cymbales. Max, qui assurait la basse dans Phazm et ponctuellement dans Scarve, est passé à la guitare, poste qu’il tient aussi dans Raymond Court Toujours, et mène toujours le bal avec l’enthousiasme communicatif qu’on lui connaît. Sur sa cinq-cordes, Remy se défonce (tout en étant défoncé). et ce peut être un bon résumé d’Addicted : un genre de « Super Joint Ritual » à la française. Il faut dire que chez nous, on a le truc classieux qui fait toute la différence, le parfum qui te permet de recouvrir tes effluves de puanteur parce que ça fait trois jours que tu ne t’es pas lavé…
Renat’ a pour sa part abusé sur sa voix les jours précédents et, du coup, le chanteur a la voix complètement cassée. Chez certains, ça fait un bide. Ici, on ne s’est aperçu de rien car il donne tout ce qu’il a et soigne ça avec une ch’tite rasade de whiskey quand ça gratte trop le fond de la gorge. Leur reprise de « I’m Broken » (Pantera est toujours là) est plombée, jouée bien plus grave que l’originale, les musiciens renforçant la lourdeur des riffs de Sir Dimebag Darrell. On devrait d’ailleurs penser à anoblir à titre posthume ou canoniser ce héros de la guitare pour tout ce qu’il a fait pour le metal. Un bel hommage et une belle démonstration de sincérité.
Pour clore la soirée, c’est Batman himself, cheveux longs, barbe et main dans le plâtre (il a bien changé, le chiroptère, c’est fini le temps où il était épilé et incassable) qui nous fera un slam, invité par Renat’ à se jeter dans la foule.
La nuit est tombée, les lumières se rallument et, dans le bar de derrière, la fête continue et on se jette encore deux-trois godets de mousse, les oreilles encore ravagées par cette musique diabolique. Demain, c’est Halloween.
Organisation du Batmaz Fest : Raising Hell Music
King Asator : désolé pour le « paumé », mais cet adjectif, ça fait encore plus redneck, style village de cowboys lorrains perdu le long d’une route.
Sinon j’ai passé un putain de week-end en Lorraine, avec des gens charmants et Metz est carrément terrible avec son Beaubourg.
Quand culture intello et metal s’unisse, ça fait un super mélange détonnant.
Au fait, t’es du coin?
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une vingtaine de minutes de Metz
Grand bravo au passage à Raising Hell Music: super son, super light, super groupes!
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paumé, paumé, vite dit alors hein, c’est juste parce que vous ne connaissez pas, mais ici c’est pas mal connu
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haha
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