À la faveur d’une efficace mise en lumière de la part du label allemand Nuclear Blast, le groupe finlandais de heavy metal Battle Beast est parvenu à se forger en quelques années une robuste armure de taille patron. À l’heure de ce troisième opus Unholy Savior dont les thèmes baignent toujours dans les histoires héroic-fantasy, puisées pour la majeure partie dans l’univers dark et fantasy du manga Berserk, les regards sont tournés vers ce jeune et fougueux sextet dont on guette une once de renouvellement, en confirmant sa stature tout en s’affranchissant d’avantage de son doux et soyeux cocon musical que les dents dures ont parfois jugé simpliste et convenu. Tant il est vrai que Battle Beast n’a jamais eu la prétention de révolutionner le heavy metal, mais plutôt de le célébrer avec pour toile de fond une recette accessible, enfantine même, mais revigorante et efficace.
Ce troisième chapitre dans la carrière des Finlandais joue sur l’intensité et une alternance des ambiances, les musiciens ont grandi et parviennent encore à crever l’écran, et le groupe étoffe d’avantage sa gamme mélodique avec la multiplication des séquences jouées en cavalcade, la présence de nombreux solos virevoltants sortant de la guitare d’Anton Kabanen – guitariste et compositeur attitré de la formation depuis ses débuts – ainsi que l’utilisation accrue des synthés et pads ambiants. L’émotion reste relativement grossière mais garde un certain pouvoir communicatif, comme au travers des ballades et refrains qu’on se surprend à reprendre à l’unisson.
Mais est-ce bien suffisant ? Le single « Madness », qu’on peut s’amuser à dépeindre comme le « Wishmaster » (l’un des hits des compatriotes de Nightwish) de Battle Beast pour ses ressemblances et son potentiel horripilant, dévoile une ossature moyennement ordonnée quand on songe au refrain qui éteint la tension montante des couplets. Il arrive également que le groupe repasse sur ses propres pas, comme sur « I Want The World … And Everything In It » qui reconduit le même mélo hard rock et power typique de l’album Steel (2012). Sans compter sur l’irrésistible envie du combo de rajouter de la matière, et du même coup en faire de trop, n’échappant pas à l’écueil de la redondance sur le surabondant « Far Far Away », recyclage en règle, une fois encore, du grain de l’album Steel, avant d’offrir en guise de final « Angel Cry », une énième ballade, certes dans la mouvance sonore de l’album mais particulièrement nian-nian.
Pour le reste, l’enveloppe plus prononcée des effets « symphoniques » de par les synthés, les pianos et le chant féminin soigné de Noora Louhimo, confère une certaine force à des titres comme « Lionheart », « Touch In The Night », « Unholy Savior » ou encore le bien nommé « Sea Of Dreams », tous enrichis d’un charme cristallin et féerique. Et au milieu de cet habillage instrumental que l’on peut, en dépit de son indéniable efficacité, parfois qualifier de facile, impersonnel, téléphoné voire stéréotypé et particulièrement kitsch avec ces sonorités on ne peut plus « eighties » qui feront grincer des dents et une Louhimo qui manque occasionnellement de s’égosiller, il demeure quelques bonnes surprises comme ce riff thrash sur « Speed And Danger » qui renverra aux « Hit The Light » et « Metal Militia » de Metallica, ou encore la courte ballade acoustique « The Black Swordsman », introduisant avec classe « Hero’s Quest », une trépidante chevauchée instrumentale aux allures de générique de fin de quête sur laquelle l’opus aurait gagné de s’arrêter.
Si Unholy Savior conforte l’idée que l’on se faisait de Battle Beast, les quelques limites atteintes, notamment en fin d’album, doivent rappeler au groupe scandinave que son filon initial ne saurait tolérer plus de longueur sans s’effilocher, et que dans un impérieux besoin de variété et de personnalité, il doit songer à se renouveler d’avantage afin de ne pas lasser et du même coup disparaître de la scène aussi vite qu’il n’y est apparu.
Visionner la lyric-video de « Touch In The Night » et le clip de « Madness » :
Album Unholy Savior, sortie le 12 janvier 2015 chez Nuclear Blast.
Yes j’adore ce que fait le groupe et chaque fois que j’entends une de leurs chansons je plonge dans un nuage de bonheur.
C’est pourquoi j’ai créé « Battle Beast France » le blog officiel français. Venez le visiter : battle-beast-france.eklablog.fr