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Interview   

BEN BARBAUD : ENTRETIEN AVEC LE PROGRAMMATEUR DU HELLFEST 2008



LES DEBUTS

« Organiser des concerts n’était pas une vocation pour moi, pas du tout ! Nous avons commencé à organiser des petits concerts dans des cafés, comme n’importe qui. On ne récupérait pas les factures et c’était le grand n’importe quoi ! Le but était simplement de faire jouer les groupes que l’on appréciait. En 2002, nous avons récupéré quelques combos de hardcore. De là est venu l’idée de créer un événement pour mettre en avant ces groupes. C’est donc à ce moment que l’on s’est dit qu’il fallait aller plus loin en créant un festival dans une salle plus importante. Tout a démarré avec un festival appelé à l’époque le Nantes Hardcore Fury Fest.

Un festival qui s’est bien passé car nous avons attiré près de 400 personnes. Nous étions tous bénévoles et ce sont les événements qui ont fait que nous nous sommes professionnalisés avec le temps. Personnellement, je sortais de mes études pour devenir chef de rayon dans les supermarchés. Je bossais dans les spiritueux, j’étais « chef de rayon liquide » comme on dit dans le jargon des supermarchés. Mais bon, j’ai fini par me faire virer au bout d’un mois et, dans le même temps, la ville de Clisson me disait qu’elle ne voulait plus de notre festival ! J’ai donc travaillé et fini par trouver une autre salle près de Nantes et puis, par la suite, tout c’est fait naturellement. Alors oui pour tout ceci il faut du bagout, une paire de couilles…il faut contacter les groupes.

Mon caractère a peut-être favorisé ma démarche mais, évidemment, je n’avais pas l’objectif d’en faire ma vie, de gagner des sous et d’en faire mon métier. Je n’avais donc pas du tout cette vocation au départ. Le festival a évolué et en 2003 ça a super bien marché. Pour l’anecdote, je me souviens d’ailleurs être revenu voir mes parents et leur dire « bon ben les parents je pense être parvenu à me dénicher un smic, charges comprises, pour l’année prochaine ! ». Et mes parents m’avaient répondu « Ouais ouais : va te coucher ! »

LES DIFFICULTES

« Tous les ans il y a eu au moins une chose qui m’a effrayé ! Tous les ans, j’ai pensé au moins une fois « Mais pourquoi tu fais ça ?! ». Et je ne sais même pas comment expliquer cela…mais 15 jours après j’ai eu comme un petit bug dans ma tête qui me disait qu’il fallait continuer ! Alors je ne dirai pas que c’est du courage quand même. De la persévérance oui, de l’inconscience, de l’utopie. C’est tout cela qui m’a fait continuer, pleins de petites choses qui doivent êtres enfouies en moi. Et ce malgré les montagnes de problèmes que nous avons rencontré là ou d’autres auraient sûrement arrêté. Après on a toujours eu des difficultés mais ces dernières ont évolué dans le temps. Au début je ne savais même pas ce qu’était un catering (NDLR : Dans le jargon musical, le catering est la nourriture servie aux groupes). J’avais même ramené des bocaux de carottes rapés aux groupes ! Et là ils m’avaient dit « Mais arrête t’as pas le droit de nous accueillir comme ça ! »

Donc oui, nous avons eu des soucis jusqu’aux problèmes de l’an passé qui ont été exacerbés à cause du temps. Donc chaque année on rencontre des difficultés. Mais tu vois en 2003, j’avais même oublié de prendre des secouristes ! Bref, j’ai été tout seul de 2000 à 2003, Yoann (NDLR : Yoann gère le volet informatique et globalement administratif du Hellfest) m’a rejoint en 2004 et je ne connaissais rien du tout…Une billetterie ?! Mais moi je pensais que tu donnais un bout de papier et 10 balles et c’était fini ! Garder les factures pour faire une comptabilité ?! Je ne connaissais rien et j’ai eu de la chance. Car je me suis pris beaucoup de baffes dans la gueule mais j’ai toujours su me battre et avoir cette petite pincée de chance qui fait que j’ai pu continuer. Parce que certaines personnes ont également le désir de continuer mais s’arrêtent car elles ne parviennent pas à trouver la solution. Chez moi la chance a toujours été présente en plus de mon caractère de grande gueule, d’ambitieux, et de généralement optimiste. Yoann lui c’est mon antithèse dans le caractère.

Tu vois tout à l’heure je le chambrais au téléphone parce qu’il n’arrivait pas à écrire une lettre à la Mairie ! On n’a pas le même caractère mais c’est très bien comme ça car on est complémentaire. Heureusement que Yoann est là aussi pour prendre du recul car sinon je serai peut-être parti dans des sphères incontrôlées. Tout ça, c’est une vraie aventure humaine. Avant nous étions en duo et maintenant on est 8 salariés à plein temps donc c’est une vraie entreprise. Mais on n’avait pas cette volonté au début. Tu vois ce soir il y a Agnostic Front à la Locomotive. Quand je les ai fait jouer pour la 1ere fois : j’avais 17 ans. Je me rappelle quand on les a vu descendre du bus avec mes potes bénévoles ! Et là, quelques années après, les mecs me serrent dans leur bras en me proposant des bières et en me demandant pourquoi je les aie pas fait jouer cette année…Et bien tout cela : je ne l’aurai pas pensé ! »

L’EPISODE DU HELLFEST 2007

« Avant le démarrage j’étais confiant ! J’étais déjà content car je savais que ce serait une bonne année en termes de place. Par contre il faut arrêter de croire que je connaissais le nombre de participants ! Certains ont dit « C’est honteux, t’aurais pu rajouter des chiottes, tu connaissais le nombre de festivaliers… » Et bien tout ça est faux ! Jusqu’à 15 jours avant le festival j’en étais à 8 000 réservations. Et j’en ai vendu 6 000 dans les 15 derniers jours ! Le lundi précédent le festival, je m’en rappelle, j’étais en train de monter la scène et de m’occuper de la technique. Et le mercredi après-midi j’ai Yoann qui m’appelle, car il était resté au bureau, et me dit : « Ben on est complet ! ». Alors là, je suis surpris, mais bien évidemment content. Car tu te dis que financièrement tu vas t’en sortir et que tu vas éponger les dettes de 2006. Donc j’étais content.

En plus mercredi il faisait beau et on n’était pas en retard dans le chantier…Alors moi, si tu veux, je savais pas qu’on aurai pas assez de jetons…J’ai entendu des gens dire que, tout ça, on l’avait fait exprès pour s’en mettre pleins les fouilles ! Et c’est clair que j’aime pas entendre ça car ça fait 7 ans que je fais ce métier et j’ai perdu beaucoup plus d’argent que j’en ai gagné. Et regarde là je viens d’embaucher 7 personnes et j’aurai pu me dire « Ben, tu gagnes que 1 300 euros net/mois…donc augmente toi ! ». Et il faut savoir que ceux qui bossent avec moi sont au smic ou en contrat CNE. Donc à la première embûche c’est retour au paillasson ! Donc oui j’aurai pu me dire « Tu vas t’augmenter de 3 000 ou 4 000 euros ! » tu vois ?!

Mais non car je suis conscient que j’avais besoin de monde et de compétences diverses. Car Yoann et moi, même avec toute l’énergie du monde, on ne peut pas gérer à nous 2 un festival comme celui-là. Dans cette optique, on a été obligé de s’entourer de pros. De personnages comme Roger (NDLR : Roger Wessier, organisateur de concerts métal) qui s’occupent de la promo ou d’une structure comme Salomon. Mais au départ on n’a jamais voulu faire une entreprise et on ne s’y est donc pas préparé. Il fallait que ça se mette en place petit à petit…[…]Je ne comprends pas comment quelqu’un peut se plaindre du manque d’événements qu’on fait en France et nous descende ! C’est bon je l’ai dit plein de fois : on a chié ! On n’a pas su voir venir, je suis responsable, et on va travailler pour faire mieux. C’est un festival de passionnés pour les passionnés. Ca serait des potes à vous qui l’organiserait, peut-être que vous seriez plus indulgents !

Car on s’est formé sur le tas nous. On n’est pas les rois du monde ! Moi je n’arrive pas à Paris en me disant « Oulala je suis le plus gros producteur de la terre ! » Moi je suis arrivé dans la salle, tout à l’heure, pour Agnostic Front. Je ne suis pas invité et je ne suis pas rentré dans la salle comme ça. Je ne suis pas chez moi et je ne suis pas un cowboy ! On n’est pas les meilleurs du monde et on fait des erreurs. Mais le souci c’est que quand y’a devant 15 000 personnes, ca prend une ampleur considérable.

Quels souvenirs je garderais de ces 3 jours ? Je me souviens de l’état livide dans lequel je me trouvais. J’ai eu la peur de ma vie durant ces 3 jours. Le jour le pire fut le vendredi car après ça allait mieux, on a réussi à ouvrir, et le samedi il faisait beau. Le samedi et dimanche, c’était plus détendu…mais alors le vendredi ! J’étais dans un état….Il faisait mauvais temps, tu vois la scène qui s’écrase, le groupe électrogène brûle, certains groupes ne jouent pas, les gens ne sont pas contents. Tu imagines la scène qui s’écroule, il y a des morts, tu vas en prison…Je suis le seul responsable hein. En cas de soucis, c’est moi qui trinque. J’étais dans un état livide. Je me suis décomposé…et je ne pouvais rien faire. Et puis là avec moi j’avais le directeur des Eurockéennes de Belfort, des amis du monde du spectacle…Certains me conseillaient d’annuler…Décision que je n’ai d’ailleurs pas prise. Je suis très peu sorti de mon bureau, je tournais en rond dedans et il y avait une telle malédiction de problèmes en si peu de temps…

Je me souviens des gens qui se mettent à siffler. Je me remémore encore la femme de Yoann qui vient me voir, on était à 30 minutes de l’ouverture du site, et elle me dit il y a une boîte bleue qui crame. Une boîte bleue ? Et là on descend sur scène : le groupe électrogène qui brûle avec tous les artistes qui regardent ! Tout cela avec une scène qui n’est pas montée, le public qui commence à siffler…j’étais là papapa…(NDLR : il se met la main sur la bouche comme pour dire « ce n’est pas possible ! »). Non je n’étais même pas comme ça. Je me souviens que j’ai même annulé le repas avec mes parents et ma copine, d’habitude on bouffe tous ensemble, mais là je leur ait dit de ne pas venir me voir ! Je voulais parler à personne et être seul. La seule personne avec qui je dialoguais, c’était le gars de la météo qui m’annonçait ce qui allait se passer […] Je pense que chacun conserve un souvenir lié à son expérience personnelle. J’ai vu des gens pleurés car ils étaient à bout. Moi je n’ai pas pleuré mais j’étais malgré tout très mal. Tout ça te remue. Puis quand t’entends les news « Ouais ya 70 km/h de vent, la scène tient à 60, il faut annuler les groupes… ». Enfin tu vois le truc quoi ! »

LE HELLFEST AUJOURD’HUI

« On n’est pas encore au stade ou le festival s’inscrit dans la pérennité. A force de prendre des claques d’années en années, on a beaucoup appris. Et vite. Maintenant on parvient à avoir un modèle économique viable et financièrement on ne peut plus me la faire ! Je suis même sûr que je suis plus complet que la plupart des promoteurs parisiens qui connaissent le prix d’un groupe mais qui ne connaissent pas le prix de la technique. Moi je connais le prix d’un chiotte par exemple ! Si quelqu’un veut m’en vendre 2 fois plus cher, il ne me la fait pas. Le fait de ne pas être entouré de professionnels nous a obligés à apprendre sur le tas. Maintenant ça nous sert car on emploie des pros qui s’en occupent et je connais les coûts. Tout ça me permet d’avoir un budget à jour et de pouvoir plancher sur un modèle économique. Nous savons combien un festival doit coûter, combien de recettes sont nécessaires, ce qu’il faut pour attirer les gens etc. Quand bien même, je ne dis pas qu’on ne peut plus se casser la gueule. On limite simplement les risques.

[…] J’ai peut-être un caractère entreprenant mais de là a gérer une micro entreprise…Un festival représente plus de 2 millions d’euros, plus de 200 salariés sur 1 mois et plus de 600 bénévoles. Nous avons appris tout au long des soucis du Fury Fest. Nous avons pris des baffes à chaque fois pour parvenir, je l’espère, à un modèle stable. Mais bon on fait un festival aussi ! Il y aura toujours des soucis. On est assujetti aux conditions climatiques, aux prestataires qui doivent assurer aussi. Lorsque je commande une scène pour que les groupes jouent, je suis dépendant du prestataire. Si celui-ci fait mal son boulot il peut remettre en cause tout le festival. Alors après les gens viennent gueuler sur moi en me disant « Les groupes n’ont pas joué ! ».

Mais il y a tellement de paramètres dans tout ça…[…] On est 8 à plein temps donc il y a énormément d’étapes pour monter ce festival. La première démarche c’est déjà de s’assurer d’avoir le soutien et les autorisations des autorités. Le plus difficile ce n’est pas d’avoir les groupes, c’est convaincre les institutions d’une petite commune qui ne connait pas le Hard Rock. Laisser faire un festival avec autant de monde, voilà ce qui est le plus dur à obtenir. A partir du moment où tu proposes un projet solide et que tu mets des garanties financières derrière, c’est ok pour les groupes. N’importe quel abruti peut booker des groupes. Un numéro de téléphone sur le net et c’est parti. Après ce qui est plus dur c’est de se faire prendre au sérieux ! Et pour se faire prendre au sérieux il faut un endroit, un site internet et pleins d’éléments pour que le mec il voit à qui il a à faire et si c’est du concret. Tu as de l’argent et tu as un lieu : tu parais sérieux. Si le mec se rend compte que t’y connais rien, là il va t’envoyer chier. Mais si t’es sérieux et que t’es entouré de professionnels alors c’est à la portée de n’importe qui.

« Vu qu’on a jamais travaillé ensemble tu peux me faire un virement tout de suite pour que j’ai la preuve que…Ok c’est bon tu peux confirmer Slayer sur ton site ! »

N’importe quel abruti peut le faire ! Mais faut connaître la musique, quand même, pour aller chercher des artistes méconnus, des groupes tendances ou qui vont le devenir. Pour être dans le temps. Moi je n’ai pas envie d’être comme d’autres festivals qui se contentent de mettre quelques grosses têtes d’affiches. De nouveaux courants apparaissent, de nouveaux groupes innovent…j’ai envie d’être dedans. Mais comment vont faire les autres festivals quand Iron Maiden, Kiss et co’ ne seront plus là ?! […] Mais bon, en France c’est très difficile tout ça. Car on n’est pas pris au sérieux de la part des institutions et on a moins de subventions. Les sponsors considèrent, pour leur part, que l’on est une musique de niche donc ça ne les intéresse pas de communiquer. Ce qui est entièrement faux lorsque l’on voit que des groupes comme Maiden et AC/DC remplissent les stades. C’est vraiment se mentir de dire que c’est une musique de niche. Non le métal c’est une musique populaire ! Sauf qu’on veut la définir comme des gens spéciaux. Les cadres, les comptables, les banquiers qui écoutent du métal il y en a à la pelle !

Le métal est écouté partout sauf qu’il faut juste ouvrir les yeux et que les gens n’aient pas honte de le dire. Et peut-être que dans les médias, il y’a aura des trucs… Sur l’affiche du Hellfest, c’est un festival de passionnés fait par des passionnés, des gens ouverts d’esprit et curieux. Nous ça ne nous choque pas de voir NOFX jouer avec Morbid Angel, Envy avec Haemorrhage ou Katatonia avec Madball car on aime tout et le mélange ne nous choque pas ! On n’a pas à se mettre de barrières en se disant qu’on appartient à telle ou telle communauté de black metal ou de death. Nous on apprécie tout et on ne se sent pas le besoin de se faire pousser les cheveux et d’avoir un style particulier pour se donner une identité. Donc le festival est comme ça. »

LE PUBLIC METAL

« Je pense que l’on a une ouverture d’esprit assez large et que les gens apprécient cela. Il existe un public qui souhaite que l’on arrête de créer des limites à un festival et qu’il y ait plus de surprises. Nous on trouve ça cool de regarder du stoner, de passer au grind et d’aller voir du punk ensuite ! D’ailleurs ce concept là marche partout puisque je vends autant de billets à l’étranger qu’en France. Car, à mon avis, il y a une certaine lassitude chez certains de voir de gros festivals avec des énormes têtes d’affiches, aux shows très travaillés certes, mais où il n’y aura que l’essentiel sur le reste de l’affiche. Ici, avec le Hellfest, peut-être que les gens se disent que c’est avant tout un festival de passionnés, éclectique. Peut-être qu’ils se reconnaissent plus là-dedans.

Mais en même temps, en 2006, il faisait super beau, c’était relativement bien organisé…mais le public n’est pas venu. L’affiche était moins grosse mais ça a quand même confirmé mon opinion… A l’époque Yoann m’avait dit : « Ben on remonte un fest, on va pas faire les flambeurs, on va faire ça petit à petit avec une affiche moins grosse etc.» Mais on s’est pris une baffe quand même ! Car le public français ne suit pas. Il y a des gens qui viennent me dire « oui mais tu pourrais mettre plus de groupes techniques avec une affiche moins importante quantitativement ! ». Ouais mais moi je leur dit que si j’avais mis moins de groupes sur l’affiche ils auraient préférés aller voir d’autres festivals à l’étranger. Des festivals avec plus de groupes ! Et j’aurai pris une claque malgré tout !

Car il faut bien se rendre compte que les frais artistiques ne représentent qu’un tiers du budget. Donc que je fasse une affiche grosse ou très grosse, cela n’a pas d’incidence sur les prix à payer qui restent les mêmes. Car il faut toujours payer les prestataires, les salariés etc. Ce sont les frais techniques les plus importants. Et donc, comme nous on n’a pas les Maiden et Kiss, on est obligés de taper dans des choses que les autres festivals n’ont pas. Je fais ici référence au côté plus undergroud même si on ne va quand même pas chercher dans des sphères chaotiques avec des combos que 4 mecs écoutent. Mais, tout de même, on s’intéresse aussi aux groupes undeground pour que le Hellfest soit considéré comme un festival complémentaire, en avance sur son temps. Enfin…dans son temps en tous cas. Alors oui les têtes d’affiches du Graspop vont vous faire un light show monstrueux, de la pyrotechnie à tout va mais on va quand même aller au Hellfest voir les nouveaux groupes. Car c’est important les nouveaux groupes ! Quand il n’y aura plus les Kiss, Maiden est-ce que les festivaliers de ces événements vont complètement arrêter du métal ? Est-ce qu’ils ne vont plus sortir de chez eux ?

Ou vont-ils s’intéresser à d’autres bons groupes ? Je pense que notre festival a une base mais qui est moins importante que si il y avait sur l’affiche Maiden, Metallica and co’. Car là on aurait du gros public pseudo métalleux mélangé ! Tu sais, moins j’en connais des kilomètres de métalleux. Ils ont des T shirts Metallica, des cheveux longs et tu dirais un métalleux parfait ! Et puis ils regardent les 87 groupes de l’affiche du Hellfest et ils te disent : « Oh ouais non…moi je vais au Graspop, ton festival y’a que de la merde ! » Ah bah ouais mais j’ai du mal à croire que sur 87 groupes y’en ai pas certains qui leur plaisent. Je suppose que certaines personnes utilisent le terme « merde » parce qu’ils ne connaissent pas les groupes…Mais bon, il n‘y a pas de honte à ne pas connaître tous les groupes ! Certaines personnes préfèrent quand même s’enfermer dans cette image au lieu de chercher réellement à découvrir…[…] Malheureusement je pense qu’il y a plus de gens dont je viens d’évoquer que de gens véritablement curieux ! La preuve : Maiden va remplir 2 fois Bercy. Kiss va le remplir aussi et Metallica va attirer plein de monde. Et moi je rame pour faire 10 000 personnes ! Alors que j’ai 87 groupes ! Et pourtant personne ne râle quand il faut payer 80 euros pour aller voir Metallica…et seulement 3 groupes. Alors qu’en plus il n’y même pas de promo pour la date de Metallica ! Quelques flyers mais rien de plus ! Il n’y a même pas de pages de pub mais tout le monde se jette sur les places à 80 euros alors que pour 30 euros de plus ils pourraient en voir 87 ! Et pas des moindres du tout…

Mais le fan qui est passionné, qui connait plein de choses…et bien celui-là ne rechignera pas. C’est-à-dire qu’il viendra même si il habite à 2 000 bornes. Et ce même si le billet est cher. Car il est conscient du prix des choses. Par contre, un autre problème se pose pour lui ! C’est quand 2 groupes qu’il aime jouent en même temps ! Et là ce n’est pas facile…Car ces gens-là aiment trop la musique en fait ! Ils connaissent trop de choses, veulent voir énormément de trucs. Ce public là est très fidèle et vient à chaque fois. Pour autant, il est assez difficile car il connait beaucoup de choses, est allé dans pleins d’endroits différents et bien sûr, quand tu l’accueilles dans de mauvaises conditions, et bien il n’est pas content du tout ! D’ailleurs, il y a eu 2 types de réactions l’année dernière : celle des mecs qui ont beaucoup critiqué et à juste raison même si parfois c’était un peu exagéré. Et ceux qui trouvaient ça génial avec la boue et tout ! Et tu te rendras compte que la 2e catégorie n’a pas beaucoup voyagé. Le public des fidèles, lui, connait tout et maîtrise toutes les conditions. Mais il y a toujours différents types de personnes en fait. C’est l’éternelle différence entre celui qui attendra d’écouter un groupe quand il sera connu et celui qui te dira, car il écoute le groupe en question depuis le début, qu’il s’est vendu et est devenu commercial !

Sur le fait d’écouter du métal on a peur de le dire parce que on a peur d’avoir en face de nous quelqu’un qui ne nous comprend pas, qui nous juge parce qu’il ne va pas connaître. Et les seuls reportages que l’on a c’est sur M6 pour dire que les gamines qui sont habillées en noir sont plus propices au suicide, qui faut faire attention si elles écoutent Marilyn Manson etc. Après il ne faut pas s’étonner que quand tu parles avec quelqu’un qui ne maitrise pas le métal, il te dise « Bah oui je vous connais pas, mais vous êtes un peu satan machin quand même ». Mais c’est parce qu’il n’y a pas d’informations. Quand Manowar sort un nouvel album, en Allemagne, à 21 h il passe ! Peut-être que ce style n’existerait plus si il n’y avait pas de nombreux bénévoles qui faisaient vivre le style par des webzines, fanzines, radios, organisation de concerts…Beaucoup de personnes veulent être acteurs et c’est ce qui permet de s’autogérer. Nous sommes un public restreint et, avec le Hellfest, on est dans un des festivals les plus chers. Le fly anti-hellfest par exemple tout le monde en a parlé alors que ça date de vendredi dernier (NDLR : Un collectif a distribué des tracts anti-Hellfest sur le marché de Clisson…) Mais oui les gens sont passionnés, malgré tout, le public continue à nous suivre et accepte de payer. »

Entretien réalisé le 6 Mai 2008 à Paris
Site Hellfest : www.hellfest.fr



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