Chez Benighted, du line-up qui avait confectionné l’excellent Carnivore Sublime, il ne reste plus grand monde. Mais il y en a un qui tient bon, avec une niaque qui force le respect : le vocaliste Julien Truchan, désormais seul rescapé de la formation originelle, depuis que son complice de toujours et meilleur ami Olivier Gabriel a également annoncé il y a quelques jours son départ, dernier en date d’une longue série qu’a connue le combo en trois ans, menant à un renouvellement quasi total de ses membres. En conséquence, la moitié du long entretien que nous a accordé Julien est consacrée à ces remaniements dans les rangs de Benighted, leurs origines, leurs conséquences, leur contexte, mais aussi l’état d’esprit du chanteur par rapport à tout ceci.
Une chose est sûre, c’est qu’aussi surprenant que cela puisse paraître, tous ces changements n’auront pas entravé l’énergie du groupe, c’est tout le contraire à vrai dire, les nouveaux membres ayant apporté du sang neuf, et en particulier le guitariste Emmanuel Dalle qui prend une place considérable sur Necrobreed. Un nouvel album intense, indéniablement marqué par le sceau de Benighted, à l’image de son concept, une fois de plus inspiré par l’expérience de Julien dans son métier d’infirmier psychiatrique, une manière pour lui à la fois de faire tomber les clichés sur les malades et proposer un commentaire déguisé sur notre société.
« Je m’étais toujours dit : ‘Le jour où Gab part du groupe, on arrêtera purement et simplement.’ Et en fait, je m’aperçois que je n’en suis pas capable. Benighted fait partie de moi et je ne veux surtout pas arrêter. »
Radio Metal : Le groupe a connu un grand bouleversement de line-up entre Carnivore Sublime et Necrobreed, et des changements de line-up le groupe en a connu beaucoup dans sa carrière. D’un côté je pense que vous êtes habitués, d’un autre côté c’est à chaque fois tout un travail qu’il faut refaire, d’apprentissage et d’accompagnement du nouveau membre pour l’intégrer que ce soit musicalement et humainement. Comment est-ce que vous gérez ça ?
Julien Truchan (chant) : Il y a des départs qu’on peut anticiper un peu, si tu veux. Pour ce qui est de Carnivore Sublime, en pleine tournée le bassiste et le guitariste nous ont lâchés après le Hellfest parce qu’ils avaient d’autres projets en vue, donc nous avons été obligés de nous retourner assez vite pour les concerts qui arrivaient derrière. Heureusement, j’ai envie de dire, du fait que nous ayons quand même une bonne réputation, les candidats ont été nombreux et nous n’avons pas tardé à trouver les membres qu’il fallait pour le groupe. Ecoute, pour l’instant nous avons toujours eu beaucoup de chance en ce qui concerne les changements de line-up, c’est-à-dire que même avec les changements inattendus comme ça, nous sommes toujours tombés sur des gens qui ont apporté quelque chose en plus au groupe et ça a toujours été pour un mieux au final. Donc c’est vrai que de Carnivore Sublime à maintenant, il n’y a plus Adrien, il n’y a plus Alexis, il n’y a plus Candy et Kevin est parti pour Abbath, bien qu’il n’y soit plus maintenant. Mais Kevin, nous le savions déjà parce que nous avions déjà eu des conversations à propos de ça, du fait qu’il cherchait un groupe pour pouvoir vivre de la musique, ce qui n’est absolument pas imaginable avec Benighted. Donc nous savions que si un jour une grosse occasion se présentait, nous devrions faire face à un changement de batteur. Et là, en l’occurrence, ça s’est fait tout simplement, un peu par logique, quand Romain nous a contacté en nous demandant : « Si ça vous dit, moi, ça me branche bien de jouer avec Benighted. » Donc nous avons dit : « Bah oui, bien sûr, au contraire ! On connait ton niveau, on sait qu’humainement ça se passera super bien, donc il n’y a pas de souci. » Donc pour l’instant, nous avons toujours eu de la chance, parce que même si ça demande effectivement beaucoup d’énergie, de patience et de travail, parce qu’à chaque fois il faut revoir les sets, répéter avec le nouveau membre et tout… Vu que nous n’habitons pas à côté, c’est pas mal de choses à organiser, mais pour l’instant ça a toujours permis d’apporter un truc supplémentaire et un renouveau, et à l’énergie et à la musique du groupe.
D’ailleurs, comment avez-vous pris le départ de Kevin Foley ?
Quand il y a un membre, on va dire, important du groupe, qui part, comme Kevin qui a passé dix ans dans Benighted, ou Candy qui a passé une bonne dizaine d’années dans Benighted, quand il y a un membre presque originel qui part, évidemment, le premier truc que tu te dis, c’est « est-ce qu’on va continuer ? » Tu as toujours ça qui te vient à l’esprit. Après, tu as l’envie et les tripes qui parlent à ta place et disent : « Non, non, mais on continue, on va trouver des solutions, il n’y a pas de raison. » Là quand nous avons su que Kevin partait pour Abbath, ça a été un gros coup, et par rapport à Benighted et par rapport à la relation que nous avions, parce que Kevin est un de mes meilleurs amis. Je me disais : « Il va aller vivre en Norvège, je ne vais quasiment plus le voir… » Je ne te cache pas que ça m’a plombé aussi. Mais le fait est qu’avec Abbath, ça ne s’est pas fait et que, heureusement ou malheureusement parce que ça avait l’air compliqué quand même, Kevin est toujours à la recherche d’un gros groupe qui pourra le faire vivre, et j’espère qu’il y arrivera. Le groupe qui l’aura aura de la chance de l’avoir parce que c’est à la fois un super bon batteur et plus facile à vivre et plus gentil, il n’y a pas !
Tu penses qu’Abbath a fait une erreur en le laissant partir ?
En l’occurrence, quand tu joues dans Abbath, j’ai l’impression que si tu es ni Abbath ni King, tu es plutôt un employé. Donc bon, tant qu’ils ont un bon batteur qui ferme sa gueule et qui supportera leurs caprices [petits rires], tant mieux pour eux mais ça a l’air compliqué quand même dans ce groupe.
J’ai quand même l’impression qu’Abbath le regrette…
Oui parce qu’Abbath s’entendait très bien avec lui. D’après ce que j’ai compris, c’est plus avec l’autre membre qu’il y avait « problème ».
Tu disais que c’est Romain qui vous a contactés pour le poste de batteur, mais comment s’est passé la période entre le départ de Kevin Foley et son recrutement ? Vous avez tourné notamment avec David Diepold et Kevin Paradis, qui sont tous deux d’excellents batteurs. A-t-il été question, à un moment donné, que l’un d’eux rejoigne la formation ?
Si je ne dis pas de bêtise, Kevin est parti en mai, donc jusqu’à janvier de l’année d’après, oui, nous avons jonglé entre Kevin Paradis et David Diepold. David, nous avions eu son contact par notre manager qui est autrichien, car David vient d’Autriche, et Kevin, je ne sais plus exactement mais je crois que c’était par nos potes de Seven Gates que nous avons eu son contact. Ils nous ont vachement dépannés pour toutes les dates que nous avions à booker. Car Kevin, lorsqu’il a dû partir pour Abbath, c’était quelque chose d’un peu précipité, et nous voulions au moins finir d’honorer les dates qui étaient bookées et après se poser la question de quel membre prendre de façon permanente dans Benighted. Pour avoir déjà eu le problème avec d’autres musiciens qui avaient plusieurs groupes à côté, Kevin Paradis est un garçon génial, c’est un batteur exceptionnel, mais il a déjà beaucoup trop de projets pour que nous puissions nous permettre de le prendre avec Benighted. Nous aurions beaucoup aimé l’avoir mais il joue dans Svart Crown, dans Mithridatic, etc. Il est « trop occupé » pour que ça colle avec notre planning ; nous ne voulons plus nous amuser à refuser des plans hyper cool parce qu’il y a un membre qui a son autre groupe qui joue à Tataouine et du coup ce n’est pas possible. Nous voulions vraiment un line-up stable. Après, David est prof en Autriche, alors autant te dire que c’est comme chez nous, c’est-à-dire qu’il a les vacances scolaires, point [petits rires]. Donc au niveau planning, c’est aussi un peu compliqué. C’est donc pour ça que nous avons commencé à caster des batteurs. Nous avons même été contacté par Fotis [Benardo], l’ancien batteur de Septicflesh, que je suis allé voir pour discuter de ça avec lui, mais lui c’est pareil, il avait un planning bien chargé.
Et en fait, c’est Romain qui nous a contactés, car nous avions pensé à lui, bien sûr, mais nous nous étions dit que dans Benighted il n’y a pas de salaire, nous ne voulons pas gagner d’argent avec ça, et Romain devait déjà avoir des millions de projets, donc nous nous disions qu’à la fois il exigerait un salaire et qu’en plus il n’aurait jamais le temps pour Benighted. Et en fait, c’est lui qui nous a contactés et nous nous sommes retrouvés cons parce qu’il était genre : « Mais vous avez un problème avec moi ? Parce que vous ne m’avez pas contacté ! » [Rires] Du coup, nous lui avons dit : « Bah écoute, non ! » Quand il m’a appelé, je lui ai expliqué comment ça marchait dans Benighted, il m’a dit : « Ah mais moi, ça me convient tout à fait ! » Lui, ce qu’il voulait, c’était être dans un groupe pour pouvoir jouer, qu’il avait ses cours de batterie à côté, son travail à côté, et que là, ce qu’il voulait, c’était vraiment retrouver un groupe qui jouait une musique comme nous et qui tourne pas mal avec des conditions cool, et c’est tout ce qu’il demandait, en fait [petits rires]. Du coup, ça s’est fait de façon… Nous nous sommes tombé dessus, en fait ! Et puis ça s’est fait super vite. Il a appris le set, nous avons fait deux répètes avec lui et puis nous avons directement enchaîné les concerts.
« Depuis que nous avons commencé, nous nous sommes toujours dit qu’il était hors de question que qui que ce soit se fasse un salaire avec le groupe, que ce n’était pas fait pour ça, et aussi pour préserver un peu le côté passion du groupe. »
On vient de parler des changements qui ont précédé l’album. Mais un autre changement vient tout juste de frapper Benighted, et pas des moindres, puisque c’est Olivier Gabriel, ton comparse depuis les débuts du groupe, qui a annoncé son départ cette semaine. Comment ça s’est passé ? Quand est-ce qu’il a pris cette décision ?
La décision, nous la connaissons depuis un petit moment mais il fallait le temps que nous puissions nous retourner par rapport à ça. Il a annoncé courant novembre qu’il comptait arrêter le groupe parce qu’avec tout le programme que nous allions avoir et tout le travail que ça allait demander, avec la tournée pour le nouvel album, il n’aurait pas le temps de tout faire, et surtout, il nous a dit : « Je commence à être fatigué des longs voyages… » C’est vrai que c’est un sacré rythme de toujours être sur la route ou dans l’avion, etc. et en fait, tu ne te reposes quasiment jamais. Ca fait presque vingt ans que nous faisons ça, donc je comprends qu’il soit fatigué de ça. Après, l’autre dimension, c’est qu’il nous a dit : « Voilà, je ne ressens plus les mêmes choses sur scène, je commence à ressentir moins de plaisir sur scène, et je ne veux pas faire l’acteur sur scène à faire semblant de m’éclater alors qu’en fait, je préfèrerais être chez moi parce que je suis fatigué et j’ai envie de me poser tranquille. » Du coup, il a tout fait en toute amitié et en toute honnêteté. Il nous a dit : « Retournez-vous, trouvez quelqu’un pour la guitare, on annoncera mon départ tranquillement avant la tournée, » pour nous laisser le temps de trouver un nouveau guitariste, d’organiser un peu les choses et bosser pour la promotion, parce que ça faisait un peu beaucoup à gérer en même temps, donc c’est pour ça que nous ne l’avons annoncé qu’aujourd’hui.
Et toi, à titre personnel, as-tu été surpris lorsqu’il vous a annoncé ça ?
Quand il nous l’a annoncé, oui. Parce que, pour rien te cacher, il nous l’a annoncé le lendemain d’un concert en Suède, nous étions à l’aéroport, nous avions dormi à peine deux heures… [Rires] Nous sentions que ça faisait plusieurs années que Gab était déçu aussi de ne pas pouvoir faire les grosses tournées à cause de son travail ; il y a plein de tournées qu’il n’a pas pu faire parce qu’il est prof, c’était compliqué pour lui de se libérer. Donc nous prenions souvent des membres de remplacement pour pouvoir faire les tournées quand même, et on sentait que ça devenait pesant pour lui. Donc ce n’était pas une énorme surprise dans la continuité ; c’était une énorme surprise sur le moment parce que je ne m’attendais pas à ça à ce moment-là [petits rires], donc c’est sûr qu’il a fallu encaisser le choc et c’est un gros deuil à faire. Car ça fait presque vingt ans que j’ai monté ce projet avec mon meilleur ami… Et voilà, le dernier membre originel de Benighted à part moi vient de partir, donc il faut que je fasse avec et il faut aller de l’avant !
Comment te projettes-tu dans l’avenir dans Benighted sans ton meilleur ami à tes côtés ?
Déjà, il n’est pas complètement sorti de Benighted, dans le sens où il continue de gérer des choses ; tu sais, c’est lui qui s’occupe beaucoup du booking concernant la France. Il aura toujours un pied dans Benighted, même s’il n’en sera plus le guitariste officiel. Après, je t’avouerais que j’essaie de faire de mauvaise fortune bon cœur. Moi, ma passion pour Benighted est intacte et j’ai super envie d’attaquer les concerts pour cet album, donc ce sont deux choses qui s’équilibrent quelque part. Ma passion pour Benighted est là, elle est toute fraîche, ce sera sans mon Gabouchon maintenant, donc il faut que je fasse avec. Mais comme je te disais précédemment, c’est un rythme qui est très difficile à suivre et je peux que comprendre, Gab part pour les meilleures raisons du monde. Il l’a fait dans le respect de tout le monde, en étant hyper précautionneux, à penser à l’intérêt du groupe avant le sien pour partir, ce qui n’a pas toujours été le cas, donc il est parti vraiment comme il faut. Je suis à la fois triste et fier d’avoir un ami de cette valeur-là, qui est capable de faire les choses comme il l’a fait. Olivier reste mon frangin. Nous nous connaissons depuis toujours, depuis la fin de la primaire, début du collège, donc nous ne nous quitterons jamais! C’est mon meilleur ami pour toujours, même s’il ne fait plus partie de Benighted, ça ne change rien du tout à ce que nous sommes à l’extérieur.
De façon générale, comment est-ce que le groupe trouve encore la force de se relever systématiquement après chaque départ ?
C’est un deuil à chaque fois. Il faut effectivement être costaud dans sa tête. J’ai été un peu rodé avec les années à devoir faire face à ce genre de situation et à faire le deuil du musicien, mais pas de l’ami, même si ça s’est déjà présenté plusieurs fois malheureusement. Mais effectivement, à chaque fois, c’est comme une histoire d’amour qui se termine, il faut faire avec et aller de l’avant. Comme tu dis, il y a des moments où ça met des coups au moral mais Benighted est quelque chose qui nous a toujours fait vibrer, donc tant que cette flamme sera là et que nous aurons l’envie d’avancer avec le groupe, nous continuerons quels que soient les changements de line-up. Il y a beaucoup d’exigences dans Benighted, car ça prend énormément de temps, ça demande beaucoup de sacrifices et ce n’est pas notre travail, alors c’est sûr qu’on comprend qu’au bout d’un moment ça puisse être compliqué pour les uns et les autres pour des raisons X ou Y, et que ça les pousse à arrêter.
Et vous ne vous voyez pas en faire votre travail justement ?
Ça voudrait dire passer intermittent… Moi, personnellement, ce n’est vraiment pas ce qui me branche. Après, il y a des membres de Benighted qui avaient mis ça un peu sur la table mais c’est vrai que depuis que nous avons commencé, nous nous sommes toujours dit qu’il était hors de question que qui que ce soit se fasse un salaire avec le groupe, que ce n’était pas fait pour ça, et aussi pour préserver un peu, on va dire, le côté passion du groupe et non le côté « Benighted ça marche, ça tourne et je vais me faire du pognon. » C’est-à-dire que les gens qui sont dans Benighted, nous savons qu’ils sont investis pour le groupe et pas pour autre chose. C’est quelque chose que nous savons depuis le début et qui ne changera jamais. Nous n’avons absolument aucune envie d’en faire notre travail.
Parce que tu penses qu’on perd forcément la passion à partir d’un moment où ça devient un travail ?
Les expériences que j’ai eues autour de moi, avec les groupes, au moment où l’argent a commencé à être sur la table, ça s’est mal fini ou ils ont splitté [petits rires]. Après, si ça devient mon travail, ça veut dire que du coup, il va falloir que les gens soient « obligés » d’aimer Benighted pour que ça me fasse bouffer [rires]. Il va falloir que nous tournions tout le temps ; des salles de metal, il n’y en a pas non plus des centaines et des centaines dans chaque ville, donc ça voudrait dire repasser tous les six mois aux mêmes endroits et finir par lasser les gens. Ce n’est pas un objectif que j’ai, en tout cas. Je suis très content comme c’est. Nous faisons des dates super cool. Nous passons beaucoup de temps, malheureusement, à refuser des dates parce que nous n’avons pas le planning qui nous permet ça. Par contre, ça permet vraiment de profiter de chaque moment que nous passons en concert parce que nous savons que ce sont des moments choisis, avec des gens qui viennent vraiment pour nous.
« Dans la carrière de Benighted, il y a eu plusieurs moments où nos fesses ont fait bravo [rires]. Mais nous devons avoir une bonne étoile parce que [les changements ont] toujours été pour un mieux. »
Aujourd’hui, comment tu te sens, personnellement, en tant que dernier des mohicans par rapport au line-up originel ?
C’est sûr que là, de Carnivore Sublime à Necrobreed, il n’y a plus que moi [rires]. C’est le patron de Season Of Mist, Michael [Berberian], qui pour déconner me disait : « Tu vas devenir le Dave Mustaine du death metal ! » [Rires] Je t’avouerais que j’ai un sentiment mitigé [rires]. C’est quand même dur, il ne faut pas se le cacher. Là ça va mieux car j’ai eu le temps de digérer la nouvelle. Comme je te l’ai dit, il nous l’a annoncé en novembre mais j’ai eu des moments pas faciles à digérer ça et me dire que oui, effectivement, depuis Carnivore, il ne reste plus que moi [petits rires]. J’ai de la chance, je me connais assez bien et je sais comment il faut que je gère ce genre de truc, mais oui, c’est un deuil à faire et il faut que je fasse avec.
A titre personnel, tu n’as jamais de doutes par rapport à ton implication dans Benighted ?
Si bien sûr, ça m’est arrivé. Mais à chaque fois, c’était parce qu’il y avait eu un « coup dur ». Pour l’instant je tiens. Je suis quelqu’un qui fonctionne beaucoup aux nerfs et je vais toujours de l’avant. Toujours avancer, avancer, avancer. Et pour l’instant, j’ai l’énergie pour ça. J’espère que ça va durer pendant encore des années et des années. Mais oui, à chaque fois qu’il y a un membre fondateur du groupe qui est parti, par exemple, la question se pose toujours. Et, avant que ça arrive, je m’étais toujours dit : « Le jour où Gab part du groupe, on arrêtera purement et simplement. » Et en fait, je m’aperçois que je n’en suis pas capable. Benighted fait partie de moi et je ne veux surtout pas arrêter et je vais continuer de le faire avancer avec le line-up que nous avons maintenant et qui est monstrueux.
Et j’imagine que le fait que ça arrive à cette période où l’album sort, ça aide, car il y a l’excitation de la sortie de l’album, la fierté d’un album que vous avez envie de défendre, etc.
C’est sûr que si c’était arrivé en fin de tournée, genre deux ans après la sortie d’un album, quand tu as fini la promo et ça tombe comme ça et tu n’as pas encore commencé le processus de composition de nouveaux morceaux, peut-être que je l’aurais vécu différemment. C’est bien possible. C’est pour ça que quand je te dis que Gab a vraiment fait les choses comme il faut et en pensant au groupe avant de penser à lui, encore une fois, c’est vraiment une belle preuve d’amitié.
Olivier a été remplacé par Fabien Desgardins alias Fack. Comment s’est fait son recrutement ?
En fait, Fack a déjà fait toute la tournée avec Black Dahlia Murder l’année dernière avec nous à la guitare parce que comme c’était hors période de vacances scolaires, Gab travaillait. Il nous avait aussi déjà donné un coup de main pour d’autres concerts où Gab ne pouvait pas aller. Après, Fack, c’est quelqu’un que nous connaissons depuis 2004/2005 à l’époque où nous jouions au Killer Fest, qui est devenu le Chaulnes Metal Fest, ce sont les premières bringues que nous avons faites ensemble. Fack, c’est un ami de longue date, c’est un excellent musicien, nous savons qu’humainement, c’est une crème, nous ne pouvions pas rêver mieux. Quand Gab nous a annoncé qu’il partait, nous n’avons pas hésité une seconde. Nous nous sommes dit que c’était évident que s’il devait y avoir un successeur à Gab, ce serait Fack.
Est-ce que ça ne sera pas étrange pour lui de défendre un album auquel il n’a pas participé ?
Je pense que c’est arrivé à d’autres musiciens [petits rires]. Après, comme je te dis, il est tellement intégré dans la vie de Benighted depuis un an que l’album, sa composition, il l’a vécu en parallèle. Benighted c’est une grande famille, nous avons toujours des gens qui, même sans jouer dans le groupe, gravitent autour, donnent un coup de main dès que nous avons besoin d’eux, des gens qui font vraiment partie de la famille, et Fack est l’un d’eux, donc c’est juste un changement de poste par rapport à l’implication qu’il avait déjà dans le groupe.
Vous n’êtes que deux du line-up qui a enregistré Carnivore Sublime à avoir enregistré Necrobreed. Malgré tout, il est indéniable qu’on n’a rien perdu de la patte Benighted. Qu’est-ce qui garantit le style Benighted ? C’était Olivier ? C’est toi ?
Ce qu’il faut savoir déjà, c’est qu’Olivier n’était pas le compositeur majoritaire de la musique de Benighted. C’est à dire que jusqu’à présent, nous avons toujours eu la chance d’avoir l’autre guitariste qui était un très bon compositeur et qui pouvait écrire vite. Donc là, le nouvel album a été quasi intégralement composé par notre nouveau guitariste Emmanuel, qui est un monstre de composition, et c’est plus par la façon dont nous structurons les morceaux, dont nous pensons les arrangements et dont nous mettons nos influences les uns et les autres qui donne la patte Benighted. Manu vient d’une école death metal, black metal et grind qui est très affirmée et le nouvel album aurait très bien pu être un album complètement grind. C’est plus dans la façon que nous avons de construire les morceaux ensemble que nous retrouvons ce qui fait notre identité musicale. Donc à chaque fois, il y a la colonne vertébrale de notre musique et en même temps, il y a une petite note de fraicheur et de renouveau dans la musique amenée par les nouveaux membres.
Du coup, ça doit quand même être un peu angoissant quand vous changez de compositeur principal…
Ah oui, c’est un sacré challenge ! [Petits rires] Bien sûr ! Dans la carrière de Benighted, il y a eu plusieurs moments où nos fesses ont fait bravo [rires]. Mais comme je te dis, pour l’instant, nous devons avoir une bonne étoile parce que ça a toujours été pour un mieux. Donc si jamais il y a d’autres changements qui doivent s’opérer, pourvu que ça dure !
Et à l’avenir, en ayant désormais plus que des membres relativement nouveaux, tu n’as pas peur de perdre une partie de la patte de Benighted ?
Très honnêtement, je ne suis pas inquiet du tout. Quand j’ai vu ce que sont capables de mobiliser les « nouveaux » – Manu et Pierre sont déjà dans le groupe depuis trois ans maintenant – et qui colle à l’identité de Benighted, je ne suis vraiment pas du tout inquiet. Au contraire même, juste en arrivant dans le groupe, ils ont été capables de faire des choses très vite et qui sonnent à mort, alors avec plus de bouteille dans le groupe, je pense qu’on peut vraiment arriver à quelque chose d’énorme.
« Nous ne voulions pas ralentir, c’était la base de départ, nous disions : ‘On est bien d’accord, on reste dans un truc brutal, hein ?! Tout le monde a envie de ça, on est d’accord !’ [Rires]. »
Est-ce que tu penses que Fack pourrait devenir un second compositeur pour Benighted ?
Je pense parce qu’il compose beaucoup de choses de son côté avec les autres groupes qu’il a déjà eu ; pas Carnival In Coal parce qu’il ne compose pas dedans mais il a eu plusieurs projets, dont Infected Society… C’est quelqu’un qui joue dans des groupes depuis quinze ou vingt ans, donc il sait composer de la musique et, de ce que j’ai pu voir de leur complicité avec Manu par rapport à la guitare, je pense que nous allons vraiment avoir un renouveau au niveau de la composition avec ce qu’ils vont être capables de nous pondre ensemble en tant que guitaristes.
Tu as évoqué le fait qu’Emmanuel avait intégralement composé l’album mais qu’en général vous construisez l’album ensemble. Du coup, pour Necrobreed, comment ça s’est passé ?
Manu a apporté toutes les bases de structure de morceaux, si tu veux, que nous avons remodelées tous ensemble. Nous avons toujours été un groupe de répète jusqu’à Carnivore Sublime, et là pour la première fois, comme nous sommes tous éloignés les uns des autres géographiquement, nous avons été obligé de beaucoup composer avec l’outil internet. Donc nous nous envoyions les morceaux et ainsi de suite, et comme ça, tout le monde a pu donner ses idées. Manu, fort heureusement est quelqu’un qui sait tout composer, c’est à dire qu’il est capable de t’envoyer un morceau avec la basse, la batterie programmée… Il est incroyable ! [Petits rires] Donc après, nous avions juste à dire : « Là c’est un petit peu mou, là on mettrait plutôt ça, ça il faut que ça revienne, ceci pourrait servir de refrain, là on se fait chier, il faut virer une partie… » Chacun donnait ses idées pour tout ce qui était arrangement, break et structure de morceaux, et c’est comme ça que nous sommes arrivés aux morceaux du nouvel album.
Il y a un vrai côté rouleau compresseur dans cet album, il ne laisse aucun répit, les morceaux ne ralentissent presque jamais, les blasts sont vraiment fulgurants… y avait-il une vraie volonté de faire un album plus intense encore ?
C’est difficile d’être objectif sur l’intensité d’un album. Ce qui est sûr, c’est que de toute façon, nous ne voulions pas ralentir, c’était la base de départ, nous disions : « On est bien d’accord, on reste dans un truc brutal, hein ?! Tout le monde a envie de ça, on est d’accord ! » [Rires]. Et la montée en intensité des morceaux est surtout due, je pense, aussi au fait que le line-up a beaucoup changé, il y avait aussi beaucoup de rage et de renouveau à exprimer, donc c’est un album effectivement très intense tout du long. Moi, personnellement, je trouve que c’est le plus brutal de notre carrière, mais il y a des gens en l’écoutant qui m’ont dit qu’ils le trouvaient vachement plus accessible, je me suis dit: « Bon, bah, c’est possible… enfin, chacun voit midi à sa porte. » [Petits rires] Ce qui est sûr, c’est que celui-là, nous l’avons vraiment écrit en vue de dégager quelque chose de glauque, de plus malsain que dans les anciens albums où tu avais des parties, on va dire, un petit peu plus « joyeuses » – enfin, je pèse mes mots [petits rires] -, un peu plus positives. Là nous voulions vraiment que l’album résonne comme un film d’horreur, avec vraiment des parties lourdes, glauques, qui mettent mal à l’aise, vraiment un côté dérangeant qui souligne la maladie mentale du personnage de l’album.
Justement, on y vient, les paroles traitent d’un homme qui se coud des animaux morts sur son abdomen afin de leur « donner naissance » et construire sa propre famille morbide. Est-ce que tu peux nous en dire plus sur cette histoire ?
En fait, c’est un schizophrène, c’est un homme qui vit tout seul, qui a décompensé de sa schizophrénie quand il avait dix-huit/vingt ans et qui a une fascination morbide pour les animaux parce qu’ils représentent quelque chose de rassurant pour lui. Dans un morceau où j’explique le traumatisme qu’il a subi, il a été enlevé pendant deux heures à la sortie de l’école et la personne qui l’a enlevé l’a reposé au même endroit où il l’a pris, et il ne se rappelle de rien du tout de ce qui s’est passé. Tout ce dont il se rappelle, la seule image rassurante que sa tête a gardé de ce qui lui est arrivé dans le champ, trois où quatre kilomètres plus loin, c’est l’image d’un chat mort sur le bord de la route qu’il fixait pour oublier ce qu’on était en train de lui faire. Et la thématique délirante quand il tombe malade a ce côté : « Je me rassure en me construisant une famille qui n’est pas menaçante, que je maîtrise du début à la fin, que je peux poser où je veux dans la maison, que je retrouverai en rentrant le soir, » et ainsi de suite. Le concept tourne autour de ça, sauf qu’évidemment, il se rend compte qu’il n’est pas comme eux, donc il veut leur ressembler, il commence à se coudre des morceaux d’animaux lui aussi un peu partout sur le corps… Tu vois un peu le tableau [petits rires]. Et puis ça va de mal en pis parce que comme tous les délires, ça ne compense jamais vraiment la peur qu’il y a au fond, donc il est obligé d’aller toujours plus loin dans ses rituels, dans ses pratiques pour leur ressembler, donc arrive ce qui arrive dans l’album et il faut lire les paroles pour savoir.
Au-delà du côté horrifique et morbide, est-ce qu’il y a une idée particulière que tu as cherché à faire passer ?
Oui. En fait, tous les albums, quasiment, il y a une espèce de message social. Là, d’où c’est parti, au-delà de ce que je vois à mon boulot, c’est vraiment cette espèce de côté aseptisé des relations qu’on peut avoir maintenant, et c’est venu du fait que je me rend compte qu’il y a plein de gens, quand tu les as en face de toi à discuter, ils n’ont rien à dire, c’est à dire qu’ils sont incapables d’avoir une discussion avec une personne physique en face d’eux et ils ont cette habitude de tout gérer de chez eux devant leur ordinateur, d’avoir des amis sur internet, de se gonfler le narcisse à coup de likes, quand il y a quelqu’un qui les énerve, ils l’enlèvent de leurs « amis », etc. Et ce que j’essaie aussi de faire transpirer au travers de cette histoire, c’est qu’on est en train d’oublier un petit peu l’existence de l’autre pour se concentrer sur un truc qui nous rassure nous et derrière lequel on ne prend pas de risque, à savoir l’ordinateur.
Dans ton travail, tu en rencontres des cas comparables au personnage de cet album ?
Ah bien sûr ! Cette histoire est en fait partie d’un patient à moi qui n’est pas identifié, si tu veux, qui est schizophrène et qui ne sait pas s’il est un homme, une femme… Quand il va pisser, pour peu que ce soit un petit peu rouge parce qu’il a une infection urinaire, il pense qu’il a ses règles, il a mal au ventre, il est enceinte, il a des perceptions délirantes au niveau de son corps. C’est vraiment de lui qu’est partie l’idée du concept de l’album.
Mais ça peut être aussi extrême que ça ?
Enfin, « aussi extrême », il ne s’envoie pas des coups de couteau dans le ventre ! Quoi que ça peut arriver, mais pas lui [petits rires]. Mais les perceptions délirantes que les schizophrènes ont peuvent aller aussi loin, bien sûr.
« Il y a plein de gens, quand tu les as en face de toi à discuter, ils n’ont rien à dire, c’est à dire qu’ils sont incapables d’avoir une discussion avec une personne physique en face d’eux et ils ont cette habitude de tout gérer de chez eux devant leur ordinateur, d’avoir des amis sur internet, de se gonfler le narcisse à coup de likes. »
Les paroles de Benighted ont toujours été intimement liées à ton métier, les maladies psychiatriques, etc. A quel point penses-tu que Benighted serait différent si tu avais un autre métier ?
C’est une très bonne question. Je pense qu’effectivement ce serait très différent parce que, du coup, ça forme un ensemble très cohérent, la musique de Benighted avec son concept, c’est quelque chose qui marche parce que tout va ensemble. Mais ouais, si ça avait été une autre thématique, je t’avoue qu’il aurait fallu un métier qui m’inspire ça ou, en tout cas, des expériences personnelles qui m’inspirent ça. Ce que j’aime en tout cas avec mon groupe, c’est que ça me permet de parler de la maladie mentale en évitant un maximum tous les clichés que les gens en ont et qu’on voit dans les paroles d’autres groupes, à la télé, dans les films, etc., essayer d’en parler justement de façon un petit peu réaliste. Après, si je devais aborder d’autres sujets, je pense que je pourrais très facilement tomber dans les banalités [petits rires] et me ranger derrière tous les groupes de death metal qui parlent de blood, war, kill, torture, etc., ce genre de thème sans qu’il y ait un vrai concept derrière.
C’est important pour toi de faire tomber les clichés par rapport à cette thématique ?
Ah oui, complètement. Parce qu’à chaque fois que j’entends des choses médiatisées par rapport aux malades psychiatriques, c’est toujours dans un truc de catastrophe, de dangerosité, etc. alors qu’en fait, les gens qui souffrent de schizophrénie, ils sont avant tout dangereux pour eux-mêmes, avant d’être des serial killers en puissance. S’il y a un message par rapport à la maladie mentale que j’essaie de faire passer dans Benighted, c’est ça. Et malgré toutes les histoires dégueulasses que je raconte dans Benighted, si on fait le tour des albums, il n’y a pas une seule fois où le malade a tué quelqu’un. C’est toujours dans des perceptions délirantes, dans des délires paranoïdes, et c’est toujours à lui qu’il finit par faire du mal. Donc s’il devait y avoir un message par rapport à la psychiatrie, c’est ça, les gens qui souffrent de ce genre de maladie sont avant tout dangereux pour eux-mêmes et c’est pour ça qu’ils ont, à mon sens, besoin d’aide.
Tu l’évoquais tout à l’heure, c’est vrai qu’il y a un côté très cinématographique dans cette histoire – la psychologie est d’ailleurs très présente dans le cinéma d’horreur – mais aussi dans la musique, avec des bruitages et parties flippantes – on entend par exemple un couinement de chien à un moment donné. Est-ce que tu peux nous parler de cette inspiration du cinéma d’horreur ?
Avec cet album, nous avons vraiment essayé de faire l’équivalent d’un film d’horreur pour les oreilles. Il y a des parties où ça ralentit, où les riffs sont très glauques, où tu entends juste mon souffle ou des espèces de couinements derrière, les couinements du chien par exemple, ce sont des choses qui résonnent encore dans sa tête, parce que le chien qu’il a trouvé sur la route était mort, mais le fait de ne pas savoir s’il lui a fait du mal ou pas, c’est quelque chose qui se retraduit à travers d’hallucinations auditives. Tous les scéna… J’allais dire « tous les scénarios » [petits rires], tu vois, c’est un beau lapsus, car en fait, j’écris vraiment les concepts des albums comme des scénarios de films, avec une genèse de la maladie, les traumas qu’il y a eu quand le personnage était gamin, comment il grandit, comment il développe les symptômes, comment s’aggrave la malade et comment ça se termine. J’adorerais pouvoir faire un film de ça si j’en avais les moyens ! Mais oui, en tout cas, quand j’écris des trucs, c’est pensé dans ma tête avec des images précises et c’est vraiment comme un film.
Tu n’as justement jamais essayé de faire des démarches pour être scénariste pour un film, par exemple ?
Non, jamais. J’ai déjà quasi le temps de rien faire à côté [rires], entre mon boulot, Benighted et ma vie de famille, donc si je me mets à démarcher des trucs… Je pourrais essayer mais je n’ai pas les contacts pour ça et ça me demanderait beaucoup de recherche. Si un jour ça se présente, ça pourrait être rigolo mais pour l’instant, je n’ai absolument pas le temps.
Après, il y a une chose qui se fait pas mal, c’est développer l’histoire via des clips vidéos, comme une trilogie de vidéos qui racontent l’histoire…
Ca, nous pourrions. Tu vois, là, nous allons surement enregistrer un deuxième clip courant 2017, donc il faut que nous voyions comment le mettre en lien avec le premier pour que ce soit vraiment un autre épisode de l’histoire.
Au niveau films d’horreur, quelles sont tes préférences ?
Je suis très vieux film d’horreur des années 80 ! Même les trucs mal faits ! [Rires] J’ai vu un paquet de bouses, je peux regarder des trucs complètement nuls comme Stitches, je ne sais pas si tu l’as vu, c’est un film avec un clown mort-vivant, c’est débile mais moi ça me fait rire [petits rires]. Mais voilà, tous les vieux Exorciste, les Massacre A La Tronçonneuse, les Vendredi 13, tous les vieux films d’horreur avec des serial killers qui ressuscitent à chaque fois, ce sont des trucs qui m’ont toujours plu. J’aime beaucoup tout ce qui est très vieux films d’horreur.
J’ai l’impression que les gens ont une nostalgie pour ces vieux films, voire une tendresse. Qu’est-ce que ces films ont de plus que les films d’horreur d’aujourd’hui ?
Je pense qu’ils misaient justement beaucoup plus sur les ambiances, sur la musique, que sur les effets spéciaux, le gore ou les choses qui te sautent au visage tout le temps. Ce sont des films qui s’autorisaient des longueurs pour arriver aux scènes choc, alors que maintenant, les films d’horreur actuels, j’ai l’impression que si tu n’es pas scotché dans ton canapé du début à la fin, tu décroches ou tu te fais chier, parce qu’on les consomme les films maintenant, on ne prend plus le temps de les apprécier, les revoir, etc. On les consomme et on attend ceux de l’année d’après. C’est le ressenti que j’ai en tout cas. Un vieux film, tu le revois avec plaisir. les films d’aujourd’hui, il y en a qui sont très bien faits, mais c’est tellement plus présenté comme des produits de consommation maintenant, qui sortent au cinoche en janvier, que tu peux trouver en DVD en mars et tu as le numéro deux six mois après. C’est peut-être pour ça aussi que ça a perdu son charme ; il y en a beaucoup, beaucoup plus.
La fin de « Mass Grave » a un côté très cathartique et en même temps très dérangeant par la prestation vocale, avec ce long hurlement d’agonie. Est-ce que tu peux nous en parler ? Ça m’a d’ailleurs fait penser à quelque chose que Niklas Kvarforth aurait pu faire…
Je suis bien d’accord ! « Mass Grave », c’est le morceau qui termine l’album et l’histoire. C’est vraiment le morceau final où le personnage a rassemblé tous ses enfants animaux dans la même pièce que lui et où il est assis sur une chaise et il met le feu progressivement à tout le monde autour de lui, jusqu’à ce que je feu l’atteigne lui. Donc la partie finale, si ça devait être représenté par un tableau, par exemple, ça serait lui avec un fusil entre les jambes, avec le feu autour de lui, en attendant que… pas lui mais que ses mains trouvent la force d’appuyer sur la gâchette, le temps que les flammes arrivent. Donc les hurlements que tu entends et tout, ce truc un peu apocalyptique de fin, c’est sa mort.
« Malgré toutes les histoires dégueulasses que je raconte dans Benighted, si on fait le tour des albums, il n’y a pas une seule fois où le malade a tué quelqu’un. […] Donc s’il devait y avoir un message par rapport à la psychiatrie, c’est que les gens qui souffrent de ce genre de maladie sont avant tout dangereux pour eux-mêmes et c’est pour ça qu’ils ont, à mon sens, besoin d’aide. »
T’es-tu mis dans des conditions spéciales pour faire cette vocalise à la fin ? Je me souviens la dernière fois tu nous avais expliqué comment Kvarforth s’étranglait avec sa ceinture pour se mettre en condition… Est-ce que tu t’es inspiré de lui ?
Ah non [rires]. Moi, mis à part les cordes vocales, je ne me suis fait mal nulle part [rires]. Disons que pour cette partie, comme ça devait être une partie très intense, j’ai essayé de me mettre dans un état d’esprit très dans la détresse, en essayant d’imaginer les choses les plus… Enfin, beaucoup de souffrance, j’ai laissé sortir beaucoup de choses, parce qu’en plus, la période de l’enregistrement, c’était une période pas facile parce que nous avions perdu un ami très proche, etc. Donc ça n’a pas été très difficile de se mettre dans un état d’esprit mélancolique et en pleine détresse. Donc ouais, quand je suis sorti de la prise de voix – j’en ai fait qu’une -, je devais être rouge, j’avais les yeux rouges d’avoir hurlé comme un… Et puis voilà, il m’a fallu un bon quart d’heure pour me remettre de ce qui venait de se passer [petits rires].
On parlait du côté cinématographique, et je trouve que les growls et autres cris sont particulièrement expressifs. Est-ce que tu as essayé de faire un effort particulier pour cet album, un peu comme un jeu d’acteur ?
Pas plus que pour les autres, en fait ! Je n’ai pas l’impression d’avoir fourni un plus gros travail que pour les autres albums. J’essaie toujours d’amener de nouvelles voix d’un album à l’autre, même si ce sont des voix que je n’utiliserai que pour cet album et que j’oublierai après et que je ne m’en servirai plus jamais. J’ai mes voix de base, ma grosse voix death, mon growl, j’ai le pig squeal, j’ai les voix black metal aigues et cette espèce de voix intermédiaire que j’utilise où je gueule de façon un peu plus hardcore/thrash. Après, j’ai essayé de faire des trucs vraiment plus dégueulasses, avec des voix death qui vomissent, des voix black très grinçantes qui peuvent presque se rapprocher des trucs black metal scandinave, genre [fait une voix] qui accroche, pour rajouter du glauque. J’ai essayé de rentrer plus dans l’esprit du concept et accentuer les parties glauques avec des nouveaux types de voix que je n’avais jamais fait.
Vous avez une nouvelle fois des invités dans l’album : Asphodel, Trevor Strnad et Arno. Est-ce que tu peux nous en parler ainsi que des choix de chansons pour ces invités ?
Asphodel, nous voulions une intro qui fasse film d’horreur. Donc la maman des films d’horreur des années 80 qui appelle les enfants à manger pendant qu’ils jouent dehors, sur le pas de la porte dans ces belles maisons américaines, c’est vraiment ça que nous avions en tête pour l’intro. Et la petite comptine « hush little baby », pour rassurer l’enfant ; je ne sais même plus dans quel film j’avais entendu ça mais j’adore cette comptine, et du coup, je m’étais dit qu’il faut absolument que nous trouvions quelqu’un pour la faire, et Asphodel sait absolument tout faire, c’est une chanteuse incroyable, donc nous n’avons pas longtemps hésité, je lui ai demandé directement et elle m’a dit « oui, bien sûr, je te fais ça Juju ! Pas de problème ! » [Petits rires] Et du coup, le rendu est super glauque et ça pose vraiment l’ambiance que nous voulions pour l’album. Nous étions enchantés de ce qu’elle nous a fait ! Après, par rapport à Trevors, c’est juste que le morceau s’y prêtait vachement. C’est à dire que le refrain, j’avais essayé de le faire en voix black, et ayant tourné pendant un mois avec Black Dahlia Murder, en le chantant, j’entendais la voix de Trevors. Je me disais que ces parties-là étaient faites pour lui. Donc je lui ai envoyé un message en lui disant : « Est-ce que tu serais ok pour chanter avec nous ? On serait super honoré de t’avoir sur l’album ! » Il m’a répondu : « Ah mais oui, bien sûr! Je veux faire ça ! Avec plaisir ! » Du coup, il a contacté Brian [Eschbach], son guitariste, qui a un studio aux US pour aller enregistrer, et puis il m’a dit : « Ouais, je voulais acheter un nouveau micro voix, je vais aller l’acheter tout de suite, comme ça on est sûr que ça tuera ! » [Petits rires] Du coup, il m’a envoyé les parties de voix quatre ou cinq jours après et ça tuait ! Je suis fan de ce qu’il a fait ! C’est monstrueux, j’adore sa voix à ce mec-là ! Et puis notre frangin Arno… Arno, en fait, ce qui est rigolo, c’est que quand nous choisissons des guests, c’est vraiment par rapport au morceau. C’est à dire que nous ne nous disons pas : « Lui, il faut qu’on le prenne et maintenant, sur quel morceau on va pourquoi le coller ? » C’est vraiment au moment où nous écrivons le morceau, nous faisons : « Oh putain ! Là, il faut ce type de voix, lui ce serait génial ! » Et Arno, nous avions déjà pensé à lui pour l’album Asylum Cave, à l’époque, et puis finalement, il n’y avait pas de morceau qui collait vraiment. Et là, quand nous avons fait « Cum With Disgust », c’est apparu comme une évidence. Nous avons fait : « Mais oui, c’est pour celui-là qu’il nous faut sa grosse voix au père Arno ! » Il nous a envoyé le truc, nous étions comme des gamins quand nous avons reçu ses voix ! Il a un coffre tellement particulier, il a une voix tellement rugissante ce mec… Le morceau est d’une brutalité monstrueuse grâce à lui !
Asphodel est une proche du groupe et elle était déjà apparue sur l’intro du morceau « Fritzl ». Là elle fait l’intro de l’album. Pourquoi ne faire appel à elle que pour de courtes interventions ? Etant donné ses capacités, sa palette vocale, n’avez-vous pas été intéressés pour collaborer sur toute une chanson ?
Ah mais c’est une excellente question ! C’est évident que ça se fera un jour. Comme je te dis, ça dépend vraiment du morceau. Là, si un morceau m’était apparu en me disant « oh putain, là il faut Asphodel ! » ce serait déjà fait, mais c’est évident que c’est quelque chose qui serait complètement réalisable avec elle. En plus, elle sait tout faire ! C’est une chanteuse incroyable, elle sait faire n’importe quel registre. Donc même si j’avais besoin de growl féminin, elle serait capable de me le faire [petits rires].
Qu’est-ce qu’il faudrait pour avoir une voix féminine dans votre musique ? Car on se souvient de Napalm Death qui avait invité Anneke Van Giersbergen, mais de but en blanc, ce n’est pas quelque chose d’évident sur ce genre de musique…
Oui, c’est vrai. C’est une histoire de trip, après. C’est ce qui te vient quand tu composes. Là, pour l’instant, ça ne m’a jamais frappé vraiment, mais si je me penchais sur la question dans les titres à venir et qu’il y avait quelque chose où je me dis « oh putain, là ce serait juste parfait, » on le fera, c’est clair.
Les featuring sont devenus récurrents avec Benighted. Est-ce que c’est votre état d’esprit qui veut que tout ça n’est qu’une grande famille ?
Oui, c’est exactement ça. Déjà, moi j’essaie d’avoir une palette de voix la plus variée possible, après, les gens que nous choisissons, ce sont soit des amis, des gens qui font partie de notre famille, soit des chanteurs que nous admirons, qui nous ont influencés, qui ont amené quelque chose à la vie du groupe. Et oui, c’est vraiment dans un esprit familial, nous sellons un peu l’amitié qu’il peut y avoir entre les groupes ; c’est complètement dans cet état d’esprit que nous le faisons.
Sur l’édition limitée de l’album, il y a deux reprises, une de Sepultura et une de Marduk. Sur l’album précédent, vous aviez repris du Rammstein. Est-ce que vous voyez ça comme une sorte de challenge et une façon de sortir de votre zone de confort ?
Oui. A chaque fois c’est un défi [petits rires]. Les reprises, c’est tellement casse gueule ! Rammstein, à l’époque, c’était un très gros risque parce que je pense que tu peux te faire anéantir si les gens disent : « Mon dieu, c’est le côté commercial de Rammstein qu’ils visaient ! » Alors que nous, nous étions là : « Imaginons que c’est nous qui avons écrit ce morceau, comment on le fait pour que ça sonne death metal ? » Là, pour les nouveaux choix de morceaux pour l’édition limitée, Sepultura, c’est une évidence parce que nous avons tous été beaucoup influencés par Sepultura depuis que nous sommes au collège, et pour Marduk, nous nous sommes dit que le black metal fait partie de nos influences et nous n’avons jamais repris de morceau black metal. Donc nous avons épilogué un peu sur les groupes que nous aimions tous et qui avaient impacté d’une façon ou d’une autre la culture des différents membres du groupe, et Marduk est revenu chez tout le monde, du coup nous nous sommes dits : « Allez, on se lance sur Marduk ! » Ils ne seront peut-être pas bien contents que nous mettions du pig squeal dessus ou des trucs comme ça si ça leur tombe entre les oreilles [rires], mais en tout cas, nous essayons de transformer ce morceau en grosse pièce de brutalité un peu à notre sauce, et avec mes différents types de voix pour amener quelque chose de différent.
« Je ne sais pas qui s’amusait à nous dénoncer régulièrement par rapport au téton sur la pochette [de Carnivore Sublime] et ainsi de suite, mais si c’était pour nous faire du mal… Mis à part nous faire enlever la page Facebook, ça a surtout servit a beaucoup faire circuler le nom du groupe [rires], donc c’était un mal pour un bien. »
La pochette contient un hommage à Mika Bleu, un proche du groupe qui est décédé il y a peu. Peux-tu nous parler de ce qu’il représentait pour vous ?
Mika, nous l’avons rencontré en 2011 quand nous avons signé avec Season Of Mist. Nous avons fait connaissance comme ça, en rencontrant l’équipe du label, nous avons fait une ou deux bringues et c’est devenu très rapidement un de nos meilleurs amis ainsi que quelqu’un de super investi au niveau personnel et au niveau du groupe. Il était sans arrêt en train de nous donner des conseils, de nous filer des coups de main par rapport à Benighted, etc. C’était quelqu’un qui admirait beaucoup le groupe et qui était très investi dans la réussite du groupe. Et puis Mika Bleu, c’est un personnage fantastique du paysage metal français et au-delà, parce qu’il est connu dans tous les pays. Et ce qui lui est arrivé était tragique et nous ne pouvions que lui rendre hommage parce que c’est vraiment le genre de passionnés que j’admire, qui sont capables de se lancer dans des trucs incroyables juste au nom de leur passion pour la musique, ce qui est quelque chose que je respecte beaucoup. Et puis c’était avant tout un ami, donc c’était plus que normal de pouvoir lui rendre hommage de toutes les façons possibles et imaginables au travers de notre musique et notre groupe qu’il soutenait et qu’il aimait beaucoup. En fait, nous voulions mettre un logo « Crevez Tous » dans l’album, et c’est Gary Ronaldson, celui qui nous a fait la pochette et avec qui nous nous entendons très bien, qui m’a dit : « Tu ne voudrais pas que j’essaie de l’intégrer à la pochette ? » Et je lui ai dit : « Eh bien, écoute, si tu trouves un coin pour le mettre, c’est juste génial. » Il m’a dit : « Je peux à la fois le mettre de façon très discrète et qu’on voit très bien ce que c’est. » Du coup, il l’a mis sur le poignet, il m’a envoyé la pochette, et c’est sûr que ça a été beaucoup d’émotion quand nous avons reçu la pochette, mais c’est juste parfait ! Il n’aurait pas pu faire mieux.
Apparemment, sur la version limitée de l’album, il y a douze versions alternatives de l’artwork, qui progressent du plus soft au plus extrême. L’idée de cette progression était-elle de montrer la dégradation et la descente aux enfers que vit le personnage ?
Exactement, c’est ça ! L’animalisation progressive du personnage au travers de la maladie et la dégénérescence de l’homme au profit de sa maladie.
La pochette de l’album est la plus soft de ces versions. Est-ce qu’inconsciemment, le choix de cette pochette a été conditionné par l’expérience d’il y a trois ans avec la censure de la pochette de Carnivore Sublime ?
Ah non, pas du tout. C’est juste que nous voulions une pochette dans les tons clairs et plutôt sobre. Nous ne voulions pas du gore. Nous voulions quelque chose de sobre et de symbolique. Le point de départ de la pochette est ce qui collait le mieux, de toute façon, à la représentation de l’album, à mon sens.
Il y a trois ans, votre page Facebook officielle avait été fermée pour cause de censure, vous faisant perdre tout le réseau que vous aviez développé dessus. Au final, vous avez rapidement réussi à le reconstituer. Néanmoins, cet évènement a-t-il eu des répercussions, d’une manière ou d’une autre sur votre audience ?
Le fait est que le nom du groupe a vachement circulé grâce à ça ! Je ne sais pas qui s’amusait à nous dénoncer régulièrement par rapport au téton sur la pochette et ainsi de suite, mais si c’était pour nous faire du mal… Mis à part nous faire enlever la page Facebook, ça a surtout servi à beaucoup faire circuler le nom du groupe [rires], donc c’était un mal pour un bien. Nous étions quand même dégoutés parce qu’il y avait quand même pas mal de personnes qui nous suivaient, mais ça a déclenché un super élan auprès de tous nos groupes de potes, tous les groupes français, nos potes d’Aborted, Dew-Scented, Shining, etc. Tous les groupes avec lesquels nous nous entendions bien ont envoyé des messages partout en disant « nos potes de Benighted se sont fait détruire leur page, ce n’est pas normal ! Allez liker leur nouvelle page ! » Ca a créé tout un élan de solidarité entre groupes qui faisait super chaud au cœur. Donc oui, effectivement, il ne faut pas montrer de téton, c’est interdit ! [Rires]
Tu penses que c’est une personne en particulier qui en avait après le groupe ?
Ecoute, notre page a été effacée le jour de la sortie de l’album ! Il faut être quand même sacrément balèze ! J’aurais voulu le faire moi-même, je n’aurais pas réussi ! [Rires] Ce n’est pas compliqué, notre page été supprimée, le 14 février 2014, le jour de la Saint Valentin et de la sortie de Carnivore Sublime, hop, plus de Facebook !
Vous n’avez pas essayé de contacter Facebook pour contester la décision ?
Si, bien sûr, mais il n’y a rien de mieux à faire ! Car nous avions reçu des avertissements avant, car le problème, c’est qu’à chaque fois que quelqu’un postait une chronique, ils considéraient que c’était sur notre page, parce qu’on voyait la pochette. Donc nous avions beau leur dire : « Regardez, les photos qu’on poste, on a caché le sein ! » Bon, à un moment, nous avons mis la tête de Mickey, je ne suis pas sûr qu’ils aient vraiment aimé l’assimilation Disneyland et le sein d’une femme [rires]. Enfin bon, toujours est-il que ouais, nous avons eu des avertissements avant et ça a dû être le coup de trop et voilà, ils ont supprimé la page.
Et vous n’avez pas rencontré de nouveaux problèmes après ?
Non jamais. Ecoute, nous allons montrer des bites et on va voir ce que ça fait [rires].
Vous avez sorti votre premier CD et DVD live il y a trois ans. C’est un concert au Sylak Open Air qui a été immortalisé. Etait-ce important que votre premier témoignage live soit issu d’un concert en France, qui plus est dans la région qui a vu naître le groupe ?
Oui, complètement. Nous nous posions la question depuis plusieurs mois : « On a eu quinze ans, on n’a rien fait, on n’a même pas proposé de truc un peu anniversaire, organisé un concert, au moins quelque chose… » Nous avions fait nos dix ans à Saint Etienne, c’était génial, et là nous nous disions que nous n’avions rien fait. Et en fait, nous nous posions la question d’un live et quand nous avons su que nous étions bookés au Sylak, nous nous sommes dit que si nous devions faire un live un jour dans la carrière de Benighted, c’est là, c’est à la maison, avec les programmateurs du Sylak qui sont des amis de longue date qui ont toujours poussé Benighted depuis le début des années 2000. Donc nous avons dit que si nous devions faire un objet mémoire par rapport à une prestation live de Benighted, c’est avec eux, nous ne pouvions pas le faire ailleurs. Du coup, ça s’est organisé très vite et très facilement. Et nous sommes super contents du résultat avec ce bel objet collector, avec CD et DVD. Nous en sommes super fiers parce que le son est très, très bon dessus et la qualité de l’image est géniale aussi. Donc nous étions ravis d’avoir pu faire ça pour nous et pour le Sylak.
Et quelque part, c’était aussi un peu, sans que vous le sachiez, un au-revoir pour Kevin…
Du coup, oui, en anticipé [petits rires]. Mais c’est bien du coup, parce que nous avions aussi notre ancien bassiste qui est monté sur scène avec nous pour faire un morceau. C’est que ça a permis de sceller beaucoup de choses et de faire les choses correctement, de dire au revoir correctement et ainsi de suite.
Interview réalisée par téléphone les 26 janvier et 1er février 2017 par Nicolas Gricourt.
Fiche ce questions : Nicolas Gricourt & Philippe Sliwa.
Retranscription : Nicolas Gricourt.
Photos promo : Morgane Khouni.
Page Facebook officielle de Benighted : www.facebook.com/brutalbenighted
Acheter l’album Necrobreed.