Pour sa troisième édition, le Black Arts Ceremony a fait fort : son mélange de pontes de la scène nationale, de groupes plus confidentiels et d’une remarquable double tête d’affiche finlandaise aura convaincu plus de 350 metalleux de sacrifier un beau samedi ensoleillé d’octobre pour venir s’enfermer au CCO de Villeurbanne. C’est aux Lyonnais de Dux qu’a été confiée la tâche pas toujours évidente d’essuyer les plâtres. Leur black ponctué de solo thrashisants et leur belle énergie assez rock’n’roll donnent le sourire aux premiers festivaliers, et à la fin de leur set, la salle est plutôt pleine pour un samedi après-midi (le fest a démarré à 15H30) !
Deathrow enchaîne pied au plancher. Les Italiens, emmené par Thorns, leur batteur au CV bien fourni (Frostmoon Eclipse, Enthroned, Glorior Belli, Kult présent aussi au festival et bien d’autres…), envoient un black metal direct, très (trop ?) traditionnel mais néanmoins efficace, malgré quelques ruptures de rythme dans leur set.
Evenement : Black Arts Ceremony III
Date : 4 octobre 2014
Salle : CCO
Ville : Villeurbanne
Avec un peu de retard apparemment dû à des négociations entre le groupe et les organisateurs, Malkhebre monte sur une scène redécorée pour l’occasion de banderoles à message (« Fuck humanism » / « Satanic resistance »). Manifestement remonté de ne pas avoir pu allumer des bougies sur scène, le chanteur ponctue le set de diatribes plus ou moins articulées. La musique passe au second plan. S’il semble trouver du soutien dans les premiers rangs, dans la salle, on échange regards levés au ciel et sourires narquois. « Le black metal n’est pas une musique de chambre pour adolescents » ? Pas sûr que ce groupe soit le meilleur moyen de s’en convaincre…
L’ambiance monte d’un cran avec Kult, qui marque le retour sur scène d’une partie de Deathrow. Leur trve black très accrocheur fédère la foule, la manière dont le groupe interagit avec le public aussi, et on voit les premiers circle pit de la journée. Les Italiens quittent la scène après quarante minutes sans temps morts. Une belle découverte.
Les Français de Temple Of Baal (le premier groupe sans corpse-paint de la journée !) continuent sur la lancée avec une performance énergique bien au-dessus de celle qu’ils avaient livrée en première partie de Watain en novembre dernier. Des éléments résolument death et de nombreux solos apportent un peu de variété fort bienvenue après quatre sets très black. Le groupe profite de l’occasion pour jouer une chanson de leur album à venir, Wings Of Azazel.
Changement d’ambiance radical avec les Anglais de Fen, qui font un peu figure d’intrus dans une programmation faisant la part belle à un black metal sombre et agressif. Leur black atmosphérique aux longues plages progressives, s’il fait fuir une partie des festivaliers, apporte une bouffée d’air frais et créé une belle atmosphère poignante et élégiaque malgré un chant clair pas toujours au point.
Lorsque Horna monte sur scène, le CCO est bien plein. En effet, si Fen était le calme, on peut désormais s’attendre à la tempête avec les deux têtes d’affiches qui, en plus de partager la même ville d’origine (Tampere en Finlande), ont en commun une partie de leur line-up. Horna ouvre donc le bal avec gravité, Spellgoth, le leader, vêtu d’une robe monastique et le reste du groupe maculé de sang. Au programme : une heure de riffs hypnotiques, de rituels et de pestilence. Le public, manifestement venu en masse applaudir le groupe, est conquis, mais doit se passer du dernier morceau prévu en raison du retard pris au cours de la journée.
C’est à Behexen enfin qu’incombe l’honneur de clore la cérémonie. De l’encens (salutaire après la puanteur d’Horna !) mis à brûler devant un autel et un travail des lumières soigné viennent souligner la performance remarquable du groupe, emmené par un Hoath Torog possédé. Si certains montrent des signes de fatigue, le public exulte, et la soirée s’achève en apothéose après pas moins de huit heures de hurlements et de blast-beat sans répit !
Avec une affiche attractive, une organisation au poil et l’affluence au rendez-vous, cette troisième édition du Black Arts Ceremony semble être un beau succès. À l’année prochaine ?
Photos : Claudia Mollard