Le monde bouge, c’est une évidence, et Black Bomb Ä ne pourra que le confirmer avec son actualité bouillonnante. Nous avions laissé le groupe en janvier alors que la tournée From Chaos se terminait, celle qui soutenait l’album qui avait vu le retour de Djag, chanteur de la première formation du combo viroflaysien. From Chaos, l’album, une réussite, nous ne pouvions donc que piaffer d’impatience en attendant de découvrir le prochain opus de cette formation à nouveau réunie.
Sauf que tout a changé. Exit Djag, bienvenue à Shauny Davidson, l’Écossais. De même, Étienne, le bassiste, est remplacé (uniquement pour cette tournée ?) par Jacou – bien connu des fans d’Ultra Vomit (et c’est peu dire qu’ils sont nombreux). Au moins, voilà un groupe qui ne pourra pas être accusé de s’endormir sur la routine.
La question reste évidemment de savoir comment Black Bomb Ä va intégrer ces deux changements majeurs. Ne reculant devant aucun sacrifice, c’est en direct, live, au péril de nos âmes face à tant de dépravation, que nous avons essayé d’obtenir quelques réponses lors de la date parisienne de la tournée automnale que le groupe donne pour soutenir son imminent nouvel album, Enemies Of The State, prévu pour février 2012. Mais avant cela, goûtons l’humour de nos cousins d’Outre-Atlantique qui retourneront chez eux avec un préjugé corrigé : à savoir que le public parisien était con !
Artistes : Black Bomb Ä – Loco Muerte – Mashamba
Date : 2 novembre 2011
Lieu : Paris
Salle : Divan du Monde
Après une attente au son de classiques tels que « Blackened » de Metallica ou « Cowboys From Hell » de Pantera, la soirée commence avec l’arrivée sans tambours ni trompettes de Mashamba, groupe québécois de hardcore mâtiné de punk, possédant à son actif un unique album, Phénomène de Foire, datant de 2007. Leur musique assez brute, peu originale à première vue, nous fait tout de même tendre l’oreille car certains titres sont plutôt intéressants (« Amer », par exemple).
Le public encore peu fourni écoute calmement, sans pogos ni autres circle pit. Sur scène, Fredou, au chant, mène un peu seul la barque, plutôt bien car l’homme est assez charismatique. Francki, le guitariste, et Luke, le bassiste restent plus en retrait. Heureusement, Mat, derrière ses fûts, est plus expansif se permettant même d’interrompre Fredou pour lui emprunter son décapsuleur. Ceci permettra au chanteur de montrer un peu de cet humour de là-bas, en expliquant que chez eux, les décapsuleurs ne sont pas utiles car les bouteilles se « twistent », et de s’embrouiller dans les différents termes, dévisser, twister, décapsuler. Chambreur, il se permettra même les propos suivants, repris ici en substance : « Public parisien, je vous croyais con mais vous êtes formidables. Je vais rentrer chez moi avec un préjugé corrigé ». Le tout avec cet accent québécois qui donne une touche indéniablement sympathique à l’ensemble. Le public saluera à juste titre le groupe qui en quarante minutes aura fait le job : préchauffer la salle et susciter l’intérêt.
La soirée nous fait voyager car, après le Canada, ce sont les ambiances latinos qui débarquent avec Loco Muerte dont le set démarre à vingt heures quinze alors que le batteur, un peu stressé, finit à peine de visser ses cymbales. Côté musique, Loco Muerte, c’est du hardcore dans l’esprit de Suicidal Tendencies et les bandanas que portent le guitariste, Richard Lapeño, et Nico Loco, le bassiste, attestent cette référence. Toutefois, le groupe a une identité différente du combo pré-cité avec la voix éraillée, presque malsaine, de Noxy Demente dont le chant particulier est soutenu par les chœurs plus graves et gutturaux du guitariste et du bassiste.
Même si globalement on pourrait arguer d’une certaine similitude entre les titres, en live, c’est assez prenant, hypnotique même comme seuls le HxCx et sa violence peuvent l’être. Le bât blesse plus dans la prestation elle-même qui reste un peu en demi-teinte, dommage. Le chanteur n’amène pas ce petit grain de folie qui ferait exploser le set. Nico Loco est le plus expansif, lutin malin qui aime le comique de répétition avec une vanne récurrente sur le ‘Tijuana du 91’ (le groupe vient du 91). Sympa, il saluera les Canadiens… dont il ne se souviendra pas du nom.
Côté public, cela bouge et le Divan du Monde assiste au premier circle-pit de la soirée. Très réussi. Évidemment, les premiers pogos font aussi leur apparition. L’ambiance monte, et ce n’est pas fini pour ce soir !
Rendons hommage au batteur qui, même s’il se fera chambrer par les autres membres du groupe pour une petite coquille, aura eu bien du mérite du haut de ses vingt ans de remplacer son frère, DevilDivo, pour cette date parisienne. DevilDivo, pendant que son frérot œuvre aux fûts, est sur la Côte d’Azur. Tranquille, non ? Pas tant que cela car, a priori, il manifeste contre le G20.
La setlist des Espagnols du 91 s’appuie sur Maquina De Guerra, le premier album du groupe, et au bout de quarante cinq minutes intenses, Loco Muerte quitte la scène salué par le public, après avoir provoqué un ultime circle-pit sur son dernier titre, « Mi Familia ». Carrément hardcore comme titre, non ?
Snake, arborant comme souvent un T-shirt Exploited, et Jacou, le fameux nouveau bassiste, effectuent les derniers réglages. Il est 21h10 et la furie Black Bomb Ä est presque là. Elle explose dès les premières minutes avec un « Fuckin Hate » qui vous prend à la gorge. Le public, plus nombreux désormais que pour les précédents combos, ne perd pas de temps et les premiers slammeurs sont immédiatement à l’œuvre. D’ailleurs, de nombreuses têtes sont familières dans l’assistance, des fans fidèles qui répondent souvent (tout le temps ?) présents. Pas de doute, le ton est donné et les premiers ingrédients d’un concert de Black Bomb Ä sont là. Poun est au taquet dès les premières secondes et « You Can’t Save Me » enfonce le clou d’une soirée qui promet d’être brûlante. Surtout que Poun, comme à son habitude, invite le public à foutre le bordel.
Shauny prend la parole et se présente, en français, s’il vous plaît. Il est le nouveau chanteur du groupe dit-il lui-même. Au moins, c’est clair. Profitons-en pour traiter tout de suite le sujet ‘Shaun vs Djag’ pour dire que les fans ont su adopter l’Ecossais – en particulier quelques filles qui sur scène, en soutien-gorge, sont venues lui montrer leurs qualités – et que l’homme a une certaine bonhomie agréable. Bémol : il n’a pas ce charisme, ce magnétisme que pouvait posséder Djag et le duo avec Poun demande évidemment encore à prendre ses marques. Côté voix, il convient tout à fait au groupe. Après, certains préféreront son chant, d’autres celui de Djag, d’autres encore celui d’Arno, bref, on pourrait perdre bien du temps à en discuter.
Puisque nous comparons, comparons aussi les bassistes. Jacou est présent, les échanges qu’il a avec Snake prouvent sa parfaite intégration au groupe. Toutefois, Étienne avait un mordant supplémentaire dans l’attitude, un petit quelque chose de plus. Là encore, il s’agit peut-être de rodage. Donc, pour répondre aux questions que nous posions en introduction quant à l’intégration des changements de membres, nous pouvons dire qu’elle est bien partie et qu’elle reste à consolider. A suivre donc.
Le set continue tambour battant et le groupe nous propose un inédit, morceau qui n’est même pas sur le vinyle sorti à l’occasion de cette tournée. Il s’agit de « Enemies Of The State » qui figurera sur le prochain album. Ce morceau, plus brutal que les titres de From Chaos, revient à un Black Bomb Ä plus violent. Reste à voir si tout l’album sera du même acabit. La setlist de ce soir proposera d’ailleurs un autre titre issu de leur petit dernier, celui figurant sur le vinyle, « Pedal To The Metal ». Très bon titre lui aussi qui donnera l’occasion au groupe de demander un braveheart au public qui répondra avec enthousiasme à cette sollicitation. Après les pogos et les circle-pits, le public était chaud pour un tel exercice.
Deux nouveaux morceaux, des titres de From Chaos, la setlist renouvelée et équilibrée n’oublie pas les classiques comme « Sweet Mary » qui verra Shauny allumer un énorme pétard – et quand nous parlons d’énorme, c’est énorme. Poun tirera quelques taffes dessus avant que Shaun ne l’offre au public. Quand nous vous disions que nos âmes étaient en péril ? Vous trouvez que nous faisons nos vierges effarouchées ? Attendez la suite. A tout concert des Viroflaysiens, les fans envahissent la scène, ce qui n’a pas manqué ce soir. Mais là, nous avons eu droit à un moment assez chaud, qui fera dire à Poun : « On se croirait à un concours de bikers ! ». Deux filles se font porter par le public pour monter sur scène. Jusque-là, pas de quoi casser trois pattes à un canard. Par contre, ces deux filles ont décidé d’ôter leur T-shirt arborant fièrement leur généreuse poitrine (soutenue tout de même par un soutien-gorge). Et leur attitude très, très sexe a duré un bon moment, l’une d’elles retournant se faire porter par la foule, profitant (!) de mains baladeuses, remontant sur scène, sa jupe plus très ajustée, nous faisant profiter un court instant de ses fesses. Côté scène, la deuxième « blackbombette » chaude bouillante enchaîne les poses lascives avec un Poun qui reste tout à fait gentleman.
Alors, vous voyez que nos âmes étaient en péril ! Pour tout vous dire, nos âmes ont été ravies de ce spectacle et espèrent toutefois que ces filles ont agi consciemment et qu’elles ne regretteront pas le jeu qu’elles ont joué car les porteurs dans la foule n’en demandaient pas tant ! Parce que dans l’euphorie, pris dans leur masculinité de base, ils en ont profité ! Il faut dire qu’avec un titre aussi explicite que « My Mind Is A Pussy », le groupe a de quoi susciter quelques excès. A propos d’excès, ce soir, Poun ira souvent reprendre ses esprits, assis sur l’estrade de la batterie. On le sent ivre de fatigue ou d’adrénaline, au minimum. Ceci dit, une fois sorti de scène, en discutant avec les fans qui le solliciteront, il sera frais comme un gardon.
« Tales From The Oldschool » lui donnera l’occasion de descendre dans la foule et clôturera ce set en nous laissant un peu sur notre faim. Pas de rappels et, plus important, un concert assez court finalement même si globalement, avec les trois groupes, la soirée a été très consistante. Il est vrai tout de même que nous aurions bien repris un peu de Black Bomb Ä bien que, avouons-le, nous ayons déjà vu meilleure prestation du groupe. A priori, deux raisons à cela : une formation qui doit se rôder et un duo Djag / Poun qui trouvait un équilibre et une alchimie magique et unique, difficile à recréer.
Mais ne boudons pas notre plaisir, dans un Chaos total, les Black Bomb Ä ont comblé leurs fans, laissé entrevoir de très bonnes choses pour ce nouvel album et ont réussi à faire se déshabiller des filles plutôt mignonnes dans un trip très « sex, drug and rock’n’roll » si cher à Ian Dury. Chapeau !
Setlist Black Bomb A :
Fuckin Hate
You Can’t Save Me
Law’s Phobia
Emergency
All The Way
Enemies Of The State
Look At The Pain
Sweet Mary
Pedal To The Metal
My Mind Is A Pussy
Police Stop Da Way
Born To Die
Tales From The Old-School
Photos : Lost
Je suis carrément étonné de l’absence de « Uncivilization » ! Pour moi le titre incontournable de From Chaos. Je les ai vus trois fois sur la tournée de l’album, ils l’ont jouée à chaque fois. J’espère qu’elle sera présente sur la prochaine setlist.
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BBA, je les ais vus avec Djag à Jarny, z’étaient ENORMES. Mais tout le monde me dit qu’ils sont à chier en live. Pas comprendre.
A un moment j’ai espéré que le chanteur de Kronos remplaçait Djag. C’eut été marrant ^^.
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Juste un truc, sur l’avant dernière photo, c’est Poun 😉
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Et la chanson s’appelle « Mary » si je puis me permettre.