Hier, 13 février, le tout premier album de Black Sabbath soufflait ses 43 bougies (si tant est qu’un album ait un système respiratoire qui lui permette cette action). Le moment idéal pour le groupe pour nous en dévoiler un peu plus sur la création de 13, leur futur opus qu’on attend pour juin prochain. Un album dont on sait déjà qu’il a pour but de nous ramener aux tout débuts créatifs de ces légendes, en ce 13 février 1970 puisque, comme l’expliquait le bassiste Geezer Butler, Rick Rubin, le producteur, les a dès le départ placés sur les rails de leurs origines : « Il nous a fait nous asseoir, a joué le premier album et a dit : ‘Écoutez ça, imaginez que vous êtes en 1969, vous venez de faire ça, c’est quoi la suite ?’ ».
Une suite souvent menacée de mourir dans l’œuf, d’abord à cause des premiers essais infructueux en 2001, puis dès le début de cette nouvelle reformation du line-up originel, en raison de l’incomplétude de ce retour car, très vite, il est devenu impossible de compter le batteur Bill Ward dans le quatuor (remplacé, en conséquence, en live par Tommy Clufetos, batteur d’Ozzy Osbourne, et en studio par Brad Wilk de Rage Against The Machine). A suivi le lymphome de Tony Iommi (que le guitariste est toujours en train de soigner) qui nous a fait craindre le pire. Il y a quelques semaines, on aurait même pu craindre de perdre Ozzy dans les flammes à cause d’un bête accident de bougie qui a provoqué un début d’incendie chez lui et dont ils gardent encore quelques séquelles, principalemet sur le cuir chevelu. Il ne manquerait donc plus que Geezer se coince les doigts dans la porte (mais touchons du bois).
Mais maintenant, il est bien là, se préparant à venir bientôt rouler des mécaniques dans nos oreilles. Et si vous doutez encore, parce que, en disciples de Saint Thomas, vous ne croyez que ce que vous voyez, voilà ce que le groupe nous a dévoilé hier : une vidéo de trois minutes où on les voit en studio, pour la première depuis 1978, jammant sous l’œil de Rubin, enregistrant cet album. Mais pas de nouveau son car il doit encore se faire désirer.
Une vidéo où, ce qui « choque » le plus est l’apparence de Tony Iommi. Ce n’est – heureusement – pas un homme rongé par la maladie qu’on voit mais on soupçonne quand même la chimiothérapie d’avoir causé son évolution capillaire. Mais ça lui donnerait presque un coup de jeune, ainsi défait de son apparence stricte de grand brun ténébreux qu’on lui connaît depuis si longtemps.
Enfin, si ça vous semble encore un peu maigre (et vous n’auriez pas complètement tort), Rolling Stone s’est aussi rendu en janvier dans ce même studio, à la rencontre des musiciens et du producteur. Ce dernier affirme justement : « J’ai voulu faire un album qui aurait sa place auprès des quatre premiers. Le premier n’était pas juste un album de heavy metal. On pouvait entendre les influences jazz, c’était donc le but, comme de capturer cette interaction live. » Ce qui, déclare Butler, les a obligé « à désapprendre tout ce qu’ils avaient appris. »
Concernant les histoires de batteur, on apprend que Ginger Baker (ex-Cream) avait été proposé par Rubin, idée que les musiciens ont immédiatement rejetée, avant que le producteur leur suggère Wilk qui avait déjà eu l’occasion de jouer avec eux. Ce dernier raconte au sujet de son intégration parmi ses aînés : « Tony n’arrêtait pas de me taquiner. J’arrivais et il me disait : ‘Tu as reçu l’e-mail que je t’ai envoyé la nuit dernière avec cette nouvelle chanson ?’ Je suis un indécrottable naïf alors je lui dis que non, je ne l’ai pas reçu, et alors il commence à jouer quelques riffs que je n’avais jamais entendu avant. Je me dis : ‘Euh, non… Wow !’ Et il a continué comme ça jusqu’à ce que j’apprenne qu’il plaisantait. »
Mais si ce qu’on veut, c’est de l’info plus musicale, on apprend le titre de deux nouveaux morceaux : « End Of The Beginning » et « Age Of Reason », en plus de celui qu’on connaissait déjà, « God Is Dead », qui, explique Ozzy, « commence avec ‘God is dead’ (Dieu est mort) mais qui à la fin dit ‘I don’t believe that God is dead’ (je ne crois pas que Dieu est mort). » Le tout dans un album décrit par le chanteur comme un disque de « blues satanique ». Autant dire dans la veine du premier album. Pour que la boucle soit bouclée.