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Interview   

Black Stone Cherry : l’humain avant tout


Black Stone Cherry a toujours pris soin de parler de la vie, la vraie, que ce soit la leur dans le fin fond du Kentucky ou celle de personnes ayant croisé leur route. La condition humaine, ça les connaît. Voilà pourquoi le titre du nouvel album du quatuor, The Human Condition, sonne comme une évidence. Un titre qui, comme les premières secondes du premier morceau, prend forcément une autre dimension avec la crise que traverse actuellement le monde, et notamment l’industrie musicale et du divertissement. A cet égard, en tant que maniaco-dépressif, le chanteur Chris Robertson ne nous cache pas tout le mal qu’il a à vivre cette situation.

Heureusement, la musique est là pour nous permettre de nous échapper et nous donner un peu de joie, à l’instar de ce septième album gorgé de rock galvanisant que le groupe a pris beaucoup de soin à confectionner ou de cette collaboration à laquelle il a pris part il y a quelques mois avec Monster Truck pour la création en live-stream d’une chanson commune. A L’aube de ses vingt ans, et malgré les circonstances, Black Stone Cherry affiche encore une forme olympique.

« C’est dur quand ça fait dix-huit ans que tu fais quelque chose et que c’est devenu ton mode de vie, et qu’un matin, tu te réveilles et que le monde te dit : ‘Non ! Ce n’est plus possible.’ C’est un putain de cauchemar à gérer. »

Radio Metal : Vous avez enregistré The Human Condition pendant que la pandémie montait en puissance, mais vous avez quand même réussi à finir l’album avant que le confinement global soit imposé. Aviez-vous l’impression d’être dans une course contre la montre ? Aviez-vous conscience de la situation ?

Chris Robertson (chant & guitare) : Nous savions que le risque d’un confinement planait au-dessus de nos têtes et ils avaient déjà limité les rassemblements à un certain nombre de personnes. Quand nous étions en studio, il n’y avait généralement que six personnes, et nous avons enregistré en mars, juste avant que ça parte vraiment en vrille. Quand nous sommes sortis du studio, je n’avais pas réalisé l’ampleur de la chose, car lorsque nous allons en studio, je me coupe un peu du monde, honnêtement. Je ne regarde pas les infos, je n’écoute pas la radio, je ne fais rien d’autre que penser à la musique. Environ une semaine après que nous soyons sortis de studio, j’ai regardé les infos et j’étais là : « Bordel de merde ! » Jamais je ne me serais attendu à vivre une telle chose un jour dans ma vie. C’est très triste de voir autant de gens mourir de ce truc. Evidemment, notre environnement affecte ce qu’on fait à chaque instant et à cause de la situation, même en studio, nous étions quand même un peu préoccupés. Et quand le monde est devenu dingue, la seule chose que nous pouvions faire était de nous concentrer sur la musique, car si tu essayes de trop te concentrer sur ce qui se passe, ça peut vite devenir angoissant, surtout pour une personne comme moi. J’ai donc décidé de rester focalisé sur la musique pour ne pas être absorbé par autre chose. Il ne s’agit pas de fermer les yeux sur ce qui se passe, mais de rester concentré et pas trop distrait, évidemment tout en restant prudent et en faisant tout ce que je devais faire pour être autant en sécurité que possible, mais en faisant en sorte que la musique reste mon premier sujet d’attention.

The Human Condition a été autoproduit au Monocle Studios de Jon Lawhon en mars 2020. Vous y avez été avec assez peu de chansons pour finir avec les treize qu’on retrouve sur l’album. Comment ces chansons initiales ont-elles posé les bases pour le reste de l’album ?

Quand nous sommes entrés en studio, nous avions environ trois ou quatre chansons terminées que nous avions écrites les années précédentes – nous avions « Live This Way », « If My Heart Had Wings » qui est un peu notre ballade à la Aerosmith, « The Devil In You Eyes », « Keep On Keepin’ On » et « Some Stories », et puis il y avait « Push Down And Turn » que nous avions écrite juste avant de faire l’album, donc ça faisait environ cinq anciennes chansons – et nous avions à peu près autant d’idées comme quoi soit le couplet, soit le refrain de ces chansons ne convenait pas. Après avoir mis ces chansons de côté pendant des années, nous avons enfin pu nous poser avec une guitare en studio pour les repenser, les réimaginer et en faire quelque chose de neuf. Quand nous sommes allés en studio cette fois, nous n’avions aucune idée préconçue de ce que nous voulions faire. Nous ne savions pas trop comment allait sonner l’album, jusqu’à ce que nous ayons enregistré la première chanson, et cette première chanson a un peu donné le ton de l’album. Nous savions que nous voulions faire un album heavy et plus rentre-dedans cette fois, mais c’était vraiment la seule idée que nous avions pour quoi que ce soit quand nous avons commencé à plancher sur les chansons. Il se trouve que cette première chanson était effectivement assez heavy, donc nous avons essayé de rester sur cette lancée. Mais globalement, le son de cet album a été créé à partir d’un bon mélange de vieille musique et de nouvelle musique.

Curieusement, à l’opposé de la tendance actuelle dans le rock où les groupes enregistrent de plus en plus live, vous avez choisi de procéder méticuleusement avec des enregistrements séparés. Penses-tu que l’enregistrement live n’est pas toujours une si bonne idée que ça ?

Nous avons toujours enregistré tous ensemble, en jouant en même temps, c’est ainsi que chacun de nos albums a été fait. Mais cette fois, nous étions en train de parler à Jordan Westfall, notre ingénieur, et il nous a dit que la plupart des albums aujourd’hui sont enregistrés en mode « batterie live » plutôt qu’en mode « batterie en premier ». Nous étions là : « Comment ça fonctionne ? » Il nous a expliqué que ça consistait à enregistrer une guitare, un chant et la basse, et ensuite le batteur enregistre avec ces pistes témoins et tout le monde peut donner son avis comme on le fait avec la guitare, le chant et la basse. Ça avait beaucoup de sens. Du coup, ce que nous avons fait était d’adopter une approche hybride. Nous avons enregistré des ébauches de pistes de chant, de guitares et une basse, juste pour avoir les grandes lignes de la chanson, et ensuite John Fred a joué là-dessus. Ainsi, tout le monde était concentré sur ce que John Fred était en train de jouer, s’il faisait le bon motif de grosse caisse, s’il mettait les bons accents où il fallait, etc. John Fred pouvait aussi dire : « Et si on faisait ça ici ? », et si quelque chose changeait, on pouvait refaire la partie très rapidement sur la piste de brouillon, avant qu’il reprenne l’enregistrement de la partie de batterie. L’idée était de s’assurer que la batterie collait bien aux guitares, mais pas seulement. Car habituellement, le chant reçoit toute l’attention du monde, tandis que parfois les autres instruments sont un peu mis de côté, mais sur cet album, nous avons voulu nous assurer que chaque instrument bénéficiait d’autant d’attention que le chant. C’est donc un album extrêmement produit dans le sens où nous avons fait très attention à ce que les parties soient comme il faut, que tout le monde soit parfaitement ensemble, mais tout en sonnant très brut et heavy. Et ce résultat, nous le devons en grande partie à Jordan, qui a vraiment agi en tant que producteur exécutif en nous a apportant un tas d’idées.

« Il y a une telle stigmatisation autour de la santé mentale… C’est presque comme si la santé mentale était la seule chose qu’il faille prouver. J’ai toujours trouvé que c’était n’importe quoi. »

A en croire le dossier de presse, « chaque membre a vécu des sessions éreintantes »…

Oui, car quand tu as trois gars et un ingénieur sur le dos pour chaque partie que tu joues, tu te retrouves forcément avec des tensions parfois [petits rires], mais je pense que c’est aussi ce qui fait que cet album sonne comme il sonne. Comme je disais, nous avons tous offert à chaque instrument le même traitement qu’au chant. Donc tout le monde prêtait beaucoup d’attention non seulement au chant, mais à chaque instrument. Au lieu qu’il y ait un ou deux gars pour l’enregistrement des parties, il y en avait quatre qui étaient là à dire : « Attention, tu ne fais pas tout à fait la bonne partie. » Parfois c’est frustrant, mais parfois ça permet d’obtenir quelque chose de vraiment cool. Personnellement, j’ai beaucoup apprécié parce que pour une fois, je n’étais pas le seul à être examiné à la loupe par trois autres personnes ; tout le monde dans le groupe l’était, et je pouvais me poser et partager mes remarques avec les autres pendant qu’ils faisaient leurs parties comme j’en avais moi-même l’habitude d’en recevoir.

Vous avez enregistré une reprise d’Electric Light Orchestra, « Don’t Bring Me Down », que vous vous êtes parfaitement approprié. Electric Light Orchestra est un pur groupe britannique mélangeant rock, pop, arrangements classiques et des côtés futuristes, ça semble assez éloigné d’un groupe de root-rock du Kentucky comme Black Stone Cherry…

Nous sommes d’énormes fans de Jeff Lynne et, en gros, de tout ce qu’il a fait – The Idle Race, Traveling Wilburys, ELO, ses trucs en solo, etc. « Don’t Bring Me Down » fait partie de ces morceaux de rock n’ roll hyper entraînants et la version que tu entends sur notre album, c’est ce que nous avons toujours entendu ; nous l’avons toujours imaginé comme pouvant être plus heavy, avec le volume des amplis un peu plus poussé, plus rentre-dedans. Nous avons donc voulu tenter de faire notre propre version. Souvent, quand nous faisons une reprise, nous la retravaillons et y mettons même nos propres riffs, comme quand nous avons fait « Rolling In The Deep » d’Adele ou « Can’t You See » de The Marshall Tucker Band, mais cette fois, nous n’avons pas eu à faire grand-chose, si ce n’est qu’au lieu de jouer les accords, nous avons joué sur une seule corde mais avec des pédales d’octave – la mienne est assez transparente, tandis que celle de Ben est une pédale de sub-basse fuzzée. Le résultat est super, je trouve. Ça sonne comme une chanson de Black Stone Cherry ! C’est ce qui est important quand un groupe fait une reprise – en tout cas pour moi –, c’est-à-dire qu’il fasse en sorte que ça sonne comme si c’était son morceau.

L’album s’intitule The Human Condition : on pourrait se dire que la condition humaine a toujours été la source numéro un d’inspiration pour Black Stone Cherry, non ?

Vu sous cet angle, oui. C’est mon bassiste Jon qui a trouvé ce titre. En gros, nous étions en train de parler de l’album, à essayer de trouver des titres, à proposer des choses, mais rien ne retenait vraiment notre attention. Il a dit : « C’est la condition humaine, les mecs ! » Et nous étions là : « D’accord, le voilà. C’est ça le titre. » Car ça englobait toutes les différentes émotions que fait ressortir l’album. Cet album touche à plein de choses. Il y a par exemple une chanson sur le fait de renaître et de surmonter l’adversité. « Push Down And Turn », en particulier, est une chanson qui m’est très personnelle. Je suis maniaco-dépressif et je dois prendre des médicaments pour ça. J’en parle ouvertement : je vais chez le médecin, je discute de mes problèmes. Le traitement médicamenteux m’aide beaucoup avec mon anxiété et ma dépression. Enfin, ça ne fonctionne pas pour tout le monde, il y a des gens qui sont totalement contre, et pas de problème, mais ça fonctionne pour moi, c’est comme ça que je gère. Mais il y a une telle stigmatisation autour de la santé mentale… C’est presque comme si la santé mentale était la seule chose qu’il faille prouver. J’ai toujours trouvé que c’était n’importe quoi. Donc cette chanson est une chanson super heavy et abrasive qui dit que ce n’est pas grave d’avoir le cerveau déglingué [petits rires]. En vérité, c’est une histoire sincère. Je dois prendre des médicaments régulièrement. Ma vie est ainsi faite et c’est ce qui me permet de me lever le matin et de voir à quel point le monde peut être beau, sans me sentir malheureux toute la journée. Donc ça me va.

Ça doit être particulièrement dur pour toi avec ce qu’on vit en ce moment…

C’est hyper dur, mec ! Il n’y a pas trente-six mille solutions. La dernière fois où je suis allé voir le médecin, c’était il y a deux mois, et je lui ai demandé d’augmenter mes doses d’antidépresseur, parce que ça ne fonctionnait plus aussi bien. C’est dur quand ça fait dix-huit ans que tu fais quelque chose et que c’est devenu ton mode de vie, et qu’un matin, tu te réveilles et que le monde te dit : « Non ! Ce n’est plus possible. » C’est un putain de cauchemar à gérer, le fait que littéralement la seule chose que tu sais faire dans la vie t’est retirée, et tu ne sais pas quand tu la retrouveras comme avant. Tu ne sais même pas si ça reviendra comme c’était avant, c’est une idée qui fait peur. Evidemment, le côté horrible avec cette situation, c’est que des gens tombent malades et meurent, c’est le pire, mais pour les musiciens et les gens de l’industrie du divertissement live, c’est la période la plus effrayante de notre carrière.

« Si tu es disposé à écouter quelqu’un, à être gentil avec lui et à ouvertement lui offrir ton amour sans le connaître, pour moi c’est l’incarnation de la nature humaine. »

L’album démarre avec toi qui chantes : « Votre attention s’il vous plaît, il faut que je vous parle d’une nouvelle maladie. » Comment ne pas penser au Covid-19 ? Et pourtant, cette chanson a été écrite il y a quatre ans !

Oui ! Nous avons écrit cette chanson, « Ringin’ In My Head », fin 2016, début 2017, et le premier couplet et la première moitié du refrain sont exactement comme à l’époque. Nous avons réécrit le second couplet et la seconde moitié du refrain, mais le reste est resté tel quel. Au départ, cette chanson parlait de la situation de l’industrie musicale, mais elle a pris une tout autre ampleur.

Musicalement parlant, The Human Condition est un album de rock très exaltant et énergisant, un peu en décalage avec l’atmosphère globalement morose qu’on vit actuellement. Penses-tu que c’est lors de périodes comme celle-ci que les gens ont besoin de ce type de rock n’ roll ?

Je pense que cette musique a toujours sa place. Evidemment, aujourd’hui, je pense que la dernière chose que les gens veulent, c’est encore plus de négativité. Il y a toujours un message positif dans chacune de nos chansons, même quand elles peuvent paraître vraiment heavy et sombres. Si tu prends par exemple « Keep On Keepin’ On », ça paraissait tout particulièrement être la bonne chanson pour clore l’album. Je veux dire que cette année a été éprouvante pour tout le monde sur la planète, d’une manière ou d’une autre, et cette chanson dit littéralement que même si les choses prennent une très mauvaise tournure, il faut continuer d’avancer, d’aller de l’avant. Quelle meilleure façon de terminer cet album ?

L’idée de la condition humaine peut renvoyer à de vastes questions comme le sens de la vie. Donc quel est le sens de la vie pour toi ?

Pour moi, il s’agit de vivre une belle vie. Il s’agit d’être heureux et de transmettre ce bonheur aux autres gens. Il n’y a aucun intérêt à vivre une vie malheureuse et à vouloir rendre les gens malheureux, c’est quelque chose que je ne comprends pas. On nous donne une magnifique opportunité de… Quand tu y penses vraiment, tu regardes les étoiles la nuit, et elles ont l’air toutes petites mais on sait qu’elles sont énormes, et ensuite tu penses à quel point nous sommes petits sur cette planète et pourtant chacun d’entre nous peut avoir un impact important sur une autre personne. Pour moi, il s’agit d’essayer d’être une lumière positive. Et je ne suis pas toujours comme ça ; un jour je me réveille et je suis le mec le plus négatif qui soit sur cette planète, mais ce qui me fait avancer, c’est le fait de vouloir être cette lumière positive et influencer quelqu’un à faire mieux. La gentillesse et l’amour sont les deux valeurs les plus importantes qu’une personne puisse offrir à quelqu’un d’autre. La gentillesse, l’amour et une oreille, car si tu es disposé à écouter quelqu’un, à être gentil avec lui et à ouvertement lui offrir ton amour sans le connaître, pour moi c’est l’incarnation de la nature humaine.

Plus tôt cette année, Black Stone Cherry s’est associé à Monster Truck pour former The Cherry Truck Band. Vous avez composé ensemble une chanson tout en diffusant en live-stream tout le processus, aboutissant à la chanson « Love Become Law ». C’est assez inédit, comment était cette expérience ?

J’ai trouvé ça super ! Nous avons tourné avec ces gars ; ils ont tourné dans toute l’Europe avec nous. Nous nous sommes très bien entendus avec ces mecs. C’est Jon Harvey de Monster Truck qui a proposé l’idée d’écrire une chanson ensemble, il trouvait ça cool, et tout le monde était là : « Putain, mec, faisons ça en live sur Zoom ! » Nous l’avons donc fait et c’était pile au moment où les tensions raciales étaient très fortes dans certaines régions du pays, et ce qu’on vivait à ce moment-là nous a inspiré ce son. J’adore cette chanson. C’était cool de pouvoir partir en tournée avec les gars de Monster Truck, de nouer de tels liens, de développer une fraternité, et ensuite que tout le monde puisse voir ça transpirer dans la composition d’une chanson ensemble sur internet – ils étaient chez eux au Canada et nous chez nous dans le Kentucky. Une chanson très positive en est ressortie. J’adorerais faire plus de trucs dans ce genre. Je n’ai aucune idée si ça ira plus loin. C’était ponctuel, mais nous serions certainement tous partants pour réitérer l’expérience. Les gars de Monster Truck sont clairement des âmes sœurs pour nous. Ils viennent du même genre de rock n’ roll ayant le blues comme colonne vertébrale que nous, et ça colle entre nous, tout simplement ! Ces gars font du rock n’ roll authentique, c’est ce que j’adore chez eux.

« L’authenticité n’est pas dure à conserver, car ça reste juste nous quatre qui jouons de la musique ensemble, c’est ce qui crée Black Stone Cherry, mais ce qui est dur, c’est de ne pas se répéter. »

L’année prochaine marquera les vingt ans de Black Stone Cherry. Le groupe a en effet été formé en 2001, mais a seulement sorti son premier album en 2006 : à quoi ont ressemblé ces cinq premières années pour le groupe ?

Un gros paquet de répétitions ! [Rires] Nous répétions littéralement six jours par semaine, dix heures par jour certains jours, après l’école ou quoi que nous avions à faire. Nous n’arrêtions pas de jouer de la musique, voilà ce que nous faisions durant ces cinq années. Que ce soit face à un public ou juste pour nous quatre, nous jouions de la musique et nous étions aussi créatifs que nous pouvions l’être. Nous étions quatre gars de seize ans quand nous avons commencé – John Fred et moi, nous nous connaissons depuis nos cinq ans, et ensuite nous avons rencontré Jon Lawhon et Ben Wells –, nous étions encore au lycée, donc il y a eu deux ou trois années pendant lesquelles il fallait que tout le monde termine sa scolarité, et ensuite nous avons commencé à faire ça plus intensivement, avec des concerts et tout. Nous avons en fait sorti un album démo en 2003 qui s’appelle Rock N’ Roll Tape, mais notre premier vrai album était clairement celui que nous avons sorti quand nous avons signé sur une maison de disques, et il a fallu quatre ou cinq ans au groupe pour obtenir un contrat. Mais pendant tout ce temps, nous voulions être le groupe que les gens voulaient aller voir. Nous voulions être comme tous les groupes que nous adorions, nous voulions pouvoir partir en tournée dans le monde entier et jouer notre musique. Au final, nous sommes parvenus à cet objectif, et maintenant, il s’agit d’emmener ce groupe le plus loin possible.

Trouves-tu que vous soyez restés fidèles à l’esprit originel de Black Stone Cherry, malgré toutes ces années passées dans cette industrie pleine de requins, et que vous n’ayez plus l’innocence de l’époque ?

Oui, parce que quoi qu’il arrive, Black Stone Cherry c’est Chris, Ben, Jon et John Fred. Nos albums nous ressemblent parce que c’est nous quatre qui faisons ces albums, et si nous ne sommes pas fans de ce que nous faisons, nous ne le faisons pas. Chaque album ne doit pas forcément sonner comme le précédent ou lui ressembler de près ou de loin. Je pense qu’un groupe devrait toujours expérimenter et évoluer, et essayer de nouvelles choses. Si un groupe reste éternellement le même, alors… Ça m’ennuie parfois. L’authenticité n’est pas dure à conserver, car comme je l’ai dit, ça reste juste nous quatre qui jouons de la musique ensemble, c’est ce qui crée Black Stone Cherry, mais ce qui est dur, c’est de ne pas se répéter. Quand tu as sept albums, des EP et ce genre de choses, tu commences à faire attention à ce que ça ne sonne pas trop comme quelque chose que tu as déjà fait avant [petits rires]. Tu essayes de rester vigilant. Enfin, tu vas forcément répéter des progressions d’accords et ce genre de choses, mais tu essayes de trouver d’autres manières intéressantes de faire les choses. Personnellement, je ne compare même pas les albums, car pour moi, chaque album est la photographie de qui nous étions en tant qu’individus pendant un certain temps. Donc c’est vain de tout le temps essayer de recréer la magie d’un album ou de revenir à ci ou à ça.

Pour finir, on vient tout juste de perdre Eddie Van Halen. Qu’est-ce que ce guitariste représentait pour toi ?

Ce mec a non seulement redéfini la guitare mais même la musique en général. Le nom d’Eddie Van Halen est tout aussi important dans la communauté de la guitare électrique que celui de Jimi Hendrix, de Leo Fender et de Les Paul. C’est mon père qui m’avait fait découvrir Van Halen quand j’étais gamin. Il avait mis le premier album et quand « Runnin’ With The Devil » a commencé, avec ce groove de basse, puis la guitare qui débarque, j’étais scotché, j’ai trouvé ça génial. Le tout premier solo de guitare que j’ai appris était celui d’« Ain’t Talkin’ About Love ». Je me souviens parfaitement quand j’étais gamin, d’être là en train d’écouter cette chanson en me disant que je pourrais apprendre ce solo, car il était hyper simple et, à la fois, il servait parfaitement la chanson. Tout comme ce solo a sans doute inspiré des tas de gosses à prendre une guitare pour essayer de le jouer, Eddie est le guitariste qui m’a donné confiance en moi en me donnant envie d’essayer d’apprendre mon tout premier solo, et c’était le point de départ pour m’essayer à d’autres solos d’artistes que j’adore. Et pour ça, je lui en serai éternellement reconnaissant.

Interview réalisée par téléphone le 7 octobre 2020 par Nicolas Gricourt.
Retranscription & traduction : Nicolas Gricourt.
Photos : Mike Rodway.

Site officiel de Black Stone Cherry : www.blackstonecherry.com

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