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Chronique Focus   

Bongzilla – Weedsconsin


Depuis sa reformation il y a cinq ans, Bongzilla s’était surtout illustré en live en enchaînant les tournées et les festivals prestigieux comme le DesertFest et le Roadburn. En désormais vingt-cinq ans d’existence, les natifs du Wisconsin avaient sorti quatre albums de sludge ultra stoner collants et aussi enfumés que leur nom le suggère chez Relapse, puis avaient décidé de faire une pause : on était en 2005 et Amerijuanican venait de sortir. Ce n’est qu’avec la pandémie et après la réédition de son classique Apogee que le groupe a décidé de retourner en studio, et ce malgré le désistement du bassiste Cooter Brown. Désormais un trio, Bongzilla s’est attelé à un cinquième album quasiment inespéré, Weedsconsin, cette fois-ci sur Heavy Psych Sounds. Avec un premier extrait intitulé « Free The Weed » et une sortie prévue pour le 20 avril (4/20 pour les Américains, date bien connue des stoners), pas de doute, les Américains n’ont pas abandonné leur sujet de prédilection, et ce n’est pas la pochette qui va le démentir : Cthulhu, feuilles de cannabis, police utilisée par Sleep (c’est même nul autre que Matt Pike qui apparaît dans le teaser de l’album)… Bref, pour citer leurs célèbres camarades de Down, « Hail the Leaf ! »

Ouvrant tambour battant sur un riff vrombissant à souhait, « Sundae Driver » pose les bases de l’album : Weedsconsin s’annonce lent, écrasant, suintant de THC, et vénérant Black Sabbath à chaque note. Le line-up resserré – c’est le chanteur Mike « Muleboy » Makela qui a hérité du poste de bassiste de Brown – et le travail en trio a laissé plus de place à la créativité de chacun des musiciens ; sans modifier la formule du groupe, ils s’autorisent quelques échappées, solos embrumés volontiers approximatifs, longs passages de jams hypnotiques, court intermède suspendu (« The Weedeater »), titres étirés à l’infini qui mènent où on n’aurait jamais imaginé arriver (les percussions tribales de la fin de « Earth Bong / Smoked / Mags Bags »). Mais le principe reste le même : des riffs charnus sont exploités jusqu’à la moelle, répétés jusqu’à l’hypnose et déclinés à l’infini, par exemple sur « Space Rock » où les changements de rythme étirent un motif pour un résultat de plus en plus étourdissant. Car les riffs de Jeff « Spanky » Schultz ont le beau rôle, évidemment : avec un son épais, presque gluant, et un sens du groove imparable, ils constituent l’ossature des chansons, et les hurlements de Muleboy apportent leurs renforts. Si on peut regretter un son de batterie qui manque un peu de profondeur, le groupe semble plus proche et complice que jamais, et la production dote l’album d’une sorte d’intimité qui donnerait presque l’impression à l’auditeur d’être aux côtés des musiciens en studio, lui aussi plongé dans les riffs et la fumée.

Dédié à John Hopkins, qui a enregistré et mixé le disque et qui est décédé il y a peu, Weedsconsin a tout ce à quoi on pouvait s’attendre de la part du trio. Du fuzz à gogo, de la lourdeur dans la forme, et beaucoup de légèreté dans le fond : lorsque le groupe se pique de politique, c’est pour demander la légalisation du cannabis (« Free The Weed »), et l’album dans son ensemble répertorie les différentes étapes de la fumette, de « L’herbe dont tout le monde parle » de « Sundae Driver » aux rires vaguement inquiétants – paranoïa ? – et aux munchies, on suppose, de « Gummies ». Gras, psychédélique et assez jouissif, Weedsconsin est une bulle enfumée où les soucis du monde extérieur se dissolvent dans les vapeurs de bong…

Chanson « Free The Weed » :

Chanson « Sundae Driver » :

Album Weedsconsin, sortie le 20 avril 2021 via Heavy Psych Sounds. Disponible à l’achat ici



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