Bring Me The Horizon est à l’heure actuelle le groupe de metal à succès le plus détesté par une certaine frange du public metal, du moins sur la Toile. Ce qui ne dérange pas le moins du monde son chanteur Oli Sykes, qui ne s’intéresse pas à ce qu’on dit de lui et du groupe sur Internet. D’ailleurs, le fait que les gens réagissent de manière passionnée – car personne n’est neutre à propos de Bring Me The Horizon – est pour Sykes quelque chose de positif.
Le groupe sort Sempiternal, un nouvel album qui ne changera pas l’opinion des grincheux. Parce que, de base, c’est de toute façon un album de Bring Me The Horizon. Mais aussi parce que le groupe évolue sereinement vers une sphère électro qui n’est, d’après le vocaliste, que le début d’une évolution qui s’annonce « dingue », avec l’arrivée au sein du groupe du claviériste Jordan Fish. Ce dernier semble avoir ouvert l’horizon musical de la formation.
Sempiternal en est le premier témoignage. Un album gorgé de sons électriques où le chant clair prend une place importante. Des parties vocales très inspirées de Linkin Park dont Sykes dit être admiratif et qui ont représenté pour lui un véritable défi.
Nous avons profité de cet entretien avec lui pour parler jeux vidéos et plus particulièrement de Metal Gear Solid, ambitieuse saga de jeux à laquelle le groupe glisse un petit hommage dans son album. Une série qui a bouleversé plus d’une génération de joueurs et bien connue pour être bien plus qu’un jeu ou même qu’un jeu scénarisé : une expérience.
Radio Metal : Ce nouvel album a été produit par Terry Date. Est-ce lui qui vous a poussés plus loin dans une voie électronique pour ce disque ?
Oliver Sykes (chant) : En toute honnêteté, pas du tout ! C’était super de travailler avec Terry, il n’était pas du tout intransigeant. On lui a présenté les chansons avant d’entrer en studio et elles lui ont plu, il n’a rien changé. Il nous a dit : « Je suis là pour tirer de vous le meilleur son possible, et c’est ce que je vais faire ». Et il l’a fait. C’est nous qui avons pris la décision d’aller plus loin dans cette voie.
Les éléments électroniques occupent une place conséquente sur l’album. N’avez-vous pas peur de perdre de vue votre base metal ?
Chaque fois que nous faisons un nouvel album, nous y injectons de nouveaux sons, et on souhaite continuer à le faire. Très franchement, on ne se considère plus comme un groupe de metal ! Je ne sais pas trop comment décrire notre son. Je dirais que si vous aimez la musique heavy, jetez une oreille sur ce qu’on fait. Donnez-vous une chance si vous ne l’avez pas encore fait. Je pense que nous sommes plus qu’un groupe de metal. Il y a du vrai dans ce que tu dis, mais on ne s’inquiète pas pour autant, parce qu’on ne veut pas être un groupe purement metal. Nous voulons avoir des influences dans tous les styles de musique.
Cet album est également beaucoup plus mélodique que le précédent et comporte des lignes vocales particulièrement cool. Certaines me rappellent Linkin Park, un groupe produit lui aussi par Terry Date. Est-ce une de tes influences ?
Oui, tout à fait. Chanter de cette façon était nouveau pour moi, c’est quelque chose que je n’avais encore jamais fait. Pour moi, c’était un défi. J’ai écouté Chester Bennington de Linkin Park et la musique de Pantera, et c’est ce que je voulais faire. Je voulais une mélodie agressive. Je ne voulais pas me contenter d’un chant clean et doux en permanence. Je voulais quelque chose de puissant et d’agressif, mais aussi très mélodique. Je pense que Chester Bennington est l’un de meilleurs exemples de ce mélange dans le rock. Je n’ai pas honte de dire qu’il m’a inspiré.
À propos de cet album, tu as déclaré : « Il y a une certaine euphorie dans cet album, un son à la fois entraînant et triste ». Cela vient-il de ton état d’esprit ? Es-tu à la fois euphorique et triste ?
Ma musique parle surtout de tristesse, d’obscurité. Il n’y a pas beaucoup de place pour le bonheur, parce que quand on est heureux, on ne réfléchit plus beaucoup et il n’y a plus de sujets sur lesquels écrire. Quand on est heureux, on ne s’inquiète pas et on ne pense plus. La plupart des sujets sont assez tristes. Mais sur cet album, je parle au passé. Je n’évoque pas une situation actuelle dans ma vie, je parle d’un point où je me trouvais avant. C’est dans ce sens que c’est entraînant : ça parle d’hier, pas du présent.
Cela explique pourquoi les paroles sont si sarcastiques : tu voulais manifestement parler de sujets dramatiques de façon légère.
Il y a certains sujets dans la vie qui doivent être traités comme ça. Il y a des gens stupides et des événements idiots, et si on se laisse abattre par la façon dont tourne le monde, on finit malheureux. Si on est capable d’assister à la marche du monde et d’en rire, c’est beaucoup plus marrant. Il y a des commentaires sarcastiques dans les paroles, très second degré, et c’était tout à fait intentionnel.
Entre votre premier album et celui-ci, vous n’avez cessé de réduire les passages rythmiques et d’ajouter des mélodies. Est-ce une direction planifiée à long terme ou est-ce une évolution naturelle, à laquelle vous ne prêtez pas attention ?
C’est la direction dans laquelle nous voulions évoluer. À mon sens, nous nous améliorons dans l’écriture, dans nos instruments et dans la structuration des chansons. Nous prenons davantage confiance avec chaque album et cela signifie que nous n’avons plus à nous cacher derrière du bruit. Le son peut être plus naturel, plus propre, et aussi parfois brut et dépouillé. C’est plus simple et de plus en plus mélodique, je suis d’accord. Mais par certains côtés, ça rend la musique encore plus puissante parce qu’elle est plus heavy. Il y a la mélodie, mais il y a aussi toute cette agressivité. En live, je suis sûr que les gens chanteront beaucoup plus avec nous. Les shows seront beaucoup plus forts à cause de ça.
En quoi le fait d’avoir engagé Jordan Fish aux claviers a-t-il modifié le processus de composition et d’enregistrement ?
C’était un tournant sur cet album. Il a ouvert la porte à une infinité de choses qu’on ne pouvait pas faire avant. Nous avions plein d’idées mais personne ne savait comment les mettre en pratique. Personne ne savait jouer du clavier, programmer des trucs ou travailler comme le fait Jordan. L’avoir dans le groupe signifie que nous pouvons expérimenter beaucoup plus que par le passé. Je pense qu’il a eu un énorme impact sur le nouveau son.
Tu as déclaré : « Accueillir Jordan change tout. Il nous a ouvert tellement de possibilités ». Penses-tu que vous pourrez aller encore plus loin sur les prochains albums grâce à lui ?
Oui, cette fois ce n’était que le sommet de l’iceberg. Ce n’est qu’un début, c’est encore tout nouveau. On doit s’habituer à travailler avec lui. Pour cet album, il est arrivé au milieu du processus d’écriture. La prochaine fois, nous travaillerons avec lui dès le début et nous serons à l’aise. Je pense que le prochain album sera encore plus dingue.
Comment penses-tu que vos fans réagiront face à cette évolution ?
J’ai complètement confiance, et ce n’est pas quelque chose de courant. D’habitude, même quand je suis satisfait de l’album, j’ai toujours cette inquiétude : les fans vont-ils aimer ? Mais pour cet album, je suis extrêmement positif et j’ai totalement confiance. Par le passé, je me suis toujours inquiété et tout s’est toujours bien passé. Cette fois, j’y crois tellement que je ne peux m’empêcher de penser que les gens partageront mon excitation. Jusqu’à présent, les réactions ont été excellentes et j’ai le sentiment que les réactions globales seront très positives.
Le premier single s’intitule « Shadow Moses ». Après recherches sur Internet, la seule référence que nous avons pu trouver concernant ce titre est le jeu vidéo Metal Gear Solid. Il y a d’ailleurs d’autres références à ce jeu dans l’album, comme « The House Of Wolves » et « And The Snakes Start To Sing ». Est-ce que ce sont des coïncidences ou êtes-vous fans du jeu ?
Personnellement, je suis un énorme fan de Metal Gear Solid, donc tu as raison de penser que c’est de là que ça vient. Mais le titre n’a aucun lien avec la chanson, à part le son au début qui est une référence à Metal Gear Solid. Il n’y a pas de corrélation entre le titre et les paroles. C’était un titre de travail quand j’écrivais la chanson. Par la suite, nous nous sommes dit que le titre « Shadow Moses » pouvait être un hommage au jeu. Les autres titres ont tous un lien avec les paroles.
Que représente ce jeu pour toi ? Quel est ton préféré de la série ?
Je dirais que mon préféré est le numéro un, parce que c’est le premier auquel j’ai joué. C’était la première fois que je tombais sur un aussi bon jeu. Il n’y en a pas eu d’aussi bon depuis. Après celui-là, le deuxième est mon préféré. Je sais que beaucoup de gens le considèrent comme le pire, mais pas moi.
« Shadow Moses » est une référence au jeu sorti sur Playstation en 1997. As-tu joué au remake sur Game Cube ? Qu’en as-tu pensé ?
Je n’ai jamais joué au remake sur Game Cube. Je continue à jouer à l’original.
Qu’as-tu pensé du final, Metal Gear Solid 4, sorti en 2008 sur PS3 ?
C’était dingue ! Je n’ai jamais vu venir l’énorme rebondissement à la fin, ni les explications qu’il a fallu attendre jusqu’à la fin du générique. J’étais au bord de mon siège. Le jeu était un grand film. C’était intense, incroyable.
Kojima s’apprête à sortir une nouvelle série, Metal Gear Rising, plus orientée action et avec Raiden en tant que personnage principal. Penses-tu essayer cette série ?
En fait, j’ai déjà joué à la démo. C’est super cool ! J’ai eu un peu peur en découvrant le style. Je n’étais pas sûr que ce soit mon truc parce que je ne suis pas fan des jeux de baston stylisés comme Devil May Cry. Mais j’ai joué à la démo et c’est génial !
Revenons à la musique. Cet album est votre deuxième avec Epitaph. Comment se passent les choses avec eux ? La présence de Brett Gurewitz joue-t-il sur votre décision de continuer à travailler avec ce label ?
Oui, tout à fait. Quand nous avons signé chez eux, Brett est venu nous voir personnellement. Il était passionné par Bring Me The Horizon, il nous a dit qu’il adorait le groupe et on sentait que c’était authentique. C’est la raison principale pour laquelle nous avons signé chez Epitaph, même si on nous offrait plus d’argent ailleurs. Ils sont passionnés par Bring Me The Horizon, c’est pour ça qu’on est toujours chez eux.
Tu es sur le point de lancer un nouveau projet, consistant à créer un comic-book intitulé « Raised By Reptiles ». Où est en votre campagne de levage de fonds Kickstarter ? Pourquoi veux-tu t’impliquer dans ce projet ?
Je suis un grand fan de comics, comme je suis fan de jeux vidéo et de musique. Il faudra voir comment les choses avancent. Ça fait tout juste une semaine qu’on a lancé le projet sur Kickstarter et on a presque atteint notre objectif. Il semblerait que le projet va se faire, ça va être cool.
Dans une interview datant de 2009, à la question : « Pourquoi les gens ne te comprennent-ils pas ? », tu répondais que tu les prenais à rebrousse-poil, mais que tu ne savais pas pourquoi. Ton opinion concernant l’avis des gens a-t-il changé ?
Je ne suis pas sûr. Il faudrait le leur demander ! Je n’accorde pas beaucoup d’attention à ce que je lis sur Internet. En fait, je ne lis même rien à ce sujet. Je n’ai aucune idée de la façon dont les gens me voient. Je fais seulement ce que je fais. Je ne peux pas changer leur opinion, tu vois ce que je veux dire ? Au final, ils ne me connaissent pas. Ils se font une opinion selon ce qu’ils pensent que je suis, et pas sur ce que je suis vraiment. Je ne peux rien y faire.
Ce qui est frappant avec Bring Me The Horizon, c’est que, particulièrement sur YouTube et Blabbermouth, les réactions à l’égard du groupe sont assez extrêmes. Les gens vous adorent ou vous détestent. Comme l’expliques-tu ?
Je ne sais pas vraiment comment l’expliquer. Depuis le début de notre carrière, même à une toute petite échelle, nous avons toujours divisé l’opinion. J’imagine que quelque chose dans ce qu’on fait pousse les gens à réagir de façon passionnée. À mon avis, c’est une bonne chose : une mauvaise réaction vaut mieux que pas de réaction du tout. On sent qu’on fait quelque chose qui crée une opinion et c’est ce qu’il faut faire. Si tout le monde se dit : « Ouais, ils sont pas mauvais », on ne va nulle part. Une mauvaise émotion est toujours une émotion, et le fait que nous provoquions des émotions chez les gens en dit long sur le groupe.
Interview réalisée par téléphone en mars 2013
Retranscription et traduction : Saff’
Site internet officiel de Bring Me The Horizon : www.bringmethehorizon.co.uk
Album Sempiternal sorti le 1er avril 2013 chez Epitaph Records
Des nouvelles chansons plus que géniales!
De mieux en mieux même.
Ont vous aiment franchement vous êtes les MEiLLEURS !!
Nao
Kiss xoxo
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Pas encore écouté. J’ai écouté les premiers et les ai vu en première partie de Machine Head, et le sentiment premier qui en est ressorti est monotonie (en concurrence avec l’ennui). On verra bien avec cet album.
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Franchement, je suis fan de Bring Me The Horizon depuis leurs débuts. Sa a toujours étais mon groupe préférer, est leurs dernier album » Sempiternal « , j’ai bien aimé, mais pas autans que les premiers albums. Sa fait pas Bmth je trouve… Sa manque un peut de scream. Mais il est bien quand même! 🙂
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J’ai horreur de tout ce que ce groupe a pu faire depuis leurs débuts, et pourtant j’ai adoré Sempiternal !
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R.I.P. bmth
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Faut bien évoluer un jour, j’étais un grand fan des premiers albums où c’était un peu du grand n’importe quoi, mais comme Oli l’a dit dans une interview la musique qu’ils faisaient était vachement limitée. Donc c’qu’ils font là c’est autre chose et c’est excellent musicalement parlant.
Superbe interview!
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Le comic book s’appelle « Raised By Raptors » (et non Reptiles).
Sinon sans être spécialement fan de la formation (mais pour les avoir découvert en première partie de Machine Head au Zénith) j’ai beaucoup apprécié l’écoute de Sempiternal qui est oui, truffé d’électronique.
Le « plagiat » du chant de Chester de Linkin Park ne m’a pas échappé non plus lors de l’écoute.
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C’est franchement super de lire cette interview. Personnellement, je verrai autrement les « magnifiques » critiques de certains, du type « c’est nul » ou « c’est quoi c’truc pourri? ».
Je trouve ce nouvel album pas mal du tout pour ma part, et j’espère que ce ne sera pas le dernier car suis curieuse de voir la suite.
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Pour arrêter de faire du Metal, encore faut-il en avoir fait.
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