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Chronique Focus   

Bukowski – Bukowski


Même s’il fête cette année ses vingt-cinq ans, l’humeur n’est pas vraiment aux réjouissances pour Bukowski. Le combo d’Île-de-France qui, depuis Amazing Grace en 2009, et surtout The Midnight Sons qui l’a poussé sous le feu des projecteurs en 2011, s’est fait une place de plus en plus solide dans le petit monde du rock et du metal français, vient en effet de traverser la période la plus éreintante de sa carrière après le décès soudain de Julien Dottel fin 2021, bassiste du groupe et frère du chanteur-guitariste Mathieu Dottel. Ultime épreuve après un confinement qu’on imagine particulièrement suffocant pour un groupe qui s’est fait connaître avant tout pour l’intensité de ses prestations scéniques, il aurait pu être le coup de grâce pour Bukowski. Mais le trio restant, épaulé par Max Müller à la basse, a décidé de tenir bon et de poursuivre son chemin en menant à bien la sortie de son sixième album, Bukowski, sur lequel il avait travaillé pendant la période de confinement avec Julien. Avec sa pochette-hommage qui représente justement le bassiste défunt et son titre en forme de manifeste, ce successeur de Strangers (2018) se présente donc comme une synthèse de ce qui fait l’essence du groupe. Deux décennies de carrière, donc, une certaine chaleur, et un son immédiatement reconnaissable, mélange de rock stoner et de metal teinté de hardcore, de grunge voire un peu plus…

Et en effet, la patte Bukowski est présente dès le solaire « From Above », qui ouvre l’album avec mordant. À la fois très moderne et teinté d’une patine année 90, il donne le ton de Bukowski, un album et un groupe pleins de vigueur, d’énergie, bref, de vie, en dépit de l’ombre qui plane et qui n’est jamais loin. La production, claire, très contemporaine, toujours lisible, sert à la fois la richesse des guitares de Mathieu Dottel et Clément « Knäky » Rateau, et les détails que le quatuor a particulièrement soignés sur cet opus : harmonies vocales (« Breathin’ Underwater »), solos (« Crossroads »), ou touches de piano (« NCFYC »). En onze titres et cinquante minutes, les musiciens ont largement le temps de faire ce pour quoi on les connaît – le survitaminé « My Claws », par exemple – et de rendre hommage à leurs influences principales – le hardcore saccadé de « The Third Day », les intonations à la Alice In Chains de « Stolen », les gros riffs un peu Nouvelle-Orléans sur « Uncool », ou encore le clin d’œil au néo qu’est la présence de Toni Rizzotti d’Enhancer sur « Vox Populi ». Mais ils peuvent aussi se permettre des expérimentations, et de pousser le groupe dans des directions jamais explorées précédemment. On pense notamment à la mélancolie dépouillée des ouvertures du long et contrasté « Breathin’ Underwater » ou de « NCFYC », et surtout à « Arcus », où l’on entend des paroles en français, contribution du rappeur Wojtek.

De quoi proposer un album à la fois résolument Bukowski et plus nuancé que par le passé, où la pulsion de vie gagne avec plus de panache que jamais – après tout, l’album se termine sur un éclat de rire – mais n’ignore ni les moments de souffrance, de manque ou de mélancolie, ni ceux plus en demi-teinte, de réflexion ou de nostalgie. Résolument accessible avec son sens de la mélodie et son dynamisme, c’est son authenticité et sa générosité qui le distinguent, comme souvent avec Bukowski. Bref, le groupe reste vertical, comme l’avant-dernier titre de l’album le suggère : bien campé sur ses acquis, habité par une urgence et une flamme ravivée par les épreuves, malgré le drame qui aurait pu lui être fatal, Bukowski semble paradoxalement plus solide que jamais. Un bel hommage à son bassiste historique, et une vitalité bienvenue après l’ankylose générale de ces dernières années.

Clip vidéo de la chanson « NCFYC » :

Clip vidéo de la chanson « Crossroads » :

Album Bukowski, sortie le 23 septembre 2022 via At(h)ome. Disponible à l’achat ici



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  • Clairement pas leur meilleur album même si on leur souhaite le meilleur bien évidemment après ce qu’ils ont vécu. J’ai réécouté après celui-ci « On The Rocks » sorti en 2015. On n’est pas du tout dans la même catégorie.

  • J’ai adoré Amazing Grace en 2009, Midnight Sons était aussi très sympa, depuis je n’accroche plus vraiment aux compositions du groupe, il y a mélodiquement quelque chose qui me fait tiquer. Cet album ne fait pour l’instant pas exception, à voir avec le temps…
    Dans tous les cas, très content de les voir sortir la tête de l’eau après une épreuve aussi difficile, c’est le plus bel hommage qu’ils puissent faire à Julien Dottel.

  • Red Hot Chili Peppers @ Lyon
    Queens Of The Stone Age @ Lyon
    Kiss @ Lyon
    Skid Row @ Lyon
    Hollywood Vampires @ Paris
    Depeche Mode @ Lyon
    Scorpions @ Lyon
    Thundermother @ Lyon
    Ghost @ Lyon
    Spiritbox @ Lyon
    Metallica @ Saint-Denis
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