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Interview   

Bukowski prend son destin en main


Suite à l’album On The Rocks en 2015, Bukowski est arrivé à un tournant : las de subir les aléas et contraintes du business qui ont notamment sabordé la promotion de l’album, le quatuor de la région parisienne a décidé de prendre son indépendance. Bukowski, qui retrouve une famille soudée depuis l’arrivée de Clément Rateau, remplaçant Fred Duquesne parti voguer sous d’autres horizons, entame aujourd’hui une sorte de nouveau départ avec le nouvel album Strangers. Ce nouveau Bukowski ne fait pour autant pas table rase du passé. Bien au contraire puisqu’il renoue avec certains éléments qui ont participé à façonner le meilleur dans leur identité.

Mathieu Dottel, chanteur-guitariste du combo, joint par téléphone, nous raconte cette transition opérée pour aboutir à là où ils en sont aujourd’hui, avec les moments de doute comme ceux de reprise de confiance. Strangers en est le résultat direct, marqué autant par la colère que la camaraderie. Il est aussi le symbole de quatre mecs qui ne rentrent pas dans le moule, étrangers face aux conservatismes de tous bords – en particulier dans le milieu culturel français contre lequel Mathieu pousse un coup de gueule.

« Il y a toujours un mec du label qui vient à la fin de l’enregistrement pour dire qu’il y a trois morceaux qui ne lui plaisent pas, alors qu’il aurait peut-être dû pointer son cul en début de session. Parce que nous nous sommes tapés deux fois des plans comme ça, et c’est insupportable. »

Radio Metal : La biographie fournie avec le disque commence en disant : « On pourrait presque dire que Bukowski a tout fait, tout vécu. » Et on peut inclure là-dedans toute sorte de galère et déconvenue. Dirais-tu que c’est un passage obligé pour un groupe, que ce sont celles-ci qui le rendent plus fort voire forment son caractère et son identité ?

Mathieu Dottel (chant & guitare) : Complètement. C’est comme une espèce de formation sur le tas. Nous apprenons les choses, nous apprenons de nos erreurs. Nous savons comment fonctionne le business en France, en faisant des erreurs. Maintenant, nous avons compris comment ça fonctionnait et tout se passe beaucoup mieux. Nous, ça nous a aidés. C’est un mal pour un bien, dirons-nous. Désormais, nous avons décidé d’être notre propre maître et d’arrêter de travailler avec des labels, parce que ça ne s’est pas forcément très bien passé à chaque fois. C’est pour ça que nous avons fait un Ulule et maintenant nous avons juste un distributeur. Nous contrôlons tout ce que nous faisons. Car sur les trois labels que nous avons eu, il y a toujours eu des soucis. Après, je ne veux pas leur chier dans les bottes, ils font leur travail aussi, mais nous estimons que le travail n’a pas été fait forcément comme ce que nous nous voulions. Maintenant, nous sommes en autoproduction totale, c’est plus compliqué à la base mais quand tu arrives à produire ton album, tu es vachement plus serein pour la suite.

Il y a plusieurs années, lors d’une interview à l’occasion de la sortie de The Midnight Sons, tu nous disais que tu ne te voyais pas jouer avec qui que ce soit d’autre que le trio avec qui tu étais à l’époque. Comment as-tu vécu les départs que le groupe a connus par le passé ? Est-ce que, du fait que tu vois Bukowski comme une famille, c’est d’autant plus difficile de se séparer des gens ?

Complètement. Là où nous avons le plus souffert, c’est pour le départ de Niko [Nottey], le premier batteur. Nous étions un peu perdus car c’était vraiment le bébé que nous avions créé ensemble, donc nous avions perdu une jambe, en gros. Suite à ça, nous avons un peu galéré pour retrouver un batteur fixe. Il a fallu trouver quelqu’un qui soit disponible, et avec qui ça colle humainement. Nous avons testé de très bons batteurs mais avec qui ça ne collait pas humainement. Nous nous disions que sur la route, à se côtoyer en permanence, ça n’aurait pas été possible. Nous avons surtout recherché des personnalités. Maintenant, nous avons Timon, c’est impeccable, mais il y a eu une espèce de passage compliqué où nous étions un peu perdus, Julien et moi. Là, nous avons réussi à nous retrouver, à faire une vraie équipe, avec Clément que nous avons rajouté à la guitare. Là ça file droit et nous avons retrouvé cette famille que nous avions un peu perdue. La complicité, c’est ce que nous recherchons à la base. Nous voulons avant toute chose que ce soit des copains. Nous voulons que ce soit des gens près de chez nous et avec qui partager des choses. Pour que ça devienne un groupe, il faut que ce soit une famille. Nous n’avons pas forcément pris le meilleur batteur ou guitariste – bien sûr il faut que la personne soit au niveau et raccord avec nos envies -, mais ça colle vraiment humainement avec nous, donc c’est impeccable. Là nous avons réussi à trouver un bon fil conducteur pour la suite.

Peux-tu d’ailleurs nous parler du départ de Fred Duquesne en 2016 ?

Fred, c’est un mec qui a été formidable avec nous, mais ce qui s’est passé, c’est qu’il est parti dans Mass Hysteria. Ça faisait déjà pas mal de temps qu’ils lui faisaient de l’œil, car ce sont de vieux potes. Et ça lui convient pas mal car ils sont tous à Paname. Nous, nous sommes des banlieusards de Cergy, c’était un peu compliqué pour les répètes. Mais ça s’est super bien passé, nous avons tout de suite trouvé un remplaçant, mais c’est vrai que c’était directement à la sortie de l’enregistrement. Il fallait trouver quelqu’un rapidement. Mais nous nous sommes quittés en bons termes, tout va bien. Je crois qu’il est mieux dans Mass Hysteria qu’avec nous, et nous sommes mieux avec Clément.

Cet album succède à une période de nombreux changements : changement de guitariste, de tourneur, et la décision de sortir l’album vous-mêmes. Comment ces changements ont-ils affecté ce qu’est Bukowski ?

Avec l’autoproduction, tu ne délègues pas, donc tu contrôles tout ce que tu fais. Tu sais que le résultat sera là parce que toi tu l’as décidé, pas parce que les gens d’un label ont décidé de faire certaines choses, sans te demander l’autorisation. Donc c’est beaucoup mieux, en tout cas pour nous. La musique, c’est d’abord un plaisir et un hobby, donc nous n’avons pas envie que ce soit des problèmes. Nous essayons d’éradiquer tout ce qui peut apporter des problèmes, et ça en fait partie. Mais ça a quand même été une belle galère, car pour s’autoproduire, il faut déjà trouver le financement, et après tout faire soi-même. Il faut faire un Ulule, croiser les doigts pour que ça se passe bien. Heureusement ça s’est bien passé, puis en plus maintenant, tout le graphisme, etc. nous avons tout payé nous-mêmes. Étant donné que nous sommes des prolos qui ne vivent pas sur l’or, nous avons un petit peu galéré pour trouver les fonds. Ce sont surtout des complexités financières. Alors que quand tu es avec un label, ils s’occupent de tout, ils prennent en charge le pressage des disques, etc. Donc niveau pognon, c’est beaucoup plus simple, mais je préfère payer tout et être maître de notre destin. C’est vrai que ça a été un peu complexe pour s’autoproduire et nous étions un peu sans filet mais nous avons encore appris pas mal de choses en s’autoproduisant, et maintenant que c’est fait, l’album est parti en pressage, il sort le 5 octobre, donc c’est bon, nous sommes complètement apaisés et avons hâte de partir en tournée. Et maintenant, nous sommes en plus propriétaires de nos droits, donc nous ne donnons rien à personne, ce qui n’est pas plus mal.

« Nous essayons de nous restreindre parfois parce que sinon ça part trop dans tous les sens, car nous écoutons vraiment de tout. Je sais que moi, j’écoute peu de metal. J’écoute surtout des vieux trucs des années 70 ; en ce moment, je suis sur la BO des Blues Brothers, des choses comme ça. Ça peut partir vite en couille ! [Petits rires] Donc j’essaye de me canaliser. »

Vous avez décidé de financer le disque via le crowdfunding, expliquant que vous étiez « désireux de retrouver une certaine indépendance dans la composition et l’écriture de [votre] musique. » Est-ce que vous sentiez, ces dernières années, que c’était de plus en plus difficile de rester indépendants, que l’on tentait de se mêler de votre processus d’écriture, etc. ?

Oui. Effectivement, il y a toujours un mec du label qui vient à la fin de l’enregistrement pour dire qu’il y a trois morceaux qui ne lui plaisent pas, alors qu’il aurait peut-être dû pointer son cul en début de session. Parce que nous nous sommes tapés deux fois des plans comme ça, et c’est insupportable, alors que nous aimions bien les morceaux. Et puis, en gros, sur le dernier album en date, la sortie a été un peu bâclée par le label, ils ont fait ça par-dessus la jambe, c’était un peu un coup d’épée dans l’eau. Nous étions pas mal fâchés, donc sur cet album-là, la promo va être là, concrète, au bon moment. C’est plus sur des problèmes comme ça que c’était compliqué. Nous étions fâchés, parce que c’est notre bébé, et il est mal « vendu ». C’était ça le problème. Maintenant, il n’y a pas de label derrière, donc tu fais ce que tu veux, et c’est vachement mieux. Nous sommes beaucoup plus à l’aise.

Cette complexité que tu as évoquée, est-ce qu’elle a impacté votre méthode de travail ?

En fait, la méthode de travail n’a pas forcément beaucoup changé par rapport à avant. Nous arrivons un peu avec la moitié du travail, l’autre moitié se fait en impro, sur le moment, en studio. Donc c’est pour ça qu’il nous faut un moment de studio assez long, parce qu’il y a de la créa aussi en direct. Ça s’est surtout fait beaucoup plus sereinement. Après, il n’y a pas eu beaucoup de complexité. Enfin, notre manière de travailler est toujours un peu complexe, elle n’est pas très standard. Nous sommes toujours un peu dans le point d’interrogation, nous nous demandons ce que le morceau va donner, car nous n’avons pas maquetté avant… Nous travaillons un peu comme ça, donc nous le découvrons en même temps que nous l’enregistrons. Mais nous aimons bien faire ça, c’est un truc que nous avons toujours fait. Il y a des gens qui ne comprennent pas du tout, parce qu’ils maquettent pas mal avant, alors que nous, pas du tout. Enfin, seulement deux morceaux sur l’album, le reste a été un peu en « freelance ».

L’album est décrit comme un « nouveau départ ». Au-delà de la musique qui a quelques nouvelles sonorités, comment décrirais-tu le nouveau visage, le nouvel état d’esprit de Bukowski ?

C’est beaucoup plus rentre-dedans, parce que nous avons beaucoup plus envie de jouer. Enfin, disons que l’envie ne s’est pas vraiment perdue mais, effectivement, nous avons vécu une période où nous n’avions pas trouvé les bonnes personnes… J’avais un peu perdu espoir à un certain moment. Je ne vais pas dire du mal de quoi que ce soit, mais le côté familial avait un peu disparu et il est revenu, et moi ça me donne vachement envie de continuer de cette manière-là. Là, il y a vraiment quatre gars qui s’éclatent à jouer ensemble et ça doit se ressentir sur la scène et sur les compos. Ça devient de plus en plus énergique. C’est ce qui ressort de cette cohésion entre les zicos.

Qui dit nouveau départ dit aussi laisser des choses derrière soi. Du coup, qu’avez-vous laissé derrière vous ?

Nous composons en fonction de nos humeurs. Il y avait quelque chose d’un peu stoner au début et qui a disparu avec le temps, au profit de choses un peu plus modernes, et moins blues rock que le premier album. Ça s’est effacé avec le temps.

Pourquoi ?

Je ne sais pas. A la base, c’est moi qui compose pas mal et c’est certainement parce qu’au début de Buko, j’avais des envies un peu blues rock… Je ne l’explique pas vraiment. C’est en fonction de ce que j’écoute sur le moment, de mes inspirations. Après, c’est vrai que ça peut être un peu déroutant des fois… A l’époque, je sais que j’écoutais pas mal de stoner, etc. et puis ça m’a un peu lassé. J’ai trouvé que tout le mouvement était un peu répétitif, et j’écoutais énormément de choses différentes. Je me suis donc dit que j’allais essayer d’aller vers d’autres horizons. Mais c’est sans dénigrer quoi que ce soit. Le premier album de Bukowski, pour moi, c’est quasi le meilleur. Donc « no remorse ». Mais s’il faut nous classifier, pour le groupe, c’est sûr que l’étiquette stoner ne nous correspond plus du tout.

Vous avez donc eu ce côté stoner par le passé, vous êtes très rock, vous avez aussi des teintes hardcore parfois. Vous n’êtes pas du genre à vous laisser enfermer dans des cases, j’ai l’impression…

Pas du tout. Absolument pas. C’est pour ça que nous essayons de nous restreindre parfois parce que sinon ça part trop dans tous les sens, car nous écoutons vraiment de tout. Je sais que moi, j’écoute peu de metal. J’écoute surtout des vieux trucs des années 70 ; en ce moment, je suis sur la BO des Blues Brothers, des choses comme ça. Ça peut partir vite en couille ! [Petits rires] Donc j’essaye de me canaliser. C’est un peu compliqué tout ça, il faut réussir à restreindre toutes nos envies, non seulement de ma part mais de la part de tout le monde. Il faut quand même qu’il y ait quelque chose de logique dans tout ça. Tout le monde n’est pas Mr. Bungle, il faut avoir énormément de talent pour faire des choses pareilles [rires].

« La culture, on a un petit côté un peu rétrograde qui fait que la musique prend un coup dans l’aile, forcément, contrairement à d’autres pays qui sont vachement plus ouverts d’esprit là-dessus. Après, ils sont peut-être moins bons en fromage que nous ! Chacun son style [rires]. »

Entre le choix de Francis Caste et le fait d’être retournés travailler avec Mamzelle Mamath qui avait travaillé sur le visuel de The Midnight Sons, il y a une envie très marquée de faire un retour aux sources. Il y a comme un paradoxe avec cette idée de nouveau départ, mais vu que vous vous lanciez un peu dans l’inconnu, n’était-ce pas un moyen d’avoir des points de repères ?

Exactement. Tu as tout à fait bien résumé le truc. Je sais qu’il y a eu une baraqua au moment où nous avons travaillé avec tous ces gens, ça avait vraiment bien fonctionné. Donc nous nous sommes dit : « À ce niveau-là, pourquoi ne pas revenir vraiment aux sources du groupe, mais avec ce changement que nous avons opéré musicalement ? » Nous voulions vraiment travailler avec ces deux personnes car nous avions le souvenir du premier album, qui était un rêve éveillé. Nous n’étions rien, et du jour au lendemain, nous avons eu plein de bons retours. C’est aussi grâce à Francis Caste. Et l’artwork de Mamzelle Mamath, nous l’avons toujours kiffé, donc nous étions ravis de la retrouver. Ça fonctionne très bien ensemble, donc ça va très vite, on se comprend. Donc étant donné que nous partions dans l’inconnu, nous avons décidé de rester sur des fondations, à l’ancienne, revenir sur choses qui ont fait que ça avait marché pour nous à l’époque. Nous avons voulu prendre cette sécurité-là.

Votre musique a gagné en agressivité proche du hardcore avec beaucoup plus de chant crié qu’avant. D’où vient cette part d’agressivité en plus ?

Ça vient du fait que Julien et moi sommes vraiment fans de hardcore depuis des années, et puis Julien a un autre groupe qui s’appelle Full Throttle Baby dans lequel il est chanteur – il est surtout brailleur –, et nous nous sommes dit que nous pourrions exploiter cette voix-là pour l’inclure dans Bukowski. C’est pour ça qu’il y a des moments où ça avoine un peu plus qu’avant.

Y a-t-il de la colère derrière ce côté plus agressif ?

Énormément. Mon frère a traversé pas mal d’épreuves et il les ressort directement en gueulant. Il y a beaucoup de colère, surtout de la part de mon frère. C’est quelqu’un qui essaye de se faire passer pour un dur mais c’est le mec le plus émotif au monde. C’est con, ça arrive à tout le monde, mais ce sont deux chagrins d’amour de suite qui l’ont un peu enfoncé dans l’alcool et là il vient de s’en sortir, donc il avait aussi besoin d’un exutoire par écrit pour tout ça. Il a vécu des périodes assez sombres dernièrement avec l’alcool. Et maintenant ça va beaucoup mieux, donc c’est cool !

Est-ce que cette colère n’est pas aussi un peu celle de la revanche par rapport à l’album précédent qui a été mal géré par le label ?

Voilà, tu as tout dit. Exactement, il y a une espèce de revanche à prendre avec tout ça. Parce que, c’est ce que je disais tout à l’heure, nous faisons ça d’abord par plaisir, alors si c’est noyé dans un tas de soucis comme ce qui a pu se passer sur le dernier album, ça ne donne plus envie, et puis là, cette espèce d’envie est revenue. Donc il y a une espèce de colère de très bonne facture, pas du tout sombre, négative. Mais oui, effectivement, il y a une sorte de colère de revanche.

Apparemment Clément Rateau, le nouveau guitariste a beaucoup contribué. Qu’a-t-il amené au groupe ?

Il a amené pas mal de couleurs. C’est « Monsieur Effets » maintenant, c’est lui qui s’occupe de tous les petits détails qui n’en sont pas, comme des effets de guitares. Il a fait beaucoup d’arrangements. Moi, je suis arrivé avec l’ossature, et lui a saupoudré tout cela de petites trouvailles bien chouettes. Je fais la bûche, et lui fait les arrangements. Il a composé toutes ses parties, donc c’est cool, ça donne des couleurs nouvelles. Par exemple, la fin de « Mater Dolorosa » sur l’album, ce sont des espèces de parties africaines, parce qu’il vient de Guinée et il nous a proposé un rythme africain avec une mélodie africaine, nous avons essayé de la transformer en quelque chose après qui est encore un petit peu noyé dans la distorsion. Nous n’aurions jamais pensé à faire un truc comme ça et ça nous a vraiment ouvert l’esprit sur des horizons, c’est vachement bien. Et la fin, qui est radicalement différente du reste du morceau, c’est cool ; nous sommes bien contents de cette fin.

Clément était guitariste d’un trio de hip-hop. Est-ce que tu penses que ce background hip-hop se reflète d’une façon ou d’une autre dans son jeu ?

Je pense bien, parce qu’il groove pas mal. Son jeu est très rebondissant ! Dans son groupe, c’était très groove, ça jouait sec. C’était un power trio, Urban Grio, avec un rappeur qui s’appelle Lunik. Il y a deux ou trois trucs qui trainent, mais malheureusement ça a été un peu tué dans l’œuf, et c’est dommage parce que c’était vraiment un bon projet. C’était assez perché au plafond, c’était du rap, il y avait un mec qui faisait de la basse et du clavier en même temps, c’est dire… [petits rires]. C’était un truc assez expérimental, c’était vraiment pas mal, mais je crois que les égos de chacun on foutu le truc en l’air avant que ça puisse marcher. Mais c’est dommage parce que c’était un très bon projet. Lui, il n’attendait qu’une chose, c’est de vivre ce qu’il est en train de vivre avec nous, parce qu’il a toujours voulu faire de la musique et il est toujours resté un peu dans son coin, donc là il vit les choses à cent pour cent, donc il faut le canaliser aussi [petits rires]. Il en profite un maximum. Il a raison ! Et donc il a apporté quelque chose de très groove à Bukowski qui est assez intéressant.

« J’ai vécu à une époque où il y avait des metalleux, il y avait des rappeurs, il y avait tout dans la classe, et là ils écoutent tous PNL. Tous ! Tous ! Et c’est vraiment un bourrage de crâne parce que Skyrock, par exemple, c’est une horreur absolue. J’ai une haine absolue contre cette radio. Elle massacre la gueule de ces mômes. »

On l’entend d’ailleurs sur le dernier morceau de l’album, « Bad Habits », qui est hyper groovy…

Exactement ! En plus celui-là, c’est une belle histoire, car nous l’avons écrit sur le moment après une énorme cuite que nous nous étions tous pris [rires]. Nous avions fait cinq bars dans la nuit, c’était le blackout total pour tout le monde, nous ne nous souvenions même plus de ce qui s’était passé à la fin [rires]. Mais le problème, c’est que le lendemain, il fallait aller en studio, il fallait pondre un morceau, et ça nous a galvanisés. En fait, c’était une cuite très positive. Tu avais mal à la gueule mais ce n’était que des ondes positives. Au final tu en ressors fatigué mais motivé quand même, donc nous avons réussi à faire un truc. Et même pour les textes, la veille nous n’avions même pas un mot. Nous avons tout écrit le jour-même. Nous nous sommes dit : « Vas-y, on a qu’à raconter exactement ce qui s’est passé hier ! » Donc toutes les conneries que nous avions faites dans la nuit, nous les racontons dans le morceau. C’était hyper instinctif comme morceau, et je crois que c’est un des plus fédérateurs de l’album, au final. Bon, il est assez « friendly », il change un peu du reste, effectivement, mais nous l’adorons.

Et d’où vient ce sample que l’on entend au début ?

Ça vient de la soirée, car nous avons fait un karaoké chinois hyper kitsch, un truc géant en plus à Belleville, on avait l’impression d’être dans la mafia chinoise ! C’était l’anniversaire de Clément, il prenait trente-deux ans, donc ils ont commandé trente-deux bouteilles de rosé, c’était n’importe quoi ! Bon, nous ne les avons pas toutes bues… Et ça vient donc d’un pote qui s’est mis à chanter « Unchain My Heart » de Joe Cocker, c’était ridicule ! [Rires] Donc nous nous sommes dit que nous allions lui rendre hommage en le mettant en début de morceau.

Donc il va toucher des royalties pour ce passage-là…

Ouais, nous lui devons des droits d’auteur ! Pas grand-chose, mais il va en toucher !

Est-ce que l’influence hip-hop est trop éloignée de vous ou bien peut-on s’attendre dans le futur à des touches de hip-hop dans votre musique ?

C’est possible, parce que nous, dans le groupe, c’est pareil, nous sommes tous assez friands de hip-hop, donc pourquoi pas. C’est en fonction des humeurs. Des fois, j’ai quelques humeurs un peu hip-hop, donc c’est possible que sur le prochain il y ait des trucs comme ça, avec un peu plus de samples, on va voir.

L’album a une intro coup de poing avec « Facts And Consequences » qui laisse croire qu’il s’agit d’une ballade, mais qui au bout d’une minute trente part sur quelque chose de plus agressif. Avec une structure pareille, on ressent comme une envie de tout envoyer balader…

C’est exactement ça. En plus, il est assez émouvant, car les textes que mon frère a écrits sont chouettes, ça parle du fait que quand tu fais une connerie, tu payes ; quand tu fais une erreur, tu essayes de la corriger. C’est le thème du morceau. Je pense que c’est important de se remettre en question quand on fait des conneries. C’est ce petit message-là sans aucune prétention. Nous ne donnons de leçon à personne. D’abord, c’est parce que nous l’avons vécu et puis c’est un message positif. Et ce côté quand on a pété un câble, c’était exactement ça, c’est ce que nous lui avons dit : « Il faut que tu lâches prises, tu lâches tout ce que t’as. » Et il l’a fait en one shot, d’un coup, comme ça. C’était nickel. Donc effectivement tu n’as pas tort non plus là-dessus.

Vous êtes coutumiers des démarrages « progressifs » sur vos albums. The Midnight Sons commençait avec un morceau relativement calme avant de rentrer dans le dur. Est-ce une marque de fabrique que vous essayez de reproduire et réadapter ?

Exactement. Nous voulions faire comme un petit clin d’œil à ce début que nous avions fait dans The Midnight Sons, mais différent, pour dire, pourquoi pas ouais, une marque de fabrique. En tout cas, c’était vraiment dans ce but-là ; en plus, nous avions retrouvé toute l’équipe technique d’avant, donc nous nous sommes dit que nous allions faire un petit hommage à tout ce qui s’était passé avant. Et puis j’aime bien prendre l’auditeur un peu à contrepied au début.

Le titre de l’album est Strangers et évoque l’idée d’être en marge. Tu racontes notamment que toi et ton frère n’avez pas fondé de famille et vous consacrez pleinement à la musique. La musique, quand on veut faire ça sérieusement, à temps plein, penses-tu que ce soit forcément de gros sacrifices sur la vie privée, la vie de famille, etc. ?

En tout cas, jusque-là, nous n’avions pas trop eu le choix… Enfin, si le choix je l’ai, mais nous sommes encore restés avec cette espèce d’âme d’adolescent. Il y a quelque chose de très adolescent là-dedans, effectivement, qui fait que des fois je ne me reconnais plus. J’ai trente-huit ans, je me remets en question, « est-ce que ça vaut encore le coup que tu continues comme ça ? Il faudrait peut-être que tu changes de vie… » Des choses comme ça qui font que des fois je me sens un peu étranger par rapport à tous mes amis qui eux sont bien rentrés dans le moule, que je vois évoluer tous de la même manière, avec le petit jardin bien tondu, les enfants, le chien, etc. Et moi, j’en suis toujours à être cette espèce de mec qui fait du rock n’ roll à fond les manettes. Donc je me sens un peu étranger à tout ça. Et les quatre dans le groupe, c’est pareil. Mais nous avons quand même l’intention de fonder une famille. D’ailleurs, nous commençons à y réfléchir. Moi, comme je te disais, j’ai trente-huit ans, je vais avoir un enfant qui sera très jeune quand je serai très vieux, ça va être ça l’histoire ! Après, il y a eu les aléas de la vie qui ont fait que nous n’avons pas trouvé la bonne personne pour faire des enfants. Mais c’est sûr que le jour où j’aurai un enfant, ma vie va radicalement changer. On verra bien ! Mais tout ça, c’est vraiment sans dramaturgie, ce sont juste de petits constats, et c’est toujours très positif dans le fond. Mais voilà, à trente-huit piges, je me pose ces questions.

« J’adore chanter ! J’avais envie de faire un projet où je chantais. Et puis après je me suis confronté au fait d’être frontman, je me suis dit ‘merde, je n’avais même pas pensé à ça !’ [Rires] Et puis là, je me suis retrouvé dans la merde ! »

Tu seras prêt à faire des sacrifices sur le groupe et la musique le jour où tu auras un enfant ?

Oui, je pense. Bien sûr. Et puis, de toute façon, ce sera complètement intrinsèque et fondamental. A partir du moment où je vais voir la tête de ce petit bonhomme ou cette petite fille, je crois que d’un coup, je ne pourrais pas faire autrement que de… Enfin, la vie sera vachement moins légère. Là tu vis pour quelqu’un, tu protèges quelqu’un, tu mets quelqu’un dans ce monde qui n’est quand même pas très beau, en plus. Je sais que là mes priorités vont changer, ça c’est certain. C’est peut-être pour ça que je recule l’échéance. Parce que j’ai encore envie de faire un peu de rock n’ roll ! [Petits rires]

A quel point ton frère et toi êtes-vous victimes de discours conservateurs autour de vous, de personnes qui essayent de vous faire rentrer dans une sorte de moule ?

Oui, en France, il y a quand même pas mal de gens comme ça, qui trouvent étrange cette manière de vivre. Mais c’est vrai qu’il y a un petit poids sur nos têtes quand certains nous jugent. Après, ça ne nous rend pas malades non plus. Mais c’est vrai que nous ne sommes pas du tout dans l’archétype de la bagnole, du chien, et du gazon bien tondu.

Est-ce difficile de résister ? La force du conservatisme, c’est que c’est tentant de rentrer dans le moule…

Oui, c’est vachement rassurant, bien sûr. Moi, il y a un côté qui me fascine chez les gens très propres comme ça. Ils ont une vie vraiment très lisse, c’est vrai que c’est rassurant. Nous, c’est un peu plus flippant, notre manière de vivre. Tu ne vois pas trop le lendemain. Alors que quand tu es bien ancré dans cette société, tu es rassuré. Ça rassure vachement. Il y a effectivement des fois où je peux presque même envier cette vie, mais ce n’est pas tout le temps. Certaines fois, je me dis : « Putain, faudrait peut-être que je devienne comme ça un jour ! » On verra, mais en tout cas pour l’instant ce n’est pas le cas.

Est-ce que c’est quelque chose que tu ressens plus en prenant de l’âge ?

Oui, je pense. Il y a une sagesse qui arrive, je suis de moins en moins fougueux. Je le suis toujours, mais je m’assagis vachement, par rapport à ce que j’ai pu être avant. Nous étions quand même bien foufous avant ! [Rires] En tout cas, nous avons bien rigolé. Mais avec l’âge, je me calme.

C’est quand les moments les plus « flippants » dans votre manière de vivre ?

Le paradoxe, c’est que des fois, c’est en rentrant de tournée, tu t’es abimé un peu la santé, tu as trop bu, tu refaits un peu le match, tu dis « ah merde… » Après, il faut que ça serve à quelque chose tout ça, sinon ça n’a pas lieu d’être. Par exemple, j’ai fait le Hellfest cette année, pour moi c’est des bonheurs, je mets une croix là-dessus. Sinon, faire des caves pour faire des caves où ça sert à rien, maintenant, c’est fini. Après, c’est peut-être prétentieux de dire ça mais j’espère juste qu’il y a un petit retour quand tu fais quelque chose.

Dirais tu que, même dans le milieu de la musique, le conservatisme existe ?

Oui, c’est certain. Après, ça dépend. Il y a des gens obtus, un peu fermés. Tu as des gens « open-minded ». Il y a les deux. Mais c’est vrai qu’il y a une partie de conservateurs. Et surtout en France, je trouve. On s’ouvre peu à l’extérieur et on reste sur nos acquis. Tu montes en Belgique, il y a une scène qui est quand même radicalement différente. Tu vas en Angleterre, alors là n’en parlons pas. Même en Suisse. Alors que chez nous, on a un côté un peu italien, un peu ringard, je trouve. Et même de toute façon la musique en général, ce qui marche, c’est PNL et Jul, ça cartonne partout. Je suis un peu dépité. Après, c’est juste un constat, je ne suis pas en train de lever le poing mais ce n’est pas le meilleur pays pour le rock n’ roll, en tout cas. On est un pays magnifique avec plein de régions… Parce que, attention, j’adore ce pays, je le trouve merveilleux. On mange très bien mais alors la culture, on a un petit côté un peu rétrograde qui fait que la musique prend un coup dans l’aile, forcément, contrairement à d’autres pays qui sont vachement plus ouverts d’esprit là-dessus. Après, ils sont peut-être moins bons en fromage que nous ! Chacun son style [rires].

C’est plutôt dû au public ou plutôt au business ?

Au business, complètement ! Parce que le public, au final… Par exemple, quand tu vois Jul et PNL, c’est du matraquage matin et soir. J’ai un môme de dix-huit ans à la casbah, ce n’est pas mon môme, c’est le petit de ma femme, ça fait dix ans que je vis avec lui, j’essaye de lui faire comprendre et maintenant il a compris que c’était un mouton parce que… Moi, j’ai vécu à une époque où il y avait des metalleux, il y avait des rappeurs, il y avait tout dans la classe, et là ils écoutent tous PNL. Tous ! Tous ! Et c’est vraiment un bourrage de crâne parce que Skyrock, par exemple, c’est une horreur absolue. J’ai une haine absolue contre cette radio. Elle massacre la gueule de ces mômes. Donc ce n’est pas du tout la faute des gens, c’est la faute du business.

Le deuxième titre s’appelle « Middlefinger ». A qui est adressé ce « fuck » ?

En fait, nous n’avons pas voulu cibler ça. C’est tout ce qui nous casse les couilles, que ce soit à toi, à moi, à tout le monde en général. En fait, nous avons globalisé le doigt, pour tout ce qui emmerde. Ça peut être n’importe quoi pour n’importe qui. Ça n’est pas ciblé sur un truc précis. Nous nous sommes dit que si nous rentrions dans un truc précis, si nous tenions un discours… Tu n’es pas forcément d’accord avec les gens qui aiment bien ta musique, donc nous n’allions pas rentrer dans la politique, rentrer dans un truc précis, donc je me suis dit que tout le monde avait marre de quelque chose à un moment donné, que ce soit un petit détail qui fait chier dans la vie ou quelque chose de beaucoup plus grave. Nous voulions un morceau fédérateur pour le live, mais pas trop haineux non plus, parce qu’il y a un côté second degré aussi, nous ne sommes pas dans la haine dure. Nous voulions un truc assez punk, bien festif pour le live, avec un bon discours avant de le commencer et nous demanderons à tout le monde de lever le doigt pour tout ce qui pourrit la vie de chacun – pour moi, ça serait les conservateurs, on va dire ça comme ça ! Ça peut motiver les gens à se lâcher et ça peut leur faire du bien. En tout cas, j’espère, puisque nous ne l’avons jamais fait sur scène, donc on verra.

« J’ai eu carrément un pote qui était sous une table en direct au téléphone, j’entendais les balles qui partaient partout, il hurlait sous une table. Malheureusement il est mort d’une crise cardiaque un an après, donc ça m’a traumatisé. »

Il y a un morceau appelé « Haters ». Haters est un terme qui est devenu très populaire et qui est utilisé pour parler des internautes agressifs protégés derrière un clavier. Chaque artiste ou, globalement, personne publique a son lot de haters. En avez-vous été particulièrement victimes ? Comment gérez-vous ces réactions négatives ?

Nous n’avons pas beaucoup été victimes de ça. Forcément, il y a quelques chroniques un peu haineuses, où tu te demandes ce qu’on a bien pu faire au gars pour mériter ça [rires]. Là, tu sens que ce n’est plus du tout objectif… Moi, j’ai tendance à focaliser sur une chronique haineuse, alors que toutes les autres vont être cools, donc ça me pourrit la vie. Du coup, maintenant, je ne regarde même plus les chroniques, à part quand on me dit qu’il y en a une bonne. Mais sinon, je ne vais pas aller à l’encontre des chroniques, ça ne m’intéresse pas et ça me fait plus de mal que de bien. Parce qu’un seul mec qui va me pourrir la vie, je ne vais penser qu’à ça, ça va me mettre dans le doute… D’ailleurs, avant je pensais que j’étais tout seul à fonctionner comme ça mais non, chaque groupe, quand on dit quelque chose de mal sur eux, ils vont se focaliser dessus, donc ça me rassure de ne pas être le seul. Mais ce n’est vraiment pas logique. Ce n’est vraiment pas positif comme manière de penser, mais je n’arrive pas à faire autrement. Donc j’ai trouvé ma solution : j’évite de regarder les chroniques, je ne préfère même pas lire ces trucs.

Tu es quelqu’un qui doute facilement ?

Complètement ! Et c’est l’horreur. Je suis complètement paradoxal : je me retrouve à chanter devant plein de gens alors que je suis le mec le plus timide du monde ! C’est-à-dire que je n’aime pas, et puis je ne suis pas du tout en train de me mettre en avant en permanence. C’est ce qu’on me demande de faire, d’ailleurs, parce que je ne le fais pas assez en tant que chanteur. Je crois que ça me fait du bien, ça aide à combattre ma timidité. Forcément, quand tu joues devant trente-cinq-mille personnes à onze heures du matin, ta timidité, tu as intérêt à la laisser au placard [petits rires]. En fait, je me transforme. Je rentre dans un personnage. Je ne suis pas sûr de ça, mais je pense que c’est ça qui fait que j’arrive à affronter tout ça. Sinon, si vraiment je me mettais face à moi-même, je ne suis pas certain que je le vivrais de cette manière-là. Je suis bourré de paradoxes, mais je pense que je suis loin d’être le seul.

Est-ce que ça veut dire qu’au tout début du groupe tu t’es mis en position de chanteur par défaut ?

Non, parce que j’adore chanter ! J’avais envie de faire un projet où je chantais. Et puis après je me suis confronté au fait d’être frontman, je me suis dit « merde, je n’avais même pas pensé à ça ! » [Rires] Et puis là, je me suis retrouvé dans la merde ! Ça n’a pas été murement réfléchit. C’était un peu à fond tête baissée et puis ça a pris des proportions, je me suis retrouvé à être obligé de tchatcher entre les morceaux, là il a fallu que j’apprenne vraiment parce que sinon c’était mal barré au début. Ce n’est pas que chanter, c’est aussi être frontman d’un groupe.

L’album semble évoquer par moments la notoriété, avec des titres comme « Idols » ou « Haters ». Qu’avez-vous souhaité dire à ce sujet ?

Sur « Idols », ce sont de petits clins d’œil. Malheureusement, nous avons perdu pas mal d’artistes l’année dernière, il y a eu Chester Bennington, le chanteur de Linkin Park, puis surtout Chris Cornell, qui a été le héros de mon enfance, et avec Julien, nous nous sommes dit que nous allions leur faire un petit hommage, discret, parce que nous ne citons pas de nom. Tous ces gens qui tombent, dans la musique… C’était une année assez noire l’année dernière. C’est surtout un hommage à Chris Cornell, mais aussi à tous ceux qui sont décédés l’année dernière.

« Easy Target » parle du bataclan. Comment avez-vous abordé ce sujet ? Quel est le message ?

C’est imagé, donc nous avons évité les grosses ficelles, par respect pour tous ces gens-là. « Cible Facile », parce que c’était un strike absolu… Il y a une part de constat, déjà, d’horreur absolue. Les mecs sont arrivés armés jusqu’aux dents avec des armes de guerre. Même les flics, tu vois les vidéos, ils se sont barrés en courant. Et c’était des cibles faciles, d’où le titre. Et puis j’ai eu carrément un pote qui était sous une table en direct au téléphone, j’entendais les balles qui partaient partout, il hurlait sous une table. Malheureusement il est mort d’une crise cardiaque un an après, donc ça m’a traumatisé. C’était mon ancien manageur. Je n’étais pas là, mais je l’ai vécu quand même, donc je me suis dit qu’il fallait en faire un morceau, de toute façon.

Donc c’était plus un exutoire qu’un message que tu voulais faire passer.

Ouais voilà. Je pense que ça m’a fait du bien de le mettre en musique.

Interview réalisée par téléphone les 4 & 22 septembre 2018 par Philippe Sliwa & Nicolas Gricourt.
Transcription : Robin Collas & Nicolas Gricourt.

Facebook officiel de Bukowski : www.facebook.com/Bukowskitheband

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