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Interview   

Caïnan Dawn en immersion


Quand on souhaite jouer et écouter de la musique non conforme, on accepte que celle-ci sorte de sa propre conformité. Caïnan Dawn l’a bien compris et le prouve avec son évolution stylistique, qui, quoi que peuvent en dire certains, reste malgré tout du black metal. Avec Lagu, le groupe savoyard souhaite véritablement sortir des sentiers battus pour une baignade glacée dans un lac dont il dessine bien les profondeurs. Il va puiser cela dans des inspirations qui vont de la cold wave à Type O Negative, en passant par les indétrônables Blut Aus Nord… et même jusqu’aux ambiances du jeu rétro Ecco Le Dauphin. Le résultat est un album intensément atmosphérique, qui malgré son ouverture et ses expérimentations, respire toujours le souffle de Caïnan Dawn.

C’est dans le cadre d’une promotion sommaire et une annonce à la volée, dans la tradition du label extrême français Osmose Productions, que nous avons saisi l’opportunité de la sortie de ce nouveau disque pour nous entretenir avec la formation. La discussion a été riche, oscillant entre les codes du black metal aux atmosphères de Lagu, mais aussi entre les projets actuels ou enterrés du chanteur et compositeur Heruforod et du bassiste Keithan. Tant d’éléments qui permettent de comprendre la dynamique de la formation et de plonger avec eux dans leur univers…

« C’est un peu drôle de voir parfois des gens qui disent que ce n’est pas du black metal. C’est presque inquiétant pour l’oreille musicale. Ce que je veux dire par là, c’est que tu peux ne pas aimer ce que nous faisons, nous nous en foutons, mais de là à dire qu’il n’y a pas d’influence black, c’est quand même un peu surprenant. »

Radio Metal : Lagu a été très vite mis en écoute intégrale avant même sa sortie, en n’ayant dévoilé qu’un seul single au préalable. Est-ce que c’est un choix de présenter presque directement l’œuvre complète avec très peu de communication ou de teasing autour de celle-ci ?

Heruforod (chant & guitare) : Pour tout expliquer, c’est le label qui s’en occupe et nous, nous suivons le chemin qu’ils ont décidé de tracer. Après, ça nous va bien. Nous avons toujours été un peu discrets. Il y a tellement de disques qui sortent à l’heure actuelle, c’est dur de s’y retrouver. Nous passons par Black Metal Promotion qui est le moyen le plus « facile ». Il y a beaucoup de gens qui sont connectés, qui sont abonnés, qui reçoivent les notifications comme quoi il y a des nouveaux albums qui sortent. Je pense que c’est le moyen le plus rapide à l’heure actuelle pour que nous puissions être écoutés et entendus par un maximum d’auditeurs. C’est vrai que le monde de la musique est quand même bien saturé, dans tous les sens du terme.

Keithan (basse) : Ça colle bien avec la thématique, nous avons jeté une bouteille d’eau à la mer. Très clairement, avec Black Metal Promotion, tu es sûr de toucher un paquet de monde, et mine de rien, c’est le truc un petit peu agaçant si tu commences à essayer de cloisonner ça aux CD. À part si tu as un culte derrière le groupe, c’est très difficile de le faire vivre juste par le format physique, c’est trop compliqué aujourd’hui.

Quels sont les retours que vous avez reçus après avoir dévoilé l’album en intégralité ?

Heruforod : Ça a été mitigé. Soit il y a des gens qui ont adoré, soit il y a des gens qui n’ont pas aimé. Nous avons eu les deux sons de cloche. C’est marrant parce qu’il y a des gens qui ont trouvé que ce n’était pas du black metal ; même sur Black Metal Promotion, un album comme ça n’y avait presque pas sa place. À part les chants gutturaux, il y a quand même un petit peu de blast, on peut dire que c’est un album de « black metal », mais il est un petit peu plus soft que ce que nous avons pu faire précédemment, parce que nous avons voulu incorporer beaucoup d’ambiance, partir sur un concept vraiment particulier sur les océans, sur l’apnée, sur les profondeurs, etc. Faire quelque chose de violent n’aurait pas été en accord avec ce concept. C’est vrai que ça peut être compliqué pour certaines personnes qui conceptualisent le black metal, parce que nous sommes partis sur des sentiers un peu particuliers. Après, il y a aussi beaucoup de gens qui ont adoré, ils s’y sont plongés – c’est le cas de le dire – totalement. Ce sont vraiment les deux sons de cloche que nous avons pu avoir.

Keithan : Nous avons quand même eu plutôt des retours positifs, en grande partie, mais c’est vrai que c’est un peu drôle de voir parfois des gens qui disent que ce n’est pas du black metal. C’est presque inquiétant pour l’oreille musicale. Ce que je veux dire par là, c’est que tu peux ne pas aimer ce que nous faisons, nous nous en foutons, mais de là à dire qu’il n’y a pas d’influence black, c’est quand même un peu surprenant.

Heruforod : Nous n’avons pas renouvelé le genre, nous savons bien que nous avons des influences, nous n’allons pas le cacher, pour ne citer que Blut Aus Nord, etc. On peut faire tout et n’importe quoi sur le black metal aujourd’hui, ça n’a plus vraiment de limites. C’est ça, qui, justement, fait le black metal, c’est que ça n’a pas de limites.

Stylistiquement, Lagu évoque des atmosphères qui sont toujours denses mais bien plus éthérées et plus fluides que vos précédents travaux, que je qualifierais de plus chthoniens, rudes et opaques. Était-ce un changement voulu par rapport à la thématique dont vous avez déjà un peu parlé, ou est-ce que c’est le processus de composition qui a naturellement abouti à ce résultat ?

Ce sont les deux. On peut dire que les précédents albums partaient sur des choses ésotériques qui nous tenaient à cœur. Nous voulions vraiment que ce soit comme une incantation. Quand nous partions sur des concerts, avec du public, c’était vraiment ce côté incantatoire que nous voulions faire ressentir à l’auditeur. Là, quand nous sommes partis sur la composition, c’était naturel, ça n’avait totalement rien à voir. Aussi, nous voulions nous débarrasser de ce côté ésotérique parce que nous avions dit tout ce que nous avions à dire, tout ce qui nous tenait à cœur et nos croyances ont été dits. Nous ne voulions pas aller plus loin parce que nous voulions aussi changer de chose, changer de thématique. Personnellement, c’est quelque chose qui me tenait à cœur, de faire un album qui soit sur les profondeurs abyssales. Depuis mon enfance, c’est quelque chose qui me fascine totalement. Pour moi, c’était plus personnel qu’autre chose. C’était quelque chose qui partait vers d’autres horizons pour sortir un peu de ce côté ésotérique, occulte.

Keithan : Pour ajouter quelque chose d’important dans le processus : nous sommes un groupe plutôt confidentiel sur les dates que nous faisons, et c’est vrai qu’après F.O.H.A.T. nous avons fait des plus grosses dates. Nous avons eu l’opportunité de faire les Feux De Beltane et le Hellfest en 2018, après la sortie de F.O.H.A.T., et ça a conditionné un petit peu le groupe différemment dans la manière dont il a abordé cet album et surtout dans la phase studio. C’est sans doute une phase plus exigeante. Par exemple, on parle beaucoup d’aspects un peu éthérés dans l’album et de la manière dont les ambiances sont créées, et créent cette atmosphère, ce qui est vrai, il n’y a pas de doute. Mais en même temps, dans la structure rythmique des morceaux – si l’on ne veut parler que du musical, pour celles et ceux qui veulent préciser si c’est du black metal ou pas [rires] – il y a quelque chose de beaucoup plus écrit et construit rythmiquement parlant. C’est marrant cette ambivalence. En tout cas, nous avons pris plaisir à prendre cette approche. Je sais que quelqu’un a senti la référence de Type O Negative dans un de nos morceaux. C’est ce qui nous a fait plaisir parce que ça fait partie des choses qui émergent et qui, stylistiquement, nous permettent de faire un pas de côté avec ce que nous faisions au départ.

Heruforod : Effectivement, il y avait ce côté un peu Type O Negative que nous voulions inclure, même si ce n’est pas forcément criant au premier abord. Nous sommes très fans de ce qu’a pu faire Type O Negative à l’époque, surtout au niveau des ambiances. Quand la personne a mis ce commentaire, nous avons un peu halluciné, il a trouvé la référence, c’est marrant.

« Nous n’avons pas renouvelé le genre, nous savons bien que nous avons des influences, nous n’allons pas le cacher, pour ne citer que Blut Aus Nord, etc. On peut faire tout et n’importe quoi sur le black metal aujourd’hui, ça n’a plus vraiment de limites. C’est ça, qui, justement, fait le black metal, c’est que ça n’a pas de limites. »

Sur l’exécution et la composition, comment parvenez-vous à créer cette impression de grands espaces marins notamment ? Comment est-ce qu’au niveau du son, de la technique, vous arrivez à remplir tout cet espace ? Est-ce qu’il y a des aspects techniques que vous avez particulièrement soignés ?

Pas vraiment. C’est marrant parce que, des fois, c’est en partant sur un simple son électronique. D’ailleurs, il y a beaucoup de choses qui sont parties de l’électronique sur cet album ; ça se ressent beaucoup, il y a beaucoup de plages, de synthés, d’ambiances qui ont été mises en place. Des fois, ce sont des simples sons électroniques samplés – ce que j’adore travailler – où l’on peut avoir des ambiances différentes. D’ailleurs, j’utilise toujours le même logiciel depuis des années, qui permet de retranscrire plein de choses avec des simples effets. Partant là-dessus, ça donne une envie de composer quelque chose dessus, et ça part. Je pense que c’est le côté électronique qui fait que vraiment, ça donne une composition particulière.

Keithan : Je vais faire une analyse externe par rapport à la manière dont Heruforod nous a amené les morceaux. Nous nous connaissons depuis très longtemps avec un Heruforod parce que nous avons un lien familial, un lien de parenté, donc nous nous connaissons depuis tout petits, et nous avons un peu les mêmes références. Moi, direct, quand j’ai entendu les premiers extraits, j’ai senti le compositeur Eric Serra et puis bien sûr, Spencer Nilsen, le compositeur d’Ecco Le Dauphin, qui a fait une BO monstrueuse à l’époque sur ce jeu. Il est ce qu’il est, c’est un jeu difficile et il a sa réputation mais au-delà de ça, la composition était assez ouf. Nous n’en avons pas discuté directement, mais pour moi il y a une patte un peu à la Eric Serra et Spencer Nilsen qui se dégage dans les nappes qui ont été créées. Ces deux compositeurs créent justement des nappes et des harmonies qui tendent vers une matière, vers une ambiance qu’on pourrait qualifier d’aquatique, d’enfouie.

Heruforod : Ce que tu dis est totalement vrai. C’est vrai que la musique d’Eric Serra et celle d’Ecco Le Dauphin, c’est bizarre, ce sont des sons où on part directement, on sait qu’on est immergé – c’est vraiment le mot. On sent qu’on part dans les profondeurs et quand j’étais gamin ça m’avait totalement subjugué. Des fois ce sont des trucs qui reviennent et on a envie de faire quelque chose là-dessus : on va composer, on va partir sur un truc un peu comme ça, sur les sons un peu électroniques, les utiliser, les mélanger avec les influences, et ça a donné cet album.

Keithan : Il y a un truc important que j’aime bien dans le processus de Caïnan Dawn : d’accord, il y a toutes les références et tout, mais on sent une force naïve dans la manière dont les morceaux sont composés au départ et ça me permet de rebondir sur les autres influences qu’il y a dans l’album : la cold wave, la new wave. Ça fait des années que Caïnan Dawn est influencé par ça. On le sent beaucoup moins dans les albums précédents, qui sont plus violents et surtout plus occultes dans l’approche et plus ancrés dans le black metal norvégien, mais ça a toujours été une référence pour nous. Là, clairement, nous nous sommes un peu « lâchés », c’est-à-dire que nous nous sommes dit que nous allions mettre du chorus sur la basse, faire des motifs qui font penser aux esthétiques et aux groupes que nous aimons bien, à Cocteau Twins, à Dead Can Dance, à des choses comme ça. Tout ça est sous-jacent et, je pense, semble de plus en plus naturel dans l’identité de Caïnan Dawn. C’était moins présent avant mais, je pense, ce le sera peut-être plus dans le futur.

La composition se fait-elle à quatre ou est-ce toi, Heruforod, qui apportes toute la matière principale puis des ajustements sont faits à côté ?

Heruforod : Je compose de mon côté, je fais toute la partie ambiances, guitares, même la batterie. Tout est composé en démo chez moi, après j’envoie tout aux autres et derrière nous peaufinons en répète. Au moment du studio, nous peaufinons encore un tout petit peu et après c’est réglé, mais effectivement, je fais la base chez moi tout seul. Nous avons toujours fonctionné comme ça. C’est un projet que nous avons en commun, bien sûr, mais c’est moi qui apporte la composition de base.

Keithan : Tout à fait. Il n’y a que deux exceptions de morceaux qui ont été composés par les autres : un de Sorghal sur le premier album Nibiru, et ensuite j’avais écrit sur Thavmial. Mais c’est vrai que ça fonctionne bien comme ça. Notre rôle, pour les trois autres, c’est surtout d’être des arrangeurs. Surtout avec Kloct, le batteur, et moi-même, par rapport à l’impact qu’a eu le fait de faire des plus grosses scènes et donc forcément de se préparer un peu plus, c’est aussi une question de mise en place. Il faut que ça tabasse, en quelque sorte. Nous nous sommes bien pris la tête sur cet album à ce niveau avant d’arriver en studio, pour bien poser cette mise en place. Les guitares, dans Caïnan, ont toujours été des nappes qui portent des grilles d’accords, ce ne sont pas forcément les guitares qui vont porter rythmiquement le morceau, c’est plutôt la batterie et la basse. Et la basse va aussi avoir un soutien mélodique, harmonique. Par contre, quatre-vingt-dix pour cent des morceaux, c’est Heruforod qui les définit. Les thématiques… Tout vient de lui et ça nous va très bien.

« C’est vrai que la musique d’Eric Serra et celle d’Ecco Le Dauphins, c’est bizarre, ce sont des sons où on part directement, on sait qu’on est immergé – c’est vraiment le mot. On sent qu’on part dans les profondeurs et quand j’étais gamin ça m’avait totalement subjugué. »

Vous avez déjà pas mal abordé les évolutions musicales. Ce quatrième album a mis cinq ans à sortir. Est-ce que ce délai vient justement de la maturation de ces évolutions ?

Heruforod : Ça en fait partie effectivement. Parce qu’au bout d’un moment, comme pour n’importe quelle personne, quand on est chez soi, il faut être influencé ou titillé, dans le bon sens du terme, pour pouvoir composer parce qu’on a envie de sortir quelque chose. Sur cet album, nous voulions vraiment quelque chose de bien posé, de bien construit, que ça aille vraiment dans une direction particulière. La composition n’est peut-être pas si aisée que ça, bizarrement. Quand j’y repense, nous passions beaucoup de temps à savoir quelle ambiance nous voulions donner. C’est pour ça que ça a pris autant de temps, tous les morceaux étaient bien posés, bien réfléchis. C’était l’album que nous voulions faire, peut-être depuis des années, je n’en sais rien, mais en tout cas nous sommes contents du résultat.

Est-ce que vous voyez ça comme une prise de risque de présenter un album moins rentre-dedans, moins brutal, avec des influences hors du metal extrême qui sont un peu plus variées, que ce soit dans son approche ou dans sa réception ?

Nous ne nous posons pas la question, nous n’en avons rien à faire. Nous ne sommes pas un groupe qui vit là-dessus. Nous ne faisons pas de tournées, pas beaucoup de concerts, donc nous n’avons pas d’impératifs. Le seul impératif que nous aurions éventuellement, c’est le côté label, parce que nous ne savions pas trop si le label allait accepter ce genre de choses. Ils ont accepté sans sourciller, il n’y a pas eu de problème. Je les remercie pour ça. Mais en termes de « prise de risque », bien sûr nous nous disons que ça change totalement. Je me rappelle quand nous avons dit à notre guitariste Avgruun que nous voulions partir sur un côté un peu électronique… Au début, nous voulions partir sur un truc cold wave ! C’était vraiment la base, et il a commencé à nous regarder bizarrement en se disant : « C’est quoi cette histoire ? » [Rires] Quand nous lui avons présenté les démos, il était rassuré parce que ça reste quand même black metal. Et nous lui avions dit de ne pas s’inquiéter, que c’était vraiment le côté ambiant dans de la cold wave que nous voulions obtenir, le côté palpable que l’on peut ressentir. C’était vraiment ça que nous voulions faire passer. Après, il y a peut-être une prise de risque, mais nous ne le ressentons pas comme ça en tout cas.

Keithan : Il faut quand même aussi prendre un peu de recul sur le fait que ce n’est pas non plus devenu guimauve ou bisounours, je ne pense pas. Je pense qu’au contraire, il y a encore quelque chose de sauvage et un peu violent dans certains passages. Je pense que c’est surtout qu’il y a plus de morceaux mid-tempo. Les morceaux d’avant avaient tendance à aller vachement vite et nous avions ça qui nous collait à la peau. En tout cas, ça définissait l’entité du groupe. Je pense que c’est plus par comparaison que l’on pourrait avoir l’impression que nous nous sommes adoucis. J’ai en tête une quantité de groupes qui émergent depuis la seconde vague du black metal, qui font ce style et que l’on ne considère pas forcément comme étant quelque chose de plus soft que Mayhem ou compagnie. C’est juste que la forme est un peu différente. Surtout que nous ne sommes pas non plus partis sur quelque chose qui pourrait être « à la mode ». Je ne dis pas ça pour dire que ce n’est pas bien d’être à la mode, je m’en moque, les gens font ce qu’ils veulent, mais il y a quand même encore une essence qui est ancrée dans les années 90. Ce n’est pas non plus une facilité.

Nous avons pas mal parlé de ce qui différencie l’album des précédents, mais malgré son esthétique particulière, il y a des points communs et ça se fait aussi sur le caractère assez méditatif et contemplatif de la musique. Et est-ce que, justement, la méditation et la contemplation ne sont pas des fils rouges pour Caïnan Dawn ?

Heruforod : Oui, totalement. C’est ce côté presque bouddhiste, on va dire, que nous avons depuis le départ. Le côté pleine conscience, ça en fait partie, effectivement. C’est un peu ce fil rouge que nous gardons depuis le départ. Ça nous caractérise. Par rapport aux précédents, bien sûr qu’il y avait un côté destructeur, parce qu’au départ, quand nous avons voulu créer une trilogie avec Nibiru, Thavmial et F.O.H.A.T., il y avait ce côté déconstruction du cosmos mais il y avait aussi toujours ce côté méditatif et contemplatif, comme tu le disais, lié à l’infini… Nous pourrions partir sur plein de choses et en parler pendant des heures, mais c’est exactement ça, oui.

Keithan : Je trouve ça curieux comme question, parce qu’elle me permet de mettre en évidence quelque chose qui est quand même présent dans l’album désormais, c’est qu’il y a une part de mysticisme. Je pense que le terme mysticisme colle bien parce que nous le pensons toujours un peu comme un rituel. Nous n’avons pas forcément la même approche en termes de convictions, de la manière dont nous abordons le truc – je pense que nous sommes tous un peu différents dans le groupe – mais, par contre, une chose est sûre, c’est que nous le voyons comme quelque chose qui doit être vécu comme une forme de transe. C’est aussi parce que nous avons des groupes de musique qui nous influencent de cette façon. J’ai parlé de Dead Can Dance tout à l’heure et je pense que c’est un exemple typique de ça. Mais il y a aussi, dans Lagu, les thématiques de destruction, il y a toujours une forme de nihilisme en quelque sorte, parce que dans Caïnan Dawn il y a toujours une forme de construction musicale qui se crée comme si à la fin de l’album c’était la fin du monde.

Heruforod : À la fin de Lagu c’est exactement ça parce qu’on peut considérer ça comme un voyage. À la fin, sur le dernier morceau, on se retrouve au fin fond abyssal et c’est la mort qui nous attend parce qu’on ne peut pas remonter à la surface. C’est le parallèle que l’on peut avoir avec la vie en général, c’est le fait qu’on ne peut plus aller en arrière, et puis il y a juste la mort qui nous attend. Après, la mort est un autre chemin. C’est poétique, on va dire.

« Il y a un truc important que j’aime bien dans le processus de Caïnan Dawn : d’accord, il y a toutes les références et tout, mais on sent une force naïve dans la manière dont les morceaux sont composés au départ et ça me permet de rebondir sur les autres influences qu’il y a dans l’album : la cold wave, la new wave. »

C’est vrai qu’en termes de construction, on sent que c’est très travaillé. Dans la façon dont il démarre, on a bien cette image d’immersion, et puis l’auditeur se prend des vagues, puisque même si nous avons de l’aspect contemplatif, ça reste du black metal agressif. Tous ces détails, l’immersion, l’idée de vagues, ce final qui amène à la mort, c’est pensé pour que ce soit assez intuitif pour l’auditeur ?

C’est un peu le but recherché. Nous essayons toujours de faire un peu comme un film qu’on va voir au cinéma. On rentre doucement dans l’eau, on commence à nager, puis on commence à s’immerger et à partir dans les profondeurs. Effectivement, ce sont des vagues parce qu’on peut avoir différents ressentis – ceux qui sont adeptes de la plongée peuvent comprendre ce que je veux dire. On a plein de sentiments qui viennent à l’esprit, jusqu’à avoir ce qu’on appelle « ébriété des profondeurs » : on a envie de rester au fond de l’eau, on est happé par cette obscurité. C’est totalement ça.

On sent qu’il y a une part de subjectif beaucoup plus importante dans ce dernier album. Le concept plus ésotérique des précédents se basait en partie sur les concepts théosophiques d’Helena Blavatsky. Est-ce que le fait de s’émanciper d’un canevas de référence ne fait pas que l’album est encore plus personnel que ce que vous avez fait précédemment ?

Oui. Les précédents étaient influencés par des écrits. Nous voulions faire passer des messages, mais par d’autres personnes, car ce sont d’autres personnes qui ont fait des écrits et nous nous sommes dit qu’il fallait mettre quelque chose de palpable derrière et en faire une musique. Effectivement, c’était ça jusqu’à présent. Cette fois, c’est parti sur autre chose, c’est bien plus personnel par rapport à moi, par rapport à l’histoire que j’ai vécue. C’est toute une histoire que nous voulons raconter et après, la fin, on verra ce que ça va donner.

Keithan as-tu une difficulté supplémentaire quand tu sais qu’un album comme ça est davantage personnel et que toi tu dois apporter ta pierre à l’édifice ? Est-ce que ça met une pression supplémentaire ?

Keithan : Pas vraiment, mais je comprends la question. Ça pourrait. C’est juste que je connais très bien Heruforod.

Heruforod : C’est vrai que nous nous connaissons, nous nous parlons sans nous parler, il y a une connexion.

Keithan : J’ai même envie de dire qu’en réalité, c’est aussi quelque chose sur lequel je suis à l’aise dans d’autres projets. Dans Barús, avec James Leonard qui compose les morceaux, ça fonctionne un peu pareil. Il a tendance à nous donner les morceaux, à les construire. C’est un peu plus participatif dans les différentes étapes de l’écriture, mais je suis là aussi pour porter la voix du texte sur ce qu’il essaye de dire. Pour moi, la véritable difficulté est de rendre service. Dans Caïnan Dawn, j’ai une approche de rendre service au morceau. Nous parlons depuis tout à l’heure sur « qu’est-ce qui est black metal ou pas black metal ? ». Ce qu’on peut dire, c’est que dans le black metal, parfois, le rôle de la basse est quasi inexistant. Ça dépend des groupes, mais il y a plein d’exemples où la basse ne sert à rien. J’ai un exemple qui me vient en tête, qui n’est pas forcément hyper parlant du prime abord, mais où la basse est super importante, c’est Marduk. Tu prends Marduk, la basse est hyper présente et si tu l’enlèves les morceaux ne sonnent pas bien. C’est plutôt cette attention que je vais avoir, et j’insiste sur cette question de mise en place. Quand je pense aux groupes qui m’ont marqué dans la scène black metal, ce n’est pas une question de pure technique, parce que tu peux avoir des musiciens qui ont un certain niveau musical, sans sortir de l’école, du MMI ou de ce genre de choses, mais qui repensent à la mise en place. Ils pensent à comment le morceau va avoir une dynamique, à comment tu vas faire les transitions entre les différents passages.

Surtout que ce qu’écrit Heruforod est très narratif. Ça me parle parce que dans Maïeutiste, il y a un peu de ça aussi, il y a des concepts, mais il y a aussi une histoire qui est dépeinte. On ne va pas aller jusqu’à dire que c’est du progressif, mais il y a quand même une histoire, il y a quand même une structure, et pour passer du riff 1 au riff 2, il faut qu’il y ait une cohérence, et il y en a une. Mon rôle va être de renforcer cette transition, et ça passe peut-être par mes influences qui sont plus de la musique classique. De ce que j’écoute de la musique classique, c’est comment tu arranges de sorte que, même si l’auditeur n’est pas en train de faire une écoute multipiste, à écouter chaque élément, il y a eu des notes, une construction qui est là pour soutenir ces transitions. Le processus n’était pas différent dans les albums précédents. Pour moi, le plus important, c’est ce que disait tout à l’heure Heruforod, c’est : « Est-ce qu’on a des choses à dire ou pas ? » Nous ne vivons pas de ça, ce n’est pas notre métier… Enfin, on ne nous impose pas de faire les prods. Clairement, si nous n’avions rien à dire, je pense que je serais le premier à le dire : « On ne sort rien. » Ce n’est pas que j’ai peur que ça arrive, mais c’est plutôt que, si un jour ça arrive, j’espère être suffisamment alerte et en mesure d’être suffisamment prévenant par rapport à ça et vis-à-vis des autres.

« Je pense que le terme mysticisme colle bien parce que nous le pensons toujours un peu comme un rituel. Nous n’avons pas forcément la même approche en termes de convictions, de la manière dont nous abordons le truc – je pense que nous sommes tous un peu différents dans le groupe – mais, par contre, une chose est sûre, c’est que nous le voyons comme quelque chose qui doit être vécu comme une forme de transe. »

Il y a une bonne majorité d’entre vous, dans le groupe, qui vient de Savoie, notamment toi Heruforod. C’est assez courant dans le black metal d’utiliser la nature environnante comme métaphore. Est-ce que le fait de vivre dans un environnement comme celui-ci, avec les beaux paysages, les beaux lacs, t’a inspiré ?

Heruforod : Pas du tout, parce qu’à la base, je ne suis pas savoyard. Effectivement, ça fait maintenant quinze ans que je vis en Savoie, mais à la base je suis du Sud, j’habitais à côté de Montpellier, donc nous étions plus proches de la mer et de la rivière. C’est pour ça que je disais que j’étais persuadé que c’était par rapport à ça, ce côté aquatique. Le côté mer, même dans ma famille, était très présent. Je suis parti du Sud, non pas par rapport à la mer, mais par rapport à d’autres principes. Mais la Savoie n’a pas du tout influencé l’album. Justement, même si je suis très bien en Savoie, c’est plutôt la nostalgie, la famille, ce rapport que nous avons avec la mer qui font que ça s’est ressenti. La Savoie, la montagne, les forêts ont influencé les autres albums, sur F.O.H.A.T., sur Thavmial. Nous avions vraiment ce côté forêt finie – parce que c’est vrai qu’en Savoie, il y a énormément de forêts qui sont magnifiques, les lacs, le paysage… Nehëmah l’avait très bien fait à l’époque, grâce au corbeau, à l’automne… C’est exactement ce que nous vivons actuellement : à chaque automne, nous avons l’impression que nous sommes sur un disque de Nehëmah, sans rire.

Keithan : Bien sûr que la nature peut nous inspirer, mais je pense que l’influence de choses qui sont « enfouies en nous » et qui vivent avec nous, c’est aussi notre sensibilité pour les contes nordiques, car nous avons de la famille du côté des Pays-Bas. J’ai l’impression que nous sommes un peu plus sensibles – avant que Le Seigneur Des Anneaux ne sorte au cinéma [rires] – aux contes de Grimm et à ces histoires de sorcellerie, de lutins, d’elfes, etc. Je prends cet exemple parce qu’un des groupes que nous pourrions citer comme influences de Caïnan Dawn, c’est bien évidemment Arckanum. Nous n’avons pas exactement le même visage que lui, mais les thématiques qu’il emploie et tout son intérêt pour la magie et pour les contes nordiques, c’est quelque chose qui nous parle particulièrement. Je préfère préciser ça parce que nous venons du sud de la France, mais c’est vrai que nous avons plus été bercés par ces contes que par Marcel Pagnol.

Sur l’artwork, on voit une photographie ou un photomontage de la mer dans un paysage un peu crépusculaire, avec une sobriété qui marche assez bien. Est-ce que ça rentre dans cette démarche de proposer quelque chose qui soit à la limite du symbolisme, encore une fois ?

Heruforod : Oui, totalement. Ça répondait à l’album dans son entièreté. Quand on regarde le Grand Bleu, la première image qu’on voit, c’est la mer et il y a ce passage qui part sur l’horizon. C’est exactement ce qui m’est resté en tête, et j’ai dit à Keithan qu’il faudrait faire quelque chose là-dessus. C’est pour ça que nous avons contacté l’illustrateur Leoncio Harmr, qui est bordelais, qui est excellent et qui a fait de très bons concepts graphiques pour beaucoup d’albums, notamment l’album de Seth, La Morsure Du Christ. J’avais adoré sa patte et je lui dis : « Est-ce possible que tu fasses quelque chose qui ressemble un peu à ça, mais plus façon peinture, avec ta patte ? » Il m’a dit : « Oui, carrément. » Il nous a proposé ça et c’était exactement ce que nous voulions. Nous ne pouvions pas donner une idée de la profondeur, parce que dans les abysses, il n’y a pas de lumière, c’est le noir absolu, donc l’infinité de la mer et de l’océan était ce qui représentait le plus l’album. C’était totalement ce que nous avions en tête depuis le départ et ce qui collait le plus au thème de l’album.

Nous avons pu vous voir à deux occasions assez distinctes : une en 2015 au Black Arts Ceremony et l’autre en 2018 aux Feux De Beltane. C’était deux performances très différentes – c’était aussi deux cycles différents. La deuxième avait une approche plus radicale alors que la première se rapprochait de quelque chose de l’ordre de la cérémonie, du rituel. Est-ce que la mise en scène va évoluer à chaque nouveau cycle ? Est-ce que vous pensez déjà à comment porter les atmosphères de ce nouvel album sur scène ?

J’ai quelques idées. Nous n’en avons pas vraiment parlé ensemble, mais nous allons garder toujours cette thématique du bleu, parce que nous avons toujours voulu partir là-dessus – en y repensant, c’est assez bizarre. Le côté bleu nuit sur scène, sombre, obscure. Nous avons toujours été simples sur scène, l’ambiance prime, ce n’est pas la performance. Nous ne bougeons pas beaucoup, nous sommes assez statiques. La base c’est vraiment la musique. Après, au Black Arts Ceremony en 2015, c’était une performance particulière parce que nous avions eu quelques soucis techniques. Aux Feux De Beltane, nous étions totalement dans le concept F.O.H.A.T., donc à juste titre tu as pu voir la différence. En tout cas, il n’y aura pas beaucoup d’évolution sur scène, parce que ce que nous voulons vraiment, c’est garder l’ambiance et jouer quasiment dans l’obscurité totale. Ce serait le mieux.

Keithan : Il n’y a pas eu de conversation disant qu’il fallait que nous changions complètement l’approche de la scénographie parce que cet album est un peu différent. Par contre, la question est très intéressante. Nous n’avons pas eu l’occasion de le formaliser comme ça, mais peut-être qu’il y a quelque chose à faire, en gardant bien sûr tout ce qui vient d’être dit. C’est marrant parce que ce que tu dis Heruforod, c’est le rêve de tout blackeux : tu nous mets dans une forêt, tu as un groupe électrogène au loin et rien d’autre [rires]. Je lance une bouteille à la mer. S’il y a des organisateurs qui veulent monter un truc pareil…

Heruforod : Je prends toujours l’exemple de Celeste. Je les ai vus à Chambéry il y a peut-être trois ou quatre ans. Les mecs jouent dans le noir avec une simple lampe rouge sur la tête. Je trouvais ça incroyable. Je pense que c’était un des meilleurs concerts que j’ai pu voir. Le son était magnifique, en plus. J’adore le groupe, mais c’était vraiment la claque. Comme quoi, il ne faut pas chercher bien loin. C’était une très bonne idée.

« C’est le rêve de tout blackeux : tu nous mets dans une forêt, tu as un groupe électrogène au loin et rien d’autre [rires]. Je lance une bouteille à la mer. S’il y a des organisateurs qui veulent monter un truc pareil… »

La scène de Savoie est très forte au niveau du black metal. On y retrouve souvent les mêmes membres. Tu parlais de votre guitariste Avgruun qui est ou a été dans pas mal de projets différents. Sur quoi repose l’identité de cette scène savoyarde qui est assez atypique ?

Je ne sais pas. Peut-être une forte influence norvégienne. En discutant à droite à gauche, quand je pense à Sorghal, à Corven, etc., le black metal norvégien est hyper important pour eux, c’est carrément sacralisé. Peut-être qu’il y a une idolâtrie ou je ne sais quoi qui fait qu’on peut voir une descendance dans la musique. Sur la scène française, dans le black metal, chacun a dès le départ pris son chemin, avec Les Légion Noire, Mütiilation… Mütiilation ne ressemble pas du tout à du black metal norvégien. Ça a vraiment créé son son, son âme, son entité. Si on prend des vieux groupes comme Seth, Himinbjorg et Nehëmah, c’est deux choses différentes. Même Blut Aus Nord avait dès le départ un petit peu cette influence norvégienne, puis est parti sur carrément autre chose et a eu son identité propre. Je pense donc que c’est peut-être ce côté un peu norvégien qui est resté en Savoie. Est-ce que c’est lié aux montagnes, aux forêts ? Je ne sais pas, je n’ai pas l’explication, c’est la seule réponse que j’ai actuellement à donner.

Il y a deux ans à peu près, vous avez annoncé la fin d’Allobrogia. Qu’est-ce qui a mené à la fin de ce projet qui, sur le papier, était assez prometteur ?

C’était Avgruun qui faisait tout. C’est lui qui composait intégralement. Au tout départ, il composait avec l’autre guitariste, puis Avgruun est parti à composer tout seul. Il n’avait plus l’envie, tout a été dit. Il était parti sur un autre album, il avait le concept, etc. Nous nous étions dit : « Tu nous donnes des nouvelles, et à voir ce que nous allons en faire. » Au bout d’un moment, il nous a dit que finalement il n’avait plus envie de continuer Allobrogia parce qu’il avait dit tout ce qu’il avait à dire sur ces thématiques, sur le côté savoisien, etc. C’est pour ça qu’il ne voulait pas continuer le projet. Nous avons dit qu’il n’y avait pas de souci, même si nous avions passé de très bons moments. Nous avons beaucoup aimé jouer dans Allobrogia, nous avons fait de bons concerts, nous avons joué au Ragnarok Fest qui est maintenant devenu un peu culte, enfin, pour de mauvaises excuses… [rires]

Keithan, il y a à peu près trois ans, lorsque tu défendais Veritas de Maïeutiste, tu nous avais dit que normalement un nouvel album devrait suivre assez rapidement. Comment ça avance ?

Keithan : [Rires] Tu as raison, ça prend bien plus de temps que je ne l’imaginais. Je suis assez transparent avec ça, Maïeutiste est un groupe difficile à faire vivre pour un tas de raisons. Comme pour les autres projets, mais je trouve que c’est particulièrement vrai pour Maïeutiste. Nous avons nos vies à côté et je pense que nous sommes parfois un peu trop ambitieux. Nous nous disons que nous allons arriver à le faire en tant de temps, mais nous mettons trois fois plus de temps parce que nous ne sommes pas à cent pour cent dessus. Ce que je t’ai évoqué il y a trois ans est toujours prévu. Ça a avancé, nous présenterons des choses quand ça aura de la gueule. Par contre, une chose est sûre, c’est que nous allons essayer de tourner un peu plus, de voir si c’est possible. Je ne peux pas le promettre parce que j’ai eu quelques petits problèmes de santé ces derniers temps, mais si tout ça se règle, l’idée est que nous fassions plus de live. Dans ce cas-là, je pense que ça va modifier un petit peu le temps alloué à Maëutiste, parce que c’est un projet où nous avons plein d’autres idées. Nous avions des envies de scénographie un peu différente, avec des projections vidéo, etc. Il y a eu beaucoup de choses qui ont été travaillées dessus, mais il faut que nous arrivions à tout finaliser. Une chose est sûre, nous sortirons un album seulement si ça nous convient. J’aime bien la façon dont Avgruun a eu de se dire : « J’avance sur un truc. Ça ne me convient pas, je ne le propose pas. Je ne vais pas me casser la gueule en proposant un truc que je trouve bancal. » Avec Maïeutiste nous ferons pareil, nous allons tenter et on verra. J’ai aussi Barùs qui est sur le feu, l’EP Fanges est sorti en 2021 et nous sommes déjà sur le nouvel album. Il y a beaucoup de morceaux avancés. Pour le coup, Barùs marche vachement vite.

Interview réalisée par téléphone le 23 septembre 2022 par Jean-Florian Garel & Erik Melkhian.
Retranscription : Aurélie Chappaz.

Facebook officiel de Caïnan Dawn : www.facebook.com/cainandawn

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